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Le Mali après la signature d’un accord entre les autorités maliennes et les dirigeants de la rébellion touarègue

dimanche 30 juin 2013, par Robert Paris, Tiekoura Levi Hamed

Le Mali après la signature d’un accord entre les autorités maliennes et les dirigeants de la rébellion touarègue

Le président français Hollande s’est félicité, comme d’un succès personnel et d’un succès pour la France, de la signature de cet accord et il a souligné qu’en supprimant le dernier obstacle pour une élection présidentielle en juillet prochain, cet accord en a garanti la tenue. Il a rajouté que cela montrait, contrairement aux propos pessimistes, que la France n’était pas enlisée au Mali comme en Afghanistan dans une intervention militaire sans fin et sans espoir de succès.

Cela seul en dit long sur les buts et la validité de l’accord en question. En effet, un accord réel de paix et de coopération entre nord et sud, entre Mali et touarègues, entre peuples serait autrement commenté, non seulement par Hollande mais par les dirigeants maliens et touarègues qui, eux aussi, se sont contentés de remarquer que cet accord ouvrait la voie des élections présidentielles au lieu de dire qu’il ouvrait des décennies de paix et de développement comme ils savent parfois le dire avec leur blabla à eux… Que ce soit Hollande, Dionconda Traore ou les dirigeants touarègues, tous ne parlent que de présidentielles et pas de l’avenir du pays, de la région et des peuples…

Le seul objectif de cet accord est donc clairement défini : permettre à la mascarade électorale exigée à toute vitesse par les USA de se faire.

Cela signifie que la France a convaincu, avec comme arguments argent et soutien militaire et avec comme menaces les mêmes arguments, les deux parties que leur intérêt était de jouer le jeu le temps qu’il le faudrait : deux mois environ. Cela veut dire qu’on ne leur demande ni de s’aimer ni d’avoir trouvé un terrain d’entente qui serait l’intérêt des peuples. On leur demande seulement, le temps d’une élection qui doit servir de couverture à toute l’opération pour la voiler d’un drap de démocratie, de prétendre avoir trouvé un terrain d’entente. Après ces deux mois, personne ne leur reprochera de rompre l’accord. Il leur suffira de dire que l’adversaire l’a rompu dans les faits ou que les deux parties ne s’étaient pas clairement entendues et que les termes doivent être renégociés.

La France (traduisez bien sûr la bourgeoisie française et son Etat) leur demande dans ce bref laps de temps de résister à leurs propres envies et leurs appétits et aussi aux pressions des ultras des deux camps. Deux mois, cela devrait suffire pour permettre de donner une crédibilité à l’intervention militaire française. Rappelons que la France n’est pas intervenue à la demande explicite des organismes mondiaux ni à la demande d’un gouvernement élu de quelque manière que ce soit, même de manière contestée, mais d’un gouvernement provisoire issu d’un coup d’état, d’une révolte et d’un chantage des dictatures voisines et d’une nomination (celui de Dioncounda Traoré) par un panel de dictateurs africains. Les USA exigent donc que cette situation soit régularisée et voilà donc par quelle pirouette la France se tire de cette exigence prétendument démocratique.

Pourquoi ne pas croire à un tel accord ? Pourquoi ne pas croire à une telle paix ? Pourquoi ne pas croire au caractère démocratique d’une telle élection ? Pourquoi ne pas croire que la France, que les chefs d’Etat africains agissent dans l’intérêt du peuple ?

Ou plutôt y a-t-il une seule raison d’y croire ?

Des accords entre des rébellions touarègues et le pouvoir malien, on n’a connu que cela durant des décennies depuis Moussa Traoré, avec ATT ou avec Alpha Konaré et maintenant avec Dioncounda Traoré. Jamais les points signés n’ont été respectés. Jamais les deux parties n’ont eu à cœur la paix et la résolution des problèmes des populations. Jamais elles n’ont permis à la population d’intervenir démocratiquement dans le débat et de donner leur avis. Jamais ces accords au sommet n’ont rien réglé. Et toujours ces accords se sont terminés dans de nouvelles guerres et de nouvelles exactions de la part de ceux qui s’étaient prétendus les organisateurs de la paix.

Il y a autant de raisons de douter de la bonne foi des dirigeants maliens que des dirigeants touarègues. Les uns et les autres ont multiplié les alliances et les contre-alliances. Les uns et les autres sont corrompus et changent de camp en fonction des intérêts immédiats de leurs équipes de militaires et de politiciens mais jamais en fonction des intérêts des peuples. Ils sont prêts les uns et les autres à s’allier avec les bandits impérialistes, avec les dictateurs locaux et internationaux et à renier toute parole qu’ils auraient donnée. Leurs accords n’engagent que ceux qui y croient… Ce sont tous des chefs des bourgeoisies locales et ils se sont toujours vendus au plus offrant comme de bons rois négriers de leurs peuples qu’ils sont. Tous dirigent des dictatures militaires, que soient celles qui se cachent derrière des armées régulières ou derrière des armées rebelles. Le Mali est une dictature militaire depuis le coup d’état de Moussa Traoré en 1968 et tout a été fait par tous ceux qui parlent aujourd’hui de paix pour que le peuple malien reste sous la coupe de cette dictature…

Cela est vrai aussi bien des autorités nationales que des autorités étrangères qui prétendent aider le peuple malien à revenir à la paix. Que penser des bons services d’un Compaoré du Burkina Faso qui y fait régner sa dictature et ne rechigne pas à menacer de la guerre civile contre toute contestation ? Que penser d’un Ouattara de Côte d’Ivoire qui a semé le sang et la misère pour accéder au pouvoir et détourner la colère populaire en combat de chafs de la bourgeoisie. Que penser d’un Déby, dictateur sanguinaire du Tchad qui vient encore de montrer ses capacités en la matière, et qui s’érige au Mali en héros de la défense des intérêts du peuple malien !

Et les dirigeants des grandes puissances, quels fauteurs de guerres aux quatre coins de la planète ? Il faudrait les croire quand ils se présentent au Mali en défenseurs de la paix et de la sécurité du peuple malien ? Et pourquoi laisseraient-ils le peuple centrafricain sous la coupe de sa guérilla et interviendrait-il par contre au Mali pour lui éviter le même sort ? Par amour du peuple malien ? Là où est intervenue l’armée française en Afrique, était-ce dans l’intérêt des peuples ? En Côte d’Ivoire ? Au Tchad ? En Somalie ? Au Centrafrique ? Et ne parlons pas du Rwanda ! Pas du tout ! Les guerres ne s’y sont pas interrompues grâce à leurs interventions. Plus il y a d’armées qui interviennent, plus les guerres et guerre civiles deviennent permanentes et sanglantes, comme au Zaïre…

Non ! Ils ne sont intervenus que parce que la colère populaire menaçait alors que l’Etat malien était effondré et incapable de réagir. La catastrophe qu’ils craignaient ne concernait pas le peuple mais les intérêts internationaux des classes dirigeantes qui vont en sens inverse de ceux des peuples.

Ces prétendus défenseurs de la paix, de la sécurité et de la démocratie sont les dictateurs de la planète, la première cause de misère, de dictature et d’insécurité pour tous les peuples, y compris ceux des pays riches.

Partout, en Afrique comme ailleurs, ils soutiennent les dictateurs comme on le voit au Gabon ou en Guinée. Pensez donc comme la démocratie électorale les préoccupe ! Foutaises ! Ils défendent concurremment les intérêts de leurs trusts : la France par exemple avec Areva, Bouygues, Bolloré ou Total… Les gouvernants et les armées ne sont que le bras de leurs trusts et banques, de leurs exploiteurs.

Tant que le peuple travailleur ne s’organisera pas lui-même pour discuter de ses propres intérêts, pour en décider, pour se fonder sur ses propres forces, il n’y aura ni sécurité, ni bien-être, ni paix, ni entente entre les peuples. La division des peuples est bonne pour les classes dirigeantes et mauvaise pour les peuples travailleurs. La domination des cliques militaires est bonne pour les classes dirigeantes et mauvaise pour les peuples travailleurs. La domination des pays riches est bonne pour les classes dirigeantes et mauvaises pour les peuples travailleurs. Compter les uns sur les autres, unir bourgeoisie, armée et peuple nous disent-ils ! Autant unir le bourreau et la victime !

Ce n’est pas une élection présidentielle, organisée de manière bison alors que la population du nord n’a pas pu rentrer dans ses foyers, alors que personne ne peut parler librement dans la capitale Bamako, ni manifester librement, ni critiquer librement, alors que les gens n’ont retrouvé ni leurs villes, ni leurs maisons, ni leur travail, ni des revenus, qui va amener la démocratie. Et déjà, ce n’est pas elle qui va en finir avec la réalité de la dictature militaire, de la dictature des nantis, des corrompus, des grands bandits…

La suite

Messages

  • C’est une bien curieuse coïncidence et un jeu franco-onusien pour défendre une supposée minorité touarègue. Sous la houlette de la France, l’Onu s’apprête à envoyer des casques bleus au Mali (résolution 2100 du 25 avril 2013) malgré les réserves formulées par le Mali au départ, en lui ayant un peu forcé la main pour faire la demande (ce qui est une première). Aussi, contre la volonté de la Commission de l’Union africaine, qui avait dévolu son choix sur Pierre Buyoya, c’est Bert Koenders qui a été parachuté d’Abidjan à Bamako pour prendre la tête de la Minusma, alors que son mandat n’est pas fini en Côte d’Ivoire. Pourquoi ce choix ?

    La désignation du Général Jean-Bosco Kazura du Rwanda nous paraît également une indication française malgré le supposé professionnalisme avancé de l’intéressé. En effet, issu d’une minorité Tutsi, son profil sied bien du côté français pour défendre les touaregs au Nord du Mali. Le Secrétaire général adjoint de l’Onu chargé des opérations de la Paix étant français (Hervé Ladsous), nous pensons qu’avec le soutien de ce dernier, le commandement de la Minusma aurait difficilement pu échapper au Tchad, si la France le voulait. Tout simplement, le Tchadien n’était pas le mieux indiqué pour défendre les intérêts français dans le cadre de cette opération où elle est partie prenante. C’est le moins qu’on puisse dire.

    Ensuite, pourquoi les deux protagonistes du complot ayant coûté la vie au président Juvénal Habyarimana du Rwanda en 1994 se retrouvent ensemble au commandement de la Misnusma au Mali, à savoir, le Général Kazura et le Général Grégoire de Saint-Quentin « Barrera » ? Cette coïncidence est-elle fortuite ? En effet, le Général Jean-Bosco Kazura était le bras droit du chef rebelle Paul Kagamé des FAR (Forces Patriotiques Rwandais) pendant que le Général de Brigade Bernard Barreta (Grégoire de Saint-Quentin) s’occupait de l’opération Turquoise du Rwanda en 1994. La suite, on la connaît. L’avion du président a été abattu. Par qui ? Ensuite, survient le génocide. Ce qu’il faut noter, c’est que le chef des opérations de la paix de l’Onu était également français et son rôle a été fortement décrié à l’époque. MM. Barreta et Kazura, en savaient beaucoup aussi sur ces évènements. Aujourd’hui, les deux hommes, qui nous rappellent de si mauvais souvenirs, vont travailler ensemble la main dans la main au Mali. À quelle fin ?

  • Deux manifestations en seulement 24 heures. A Kidal, le retour de l’armée est décidément bien difficile. Cantonné au camp 1, les soldats ne peuvent pas sortir pour le moment. Et si la ville est divisée sur cette présence, c’est visiblement la présence d’éléments du colonel Gamou qui provoque le plus de tensions.

    A l’arrivée de l’armée malienne, vendredi 5 juillet au soir, un groupe d’habitants s’est présenté au camp 1 pour saluer ce retour. Les drapeaux maliens flottaient à nouveau mais, immédiatement, des jeunes parmi lesquelles des femmes, soutiens du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), sont apparus avec des drapeaux idoines.

    Une situation tendue : « Tout le monde se connaît, c’est pour ça qu’il y a de la tension », explique un professeur. Hier midi, une foule pro-Azawad s’est a nouveau réunie devant le camp militaire mais le discours n’était plus le même : « Nous respectons la présence de l’armée, c’est validé par l’accord de Ouaga », expliquait un étudiant. Et d’ajouter : « Mais il n’est pas question de voir des hommes du colonel Gamou ici ».

    L’armée malienne refuse de le confirmer mais selon nos informations, entre 20 et 30 éléments du contingent de Gamou font partie du détachement de 200 soldats maliens présents à Kidal. « Certains font partie de l’armée régulière, d’autres non, explique un cadre du MNLA. Leur présence pose problème et ravive les vieilles tensions ».

    L’an dernier, le célèbre colonel, bloqué à Aguelhok, avait déclaré qu’il ralliait le MNLA avant de s’enfuir vers Niamey. A la demande du MNLA et du Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), la présence des éléments de Gamou doit être abordé rapidement par la commission mixte de sécurité.

    Signe de tension : hier soir, des soldats français de Serval faisaient le tampon entre le camp militaire et les manifestants pour empêcher tout débordement.

  • Six mois après le début de l’intervention française qui a libéré le nord du pays des islamistes, la campagne pour la présidentielle s’est officiellement ouverte dimanche.

    Pas moins de 28 candidats sont en lice pour le scrutin fixé au 28 juillet. Le plus connu d’entre eux, l’ex-Premier ministre Ibrahim Boubacar Keita (dit "IBK"), était arrivé deuxième de la présidentielle en 2007. Il trouvera sur sa route plusieurs poids-lourds de la vie politique malienne, dont trois autres anciens chefs de gouvernement (Cheick Modibo Diarra, Modibo Sidibé et Soumana Sacko). Et une seule femme : Haidera Aichata Cissé, député du Nord.

    Les élections, c’est plus rapide que d’assurer la vie des habitants, leur logement, leurs revenus, leur sécurité, leur retour dans leurs maisons...

  • Le refrain est toujours le même : d’abord les élections !

    Pas d’abord le retour des 500.000 maliens contraints de quitter le pays !

    Pas d’abord le retour du logement, du travail, de la sécurité, de l’éducation, etc...

    Comme si le vote avait un effet miracle.

    Choisir un politicien comme président comme solution à tous les problèmes, la belle blague !

  • Tiébilé Dramé, ancien ministre et artisan d’un accord entre le gouvernement de Bamako et la rébellion touareg signé le 18 juin à Ouagadougou, a vivement critiqué la tenue du scrutin si tôt sous la pression de la France. « Les conditions ne sont pas du tout réunies pour l’organisation du scrutin. Il y a de l’autisme de la part des pouvoirs publics. Le gouvernement n’est pas prêt, le ministre de l’Administration territoriale n’est pas prêt, contrairement à ce qu’il dit, la Céni (Commission électorale nationale indépendante) n’est pas prête », a affirmé M. Dramé à l’AFP.

    Une analyse partagée par International Crisis Group (ICG), qui, dans un récent rapport, a préconisé un report « de courte durée » n’excédant pas trois mois qui « serait bénéfique à long terme ».n « S’obstiner à tenir le calendrier actuel revient à prendre le risque d’un processus électoral chaotique et contesté débouchant sur l’élection d’un président dépourvu de la légitimité nécessaire au rétablissement du pays », selon ICG. L’institut met en avant le peu de temps restant pour distribuer de nouvelles cartes à près de sept millions d’électeurs, le redéploiement inachevé de l’administration centrale dans le Nord, l’absence de retour chez eux de 500.000 réfugiés et déplacés ayant fui le conflit et dont la plupart risquent de ne pas pouvoir voter.

  • L’accord n’a duré que le temps d’une élection comme on s’en doutait...

    Les rébellions touareg et arabe ont annoncé jeudi 26 septembre au soir qu’elles suspendaient les négociations avec le gouvernement malien portant sur les territoires du Nord, où vivent essentiellement ces communautés, ce qui fragilise les perspectives de paix durable au Mali.

    La question du statut du nord malien, que les mouvements toureg appellent "Azawad", hérisse les deux camps. Les rebelles souhaitent l’autonomie, dont Bamako ne veut entendre parler.

    "Suite aux multiples difficultés de mise en œuvre de l’accord de Ouagadougou causées notamment par le non respect par la partie gouvernementale malienne de ses engagements", le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), ont "décidé de suspendre [leur] participation aux structures de mise en œuvre du-dit accord".

    Les trois mouvements datent la prise de cette décision au 18 septembre, "à l’occasion de la deuxième réunion du comité de suivi et d’évaluation du dit accord", expliquent-ils dans un communiqué commun.

    Ce jour, le MNLA, le HCUA, le MAA et la CMFPR (coordination des mouvements et fronts patriotiques de résistance, qui regroupe des milices Ganda Koy et Ganda Izo, comprenant surtout des communautés noires) s’étaient pourtant engagés, dans une déclaration commune, à unir leurs efforts pour une solution "définitive de la crise dite du nord du Mali".

    Après trois jours de réunion à Bamako, ces groupes, dont certains se sont combattus durant la crise qui a meurtri le Mali entre 2012 et 2013, s’étaient également dits "soucieux de préserver l’unité nationale et l’intégrité territoriale de la République du Mali" et "à ne pas utiliser la violence comme moyen d’expression".

    Mais quelques heures plus tard, le MNLA, via son vice-président Mahamadou Djeri Maïga, affirmait à l’AFP que son mouvement "ne négocierait rien [d’autre] que l’autonomie de l’Azawad", "ou il n’y [aurait] pas de négociations avec les autorités maliennes".

    Dans le même temps, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) assurait qu’il ne "[négocierait] jamais l’intégrité territoriale du Mali ainsi que l’unité nationale". Deux positions diamétralement opposées.

    L’accord de Ouagadougou, qui a mis fin à dix-huit mois de crise politico-militaire au Mali, a permis l’organisation de l’élection présidentielle du 28 juillet ayant porté IBK au pouvoir. Un volet de l’accord, dans lequel rebelles et responsables gouvernementaux s’engageaient à respecter l’intégrité territoriale du pays, garantissait la tenue de "pourparlers de paix" soixante jours après l’installation du nouveau gouvernement malien, notamment afin de décider du statut de la région nord.

  • De nouveaux affrontements ont opposé lundi, pour le deuxième jour consécutif, des soldats maliens à des rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) lundi à Kidal, dans le nord du Mali, ont rapporté des témoins.

    Les combats ont éclaté dimanche en fin d’après-midi devant une banque du centre de la ville. Les deux camps se sont mutuellement accusés d’avoir ouvert le feu les premiers.

    Le calme est revenu pendant la nuit mais les fusillades ont repris tôt lundi matin.

    Jeudi dernier, le MNLA a annoncé qu’il dénonçait l’accord de cessez-le-feu conclu en juin avec le gouvernement central de Bamako, accusant le nouveau président malien Ibrahim Boubacar Keita de ne pas en respecter les clauses.

    Le MNLA a annoncé que trois de ses combattants avaient été blessés dans les combats de dimanche près du siège de la Banque malienne de solidarité (BMS) à Kidal.

    Vendredi, deux soldats maliens avaient été blessés dans une attaque à la grenade au même endroit.

    L’accord conclu en juin prévoyait des discussions sur une plus large autonomie du Nord malien largement peuplé de Touaregs.

    Un habitant de Kidal a déclaré que les Touaregs avaient dépêché dans la nuit de dimanche à lundi dans la ville des renforts, des combattants fidèles au chef de guerre Iyad ag Ghali.

    Ce dernier a fondé le groupe islamiste Ansar Dine, l’un des trois mouvements armés djihadistes qui avaient pris le contrôle du nord du Mali l’an dernier, avant d’être repoussés par l’intervention militaire française de janvier dernier.

    Un officier malien a confirmé lundi l’arrivée à Kidal des hommes d’Iyad Ag Ghali, qui campaient jusqu’alors à 40 km au nord de la ville.

  • Dimanche soir, le MNLA a toutefois accusé les soldats maliens d’"actes de provocation", et annoncé que trois de leurs hommes avaient été blessés dans les tirs. "Des soldats maliens ont délibérément ouvert le feu sur une unité mobile du MNLA alors que celle-ci circulait dans le centre de Kidal", "en tirant des rafales de mitraillettes", affirme le groupe. Selon lui, le chef de l’unité, qui figure parmi les blessés, était "descendu de son véhicule en levant les mains pour bien montrer que son unité n’était nullement dans une position de belligérance". "Cette flagrante agression a poussé le reste de l’unité à riposter", ajoute-t-il dans un communiqué publié sur son site Internet.

    Ces violences se sont déroulées non loin d’une banque où, deux jours auparavant, des militaires maliens avaient été visés par une attaque à la grenade, qui avait blessé deux soldats. Ils ont aussi été précédés, dans l’après-midi, d’une explosion, imputée dans un premier temps à un kamikaze qui aurait manipulé accidentellement sa ceinture explosive. Mais dimanche soir, le gouverneur de Kidal a infirmé ces informations, indiquant que l’explosion avait eu lieu "dans un magasin où se trouvaient des armes qui n’appartiennent pas à l’armée régulière", et avait fait un blessé grave.

  • "Là où on trouvera l’armée malienne, on lancera l’assaut sur elle. Ce sera automatique. Les mises en garde sont terminées", a déclaré à l’AFP Mahamadou Djeri Maïga, vice-président du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), la rébellion touareg. "Ce qui s’est passée est une déclaration de guerre. Nous allons leur livrer cette guerre", a affirmé Djeri Maïga.

    Quelques centaines de manifestants avaient pénétré dans l’aéroport de Kidal jeudi, poussant le Premier ministre malien Oumar Tatam Ly, qui devait s’y poser, à faire demi-tour.

    D’après certains protestataires, les militaires maliens ont ouvert le feu sur eux. Selon le MNLA, les tirs "à balles réelles", "sur des femmes et des enfants qui manifestaient pacifiquement", ont fait un mort et cinq blessés - trois femmes et deux enfants, l’une des femmes se trouvant dans un état critique.

    Pour le gouvernement malien, ses troupes, "prises à partie par des éléments incontrôlés", ont procédé à des "tirs de sommation" après avoir essuyé "des jets de pierre et des tirs d’armes".

    Les forces de l’Azawad (les territoires nord du Mali, ainsi nommés par les touareg) "feront payer à l’armée malienne son irresponsabilité après son forfait" de jeudi, a lancé Mahamadou Djeri Maïga.

    "On ne parle plus de cantonnement. Maintenant que le feu est ouvert, on verra qui est qui. Partout où on a des troupes sur le territoire de l’Azawad, on les appellera à se mobiliser", a-t-il poursuivi, accusant les autorités maliennes de "violer les accords de Ouagadougou (...) malgré les assises et autres cadres de discussion".

    Après 18 mois de crise politico-militaire, les mouvements rebelles touareg avaient signé le 18 juin à Ouagadougou un accord de paix avec Bamako visant à permettre l’organisation de la présidentielle du 28 juillet à Kidal. La ville est sous contrôle des groupes armés touareg, après l’intervention française qui a chassé du nord du Mali les groupes djihadistes alliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

    Les relations entre les deux parties se sont envenimées ces dernières semaines, malgré la tenue le week-end dernier du premier tour des élections législatives, qui se sont convenablement déroulées dans le nord du Mali.

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