Accueil > 13- ART ET REVOLUTION - ART AND REVOLUTION > Ce que Victor Hugo nous a dit…

Ce que Victor Hugo nous a dit…

mardi 22 août 2017, par Robert Paris

« Tant qu’il existera, par le fait des lois et des moeurs, une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers, ... tant qu’il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles. »

Les Misérables, Victor Hugo

Ce que Victor Hugo nous a dit…

« Que suis-je ? Seul, je ne suis rien. Avec un principe je suis tout. Je suis la civilisation, je suis le progrès, je suis la Révolution française, je suis la révolution sociale. »

Victor Hugo, Choses vues, 1873

« Je suis né noble, devenu vicomte et pair de France, monarchiste, mais… mais j’ai connu le peuple, j’ai ressenti la force du peuple, j’ai ressenti la nécessité d’écrire comme la conscience du peuple et, que celui-ci m’ait aimé ou pas, je l’ai aimé… »

« Nous sommes dans le moment des peurs paniques. Un club, par exemple, effraie, et c’est tout simple ; c’est un mot que la masse traduit par un chiffre : 93. Et pour les basses classes, 93, c’est la disette ; pour les classes moyennes, c’est le maximum ; pour les hautes clases, c’est la guillotine. Mais nous sommes en 1830. »

Victor Hugo, Choses vues

« Les pères ont vu la révolution en France. Les fils verront la révolution en Europe. »

Victor Hugo, préfigurant en 1830 ce que sera la révolution de 1848

« Pauvres misérables bourgeois égoïstes qui vivent heureux et contents au milieu du peuple décimé tant que la liste fatale du choléra morbus n’entamera pas l’Almanach des vingt-cinq mille adresses (le Gotha de l’époque). »

Victor Hugo, Choses vues, 1838

« Saisir brusquement au collet la révolution, lui mettre les pincettes, la jeter dans un fourgon cellulaire et de là en prison, c’est faisable. Pour combien de temps ? Pour des années, soit. Et après ? J’en conviens : la force est la force ; cette politesse dite, je puis ajouter : l’idée reste l’idée… Le soleil finira toujours par sortir, même de Mazas. »

« Quel mot profond « le prolétaire » ! Ce mot contient la race et contient le labeur. Les prolétaires ! Quel mot ! C’est le mot vrai. Ni un reproche, ni une injure. Le passé, qui était insolent parce qu’il était le petit nombre, appelait le grand nombre : « les manants ». La question politique est résolue : la République est faite, rien ne la défera, reste la question sociale. Elle est plus simple et plus terrible. La voici : pourquoi y a-t-il des propriétaires ? Avez-vous réfléchi à ce mot prolétaires ? Pas un mot plus profond… D’où vient un tel homme qui peut dire à la société humaine… cette terre est à l’homme. »

Victor Hugo, Choses vues

« Prenez garde. Si vous voulez la monarchie et si vous rejetez la République, vous soulèverez Paris. Le soulèvement de Paris vous obligera à la répression de Paris. La répression de Paris vous amènera au désarmement des gardes nationales. Le désarmement des gardes nationales, c’est la dictature de l’obéissance passive, c’est la consigne supérieure à la loi, c’est l’abîme. Nous y voilà… »

Victor Hugo, début mars 1871, peu avant la proclamation de la Commune de Paris

« La Commune a « exécrablement » tué 64 otages. L’assemblée a riposté en fusillant six mille prisonniers… La Commune a tué au hasard ; ceux-ci, les communards, on les tue à coup sûr. On sait qui ils sont ; voilà l’avantage. »

« A la petite Roquette, on a fusillé environ deux mille enfants trouvés dans les barricades et n’ayant ni père ni mère. Comme ils étaient sans domicile on les a mitraillés. C’était la mitrailleuse qui fonctionnait pour ces tueries en masse. Beaucoup d’enfants criaient « Ma mère ! » pendant qu’on les enterrait. »

Victor Hugo, Choses vues, 17 juin 1871

« Ma protestation en faveur du droit d’asile a paru. Polémique… Ce soit, je suis rentré à onze heures et demie, par un hasard qui m’a sauvé peut-être, au lieu de rentrer par mon chemin ordinaire, la rue Sablonnière, je suis rentré par la rue Notre-Dame-aux-Nègres. Vers minuit et demi, comme je venais de me coucher et comme j’allais m’endormir, on sonne. J’écoute. On sonne. Je me lève, je passe mon caban. Je vais à la fenêtre et je l’ouvre, encore à demi endormi. « Qui est là ? » - Une voix me réponde : « Dombrowsky ». Je pense ou je rêve : « Est-ce qu’il ne serait pas mort, aurait-il lu ma lettre, et vient-il me demander asile ? Comme j’allais descendre pour ouvrir, une grosse pierre frappe le mur, et je vois une foule d’hommes dans la place. Je comprendsque c’est un guet-apens. Je m’avance à mi-corps hors de la fenêtre et je crie à ces hommes : « -Vous êtes des misérables ! » Puis je referme la fenêtre. En ce moment une pierre énorme broie la vitre-glace juste au-dessus de ma tête et vient tomber dans la chambre… J’entends ces cris : « - A mort Victor Hugo ! A mort Jean Valjean ! A mort Chancharlie ! A la lanterne ! A la potence ! A mort le brigand ! Tuons Victor Hugo ! » L’assaut de la maison a commencé en règle. Il paraît que la police - tant occupée ailleurs – n’avait pu se déplacer. C’était un guet-apens réactionnaire et bonapartiste que le ministère clérical belge tolérait un peu. Cela a duré deux heures. La porte a tenu bon… Quand tout a été fini, la police est venue… Trois jours après, midi, un huissier m’apporte mon ordre d’expulsion (de Belgique) commençant ainsi : « Il est enjoint au sieur Hugo, etc. » signé « Léopold ». »

Victor Hugo, réfugié en Belgique, venait de déclarer sa maison ouverte à tous les communards pourchassés par la bourgeoisie en Europe

« Ceux qui se débattent dans cette prison sont de grands coupables. Ce sont des communeux. Ce sont des partageux. Ils ont commis une foule de crimes de droit commun : vol, pillage, etc. Ils ne respectent aucune loi ni aucune institution. Ils sont même capables de pousser l’irrévérence jusqu’à leurs dernières limites à l’égard de la magistrature, du clergé et de l’armée. Je le répète, ces prisonniers sont les pires des communards. Cependant, comme ils sont faibles et désarmés, je propose à la chambre des poupées, au Sénat des polichinelles, et à vous, messieurs les bébés qui représentez ici le pouvoir exécutif, de discuter pour ces grands criminels l’amnistie pleine et entière. »

Victor Hugo, Choses vues, 1876

« Après tout, l’antagonisme fait saillir l’être. »

« Le néant des géants m’importune ; Moi j’admire, ébloui, la grandeur des petits. »

« Qui ne possède pas sa pensée ne possède pas son action. »

« La révolution littéraire et la révolution politique ont fait en moi leur jonction. »

« En littérature, je suis pour le grand contre le petit, et, en politique, je suis pour les petits contre les grands. »

« Dans ce siècle, qui a pour loi d’achever la révolution française et de commencer la révolution humaine, l’égalité des sexes fait partie de l’égalité des hommes. »

« L’homme n’est pas à lui seul l’homme : l’homme plus la femme plus l’enfant, cette créature une et triple, constitue la vraie unité de l’unité humaine. Toute l’organisation sociale doit découler de là. »

« La conscience est un instrument de précision d’une sensibilité extrême. »

Le poète dans les révolutions

Quoi ! mes chants sont-ils téméraires ?

Faut-il donc, en ces jours d’effroi,

Rester sourd aux cris de ses frères !

Ne souffrir jamais que pour soi !

Non, le poëte sur la terre

Console, exilé volontaire,

Les tristes humains dans leurs fers ;

Parmi les peuples en délire,

Il s’élance, armé de sa lyre,

Comme Orphée au sein des enfers. (…)

On dit que jadis le poëte,

Chantant des jours encor lointains,

Savait à la terre inquiète

Révéler ses futurs destins.

Mais toi, que peux-tu pour le monde ?

Tu partages sa nuit profonde ;

Le ciel se voile et veut punir ;

Les lyres n’ont plus de prophète,

Et la Muse, aveugle et muette,

Ne sait plus rien de l’avenir !

Chants du crépuscule

Dicté après juillet 1830

Frères ! et vous aussi, vous avez vos journées !

Vos victoires, de chêne et de fleurs couronnées,

Vos civiques lauriers, vos morts ensevelis,

Vos triomphes, si beaux à l’aube de la vie,

Vos jeunes étendards, troués à faire envie

A de vieux drapeaux d’Austerlitz ! (…)

Quand notre ville épouvantée,

Surprise un matin et sans voix,

S’éveilla toute garrottée

Sous un réseau d’iniques lois,

Chacun de vous dit en son âme :

« C’est une trahison infâme !
Les peuples ont leur lendemain.

Pour rendre leur route douteuse

Suffit-il qu’une main honteuse

Change l’écriteau du chemin ?

La parole éclate et foudroie

Tous les obstacles imprudents ;

Vérité, tu sais comme on broie

Tous les bâillons entre ses dents ;

Un roi peut te fermer son Louvre ;

Ta flamme importune, on la couvre,

On la fait éteindre aux valets ;

Mais elle brûle qui la touche !

Mais on ne ferme pas ta bouche

Comme la porte d’un palais ! (…)

Alors tout se leva. — L’homme, l’enfant, la femme,

Quiconque avait un bras, quiconque avait une âme,

Tout vint, tout accourut. Et la ville à grand bruit

Sur les lourds bataillons se rua jour et nuit.

En vain boulets, obus, la balle et les mitrailles,

De la vieille cité déchiraient les entrailles ;

Pavés et pans de murs croulant sous mille efforts

Aux portes des maisons amoncelaient les morts ;

Les bouches des canons trouaient au loin la foule ;

Elle se refermait comme une mer qui roule,

Et de son râle affreux ameutant les faubourgs,

Le tocsin haletant bondissait dans les tours !

rois jours, trois nuits, dans la fournaise

Tout ce peuple en feu bouillonna.

Crevant l’écharpe béarnaise

Du fer de lance d’Iéna.

En vain dix légions nouvelles

Vinrent s’abattre à grand bruit d’ailes

Dans le formidable foyer ;

Chevaux, fantassins et cohortes

Fondaient comme des branches mortes

Qui se tordent dans le brasier !

Comment donc as-tu fait pour calmer ta colère,

Souveraine cité qui vainquis en trois jours ?

Comment donc as-tu fait, ô fleuve populaire,

Pour rentrer dans ton lit et reprendre ton cours ?

O terre qui tremblais ! ô tempête ! ô tourmente !

Vengeance de la foule au sourire effrayant !

Comment donc as-tu fait pour être intelligente

Et pour choisir en foudroyant ?

C’est qu’il est plus d’un cœur stoïque

Parmi vous, fils de la cité ;

C’est qu’une jeunesse héroïque

Combattait à votre côté.

Désormais, dans toute fortune,

Vous avez une âme commune

Qui dans tous vos exploits a lui.

Honneur au grand jour qui s’écoule !

Hier vous n’étiez qu’une foule :

Vous êtes un peuple aujourd’hui !

Les Châtiments

La Révolution leur criait : - Volontaires,

Mourez pour délivrer tous les peuples vos frères !

Contents, ils disaient oui. »

Les Châtiments

La Révolution leur criait : - Volontaires,

Mourez pour délivrer tous les peuples vos frères !

Contents, ils disaient oui.

"La dernière raison des rois, le boulet. La dernière raison des peuples, le pavé."

Victor Hugo - Littérature et philosophie mêlées – 1830

A lire :

Histoire d’un crime

Choses vues — 1ère série

Choses vues — 2e série

Détruire la misère

Victor Hugo et la révolution

Lire en ligne : "Les Misérables" de Victor Hugo

La tribune de Victor Hugo

Le débat : face à face entre Victor Hugo et Edmond de Goncourt

Le roi s’amuse, pièce contestatrice de Victor Hugo

Lettre au capitaine Butler

Claude Gueux de Victor Hugo

A ceux qu’on foule aux pieds

Au peuple

Les siècles sont au peuple

Burg-Jargal ou la révolte des esclaves de Saint-Domingue

L’émeute et l’insurrection

Gavroche

Gavroche en marche

La barricade de la révolution

Sur une barricade, au milieu des pavés

La révolution de juillet

Les deux barricades

Quatre-vingt treize

La suite

Bien entendu, tout ce qui est dit plus haut n’empêche pas Victor Hugo d’être aussi tout le contraire, vus ses origines, son milieu social, son mode de vie et ses choix politiques. C’est un être contradictoire, il n’a cessé de le dire... Cela ne gênera que les non-dialecticiens qui pensent que les contraires s’annulent mutuellement et sont incompatibles...

Nous donnons ici exclusivement la parole à Hugo révolutionnaire, celui qui se voulait l’héritier de son père, sachant que tout le monde se charge de donner la parole à l’autre Hugo, celui qui était influencé par sa mère...

Messages

  • La dernière phrase de Victor Hugo :

    « C’est ici le combat du jour et de la nuit… »

  • On réédite « Les Misérables » ! Rien d’étonnant : les misérables se multiplient dans les rues…

    Tant que les Thénardiers seront là, et au pouvoir, les Hugo et les Blanqui seront nécessaires, indispensables !!!

  • Hugo :

    DIALOGUE.

    — Je veux un système d’impôts qui ne dépouille pas le pauvre.

    — Vous êtes un ennemi de la propriété.

    — Je veux remédier à un ensemble de faits sociaux qui font fatalement du malheureux un misérable, et sous le poids desquels tant d’infortunées mères mettent au jour des filles pour le lupanar et des fils pour le bagne.

    — Vous êtes un ennemi de la famille.

    — Je veux le gouvernement régulier et pacifique de tous par tous et pour tous.

    — Vous êtes un ennemi de la société.

    — Je veux la suppression de la guerre.

    — Vous êtes un ennemi de l’humanité.

    — Je veux l’abolition de la peine de mort.

    — Vous êtes un buveur de sang.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.