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Qui cherche à détruire la psychanalyse de Freud et pourquoi ?

jeudi 1er octobre 2015, par Ramata, Robert Paris

Qui cherche à détruire la psychanalyse de Freud et pourquoi ?

par Paris et Ramata

Ces derniers temps, les média proposent de nombreuses remises en cause de Freud, des critiques fracassantes allant jusqu’à le présenter comme un faux scientifique, un faussaire, un pédophile, un fasciste, un charlatan et on en passe…

Bien sûr, chacun a le droit de critiquer Freud, Lacan ou tout autre représentant de la psychanalyse, car toutes les disciplines scientifiques nécessitent la critique. La psychanalyse est discutable, critiquable, car c’est un domaine vivant, qui évolue, qui doit se regarder et se faire progresser. Les psychanalystes sont tous différents et peuvent avoir leurs défauts et leurs fautes. Il y a des médecins corrompus, des faux médecins ou des mauvais médecins mais cela ne dit rien de la validité de la médecine ou d’une médecine particulière. La psychanalyse a sa propre évolution qui est discutable et discutée, mais dans cette campagne de calomnies, il ne s’agit nullement de discuter sérieusement des qualités et des défauts de la psychanalyse… Il s’agit de la détruire corps et biens, dans l’opinion, dans les pratiques, dans les hôpitaux, dans le service de santé, dans les institutions, dans l’idéologie.

Ceux qui attaquent la psychanalyse essaient de s’en débarrasser définitivement et non de la discuter pour la faire évoluer.

Ils mettent en avant que la psychanalyse ne serait pas justifiable scientifiquement mais la science est en fait le cadet de leurs soucis qui sont financiers, de pouvoir, d’idéologie, de religion, etc. Que cela ne nous empêche pas de discuter la psychanalyse sur le terrain scientifique…

Offensive idéologique parce que la bonne société bourgeoise est à nouveau choquée par ce que la psychanalyse a de révolutionnaire, même si les psychanalystes et même Freud ne sont nullement des militants révolutionnaires bien entendu. Freud ne s’est pas gêné de faire remarquer qu’il s’attaquait aux religions, toutes les religions…

Les institutions de la santé ne veulent plus faire référence à la psychanalyse parce l’énorme marché financier misé sur l’autisme avec des prises en charge dans le privé réouvre la brèche d’un retour au traitement chimique des "fous". L’avancée des neurosciences qui apporte tout un champ génial de compréhension a été mis en opposition à la psychanalyse alors qu’elles pouvaient être complémentaires, revivifiant la psychanalyse qui en grandement besoin.

Derrière cette attaque, il y a des buts cachés : les labos pharmaceutiques qui préfèrent qu’on utilise leurs drogues plutôt que des entretiens avec des psys, les gouvernements qui veulent diminuer les dépenses publiques en termes de personnels médicaux et pas celles qui favorisent les trusts de la santé, les classes dirigeantes qui en ont assez d’une conception qui se moque ouvertement de l’idéologie dominante, de son idéologie, de ses religions.

Il y a une offensive d’ensemble qui est liée par tous les bouts à la crise de la société capitaliste.

Il s’agit de s’attaquer à un philosophe hostile à la société bourgeoise, à ses valeurs, à son Etat, à son idéologie, à ses religions, à son hypocrisie.

Il s’agit de s’attaquer à un domaine de la santé, pour réduire les dépenses de celle-ci dans le domaine de l’hôpital public, des dépenses des caisses sociales.

Dans l’hôpital public, la psychanalyse est de plus en plus réduite à la portion congrue. La philosophie des investissements est : le plus d’argent possible pour le matériel et le moins pour les personnels… L’hôpital-entreprise doit trouver sa rentabilité, sa gestion, ses économies, son efficacité rapide, ses réformes, ses moyens techniques et financiers… La psychanalyse ne trouve pas sa place là-dedans…

Il s’agit de défendre les religions et leur rôle dans l’ordre moral, pour étayer l’édifice branlant de l’ordre capitaliste, contre l’athéisme de Freud.

Il s’agit de défendre l’individualisme forcené contre la conception sociale de Freud. Même si Freud n’est nullement socialiste, ce n’est pas un hasard si le premier pays qui ait reconnu ses leçons soit la Russie de Lénine et de Trotsky.

Au travers de la crise économique mondiale, il s’agit de supprimer toute une partie des équipes médicales auprès du malade pour diminuer les dépenses publiques tout en préservant et en favorisant l’industrie du médicament, celle des trusts pharmaceutiques même s’il vaut mieux faire une analyse que se bourrer de médicaments !

Pour juger de la validité de la psychanalyse, discutons aussi science puisqu’ils prétendent le faire !

Freud cherchait une base matérialiste aux névroses et au fonctionnement des rêves, des inhibitions, de l’ensemble du psychisme humain. A l’inverse, Jung va redonner un caractère mystique à tous ces phénomènes ce qui le réconcilie avec toutes les autorités sociales et permet de développer une psychanalyse réactionnaire alors que celle de Freud se heurtait à toutes les institutions idéologique de la société. ......

Il est intéressant alors de remarquer que si l’on condamne à l’heure actuelle la psychanalyse de Freud, il se développe toutes sortes de thérapies courtes qui puisent leurs références dans la pensée Jungienne.

Avec l’introduction également d’interventions en coaching d’entreprise, coach qui utilisent un verbiage psychanalytique, pansements aux souffrances au travail.

En psychiatrie, on assiste à une nouvelle hiérarchisation des pathologies psychiques les unes soutenues par des lobbies de grosses d’associations privées.

Et pharmaceutiques quand tous les moyens humains sont réduits pour d’autres pathologies.

La notion de la « peur du fou » est de nouveau porteuse dans la presse.

Cette nouvelle chasse aux sorcières va même jusqu’à la demande de suppression de termes psychanalytiques dans certaines publications ou films pour qu’ils puissent être distribué dans les réseaux grand public.

La psychanalyse travaille avec son patient à un travail sur lui même, à mettre en pratique le questionnement sans réponse binaire, loin du vrai ou faux, bien ou du mal.

Le doute, l’association d’idées, la recherche d’un processus de changement qui n’appartient qu’à celui qui pose un acte de questionnement est mis au premier plan.

L’attaque contre la psychanalyse vise plus loin… On ne veut plus d’un dynamisme de la pensée. S’attaquer à la psychanalyse est le même mouvement que réduire la place de la philosophie dans la société. Il est bien significatif que le gouvernement japonais ait décidé de supprimer à l’université toutes les études philosophiques et sociales…

Tout d’abord quelques lectures sur Freud ou de Freud

Freud se serait-il fait quelques ennemis qui se révèlent à nouveau aujourd’hui à la faveur d’une nouvelle crise historique de la société bourgeoise ?

Freud n’a ménagé ni les religieux, ni les religions, ni les Etats, ni les classes dirigeantes, ni les institutions de la médecine, ni les militaires, ni les fascistes, ni les réactionnaires, ni… ni… et il n’a ménagé ni ses coreligionnaires juifs, ni la religion juive, ni les sionistes… Freud fustige " les dogmes « qui maintiennent les hommes et en particulier les enfants dans un " interdit de penser ", " une atrophie intellectuelle. » (dans « L’avenir d’une illusion ») Il affirme sans cesse : « Se détourner de la religion doit s’effectuer avec la fatale inexorabilité d’un processus de croissance. »

En conclusion de " L’avenir d’une illusion ", il cite le poète Heine :

" Le Ciel nous le laissons aux anges et aux moineaux. "

Freud se présentera lui-même comme " un destructeur d’illusions… " (Lettre à Romain Rolland, 5 mars 1923)

Dans ses lettres de jeunesse, Freud alors étudiant âgé d’une vingtaine d’années constate : « Il y a décidément bien des choses pourries dans cette " prison " nommée la Terre, des choses que les institutions humaines pourraient améliorer dans l’éducation, la répartition des biens, la forme du " struggle for life " (" lutte pour la vie "). »

« A bien des égards, " la société en est à un stade primitif sur la voie de son organisation. »

Freud, dans "Les Essais"

« Cette civilisation, qui est menacée par de dangereuses révoltes, ne mérite pas de se maintenir. »

Freud dans « L’avenir d’une illusion »

« La classe dirigeante n’est pas disposée à accorder de nouveaux droits. »

Freud dans " Pourquoi la guerre ? "

« Le peuple dont les malheurs sont dus à la Nature et à la société est plus communautaire que le reste de la société. »

Freud dans " Correspondance "

« Les lois seront faites par et pour les gouvernants, ménageront peu de droits aux sujets. »

Freud dans " Pourquoi la guerre ? "

« Un changement réel de l’attitude des hommes à l’égard de la propriété peut être à l’origine de changement, d’amélioration du sort de l’humanité. »

Freud dans " Malaise dans la civilisation."

Dans le même ouvrage, il rajoute :

« L’essentiel en celle-ci (la culture humaine) est de dominer la Nature pour se procurer des biens vitaux, et que les dangers qui la menacent pourraient s’éliminer par une répartition appropriée de ces biens entre les hommes. »

Et aussi, bien que ni marxiste ni communiste, Freud rajoute :

« La force du Marxisme réside dans la démonstration perspicace de l’influence contraignante que les rapports économiques des hommes exercent sur leurs positions intellectuelles, éthiques et artistiques. »

Et dans « L’avenir d’une illusion » :

« Il faut s’attendre à ce que les classes laissées pour compte envient aux privilégiés leurs prérogatives et fassent tout pour se débarrasser de l’excédent de privations qui est le leur... »

« Aux biens de la culture, les opprimés n’ont qu’une part trop minime, alors qu’ils rendent ces biens possibles par leur travail. » dit encore Freud dans « L’avenir d’une illusion ».

« C’est en attribuant une importance pareille à l’inconscient dans la vie psychique que nous avons dressé contre la psychanalyse les plus méchants esprits de la critique. Ne vous en étonnez pas et ne croyez pas que la résistance qu’on nous oppose tienne à la difficulté de concevoir l’inconscient ou à l’inaccessibilité des expériences qui s’y rapportent. Dans le cours des siècles, la science a infligé à l’égoïsme naïf de l’humanité deux graves démentis. La première fois, ce fut lorsqu’elle a montré que la terre, loin d’être le centre de l’Univers, ne forme qu’une parcelle insignifiante du système cosmique dont nous pouvons à peine nous représenter la grandeur. Cette première démonstration se rattache pour nous au nom de Copernic, bien que la science alexandrine ait déjà annoncé quelque chose de semblable. Le second démenti fut infligé à l’humanité par la recherche biologique, lorsqu’elle a réduit à rien les prétentions de l’homme à une place privilégiée dans l’ordre de la création, en établissant sa descendance du règne animal et en montrant l’indestructibilité de sa nature animale. Cette dernière révolution s’est accomplie de nos jours, à la suite des travaux de Ch. Darwin, de Wallace et de leurs prédécesseurs, travaux qui ont provoqué la résistance la plus acharnée des contemporains. Un troisième démenti sera infligé à la mégalomanie humaine par la recherche psychologique de nos jours qui se propose de montrer au moi qu’il n’est seulement pas maître de sa propre maison, qu’il en est réduit à se contenter de renseignements rares et fragmentaires sur ce qui se passe, en dehors de sa conscience, dans sa vie psychique. Les psychanalystes ne sont ni les premiers ni les seuls qui aient lancé cet appel à la modestie et au recueillement, mais c’est à eux que semble échoir la mission d’étendre cette manière de voir avec le plus d’ardeur et produire à son appui des matériaux empruntés à l’expérience et accessibles à tous. D’où la levée générale des boucliers contre notre science, l’oubli de toutes les règles de politesse académique, le déchaînement d’une opposition qui secoue toutes les entraves d’une logique impartiale. Ajoutez à tout cela que nos théories menacent de troubler la paix du monde d’une autre manière encore, ainsi que vous le verrez plus loin. »

Freud dans "Introduction à la psychanalyse"

« L’homme de croyance et de piété est éminemment protégé contre le danger de certaines affections névrotiques : l’adoption de la névrose universelle le dispense de la tâche de former une névrose personnelle. »

Freud dans « L’avenir d’une illusion »

« Je pense en effet que, pour une bonne part, la conception mythologique de monde qui anime jusqu’aux religions les plus modernes n’est autre chose que psychologie projetée sur le monde extérieur. »

Freud dans « Psychopathologie de la vie quotidienne »

Freud écrit à Einstein :

« Je ne puis trouver en moi l’ombre d’une sympathie pour cette piété fourvoyée qui fabrique une religion nationale à partir du mur d’Hérode, et pour l’amour de ces quelques pierres, ne craint pas de heurter les sentiments des populations indigènes. »

dans « Freud, une vie » de Peter Gay

« L’État a interdit à l’individu, l’usage de l’injustice, non parce qu’il veut l’abolir, mais parce qu’il veut en avoir le monopole, comme du sel et du tabac. »

Freud dans "L’avenir d’une illusion"

« Il va sans dire qu’une culture qui laisse insatisfaits un si grand nombre de participants et les pousse à la révolte n’a aucune chance de se maintenir durablement et ne le mérite pas non plus. »

Freud dans "L’avenir d’une illusion"

« Seuls les croyants qui demandent à la science de leur remplacer le catéchisme auquel ils ont renoncé, verront d’un mauvais oeil qu’un savant poursuive et développe ou même qu’il modifie ses idées. »

Freud dans "Au-delà du principe de plaisir"

« Il y aurait un indubitable avantage à laisser Dieu tout à fait hors du jeu et à admettre honnêtement l’origine purement humaine de tous les dispositifs et prescriptions culturels. En même temps que le caractère sacré revendiqué par les commandements et lois, tomberaient aussi leur rigidité et leur immutabilité. Les hommes pourraient comprendre que ceux-ci ont été crée non pas tant pour les dominer que bien plutôt pour servir leurs intérêts, ils établiraient avec eux un rapport plus amical, se fixant pour but, au lieu de les abolir, de seulement les améliorer. »

Freud dans "L’avenir d’une illusion"

« Il est douteux que les hommes, à l’époque où les doctrines religieuses exerçaient une domination sans restriction, aient été dans l’ensemble plus heureux qu’aujourd’hui ; plus moraux, ils ne l’étaient certainement pas. »

Freud dans "L’avenir d’une illusion"

« Lorsqu’on abolira la propriété privée, qu’on rendra toutes les richesses communes et que chacun pourra participer aux plaisirs qu’elles procurent, la malveillance et l’hostilité qui règnent parmi les hommes disparaîtront. Comme tous les besoins seront satisfaits, nul n’aura plus aucune raison de voir un ennemi en autrui, tous se plieront bénévolement à la nécessité du travail. »

Freud dans "Malaise dans la civilisation"

« Lorsqu’il s’agit de questions de religion, les hommes se rendent coupables de toutes les malhonnêtetés possibles. Les philosophes étirent la signification des mots jusqu’à ce que ceux-ci conservent à peine quelque chose de leur sens d’origine, ils appellent Dieu quelque vague abstraction qu’ils se sont créée et les voilà désormais, à la face du monde, déistes, croyants en Dieu, ils peuvent s’enorgueillir d’avoir reconnu un concept de Dieu plus élevé plus pur, bien que leur Dieu ne soit plus qu’une ombre sans substance... »

Freud dans "L’avenir d’une illusion"

« Le diable est encore le meilleur subterfuge pour disculper Dieu. »

Freud

« Elles [les doctrines religieuses] sont toutes des illusions, indémontrables, nul ne saurait être contraint de les tenir pour vraies, d’y croire. Quelques-unes d’entre elles sont tellement invraisemblables, tellement en contradiction avec tout ce que notre expérience nous a péniblement appris de la réalité du monde, que l’on peut - tout en tenant compte des différences psychologiques - les comparer aux idées délirantes. On ne peut pas juger de la valeur de la réalité de la plupart d’entre elles. Tout comme elles sont indémontrables, elles sont irréfutables. »

Freud dans "L’avenir d’une illusion"

« Lorsqu’il s’agit de questions de religion, les hommes se rendent coupables de toutes les malhonnêtetés possibles. Les philosophes étirent la signification des mots jusqu’à ce que ceux-ci conservent à peine quelque chose de leur sens d’origine, ils appellent Dieu quelque vague abstraction qu’ils se sont créée et les voilà désormais, à la face du monde, déistes, croyants en Dieu, ils peuvent s’enorgueillir d’avoir reconnu un concept de Dieu plus élevé plus pur, bien que leur Dieu ne soit plus qu’une ombre sans substance... »

Freud dans "L’avenir d’une illusion"

« Il est peu probable que Jahvé se distinguât beaucoup, par son caractère, des dieux révérés par les tribus et les peuples voisins. Jahvé était en lutte contre ces dieux comme les tribus elles-mêmes étaient en lutte les unes contre les autres, mais tout porte à croire qu’à l’époque, l’adorateur de Jahvé était aussi peu enclin à nier l’existence des dieux de Canaan, de Moab, d’Amalek, etc., que l’existence des peuples qui croyaient en eux. »

Freud dans "Moïse et le monothéisme"

« Une partie [du] refoulement des pulsions est accomplie par les religions, en tant qu’elles incitent l’individu à offrir en sacrifice à la divinité ses satisfactions pulsionnelles. "A moi la vengeance" dit le Seigneur. On croit reconnaître dans l’évolution des vieilles religions que bien des "forfaits" auxquels l’homme avait renoncé étaient "passés" à Dieu et étaient encore permis en son nom, de telle sorte que la cession à la divinité était le moyen par lequel l’homme se libérait de la domination de ses pulsions mauvaises et nuisibles à la société. »

Freud dans "L’avenir d’une illusion"

« La raison dernière du besoin de religion m’a frappé comme étant le désemparement infantile, tellement plus grand chez l’homme que chez les animaux. A partir de ce moment, il ne peut se représenter le monde sans parents, et s’octroie un Dieu juste et une nature bonne. »

Freud dans "L’avenir d’une illusion"

« Ainsi, en retirant de l’au-delà ses espérances ou en concentrant sur la vie terrestre toutes ses énergies libérées, l’homme parviendra sans doute à la rendre supportable à tous, et la civilisation n’écrasera plus personne. »

Freud dans "L’avenir d’une illusion"

« Celui qui est parvenu à accepter sans critique toutes les absurdités que lui offrent les doctrines religieuses, et même à fermer les yeux sur leurs mutuelles contradictions, n’est pas quelqu’un dont la faiblesse de pensée doive nous surprendre outre mesure. Or nous n’avons pas d’autres moyens pour dominer nos pulsions que notre intelligence. Comment peut-on attendre de personnes qui se trouvent sous la domination d’interdits de penser qu’ils accèdent à l’idéal psychologique, au primat de l’intelligence ? « 

Freud dans "L’avenir d’une illusion"

« Dans les temps passés les représentations religieuses ont exercé sur l’humanité, malgré leur manque incontestable d’accréditation, la plus forte des influences. [...] Celles-ci, qui se donnent comme des dogmes, ne sont pas des précipités de l’expérience ou des résultats ultimes de la pensée, ce sont des illusions, accomplissements des souhaits les plus anciens, les plus forts et les plus pressants de l’humanité ; le secret de leur force, c’est la force de ces souhaits. »

Freud dans "L’avenir d’une illusion"

« Dans la phase animiste, c’est à lui-même que l’homme attribue la toute-puissance ; dans la phase religieuse, il l’a cédée aux dieux, sans toutefois y renoncer sérieusement, car il s’est réservé le pouvoir d’influencer les dieux de façon à les faire agir conformément à ses désirs. Dans la conception scientifique du monde, il n’y a plus place pour la toute-puissance de l’homme, qui a reconnu sa petitesse et s’est résigné à la mort, comme il s’est soumis à toutes les nécessités naturelles. »

Freud dans "Totem et Tabou"

Le tout médicament contre la psychanalyse ?

Médicaments psychotropes et psychanalyse

La psychiatrie contre la psychanalyse ?

L’aveu d’ignorance de nombreux psychiatres

Quelle différence entre psychologue, psychiatre, psychanalyste, psychothérapeute ?

Les neurosciences contre la psychanalyse ?

Les neurosciences s’opposent-elles à la psychanalyse ?

Freud et les neurosciences

Le coaching d’entreprise, soi-disant remplaçant de la psychanalyse

Psychanalyse dans l’entreprise ?

Ceux qui défendent le coaching d’entreprise comme nouvelle méthode psychanalytique

La psychanalyse à l’hôpital public

La psychanalyse et l’hôpital

La réalité de l’attaque contre la psychanalyse

Le Crépuscule d’une Idole de Michel Onfray

Freud a tout faux

La Haute Autorité de la Santé s’attaque à la psychanalyse

Psychanalyse et neurosciences

Une guerre en règle

Attaques en séries

Critique de la psychanalyse

Le Livre noir de la psychanalyse

Against psychoanalysis

Pierre Laroche

Peggy Sastre

Franck Ramus

Michel Onfray

Michel Onfray contre Freud, le film

Onfray contre Freud, le débat

Pierre Delion

Jung contre Freud, le débat

Nathan Tobie, une critique de l’interprétation des rêves de Freud par l’ethnopsychiatrie

Même les militants de la gauche communiste

La suite de l’article précédent

L’autisme, un point avancé de l’attaque contre la psychanalyse

Les parents, qu’on voudrait soi-disant culpabiliser, se dressent contre la psychanalyse

Une association mène le combat contre la psychanalyse

« Le Mur », un film de combat contre la psychanalyse et pour lequel tous les moyens sont bons pour détruire

Autisme : défendre la psychanalyse face aux attaques du gouvernement

Autisme et psychanalyse

Psychanalyse et autisme

Psychanalyse et neurosciences face à l’autisme

Défense de la psychanalyse

Réponse des auteurs du livre noir de la psychanalyse

Critique du « Crépuscule d’une idole » de Onfray

Réponse au Crépuscule d’une idole

La psychanalyse face à ses détracteurs

In defence of psychoanalysis

Another defence

A third defence

Elisabeth Roudinesco répond au navet anti Freud de Michel Onfray

Le fantasme anti-freudien

Contribution à l’histoire du mouvement psychanalytique, par Freud

Réponses de Roudinesco et Badiou

Y a-t-il une véritable crise de la psychanalyse ?

Pourquoi cette rage contre la psychanalyse ?

Une réponse à Onfray

Y a-t-il une autodestruction de la psychanalyse ?

Discussion sur la psychanalyse

Marxisme et psychanalyse

« La tentative de déclarer la psychanalyse « incompatible » avec le marxisme et de tourner le dos sans cérémonie au freudisme est trop simpliste, ou plutôt trop « simplette ». »

Léon Trotsky, dans "Culture et Socialisme"

« Par la main géniale de Sigmund Freud, la psychanalyse souleva le couvercle du puits nommé poétiquement "l’âme" de l’homme. Et qu’est-il apparu ? Notre pensée consciente ne constitue qu’une petite partie dans le travail des obscures forces psychiques. De savants plongeurs descendent au fond de l’Océan et y photographient de mystérieux poissons. Pour que la pensée humaine descende au fond de son propre puits psychique, elle doit éclairer les forces motrices mystérieuses de l’âme et les soumettre à la raison et à la volonté. Quand il aura terminé avec les forces anarchiques de sa propre société, l’homme travaillera sur lui-même dans les mortiers, dans les cornues du chimiste. Pour la première, fois, l’humanité se considérera elle-même comme une matière première, et dans le meilleur des cas comme un produit semi-achevé physique et psychique. Le socialisme signifiera un saut du règne de la nécessité dans le règne de la liberté, aussi en ce sens que l’homme d’aujourd’hui plein de contradictions et sans harmonie frayera la voie à une nouvelle race plus heureuse. »

Conclusion de Trotsky de sa conférence de Copenhague de novembre 1932 intitulée « La Révolution russe »

Messages

  • « L’école du psychanalyste viennois Freud part tout d’abord de la considération que les forces motrices des processus psychiques les plus complexes et les plus délicats s’avèrent être des nécessités physiologiques. Dans ce sens général, cette école est matérialiste, si l’on écarte la question de savoir si elle ne donne pas une place trop importante au facteur sexuel au détriment des autres facteurs (mais c’est déjà là un débat qui s’inscrit dans le cadre du matérialisme). Pourtant, le psychanalyste n’aborde pas expérimentalement le problème de la conscience, depuis les phénomènes primaires jusqu’aux phénomènes les plus élevés, depuis le simple réflexe jusqu’au réflexe le plus complexe ; il s’évertue à franchir d’un seul bond tous les échelons intermédiaires, de haut en bas, du mythe religieux, de la poésie lyrique ou du rêve, directement aux bases physiologiques de l’âme. Les idéalistes enseignent que l’âme est autonome, que la source de la pensée est un puits sans fond. Pavlov et Freud, par contre, considèrent que le fond de la « pensée » est constitué par la physiologie. Mais tandis que Pavlov, comme un scaphandrier, descend jusqu’au fond et explore minutieusement le puits, de bas en haut, Freud se tient au-dessus du puits et d’un regard perçant, s’évertue, au travers de la masse toujours fluctuante de l’eau trouble, de discerner ou de deviner la configuration du fond. La méthode de Pavlov, c’est l’expérimentation. La méthode de Freud, la conjecture, parfois fantastique. La tentative de déclarer la psychanalyse « incompatible » avec le marxisme et de tourner le dos sans cérémonie au freudisme est trop simpliste, ou plutôt trop « simplette ». En aucun cas nous ne sommes tenus d’adopter le freudisme. C’est une hypothèse de travail qui peut donner — et qui incontestablement donne — des hypothèses et des conclusions qui s’inscrivent dans la ligne de la psychologie matérialiste. La voie expérimentale amène, en son temps, la preuve. Mais nous n’avons ni motif ni droit d’élever un interdit à une autre voie, quand bien même elle serait moins sûre, qui s’efforce d’anticiper des conclusions auxquelles la voie expérimentale ne mène que bien plus lentement. »

    « Culture et socialisme », Léon Trotsky

  • Un projet de résolution portée par des parlementaires se propose d’instaurer une science officielle sous contrôle étatique dans le champ de la psychiatrie, d’éradiquer la psychanalyse du champ du soin psychiatrique, de punir pénalement les récalcitrants.

    Ce projet de résolution, intitulé « promouvoir une prise en charge de l’autisme basée sur les recommandations de la Haute Autorité de santé » va être discuté au Parlement dans les prochains jours. Il a été enregistré le 13 octobre 2016 ; il est signé par plusieurs dizaines de parlementaires sous la conduite de Daniel Fasquelle, parmi lesquelles on trouve aussi bien les archaïques Bernard Debré et Bernard Accoyer que le « jeune » réactionnaire Laurent Wauquiez ou la moderniste ultra-libérale Nathalie Kosciusko-Morizet.

    En voici des extraits de ce projet de résolution :

    Le Parlement

    « Invite le Gouvernement français à prendre « des mesures immédiates pour assurer que les droits des enfants autistes, en particulier leur droit à l’éducation inclusive, soient respectés, que les recommandations de la Haute Autorité de santé de 2012 soient juridiquement contraignantes pour les professionnels qui travaillent avec des enfants autistes, et que seuls les thérapies et les programmes éducatifs qui sont conformes aux recommandations de la Haute Autorité de santé soient autorisés et remboursés » comme le Comité des droits de l’enfant de l’ONU le préconise ;

    Invite le Gouvernement français à interdire, sur le plan légal, la pratique du packing sur les personnes autistes et toute autre pratique assimilable à de la maltraitance ;

    Invite le Gouvernement français à faire reconnaître sans aucune réserve et officiellement, par la Fédération française de psychiatrie, les recommandations de bonnes pratiques de la HAS et de l’ANESM afin qu’elle renonce officiellement au packing, à la psychanalyse et à toutes les approches maltraitantes ;

    Invite le Gouvernement français à faire systématiquement engager la responsabilité pénale des professionnels de santé qui s’opposent aux avancées scientifiques et commettent des erreurs médicales en matière d’autisme conformément à l’article L. 1142-1 du code de santé publique ;

    Invite le Gouvernement français à fermement condamner et interdire les pratiques psychanalytiques sous toutes leurs formes, dans la prise en charge de l’autisme car n’étant pas recommandées par la HAS.

    Donc ces députés demandent que les « recommandations de la Haute autorité de santé » deviennent « juridiquement contraignantes ». Ils demandent l’interdiction du packing, et à poursuivre « pénalement » ceux qui ne suivront pas ces prescriptions devenues étatiques. Ils écrivent que des « recommandations » deviennent « contraignantes » ; ces recommandations concernent le domaine du soin en psychiatrie. C’est une vérité scientifique sous contrôle étatique qui est benoîtement proposée ainsi. Ils ignorent qu’une recommandation n’a pas vocation à devenir impérative, que les discussions scientifiques ne sont pas du même ordre que les discours de néoconservateurs, et c’est bien inquiétant.

    Ce sont les pédopsychiatres, psychiatres qui sont visés dans leur liberté de prescription. Ces adeptes de la liberté d’installation sans entrave des médecins et surtout des cliniques privées veulent contrôler au plus prêt les prescriptions médicales ici ! C’est nouveau.

    Les services de pédopsychiatrie qui ne font pas des méthodes éducatives leur seul outil thérapeutique sont menacés de fermeture par asphyxie financière dans ce projet. Sans doute une partie des centaines de milliers de fonctionnaires dont la droite veut se débarrasser est elle ainsi trouvée par ces parlementaires inventifs. Les soignantes et soignants de ces services, largement malmenés ces dernières années par les mesures successives d’austérité, sont ainsi attaqués une fois de plus ; et bien sûr ce sont aussi toutes et tous les psychanalystes, travaillant en institution publique ou non qui sont visés aussi. L’attaque provient, entre autres, d’associations de parents autistes qui se décrètent représentantes de tous les parents, ou de la fondation FondaMental et des laboratoires pharmaceutiques au lobbying puissant ; et cette une offensive dure depuis des années.

    Il est dit aussi « que le Parlement inviterait le gouvernement français à faire reconnaître officiellement par la Fédération française de psychiatrie les recommandations de la HAS ». La Fédération Française de psychiatrie est une association qui existe depuis 25 ans qui réunit les principaux syndicats et sociétés savantes du champ de la psychiatrie ; son objectif est de « favoriser l’essor, l’efficacité et la reconnaissance de la discipline par un regroupement des Associations Scientifiques Nationales en psychiatrie qui ont chacune leur propre domaine, leurs objectifs, leurs activités ». Ainsi les aimables parlementaires se proposent que le gouvernement dicte à cette association ce qu’elle doit penser dans son domaine de compétences et à le diffuser. C’est à l’unisson de cette droite qui veut dicter les manuels d’histoire aux historiens dans un but de propagande nationaliste.

    Comme l’enthousiasme répressif ne saurait s’arrêter là, la fine équipe de monsieur Fasquelle demande que le gouvernement poursuive pénalement les récalcitrants.

    C’est la forme et le fond d’un appel aux interdictions professionnelles. C’est l’aboutissement provisoire d’une campagne de plusieurs années de calomnies des équipes de pédo-psychiatrie du service public, des psychiatres et psychanalystes.

  • L’hôpital Sainte-Anne est à la tête d’une restructuration de la psychiatrie publique. Conséquences, la réduction des moyens et la disparition prochaine de la psychiatrie de secteur . Les enfants du 14ème arrondissement de Paris, suivis par la pédopsychiatrie de secteur, subissent les effets de ce démantèlement. Comment taire ce scandale sanitaire au mépris des plus démunis et fragiles ?

    Son directeur, Monsieur Jean-Luc Chassaniol, est président d’un vaste empire appelé le « Groupement Hospitalier de Territoire Paris - Psychiatrie & Neurosciences » réunissant 5 hôpitaux psychiatriques parisiens. Il a été gratifié d’avoir ouvert le bal de l’application des nouvelles directives ministérielles. A savoir, la création de groupements hospitaliers psychiatriques, avec mutualisation des moyens, qui visent à détruire un acquis social et sanitaire unique au monde : la psychiatrie publique de secteur, dont celle dévolue aux enfants 14ème arrondissement de Paris, gérée par l’hôpital Sainte-Anne.

    Dans les faits, en janvier 2017, les équipes de pédopsychiatrie de secteur, récemment implantées Porte de Vanves vont subir un énième déménagement, embarquant avec elles plus de 900 familles suivies. Cette fois-ci, pour s’installer dans l’enceinte même de l’hôpital Sainte-Anne, à l’étage d’un pavillon appelé « local à tiroirs ».

    Une file active de plus de 900 familles, cela représente, sur une année, un mois, une semaine, combien de consultations médicales, de suivis en psychothérapie, en orthophonie, en psychomotricité, combien de groupes thérapeutiques, d’accompagnements socio-éducatifs ? Cela représente aussi un travail difficile à comptabiliser de partenariat de proximité, avec les écoles, les collèges de la ZEP locale, avec les services sociaux, les pédiatres... Bref, il s’agit de « délocaliser », pour la 2ème fois en 2 ans, le travail de cette psychiatrie publique de secteur, caractérisée par la gratuité et l’accueil de tout enfant et famille du 14ème arrondissement qui serait dans le besoin.

  • Le Député Daniel FASQUELLE a obtenu que soit soumise le 8 décembre à L’Assemblée Nationale une Proposition de résolution concernant l’autisme. Cette question peut sembler marginale à certains d’entre vous, mais la requête est sournoise : sous une apparence parfaitement légitime, au nom du respect des personnes autistes, il demande au législateur de rendre "les recommandations de la HAS de 2012 juridiquement contraignantes pour les professionnels qui travaillent avec des enfants autistes". Si cette proposition était adoptée, cela ferait jurisprudence et il n’y aurait aucune raison que cette obligation ne s’étende pas à d’autres pathologies. La Haute Autorité de Santé pourrait ainsi, à l’avenir, dicter à chacun d’entre nous ce qu’il doit penser et comment il doit exercer sa profession.

    Il y a là une transgression majeure et une attaque portée à notre profession qui est inadmissible : jusqu’à ce jour, les recommandations de la HAS sont une aide à la décision du médecin, ce dernier gardant la responsabilité de ses actes en fonction de la singularité de son patient. Il y a dans cette démarche, une mise sous tutelle des médecins par des groupes de pression, un bouleversement dans la nature même de notre travail.

    En outre, cette demande est en contradiction avec le texte même de ces recommandations de 2012, dont le préambule est le suivant :

    "Les recommandations de bonne pratique (RBP) sont définies dans le champ de la santé comme des propositions développées méthodiquement pour aider le praticien et le patient à rechercher les soins les plus appropriés dans des circonstances cliniques données.

    Les RBP sont des synthèses rigoureuses de l’état de l’art et des données de la science à un temps donné, décrites dans l’argumentaire scientifique. Elles ne sauraient dispenser le professionnel de santé de faire preuve de discernement dans sa prise en charge du patient, qui doit être celle qu’il estime la plus appropriée, en fonction de ses propres constatations. "

  • Annoncée par le documentaire « Le mur » de Sophie Robert, qui a usé de procédés anti-déontologiques de plan et de montage pour détourner et transformer complètement le sens des propos d’éminents praticiens, partisans d’approches plurielles, dans le but de ridiculiser l’approche psychanalytique, l’attaque se poursuit dans le champ politique. Le 24 janvier 2012, le député UMP du Pas de Calais, Daniel Fasquelles dépose devant le Parlement une proposition de loi visant à abolir l’usage de toute approche psychanalytique dans l’accompagnement des enfants autistes. Sommes-nous encore dans un pays démocratique ? L’Etat va-t-il nous imposer une pratique de soins et de prise en charge qui relève jusqu’à présent d’une décision médicale ? Le discours d’exposé des motifs de M. Fasquelles à l’Assemblée nationale est diffamatoire à l’encontre des médecins des secteurs sanitaires et médico-sociaux. Il affirme que la psychanalyse, « imposée » dans les CMP, HDJ et IME, capte l’ensemble des moyens financiers et qu’elle freine la mise en place des traitements éducatifs et comportementaux ; il accable les patients suivis dans ces structures d’un destin désastreux, d’absence « d’une véritable perspective de vie » !

    À l’écouter, nous, professionnels de l’enfance, dans le service public ou privé, nous « sur-handicapons » les enfants que nous suivons depuis de nombreuses années, c’est-à-dire que nous serions non seulement incompétents mais dangereux. Cela dénote un total manque de respect pour notre travail et notre conscience professionnelle mais également pour les enfants et leurs parents que nous suivons. Une fois de plus, la psychiatrie a à subir ce qu’aucune autre discipline médicale n’aurait à tolérer c’est-à-dire, comme le souligne le SPH, « l’ingérence de n’importe quelle personne sans compétence médicale pour décider de la pertinence ou non des traitements en psychiatrie, et qui plus est en utilisant l’appareil législatif ». Cela témoigne également d’une grande méconnaissance des pratiques sur le terrain et de leur évolution. Pourquoi les enfants autistes seraient-ils les seuls à ne pas pouvoir bénéficier des apports de la psychanalyse qui, sans être bien entendu le traitement exclusif de l’autisme, reste une modalité de soins qui montre son intérêt pour un certain nombre d’entre eux ?

    Le cœur du débat est ainsi, d’emblée, faussé. Seules les approches comportementales ont une couverture médiatique. Ces dernières années, les médias donnent à voir le plus souvent la promotion exclusive de telle ou telle approche comportementaliste (ABA en particulier), qui serait infailliblement efficace. Le format se réduit à un message publicitaire, sans débat contradictoire. Les témoignages sont assénés comme des vérités scientifiques sans référence sérieuse à la littérature internationale dans la plupart des cas. Est-ce uniquement lié à leur meilleure lisibilité relativement aux autres approches ? Ou bien s’agit-il d’une véritable stratégie de communication, de type marketing, visant la conquête exclusive du « marché » ? Les autres approches souffrent pour le moins d’un véritable déficit de communication, sur lequel elles devraient réfléchir. Toujours est-il que les enjeux du débat se situent sur le glissant terrain des résultats.

    L’HAS a pourtant réaffirmé, dans ses dernières recommandations, qu’aucune approche ne peut prétendre à elle seule « guérir » l’autisme. Nous pouvons donc parler de désinformation lorsqu’une approche affirme, avec un grand effet persuasif, détenir une technique infaillible.

  • Daniel Fasquelle a choisi de relancer la guerre. Il est vrai que, depuis des années, il a fait de la lutte contre la psychanalyse, son cheval de bataille. Dans ses explications, le député du Pas-de-Calais avance des données dont nul ne connaît les sources. Ainsi, dit-il, « à ce jour, on recense 600 000 autistes en France. En 2014, 44 % des personnes autistes étaient victimes de maltraitance, soit 250 000 personnes autistes sur les 600 000 que compte notre pays. En outre, 80 % des enfants atteints sont exclus de l’école en milieu ordinaire. Et seuls 20 % d’entre eux sont pris en charge conformément au cadre défini par le gouvernement ».

    Dans ces conditions, à ses yeux, le salut ne peut venir que de l’application ferme et définitive des recommandations de la HAS. Il « invite le gouvernement français à réallouer en totalité les financements des prises en charge n’étant pas explicitement recommandées aux approches validées scientifiquement et ayant fait preuve de leur efficacité ». En clair, supprimer toute subvention à la psychothérapie. Il exige que « le gouvernement français fasse cesser immédiatement la violence institutionnelle que subissent les personnes autistes », et demande que le gouvernement « interdise, sur le plan légal, la pratique du packing sur les personnes autistes et toute autre pratique assimilable à de la maltraitance ». Et si cela ne suffit pas, il « invite le gouvernement français à faire systématiquement engager la responsabilité pénale des professionnels de santé qui s’opposent aux avancées scientifiques ». En clair, obéir ou bien la prison. Au final, il exige « que le gouvernement fasse interdire les pratiques psychanalytiques sous toutes leurs formes, dans la prise en charge de l’autisme ».

  • Ce qui a triomphé dans les idées de Freud ? Le sexe comme source de fantasmes dès l’enfance, la dialectique des pulsions de vie et de mort, d’amour et de haine, les tensions entre aspiration au plaisir et principe de réalité, le transfert psychologique sur d’autres personnes, l’expression d’un inconscient peu profond par la parole, le témoignage de nos inhibitions par les gestes ratés, les erreurs verbales, les actes manqués et les fautes, le mécanisme des inhibitions, le rêve comme expression de pulsions et de désirs cachés, la dialectique des désirs et des inhibitions avec le caractère positif de la négation, l’existence réelle (physique, neurologique) d’un inconscient dont certains éléments affleurent au niveau conscient, le fait que certains éléments du passé nous semblent inconnus alors que notre inconscient accessible les connaît, la démystification des pensées humaines, la démystification des fondements de la civilisation humaine, les souffrances liées aux images du père et de la mère chez l’enfant, l’existence de souffrances dues à des non-dits familiaux, le combat de la psychanalyse contre la religion qui rajoute de nouvelles inhibitions au lieu de permettre aux hommes d’accéder à la connaissance de l’inconscient qui les fait souffrir, le combat contre l’ethnisme, l’occultisme, les idéologies mythologiques du retour en arrière.

    Dans un nouveau « Que sais-je ? » consacré à Freud, le psychanalyste suisse Jean-Michel Quinodoz salue encore l’ampleur de la découverte psychanalytique : « Les contributions majeures de Sigmund Freud sont vivantes aujourd’hui comme hier. Lorsque nous les découvrons à notre tour, elles n’ont rien perdu de la fraîcheur qu’elles possédaient le jour où il les a décrites pour la première fois. »

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