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La grève « sauvage », auto-organisée, c’est l’arme de TOUS les travailleurs !!!

mercredi 30 octobre 2019, par Karob, Robert Paris

La grève « sauvage », auto-organisée, c’est l’arme de TOUS les travailleurs !!!

« Nous, agents grévistes du matériel au Technicentre de Châtillon, sur le réseau TGV Atlantique, avons cessé le travail massivement depuis lundi 21 octobre au soir, sans se concerter ou être encadrés par les syndicats ». Ces quelques mots des 200 cheminots du centre technique de Châtillon ont provoqué des réflexions nombreuses dans toute la classe ouvrière : on fait grève quand on veut désormais sans obéir aux directions syndicales ?!!!

L’écho énorme d’une grève locale à durée illimitée, décidée par les travailleurs eux-mêmes sans les syndicats, vient de montrer que l’action directe a un tout autre poids que les journées syndicales mobilisant un nombre énorme de travailleurs sans faire aucun effet ou les grèves programmées par les centrales à dates préparées à l’avance, comme celle contre la privatisation du rail.

Deux fois de suite, les cheminots SNCF viennent de nous montrer l’exemple de la « grève sauvage ». La première fois, conducteurs et contrôleurs SNCF exerçant leur « droit de retrait » par une « grève surprise », illégale dit la direction, car sans déposer légalement de demande de grève avec préavis par les syndicats après négociation, à la suite d’un accident après la collision mercredi soir entre un TER reliant Charleville-Mézières à Reims et un convoi routier exceptionnel coincé sur un passage à niveau (accident qui a fait 11 blessés, dont le conducteur - seul agent SNCF à bord du train) et où les cheminots estiment que la présence d’un seul cheminot par train a été une cause de risque et donc que le risque est maintenu du fait des conditions de fonctionnement qui restent imposées par la direction. La deuxième fois, ce sont les agents du Technicentre SNCF de Châtillon qui viennent de faire une grève reconductible sans direction syndicale, sans préavis, sans négociation, en prenant les décisions seuls. La direction a voulu passer en force dans ce technicentre en imposant une modification des conditions de travail avec notamment des suppressions de congés alors que les conditions de travail sont très dures (cadences soutenues, pression des délais, les TGV contrôlés devant repartir très vite et le temps de contrôler est plus que court) et les salaires très bas. A l’origine de ce mouvement spontané, la volonté de la direction de Châtillon de mettre fin à un accord local, vieux de plusieurs années, qui offrait aux cheminots douze jours de repos supplémentaires.

« Nous ne pouvons plus accepter de travailler avec des salaires proches du SMIC et gelés depuis cinq ans, en sous-effectif et avec des agents qui démissionnent de plus en plus », écrivent les cheminots. Ils ajoutent avoir « honte de voir comment la SNCF joue avec la sécurité ou encore le confort des voyageurs, pour des questions de flexibilité et de rentabilité ». Une référence directe à l’accident survenu dans les Ardennes, mercredi 16 octobre, à l’origine d’un droit de retrait de la part des cheminots de l’ensemble du réseau SNCF.

C’est donc à la SNCF qui a longtemps été l’un des secteurs les plus « organisés »… syndicalement que l’on trouve deux grèves successives où les travailleurs ont décidé eux-mêmes de leur mouvement, donnant ainsi à leur lutte un écho bien plus important que le nombre de travailleurs en lutte !

Cela témoigne que la goutte d’eau a fait déborder le vase et que cela semble le cas non seulement en quelques endroits mais pour l’ensemble des cheminots.

Ces derniers n’ont pas apprécié les attaques de la direction, de l’Etat, du gouvernement, attaques sur tous les plans (statuts, effectifs, conditions de travail, salaires, retraites, etc.), n’ont pas apprécié les annonces de la nouvelle direction de la SNCF (augmentation de la productivité et baisse d’effectifs) et n’ont pas apprécié non plus la manière dont les syndicats les avaient baladés dans les dernières grèves !!!

Ces deux mouvements spontanés de cheminots témoignent de la colère mais aussi de la conscience des travailleurs de la SNCF que suivre les directions syndicales s’est déormais être sûr d’aller dans le mur et du coup le respect des règles qui ont eu cours ces dernières années n’est plus la solution envisagée par les cheminots. Pour se faire entendre, ils ont conscience qu’il faut « sortir des clous », il faut déranger le train-train des reculs-négociations-journée d’action- nouveau recul-nouvelles négociations, etc. Ce sont les syndicats eux-mêmes qui claironnent qu’ils « ne sont pas entendus » que la direction, le gouvernement, l’Etat, les classes possédantes ne les craignent plus. Et c’est vrai !!!

Alors va-t-on à la SNCF vers une grève sauvage généralisée, illimitée, avec constitution de comités de grève, assemblées intercorpo, intergares, s’étendant aux autres secteurs du public et du privé et s’organisant en interprofessionnelles ? C’est aux cheminots de le dire et ainsi de construire l’avenir car c’est seulement ainsi qu’ils peuvent vraiment se faire craindre et se faire entendre !!!

Et la « grève sauvage », auto-décidée, auto-organisée, aux revendications et négociations décidées par les travailleurs eux-mêmes, les tracts écrits par les travailleurs, l’organisation de la lutte étant entre leurs mains, n’est pas limitée aux cheminots, c’est une arme de toute la classe ouvrière !!!

C’est d’eux-mêmes que les cheminots ont étendu leur grève de la région Champagne-Ardennes à tout le pays. C’est d’eux-mêmes que les cheminots de Châtillon ont décidé de leur grève. Tous les cheminots, tous les travailleurs disposent du même moyen : prendre en mains leur propre lutte, leurs revendications, leurs choix d’action, leurs perspectives, et étendre, étendre sans cesse à toute la classe ouvrière !!!

Aucune journée d’action syndicale ne peut exprimer notre colère, notre refus des attaques qui se multiplient. C’est seulement par notre action indépendante des directions syndicales que nous pourrons renforcer le camp des travailleurs !

Les grévistes du Technicentre Châtillon communiquent

Messages

  • Léon Trotsky dans "Histoire de la révolution russe" :

    "Les masses se mettent en révolution non point avec un plan tout fait de transformation sociale, mais dans l’âpre sentiment de ne pouvoir tolérer plus longtemps l’ancien régime. C’est seulement le milieu dirigeant de leur classe qui possède un programme politique, lequel a pourtant besoin d’être vérifié par les événements et approuvé par les masses. Le processus politique essentiel d’une révolution est précisément en ceci que la classe prend conscience des problèmes posés par la crise sociale, et que les masses s’orientent activement d’après la méthode des approximations successives."

  • Dans l’accident de la SNCF, celle-ci elle botte en touche et accuse le convoi de camion…
    Elle refuse dans son rapport de prendre en compte le fait qu’il n’y avait qu’un agent dans le train est une circonstance aggravante…

  • Ainsi, si la grève a démarré pour contester la suppression de 12 repos annuels, elle s’oppose aujourd’hui à la dégradation générale des conditions de travail et au mépris permanent de la direction.

  • Un cadre de la SNCF déclare à la presse : « Qui n’en serait pas inquiet ? Ce n’est pas une conflictualité classique. Les organisations syndicales ont conscience qu’il faut toujours chercher les portes de sortie ; ce n’est pas du tout le cas de ces mouvements sans cadre ».

  • Face aux travailleurs révoltés, le gouvernement tend... la gros bâton comme avec les gilets jaunes...

    Édouard Philippe, a appelé la SNCF à « examiner les suites judiciaires » à donner aux grèves sauvages...

  • La plupart des technicentres de maintenance tournent en sous-effectif depuis des années, la SNCF ayant eu pour politique de ne pas remplacer les agents qui partent en retraite ou en mutation.

    Depuis la réforme c’est la chasse à la rentabilité qui est menée sur tout et n’importe quoi. Les trains roulant le jour, augmenter la charge de travail la nuit est devenue la nouvelle « norme », notamment avec les trains low-cost comme le Ouigo. L’entreprise tend ainsi à généraliser le travail de nuit en réduisant la charge de travail la journée, tout en explosant les amplitudes horaires sur les repos avec des astreintes le week-end, certains agents enchaînant 2 semaines de travail sans aucun jour de repos.

    Mais d’autres paramètres sont aussi à prendre en compte, comme la dégradation du métier d’agent de maintenance. L’injonction à la polyvalence se répand et avec elle la dégradation de la qualité du travail effectué. Par exemple, un électricien doit être capable de faire de la mécanique et inversement, ce qui représente de véritables dégradations de conditions de travail et un mal être, avec l’impression de toujours mal faire son travail.

  • Tous les technicentres SNCF sont frappés par l’aggravation des conditions de travail et les bas salaires. Plusieurs ont déjà fait grève comme Lyon Gerland ou Villeneuve-Saint-Georges. Le baril de poudre est prêt à exploser !!!

  • N’oublions pas que la grève des Urgences des hôpitaux a démarré sans les syndicats par une organisation des personnels par eux-mêmes à l’hôpital Saint-Antoine, l’Inter-Urgences, qui a réussi à généraliser la grève à tous le pays !!!

    L’auto-organisation a de l’avenir...

  • Syndicalistes et gauches jusqu’à l’extrême gauche essaient d’effacer cette indépendance par rapport aux appareils syndicaux en faisant comme si ces grèves auto-organisées sont là pour préparer la "journée" de grève syndicale du 5 décembre, pas du tout auto-organisée, ce qui n’est absolument pas le cas...

  • Le technicentre de Châtillon n’est plus seul : le technicentre du Landy qui est en charge de la maintenance des TGV de l’Axe Nord, dont le Paris-Lille, des Eurostar et des Thalys, ainsi que du Technicentre Sud-Est Européen, en charge de la maintenance des TGV de l’Axe du Sud-Est de la France entrent maintenant dans la lutte et ce n’est pas fini...

    Cheminots, n’attendons pas le 5 décembre pour nous mettre en révolte et en grève... et pour nous lier aux hospitaliers, aux Ephad, aux enseignants, aux licenciés, aux chômeurs, aux Gilets jaunes et à tous ceux qui se révoltent...

  • Communiqué des grévistes du TATL du 30 octobre 2019

    L’ensemble des grévistes veulent tout d’abord, adresser leur solidarité à l’ensemble des voyageurs de la SNCF, pris en otage aujourd’hui par une direction jusqu’au-boutiste, refusant tout dialogue depuis une semaine. Aucune convocation ou table ronde n’a été proposée par la direction.

    Depuis une semaine, la direction de la SNCF martèle dans les médias que sa porte est ouverte pour trouver une solution à ce conflit. Mais hier, les grévistes nous avons décidé de nous rendre au siège national de la SNCF pour être reçus et s’asseoir autour d’une table, afin de trouver une solution le plus rapidement possible. La même direction qui disait être ouverte au dialogue s’est barricadé à l’intérieur du siège, entourée de camions CRS, et a refusé l’entrée au site d’une délégation des grévistes.

    Guillaume Pepy et la direction arrivent à trouver le chemin des médias, mais aucune contre-proposition n’est faite à nos demandes et nous n’avons toujours pas été reçu, fermant ainsi toute possibilité de négociation. Nous sommes conscients que notre grève engendre des désagréments pour de nombreux usagers, mais ce n’est pas nous qui en avons choisi la date. La direction préfère donc jouer le pourrissement et pénaliser les usagers. Nous dénonçons cette attitude irresponsable de la part de la direction mais elle est malheureusement dans la continuité des procédures disciplinaires qu’elle a entamé à l’encontre des grévistes, ce qui est inadmissible. Dans les faits, la direction fait tout le contraire de ce qu’elle dit.

    Nos revendications sont pourtant simples. En plus des avancées que nous avons arraché avec la lutte concernant nos repos, nous exigeons :

    le retrait de l’ensemble des procédures disciplinaire, ainsi que la notification actuelle de nos journées de grève en « absence irreguliere »
    la mise en place d’une prime exceptionnel, au titre de la revalorisation de nos conditions de salaire, de la charge de travail qui a augmenté, des sous effectifs depuis des années, mais également les chiffres de production félicité par la direction
    une amélioration financière des astreintes et des dépannages en province
    Voila nos revendications, nous ne pouvons faire plus clair, la balle est et a toujours été du coté de la direction. Nous ne faisons que valoir notre droit à être grévistes pour nous faire entendre, nous ne sommes ni des preneurs d’otages, ni des jusqu’au-boutiste, mais c’est en responsabilité que nous continuerons à nous battre jusqu’à obtenir satisfaction.

    La direction dit pouvoir assurer 80% des trains à partir de jeudi et pour l’ensemble du weekend de retour des vacances, mais la direction cache deux choses. 1) Les trains qui circuleront se feront pour la plupart des trains courts, avec la moitié des places ; et 2) les TGV supplémentaires qui rouleront sur l’axe Atlantique seront retirés d’autres axes du réseau ferroviaire, ce qui pénalisera inévitablement les usagers d’autres destinations. Ce ne seront donc pas 80% des usagers qui pourront circuler ! Par ailleurs, la direction met également en danger les usagers de l’axe Atlantique, en faisant rouler des trains avec des dérogations quant aux réparations qui seraient nécessaires pour que les trains roulent en toute sécurité. Nous dénonçons cette mise en danger des usagers et nous avertissons l’opinion publique sur la responsabilité de la direction à faire rouler des trains qui ne réunissent pas les conditions nécessaires pour le faire, en termes de sécurité.

    Nous, cheminots du Technicentre Atlantique de Châtillon, nous refusons de se laisser écraser par cette direction irresponsable et jusqu’au-boutiste. Notre combat pour notre respect et notre dignité est légitime. Nous ne voulons que pouvoir travailler dans des bonnes conditions pour que les usagers puissent prendre les trains en toute sécurité.

    La direction joue au pourrissement, les grévistes ont besoin de soutien pour gagner ! S’ils gagnent, nous gagnons tous ! Donnez à la caisse de soutien !

  • Selon le secrétaire général de la CGT-Cheminots, Laurent Brun, la CGT vise à organiser des débrayages d’« une heure, sans impact sur le trafic, qui pourraient être organisés en début de semaine » dans les centres de maintenance des TGV, des TER et du fret. En somme, comme déjà réalisé dans les technicentres, faire en sorte que des lâchers de vapeur évitent à tout prix la généralisation de l’action de Châtillon pour désamorcer ensuite ce technicentre et revenir à des in-actions contrôlées par les appareils !!! Remarquons que l’extrême gauche officielle qui prétend soutenir Châtillon ne dénonce pas ce type de manœuvre…

  • Chers camarades,

    Ci-joint un communiqué qui donne notre prise de position sur la situation.

    Salutations communistes, le GIGC.

    Soutien actif aux grévistes de la SNCF ! Ils montrent la voie à suivre pour la généralisation de la lutte prolétarienne :

    Lire ici

  • A peine la direction nouvelle de la SNCF a sonné les syndicats soi-disant pour négocier les revendications des technicentres qu’ils ont sauté sur l’occasion. Ils étaient à côté du mouvement mais ils ne sont pas à côté des trahisons, des négociations pour ne rien obtenir !!!

  • Mercredi 6 novembre, Rachel Picard, directrice générale de Voyages SNCF (TGV et trains intercités), a tenu une première table ronde avec les quatre organisations syndicales représentatives de la SNCF (CGT, UNSA, SUD et CFDT) sur les rémunérations et conditions de travail dans les centres de maintenance des TGV. La réunion a débouché sur... des nèfles !!!

    Concernant la rémunération, première des revendications des 3 500 agents des technicentres de Voyages SNCF, la direction a, lors de la concertation, proposé… une autre concertation. La nouvelle réunion serait élargie à l’ensemble des centres de maintenance de SNCF Mobilités (35 établissements et 22 000 agents) et se tiendrait sous les dix jours.

    Les syndicats sortent scandalisés mais les scandaleux c’est eux !!!

  • Un grand merci aux syndicalistes de SUD pour avoir organisé... la reprise du travail au technicentre du Landy, lâchant les grévistes de Châtillon !!!

  • A propos de Jean-Pierre Farandou, nouveau président de la SNCF, Laurent Brun explique au Parisien qu’il attend de lui un « changement de cap. Il faut qu’il gèle les restructurations en cours, par exemple la suppression des personnels dans les gares et dans les trains »...

    Laurent Brun, soi-disant rallié à la grève générale, ne fait que vouloir faire croire que tout va changer avec le nouveau PDG et réclame seulement "le gel" des suppressions d’emplois ! Pas leur suppression et des embauches !!!

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