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Lutte contre le fascisme et l’extrême-droite : le NPA-révolutionnaire tourne le dos à Trotsky

jeudi 11 juillet 2024, par Alex

Lutte contre le fascisme et l’extrême-droite : le NPA-révolutionnaire tourne le dos à Trotsky

La video de la réunion publique Combattre l’extrême-droite et ceux qui lui pavent la voie : le rôle des révolutionnaires ! est typique des exposés dits de formation proposés par la NPA-révolutionnaire (NPA).

Le format video d’un exposé oral est commode et mériterait d’être diffusé s’il en valait la peine. Mais l’exposé en question qui prétend résumer l’histoire du fascisme et de la lutte des révolutionnaires contre le fascisme est à déconseiller : au mieux on n’y apprend quasiment rien, au pire on retiendra des faits farfelus : l’escroc Stavisky aurait été un ministre et membre du parti radical !

Confusion entre fascisme et extrême-droite

L’introduction commence par le rappel du contexte : les succès électoraux de l’extrême-droite. Mais l’exposé qui suit fait l’histoire du fascisme. L’extrême droite, en particulier le RN, est-elle identique au fascisme ? Mystère, la question n’est ni posée, encore moins résolue.

Le fait que le RN n’est pas un parti fasciste du type du NSDAP de Hitler avec ses sections d’assaut, ou de celui de Mussolini n’est pas mentionné clairement

Oubli de la situation révolutionnaire de 1920 en Italie

L’exposé sur l’histoire du fascisme italien omet un fait fondamental : fin 1920, le prolétariat italien a manqué sa révolution d’Octobre, il aurait pu prendre le pouvoir et instaurer la dictature du prolétariat.
Une vague d’occupation d’usine culmina fin 1920, et les syndicats et socio-démocrates laissèrent pourrir le mouvement. Ces réformistes, en refusant de prendre le pouvoir, ouvrirent la voie au fascisme.

La seule façon de vaincre le fascisme, c’est de militer pour la dictature du prolétariat, que mirent en place les bolcheviks en Russie. Ceux-ci avaient fait reculer le fasciste Kornilov par une politique de Front unique ouvrier avec Kerensky, et définitivement éloigné le danger fasciste par la prise du pouvoir en Octobre, puis l’écrasement militaire des armées blanches. C’est pour les trotskistes le principe essentiel de la lutte contre le fascisme : la construction de la dictature du prolétariat. Il n’y en a pas d’autre.

Le NPA tourne entièrement le dos à cette vision héritée de Trotsky, un ouvrier ne sortira pas de la réunion du NPA en ayant au moins compris : "fin 1920 la révolution prolétarienne aurait du vaincre en Italie, le fascisme n’aurait pas existé, ce sont les réformistes qui lui ont ouvert la voie ! La solution le mouvement ouvrier la connait : c’est la dictature du prolétariat, c’est à dire l’armement du prolétariat organisé en un système de soviets, comités d’usine etc. Je venais à cette réunion par curiosité, ce parti m’a proposé une solution"

Le NPA mentionne rapidement la révolution d’Octobre, on ne sait pas si ce parti s’en réclame. Or les bolchevik obtinrent la première victoire contre une offensive de type fasciste, celle de Kornilov.

Un parti incapable de dire clairement qu’Octobre 1917 en Russie et Septembre 1920 en Italie sont deux exemples de révolutions prolétariennes, la première victorieuse, la seconde échouant ce qui ouvrait la voie au fascisme dans ce pays, est peut-être révolutionnaire, mais pas révolutionnaire prolétarien !

Le NPA prétend qu’en 1919-1920 le fascisme était la seule façon pour la bourgeoisie de lutter contre le mouvement ouvrier, c’est faux ! La social-démocratie et les syndicats réformistes est le premier moyen que cette bourgeoisie utilisa en 1920, puis à partir de 1921 la défaite de la grève avait ouvert la voie au fascisme, le second outil de la bourgeoisie. D’abord les réformistes, ensuite les fascistes

Mais le NPA, comme LO, a choisi de végéter à l’ombre des bureaucraties syndicales, aucune critique de ces bureaucraties n’est donc la bienvenue.

En réponse à cette première partie de la video, il suffit de lire la résolution sur la question italienne :

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IV° Congrès
Internationale Communiste

Résolution sur la question italienne

Les 2° et 3° Congrès de l’Internationale Communiste se sont déjà occupés en détail de la question italienne. Le 4° Congrès est donc en mesure de tirer certaines conclusions.

Vers la fin de la guerre impérialiste mondiale, la situation en Italie était objectivement révolutionnaire. La bourgeoisie avait lâché les rênes du pouvoir. L’appareil de l’Etat bourgeois était détraqué, l’inquiétude s’était emparée de la classe dominante. Les masses ouvrières étaient lasses de la guerre et dans diverses régions se trouvaient même en état d’insurrection. Des fractions considérables de la classe paysanne commençaient à se soulever contre les propriétaires fonciers et contre l’Etat et étaient disposées à soutenir la classe ouvrière dans sa lutte révolutionnaire. Les soldats étaient contre la guerre et prêts à fraterniser avec les ouvriers.

Les conditions objectives d’une révolution victorieuse étaient réalisées. Il ne manquait plus que le facteur subjectif ; il manquait un parti ouvrier décidé, prêt au combat, conscient de sa force, révolutionnaire, en un mot : un véritable Parti Communiste.

D’une façon générale, à la fin de la guerre, une situation analogue existait dans presque tous les pays belligérants. Si la classe ouvrière n’a pas triomphé en 1919-1920 dans les pays les plus importants, cela provient précisément de l’absence d’un parti ouvrier révolutionnaire. C’est ce qui s’est manifesté plus particulièrement en Italie, pays qui était le plus rapproché de la révolution et qui traverse actuellement une période de contre-révolution.

L’occupation des usines par les ouvriers italiens, en automne 1920, a constitué un moment décisif dans le développement de la lutte des classes en Italie. Instinctivement, les ouvriers italiens poussaient à la solution de la crise dans un sens révolutionnaire. Mais l’absence d’un parti ouvrier révolutionnaire décida du sort de la classe ouvrière, consacra sa défaite et prépara le triomphe actuel du fascisme. La classe ouvrière n’a pas su trouver suffisamment de forces, au point culminant de son mouvement, pour s’emparer du pouvoir ; voilà pourquoi la bourgeoisie, en la personne du fascisme, son aile la plus énergique, réussit bientôt à faire mordre la poussière à la classe ouvrière et à établir sa dictature. Nulle part, la preuve de la grandeur du rôle historique d’un Parti Communiste pour la révolution mondiale n’a été fournie d’une façon plus nette que dans ce pays, où précisément, faute d’un tel parti, le cours des événement a pris une tournure favorable à la bourgeoisie.

Non pas qu’il n’y ait pas eu en Italie, pendant ces années décisives, de parti ouvrier : le vieux Parti Socialiste était considérable par le nombre de ses membres et jouissait, extérieurement du moins, d’une grande influence. Mais il abritait dans son sein des éléments réformistes qui le paralysaient à chaque pas. Malgré la première scission qui avait eu lieu en 1912 (exclusion de l’extrême-droite) et en 1914 (exclusion des Francs-Maçons), il restait encore dans le Parti Socialiste Italien, en 1919-1920, un grand nombre de réformistes et de centristes. A tous les moments décisifs, les réformistes et les centristes étaient comme un boulet aux pieds du Parti. Nulle part ils n’étaient autre chose que des agents de la bourgeoisie dans le camp de la classe ouvrière.

Aucun moyen ne fut négligé pour trahir la classe ouvrière au profit de la bourgeoisie. Des trahisons analogues à celles qui furent commises par les réformistes pendant l’occupation des usines en 1920 se rencontrent fréquemment dans l’histoire du réformisme, qui n’est qu’une chaîne ininterrompue de trahisons. Les souffrances effroyables de la classe ouvrière italienne sont dues en première ligne aux trahisons des réformistes.

Si la classe ouvrière italienne est obligée en ce moment de reprendre, pour ainsi dire, par le commencement, un chemin terriblement dur à parcourir, c’est parce que les réformistes ont été trop longtemps tolérés dans le Parti Italien.

Au début de 1921 se produisit la rupture de la majorité du Parti Socialiste avec l’Internationale Communiste. A Livourne, le centre préféra se séparer de l’Internationale Communiste et de 58.000 communistes italiens, simplement pour ne pas rompre avec 16.000 réformistes. Deux partis se constituèrent : d’une part, le jeune Parti Communiste qui, en dépit de tout son courage et de tout son dévouement, était trop faible pour mener la classe ouvrière à la victoire ; d’autre part, le vieux Parti Socialiste dans lequel, après Livourne, l’influence corruptrice des réformistes alla grandissante. La classe ouvrière était divisée et sans ressources. Avec l’aide des réformistes, la bourgeoisie consolida ses positions. C’est alors seulement que commença l’offensive du capital dans le domaine tant économique que politique. Il fallut presque deux années entières de trahison ininterrompue de la part des réformistes pour que même les chefs du centre, sous la pression des masses, reconnaissent leurs erreurs et se proclament prêts à en tirer les conséquences.

Ce n’est qu’au Congrès de Rome, en octobre 1922, que les réformistes furent exclus du Parti Socialiste. On en était arrivé au point que les chefs les plus en vue des réformistes pouvaient se vanter ouvertement d’avoir réussi à saboter la révolution en restant dans le Parti Socialiste Italien et en paralysant son action aux heures décisives. Les réformistes ont maintenant quitté les rangs du Parti Socialiste Italien et sont passés ouvertement dans le camp de la bourgeoisie. Ils ont cependant laissé dans les masses un sentiment de faiblesse, d’humiliation et de déception et affaibli considérablement, numériquement et politiquement, le Parti Socialiste.

Cette triste, mais très édifiante leçon des événements d’Italie doit profiter à tous les ouvriers conscients du monde entier.

1° Le réformiste : voilà l’ennemi.

2° Les hésitations des centristes constituent un danger mortel pour un parti ouvrier.

3° La condition la plus importante de la victoire du prolétariat, c’est l’existence d’un Parti Communiste conscient et homogène.

Tels sont les enseignements de la tragédie italienne.

En considération de la décision par laquelle le Congrès du Parti Socialiste Italien à Rome (octobre 1922) exclut les réformistes du parti et se déclare prêt à adhérer sans réserves à l’Internationale Communiste, le 4° Congrès de l’Internationale Communiste décide :

1. La situation générale en Italie, surtout après la victoire de la réaction fasciste, exige impérieusement la fusion rapide de toutes les forces révolutionnaire du prolétariat. Les ouvriers italiens reprendront courage s’ils voient se produire, après les défaites et les scissions, une nouvelle concentration de toutes les forces révolutionnaires.

2. L’Internationale Communiste adresse au prolétariat italien, si lourdement éprouvé, ses salutations fraternelles. Elle est parfaitement convaincue de la sincérité des éléments prolétariens du Parti Socialiste Italien et décide de recevoir ce parti dans l’Internationale Communiste.

3. Le 4° Congrès mondial considère l’application des 21 conditions comme une chose hors de toute discussion. Il charge donc l’Exécutif de l’I.C., en raison des précédents italiens, de veiller avec un soin particulier à l’application de ces conditions, avec toutes les conséquences qui en résultent.

4. Vu qu’au Congrès du Parti de Rome, le député Vella s’est déclaré contre l’acceptation des 21 conditions, le 4° Congrès estime impossible d’accepter Vella et ses partisans dans l’Internationale Communiste et invite le Comité Directeur du Parti Socialiste Italien à exclure du Parti Vella et ses partisans.

5. Attendu qu’en vertu des statuts de l’Internationale Communiste, il ne saurait y avoir dans un pays plus d’une section de l’I.C., le 4° Congrès mondial décide la fusion immédiate du Parti Communiste et du Parti Socialiste italien. Le Parti unifié portera le nom de « Parti Communiste Unifié d’Italie (section de l’Internationale Communiste) ».

6. Pour la réalisation pratique de cette fusion, le 4° Congrès désigne un Comité spécial d’organisation, composé de deux membres de chaque parti, comité qui fonctionnera sous la présidence d’un membre de l’Exécutif.

Sont élus à ce Comité d’organisation :
Pour le Parti communiste, les camarades Bordiga et Tasca.
Pour le Parti Socialiste, Serrati et Maffi.
Pour l’Exécutif, Zinoviev (avec le droit pour l’Exécutif de remplacer, en cas de besoin, Zinoviev par un autre membre de l’Exécutif, de même que les quatre autres membres du Comité).

Ce Comité devra élaborer dès à présent, à Moscou, les conditions détaillées de la fusion en Italie. Il est subordonné dans tout son travail à l’Exécutif.

7. Dans les diverses régions et dans les grandes villes, des comités d’organisation analogues seront également constitués et seront composés de deux membres du Parti Communiste (un de la majorité, un de la minorité), deux camarades du Parti Socialiste (un des maximalistes, un des terzinternazionalistes), le président étant nommé par le représentant de l’Exécutif.

8. Ces comités d’organisation ont pour tâche, non seulement de préparer, au centre et dans la périphérie, la fusion organique, mais aussi de diriger désormais les actions politiques communes des deux partis.

9. En outre, un Comité Syndical sera immédiatement constitué et aura pour tâche de flétrir, à la Confederazione del Lavoro, la trahison des hommes d’Amsterdam et de gagner la majorité de l’organisation à l’Internationale Syndicale Rouge. Ce Comité sera également composé de deux représentants de chaque parti (un de la majorité, un de la minorité du Parti Communiste ; un des maximalistes et un des terzinternazionalistes), sous la présidence d’un camarade désigné par l’Exécutif de l’Internationale Communiste ou par son Présidium.

10. Dans les villes où existent un journal communiste et un journal socialiste, ils devront fusionner au plus tard le 1° janvier 1923. Le 1° janvier 1923 au plus tard, un organe central commun devra commencer à paraître. La rédaction de cet organe central sera désignée par l’Exécutif pour l’année prochaine.

11. Le Congrès de la fusion devra avoir lieu au plus tard le 15 février 1923. Si, avant ce Congrès commun, des congrès spéciaux des deux partis sont nécessaires, c’est l’Exécutif qui décidera de la date, du lieu et des conditions de ces congrès.

12. Le Congrès décide de lancer un manifeste sur la question de la fusion, manifeste qui devra être immédiatement publié avec la signature du Présidium et des délégués des deux Partis au 4° Congrès.

13. Le Congrès rappelle à tous les camarades italiens la nécessité de la plus stricte discipline. Tous les camarades, sans exception, sont tenus de faire tout leur possible pour que la fusion s’opère sans gêne et au plus tôt. Toute faute contre la discipline constituerait dans la situation actuelle un crime contre le prolétariat italien et l’Internationale Communiste.

Trotsky à peine cité

L’exposé qui concerne la période du Front populaire en France, suivant celui sur la montée du fascisme en Italie, est malheureusement pire.

Premièrement parce que la France nous est plus proche, c’est ici que nous sommes le mieux placés pour mener une politique contre l’extrême droite, et avons besoin d’une politique pour ce but. Désorienter les auditeurs concernant le Front Populaire (FP) de 1936 et donc le Nouveau Front Populaire (NFP) de 2024 peut ainsi avoir des effets néfastes directs, éloigner la jeunesse des idées révolutionnaires alors qu’elle peut s’en approcher sous l’effet des événemets. C’est la tâche des organisations centristes comme le NPA.

Deuxièmement Trotsky nous a laissé une analyse magistrale, une politique à suivre, dans son ouvrage Où va la France ?. Cet ouvrage est bien plus accessible pour nous que ses textes concernant le fascisme et le nazisme, ou la révolution d’Octobre, car nous sommes familiers avec le PS, le PC, la CGT, avec la France de 1936, les noms, les lieux, les événements.

Ne pas même mentionner largement ce texte de Trotsky est tourner quasi ouvertement le dos au trotskisme. Poutou le fait ouvertement en se ralliant au NFP, le NPA-révolutionnaire le fait en cachette, péchant par omission.

Le rôles des révolutionnaires selon le NPA-révolutionnaires : aucun

Le pire, dans cet exposé sur le FP de 1936 en France, comme d’ailleurs dans toute la video, c’est que le NPA-R se borne à critiquer les réformistes. Certes cette critique des réformistes est un point utile et nécessaire, incontournable dans ce type d’exposé, mais alors que le titre de l’exposé mentionne « le rôle des révolutionnaires » ... on attendra en vain quoi que ce soit !

Les révolutionnaires d’après le NPA n’auraient aucune politique autonome, ils se contentent de donner des bons points aux « luttes » ouvrières, de mauvais points aux réformistes, sans expliquer pourquoi ces mêmes luttes sont dirigées par les réformistes. Bref, pour le NPA-R les révolutionnaires restent un groupe de spectateur à l’aile gauche du camp réformiste, espérant peut-être le redresser, en lui « démontrant » que sa politique n’est pas la bonne, ce que fait le NPA-R dans son exposé. Les révolutionnaires n’ont rien à faire, le NPA répète souvent que le jour où les ouvriers "en voudront vraiment", ils se tourneront spontanément vers le NPA. Le jour où Poutou comprendra ses erreurs, il reviendra vers le NPA-révolutionnaires.

La gauche et les organisations ouvrières : des catégories peu marxistes

Dans son introduction et dans tout l’exposé, PS, PC , CGT sont placés dans une grande catégorie comprenant la gauche, les organisations ouvrières, les syndicats, le "camp des travailleurs", "notre camp"
Or Trotsky, suivant les 4 premiers congrès de l’IC puis l’opposition de gauche dans cette IC, distingue quatre courants : le courant prolétarien , les socio-démocrates, les centristes et les staliniens. Aujourd’hui encore ces catégories restent valables. Les staliniens, les centristes et les socio-démocrates sont des agents de la bourgeoisie.
Trotsky parle très peu de « la gauche ». Le NPA utilise toutes les étiquettes qui permettent aux révolutionnaires d’être classés dans la même famille que les courants bourgeois du mouvement ouvrier. C’est l’équivalent du « camp des travailleurs » de N. Arthaud.

Staline n’est pas évoqué par le NPA ! Le film Le grand tournant indique dans son titre le tournant fondamental de Staline en 1935, illustré par la déclaration Laval-Staline qui appelle tous les PC à se rallier à l’Union sacrée dans leur pays, à ajourner officiellement la révolution prolétarienne. Trotsky qualifie de tournant de dissolution de fait de l’Internationale. Le NPA ignore ce "grand tournant", ne mentionnant qu’un changement de tactique dans l’alliance avec le PS.

Le pire qui est reproché au PC, ce n’est pas d’être stalinien, mais comme dirait le Figaro, « d’être aux ordres de Moscou ». Or pour les révolutionnaires, ce n’est pas un reproche valable. Lorsqu’en 1920, « sur ordre de Moscou », tous les PS durent se prononcer sur les « 21 conditions d’admission à l’IC », c’était une bonne politique. Lorsque dans les années 30, « sur ordre de Moscou », le PC fit assassiner des trotskistes, ce ne l’était plus.

Manifestation du 12 février 34 à la Concorde ?

Mettons sur le caractère provincial des exposant l’erreur qui consiste à situer la manifestation du 12 février 34 à la Concorde. Tout militant est familier avec le fait que la Concorde est le lieu des manifs de droite, les manifs de gauche se tenant à Nation, Bastille ou République.

Front populaire et Front unique

La partie la plus nuisible de l’exposé est celle qui compare Front populaire et Front unique, ces deux tactiques étant présentées comme les deux principales du "mouvement ouvrier". Or pour la deuxième tactique, le terme exact est "Front unique ouvrier", qu’on peut ensuite abréger en Front unique, ou Front uni, mais qu’il faut bien nommer au moins la première fois. Car le Front populaire introduit la notion de "front uni" (FU) comme abréviation de "front uni antisfasciste". Le « front uni » qui dérive du Front populaire est une politique bourgeoise, la politique révolutionnaire prolétarienne étant le Front uni qui est le Front unique ouvrier (FU0).
Encore une fois, le NPA-R reste dans le vague des mots. Le NPA-R donne un troisième ses à Front uni.
Pour le NPA, les grèves de 36 sont un exemple de FU, puisque les ouvriers ont "lutté ensemble". Pour le NPA, la grève était autogérée en 1936 grâce aux crèches et aux cantines collectives ! Alors que pour les marxistes, c’est la création de comités d’usines, de soviets qui est la question fondamentale.

La tactique de Front unique ouvrier n’a pas été mise en place par des révolutionnaires en 1936, c’est pour cette raison que juin 36 n’a pas débouché sur la victoire d’une révolution prolétarienne, bien que la situation ait été révolutionnaire. Eut cette tactique été mise en place, en France et en Espagne, Hitler, Franco et Pétain auraient été vaincus.

Le NPA affirme le contraire : le Front unique a été mis en place. Le NPA insinue donc que cette tactique révolutionnaire a échoué ! Mais pourquoi juin 36 fut-il une défaite du mouvement ouvrier ? Pas de réponse du NPA. Qu’auraient dû faire les révolutionnaires ? Le NPA ne le dit pas.
Pour cette raison l’’exposé tout entier est démoralisant : il n’affirme pas que les révolutionnaires peuvent vaincre le fascisme assez facilement s’ils ont une politique correcte de Front unique ouvrier, dont la mise en place de soviets fait partie.
Pour le NPA-R, la faute revient donc sans doute aux ouvriers qui n’ont pas été « assez loin » dans le Front uni. Confondre Front uni avec grève générale est une erreur. EN 1926 en Angleterre la grève fut bien générale, mais dirigée par les réformistes elle fut un échec. Le véritable Front uni comprend une politique envers les organisations syndicales, le NPA-R ne veut pas en évoquer la possibilité, pour ne pas perdre aujourd’hui des positions dans les syndicats.

Le NPA confond l’opposition réforme et révolution à celle entre élection et lutte

Le NPA affirme une contre vérité : le Front populaire serait un accord en vue des élections. C’est entièrement faux. En juillet 1934 c’est un pacte d’unité d’action qui est signé. Un accord électoral est exclu. C’est la déclaration Laval-Staline qui fait tomber l’obstacle à un tel accord.

De plus, le Front populaire est une politique mondiale. En Chine par exemple Mao appelle à un Front uni antifasciste, l’équivalent d’un Front populaire, mais il n’y aura jamais d’accord avec électoral avec le Kuomintang.
Le NPA ne veut pas discuter la question du Front populaire à l’échelle internationale, car par exemple malgré une critique dans des articles de fond, le NPA-R, quand il était aux côtés de Poutou dans le NPA, a accepté la caution d’un parti comme le Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP) au congrès de fondation du NPA, voir ici
De plus le NPA-R a défilé récemment en brandissant le drapeau palestinien bourgeois, sans aucune critique. Le NPA-R critique le Front populaire en 1936, mais appelle à voter FP au deuxième tour des législatives, et se rallie de fait au Front populaire palestinien en 2024 !

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