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Quels sont les dix commandements du programme pour un parti communiste révolutionnaire (bolchévik) en 2025 ?
vendredi 24 janvier 2025, par ,
1. Les causes des révolutions sont dans l’économie
dans la production sociale de leur existence, les hommes entrent en des rapports déterminés,
nécessaires, indépendants de leur volonté, rapports de production qui correspondent à un degré de développement déterminé de leurs forces productives matérielles. L’ensemble de ces rapports de production constitue la structure économique de la société, la base concrète sur laquelle s’élève une superstructure juridique et politique et à laquelle correspondent des formes de conscience sociales déterminées. Le mode de production de la vie matérielle conditionne le processus de vie social, politique et intellectuel en général. Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur être ; c’est inversement leur être social qui détermine leur conscience. À un certain stade de leur développement, les forces productives matérielles de la société entrent en contradiction avec les rapports de production existants, ou, ce qui n’en est que l’expression juridique, avec les rapports de propriété au sein desquels elles s’étaient mues jusqu’alors. De formes de développement des forces productives qu’ils étaient ces rapports en deviennent des entraves. Alors s’ouvre une époque de révolution sociale.
Bien que la plupart des partis pseudo-révolutionnaires se réfèrent vaguement à cette théorie de Marx, ils ne ne cherchent pas à l’appliquer pour comprendre la crise de 2008 du capitalisme. Ils font croire que le capitalisme n’est pas en crise car les capitaliste sont bien riches. En vue du 1er congrès du NPA-R (6ème congrès du NPA), sa direction écrit par exemple :
C’est de l’enfer des pauvres – et de la planète – qu’est fait le paradis des riches.
D’après le classement 2024 du magazine Forbes, il n’y a jamais eu autant de milliardaires sur la planète qu’en 2024 (ils sont 2 781) et ils n’ont jamais été aussi riches (ils totalisent un magot de 14 200 milliards de dollars). Vieux lions de l’industrie ou du luxe, jeunes loups de la tech, quelle que soit leur nationalité, ces fortunes s’abreuvent à la même source de l’exploitation capitaliste. Les dividendes versés aux actionnaires ont battu un nouveau record en 2023, notamment grâce à l’arme de l’inflation...
... et ainsi de suite.
Le 13 juillet 1789, les grands dignitaires féodaux du Royaume de France n’avaient jamais été aussi riches. Pourtant leur mort, en tant que classe sociale dominante, était déjà actée, c’est cet expérience qui permit à des historiens bourgeois de faire la théorie de la lutte des classes, que Marx et Engels reprirent dans leur Manifeste du Parti communiste (1847), la base de notre programme, et dont le premier chapitre a pour titre : Bourgeois et prolétaires.
2. Bourgeois et prolétaires
Confrontée en 1918 à la question d’un programme communiste révolutionnaire pour une nouvelle période, Rosa Luxemburg nous montrait la voie, en revenant au Manifeste :
Camarades ! La raison pour laquelle nous entreprenons aujourd’hui de discuter et d’adopter notre programme, ne se limite pas au fait purement formel que nous nous sommes constitués hier en un nouveau parti autonome et qu’un nouveau parti se doit d’adopter officiellement un programme ; la discussion d’aujourd’hui sur le programme est motivée par de grands événements historiques et notamment par le fait que nous avons atteint un point où le programme social-démocrate et plus généralement le programme socialiste du prolétariat doit être érigé sur de nouvelles bases. Camarades, nous reprenons ainsi la trame qu’avaient tissée Marx et Engels dans le Manifeste Communiste il y a tout juste soixante-dix ans. Comme vous le savez, le Manifeste Communiste considère le socialisme, la réalisation des objectifs socialistes comme la tâche immédiate de la révolution prolétarienne.
Oui, notre objectif est non pas la révolution, mais bien la révolution prolétarienne, comme l’affirmait Luxemburg à la suite de Marx et Engels. Car en corollaire du titre Bourgeois et prolétaires, Marx distingua en 1848 la révolution bourgeoise de février, de la révolution prolétarienne de juin. Tous les partis électoraux qui se disent parfois marxistes veulent ratisser large aux élections : ils parlent de révolution tout court, jamais de révolution prolétarienne ou bourgeoise. Le programme du NPA-R pour son 1er congrès (2025) est par exemple : « Pour un monde sans frontières ni patrons, urgence révolution ! Construire le NPA-R comme outil pour un pôle des révolutionnaires ». Macron et Pétain se sont dits révolutionnaires, le « pôle des révolutionnaires » est un attrape-nigaud. La première internationale, l’AIT de MARX, peut être vue comme un pôle prolétarien, car son but était de mettre en relations des organisations du mouvement ouvrier, certaines révolutionnaires, d’autres réformistes.
3. La dictature du prolétariat et les Soviets
Etre communiste révolutionnaire, c’est être partisan de la dictature du prolétariat, c’est l’apport fondamental de Marx à la théorie de la lutte des classes :
Maintenant, en ce qui me concerne, ce n’est pas à moi que revient le mérite d’avoir découvert l’existence des classes dans la société moderne, pas plus que la lutte qu’elles s’y livrent. Des historiens bourgeois avaient exposé bien avant moi l’évolution historique de cette lutte des classes et des économistes bourgeois en avaient décrit l’anatomie économique. Ce que j’ai apporté de nouveau, c’est :
- de démontrer que l’existence des classes n’est liée qu’à des phases historiques déterminées du développement de la production ;
- que la lutte des classes mène nécessairement à la dictature du prolétariat ;
- que cette dictature elle-même ne représente qu’une transition vers l’abolition de toutes les classes et vers une société sans classes.
La révolution d’Octobre 1917 était considérée comme la 2ème dictature du prolétariat, après celle de la Commune de Paris, et ils expliquaient en ces termes modernes notre programme :
Pour réaliser le régime communiste, il faut que le prolétariat ait en mains tout le pouvoir, toute la puissance. Il ne pourra renverser le vieux monde tant qu’il ne possédera pas cette puissance, tant qu’il ne sera pas devenu, pour un temps, la classe dominante. Il va de soi que la bourgeoisie ne cédera pas ses positions sans lutte. Car le communisme signifie pour elle la perte de son ancienne prédominance, la perte de sa « liberté » de soutirer à l’ouvrier sa sueur et son sang, la perte de son droit au profit, à l’intérêt, à la rente, etc. La révolution communiste du prolétariat, la transformation communiste de la société se heurtent par conséquent à la résistance la plus furieuse des exploiteurs. La tâche du pouvoir ouvrier est donc de réprimer impitoyablement cette résistance. Et comme cette résistance sera inévitablement très forte, il faudra que le pouvoir du prolétariat soit une dictature ouvrière. « Dictature » signifie un gouvernement particulièrement sévère et beaucoup de décision dans la répression des ennemis. Naturellement, dans un tel état de choses, il ne saurait être question de « liberté » pour tous les Hommes. La dictature du prolétariat est inconciliable avec la liberté de la bourgeoisie. Elle est nécessaire précisément pour priver la bourgeoisie de sa liberté, pour lui lier les pieds et les mains et lui enlever toute possibilité de combattre le prolétariat révolutionnaire. Plus la résistance de la bourgeoisie est grande, plus ses efforts sont désespérés, dangereux, et plus la dictature prolétarienne devra être dure et impitoyable et aller, dans les cas extrêmes, jusqu’à la terreur.
Les trois révolutions de 1905, février et octobre 1917 dans l’Empire de Russie, on vu apparaitre un phénomène, aussi imprévu que celui des Gilets jaunes, mais à l’échelle de toute l’Europe : les soviets, qui ont donné sa forme à la dictature du prolétariat :
le congrès de l’Internationale Communiste déclare que la tâche principale des partis communistes, dans les diverses régions où le pouvoir des Soviets n’est pas encore constitué, consiste en ce qui suit :
1° Eclairer le plus largement les masses de la classe ouvrière sur la signification historique de la nécessité politique et pratique d’une nouvelle démocratie prolétarienne, qui doit prendre la place de la démocratie bourgeoise et du parlementarisme ;
2° Elargir et organiser des Soviets dans tous les domaines de l’industrie, dans l’armée, dans la flotte, parmi les ouvriers agricoles et les petits paysans ;
3° Conquérir, à l’intérieur des Soviets, une majorité communiste, sûre et consciente.
Thèses sur la démocratie bourgeoise et la dictature prolétarienne
Aucun de l’extrême gauche institutionnelle en France (LO, NPA, RP) ne parle jamais de dictature de prolétariat ou de soviets.
4. Les classes intermédiaires
La plupart des producteurs ne sont ni bourgeois ni prolétaires, ils forment les classes moyennes, la petite bourgeoisie :
Les classes moyennes, petits fabricants, détaillants, artisans, paysans, tous combattent la bourgeoisie parce qu’elle est une menace pour leur existence en tant que classes moyennes. Elles ne sont donc pas révolutionnaires, mais conservatrices ; bien plus, elles sont réactionnaires : elles cherchent à faire tourner à l’envers la roue de l’histoire. Si elles sont révolutionnaires, c’est en considération de leur passage imminent au prolétariat : elles défendent alors leurs intérêts futurs et non leurs intérêts actuels ; elles abandonnent leur propre point de vue pour se placer à celui du prolétariat.
Trotsky résumait leur importance :
A chaque tournant de la route de l’histoire, à chaque crise sociale, il faut encore et toujours réexaminer le problème des rapports existant entre les trois classes de la société actuelle : la grande bourgeoisie avec à sa tête le capital financier, la petite bourgeoisie oscillant entre les deux principaux camps, et, enfin, le prolétariat.
5. L’impérialisme et les droits des nationalités
La mort d’Engels coïncida avec l’entrée du capitalisme dans son nouveau stade de développement : l’impérialisme :
Ce livre montre que la guerre de 1914-1918 a été de part et d’autre une guerre impérialiste (c’est-à-dire une guerre de conquête, de pillage, de brigandage), une guerre pour le partage du monde, pour la distribution et la redistribution des colonies, des "zones d’influence" du capital financier, etc.
(...)
Dans ces 15 ou 20 dernières années, surtout depuis les guerres hispano-américaine (1898) et anglo-boer (1899-1902), la littérature économique, et aussi politique, de l’Ancien et du Nouveau Monde s’arrête de plus en plus fréquemment à la notion d’"impérialisme" pour caractériser l’époque où nous vivons. En 1902, l’économiste anglais J.A. Hobson a publié, à Londres et à New York, un ouvrage intitulé L’impérialisme. Tout en professant un point de vue social-réformiste bourgeois et pacifiste, identique quant au fond à la position actuelle de l’ex-marxiste K. Kautsky, l’auteur y a donné une description excellente et détaillée des principaux caractères économiques et politiques de l’impérialisme.
(Lénine, 1916)
Une des conséquences toujours actuelles est la question du nationalisme :
Il faut distinguer entre le nationalisme de la nation qui opprime et celui de la nation opprimée, entre le nationalisme d’une grande nation et celui d’une petite nation.
Lénine (1922)
6. Les socio-patriotes des partis et syndicats
Une première conséquence de l’impérialisme, fut donc incarnée par Kautsky, cité par Lénine mais quasi inconnu aujourd’hui du grand public : c’est le passage d’une partie du mouvement ouvrier au service de son propre impérialisme, ouvertement en 1914, au déclenchement de la grande guerre impérialiste
La trahison de la cause ouvrière et de la lutte commune de la classe ouvrière furent justifiées par les chefs des partis socialistes de la II° Internationale au nom de la « défense nationale ».
Nous avons déjà vu que, dans une guerre impérialiste, aucune des grandes puissances ne se défend, mais que toutes attaquent. Le mot d’ordre de défense de la patrie bourgeoise n’était donc qu’une duperie sous laquelle les chefs cherchaient à dissimuler leur trahison.
Dans les partis socio-démocrates et les syndicats apparurent les socio-patriotes :
Les social-chauvins prêchent la haine de l’humanité sous le drapeau du socialisme, l’appui donné aux Etats de brigands bourgeois sous la formule trompeuse de la défense nationale. On trouve parmi eux les chefs de presque tous les anciens partis socialistes : En Allemagne, Scheidemann, Noske, Ebert, David, Heine, etc. ; en Angleterre, Henderson ; en Amérique, Samuel Gompers (le chef de la Fédération du Travail) ; en France, Renaudel, Albert Thomas, Jules Guesde et les chefs du syndicalisme, comme Jouhaux ; en Russie, Plekhanov, Potressov ; les socialistes-révolutionnaires de droite, Katherine Brechkovsky, Kerensky, Tchernov ; les mencheviks de droite, Lieber, Rosanov ; en Autriche, Renner, Seitz, Victor Adler ; en Hongrie, Garami, Buchinger, etc.
Tous ont été pour la défense de la patrie bourgeoise. Quelques-uns adhérèrent même ouvertement à la politique de rapine, admirent annexions, dommages de guerre, pillage des colonies (on les appelle ordinairement : social-impérialistes).
7. Les centristes
Un autre camp politique est celui des des centristes :
Un autre groupe des vieux partis socialistes forme ce qu’on appelle le Centre. On l’appelle ainsi parce qu’il hésite entre les communistes d’un côté et les social-chauvins de l’autre. A ce courant appartiennent : en Russie, les mencheviks de gauche, Martov en tête ; en Allemagne, les indépendants (Parti social-démocrate indépendant), avec Kautsky et Ledebour ; en France, le groupe de Jean Longuet ; en Amérique, le Parti socialiste américain, avec Hillquit ; en Angleterre, une fraction du Parti socialiste britannique et de l’Independent Labour Party, etc. (...)
La politique du Centre oscille, trébuche, impuissante, entre la bourgeoisie et le prolétariat, (...) contre la dictature du prolétariat (...) En France et en Angleterre, le « Centre » condamne la contre-révolution, « proteste » en paroles contre l’étranglement de la révolution, mais manifeste une incapacité absolue pour l’action de masses.
8. Le syndicalisme révolutionnaire en France
Parmi les socio-patriote cités plus haut, Jouhaux le chef de la CGT fut parmi les pires. Pourtant une opposition existait dans les syndicats, ils furent ceux sur qui les bolchéviks comptèrent pour fonder un parti vraiement communiste en France :
En France, le groupe syndicaliste du camarade Péricat forme un Parti communiste1 ; en Amérique, et partiellement, en Angleterre, la lutte pour les soviets est menée par des organisations telles que celles des I. W. W. (Industrial Workers of the World). Ces groupes et ces tendances ont toujours activement combattu les méthodes parlementaires. D’autre part, les éléments du parti communiste issus des partis socialistes, sont enclins pour la plupart, à admettre aussi l’action parlementaire (groupe Loriot eu France, membres de la I. S. P. en Amérique, membres de l’I. L. P. en Angleterre). Tous ces courants qui doivent être à tout prix et au plus tôt unis dans les cadres du Parti communiste ont besoin d’une tactique unique. La question doit donc être tranchée d’une façon générale et le Comité Exécutif de l’Internationale communiste adresse à tous les partis fraternels la présente lettre consacrée à cette question.
La plate-forme commune sur laquelle il faut s’unir, c’est actuellement la reconnaissance du la lutte pour la dictature du prolétariat sous la forme du pouvoir des soviets.
En France, c’est Monatte et Rosmer qui de 1914 à incarnèrent le syndicalisme révolutionnaire, dénonçant L. Jouhaux (l’homologue de S. Binet) :
Les menteurs sont de votre côté. Camarades, dans une lettre rendue publique et adressée aux organisations qui m’avaient mandaté, notamment à l’Union des syndicats du Rhône dont je suis fier d’avoir été, au Comité confédéral, le délégué suppléant au côté de Merrheim - union qui fut, au début de la grande tourmente, le seul organisme départemental que nous trouvâmes fidèle à l’internationalisme ouvrier -, j’expliquais les raisons de ma démission du Comité confédéral (...)
Dans notre lettre rendue publique, je disais ceci :
Camarades, après le vote émis dans sa séance du 6 décembre par le Comité confédéral, je considère comme un devoir de renoncer au mandat que vous m’aviez confié.
- Voici les raisons qui ont dicté ma détermination :
- Au cours des cinq premiers mois, c’est avec stupeur, avec douleur, que j’ai vu :
- Le comité confédéral enregistrer purement et simplement l’acceptation par son secrétaire général d’une mission officielle de commissaire à la nation ;
- Quelques semaines plus tard, la Commission confédérale envoyée à Bordeaux (et dont faisait partie Gauthier) consentir à faire une tournée de conférences pour le compte du gouvernement ;
- Des militants syndicalistes, des fonctionnaires d’organisations, tenir un langage digne de purs nationalistes.
Discours au congrès de la C.G.T., Pierre Monatte, 17 septembre 1919
Les partis pseudo-révolutionnaire relèguent, comme les staliniens, Monatte et Rosmer dans la catégorie des "anarchistes", parce qu’ils sont un exemple concret de ce que pourraient et devraient faire des révolutionnaires dans le syndicats. Les porte-parole de ces partis sont par exemple JP Mercier, G. Quirante, A. Kazib, qui déclament des professions de foi révolutionnaires, mais ne mènent pas contre les directions syndicales le combat de Monatte et Rosmer, qui reste le nôtre
9. Les fascistes et les staliniens
C’est en termes du rapport entre les trois classes fondamentales de la société capitaliste que Trotsky résumait le fascisme :
Le fascisme allemand, comme le fascisme italien, s’est hissé au pouvoir sur le dos de la petite bourgeoisie, dont il s’est servi comme d’un bélier contre la classe ouvrière et les institutions de la démocratie. Mais le fascisme au pouvoir n’est rien moins que le gouvernement de la petite bourgeoisie. Au contraire, c’est la dictature la plus impitoyable du capital monopoliste. Mussolini a raison : les classes intermédiaires ne sont pas capables d’une politique indépendante. Dans les périodes de crise, elles sont appelées à poursuivre jusqu’à l’absurde la politique de l’une des deux classes fondamentales. Le fascisme a réussi à les mettre au service du capital
Une des mission des fascistes au service du grand capital est la destruction physique des organisations ouvrières, qu’elles soient révolutionnaires ou non, et les staliniens furent, et restent leurs frères jumeaux dans cette tâche :
Le passage définitif de l’Internationale communiste du côté de l’ordre bourgeois, son rôle cyniquement contre-révolutionnaire dans le monde entier, particulièrement en Espagne, en France, aux États-Unis et dans les autres pays "démocratiques", ont créé d’extraordinaires difficultés supplémentaires au prolétariat mondial. Sous le signe de la révolution d’Octobre, la politique conciliatrice des "Fronts populaires" voue la classe ouvrière à l’impuissance et fraie la voie au fascisme.
Les "Fronts populaires" d’une part, le fascisme de l’autre, sont les dernières ressources politiques de l’impérialisme dans la lutte contre la révolution prolétarienne. Du point de vue historique, ces deux ressources ne sont cependant que des fictions. La putréfaction du capitalisme continue aussi bien sous le signe du bonnet phrygien en France que sous le signe de la swastika en Allemagne. Seul, le renversement du capitalisme peut ouvrir une issue.
10. L’émancipation des travailleurs doit être l’oeuvre des travailleurs eux-mêmes
Le mouvement des Gilets jaunes a été par excellence un mouvement produit par « l’initiative des masses elles-mêmes, » rejeté par les organisations réformistes dont le travail est d’encadrer les travailleurs, mais auxquels les révolutionnaires participent sans hésiter :
Le mouvement ouvrier de l’époque de transition n’a pas un caractère régulier et égal, mais fiévreux et explosif. Les mots d’ordre, de même que les formes d’organisation, doivent être subordonnés à ce caractère du mouvement. Rejetant la routine comme la peste, la direction doit prêter attentivement l’oreille à l’initiative des masses elles-mêmes. (...)
Les bureaucrates des syndicats s’opposeront, en règle générale, à la création de comités d’usine, de même qu’ils s’opposeront à tout pas hardi dans la voie de la mobilisation des masses.
(...)
Que la propagande pour les comités d’usine ne soit ni prématurée ni artificielle, c’est ce que démontrent amplement les vagues d’occupations d’usines qui ont déferlé sur un certain nombre de pays. De nouvelles vagues de ce genre sont inévitables dans un prochain avenir. Il est nécessaire d’ouvrir à temps une campagne en faveur des comités d’usine pour ne pas se trouver pris à l’improviste.Trotsky, Programme de Transition
C’est en menant, avant, pendant et après de tels mouvement la propagande pour les grandes idées du communisme révolutionnaire que ses militants pourront y jouer un rôle.
La propagande, l’agitation et l’action
Mais toutes ces belles citations gravées dans des livres, les implanter dans la conscience du prolétariat, des travailleurs exploités en général n’est-il pas utopiques ? Rassurons-nous, ce sont en général les exploités qui ont mis ces concepts dans la tête des révolutionnaires qui en ont fait des livres. Marx et Engels ont découvert la classe ouvrière révolutionnaire par le mouvement chartiste en Angleterre, les ouvriers communistes à Paris. Sans se mettre à l’école du prolétariat naissant, Marx et Engels seraient restés de brillants démocrates bourgeois radicaux, vite oubliés. Comme le reconnut plus tard le fondateur du matérialisme moderne : « En 1842-1843, en ma qualité de rédacteur à la Rheinische Zeitung, je me trouvai, pour la première fois, dans l’obligation embarrassante de dire mon mot sur ce qu’on appelle des intérêts matériels. » Lénine a « découvert » les soviets grâce à la révolution en 1905 en Russie, tout comme Rosa Luxemburg y a observé la grève de masse dont elle devint la meilleure propagandiste. Le socialisme scientifique est la base théorique de notre programme, car il est fondé sur la réalité qui se déploie devant nous, si nous sommes capables de l’observer.
Les partis qui comme Lutte Ouvrière ou le NPA-R déplorent le "manque de conscience" des travailleurs qui ne comprendraient pas leurs leçon, devraient comme Marx, Engels, Lénine, d’abord se mettre à l’école du mouvement ouvrier révolutionnaire. C’est par la propagande qu’on peut se familiariser soi-même, tout en familiarisant la classe ouvrière, avec ces dix concepts et d’autres.
Par exemple en réaction aux déclaration du président Macron qui invitent les jeunes à s’engager dans l’armée :
Macron aux armées
Pour la paix, préparons la révolution. La seule école à laquelle Macron veut consacrer des moyens, c’est l’armée. Et il invite la jeunesse à s’y inscrire en lui « donnant le choix de servir ». Guerres et barbouzeries impérialistes : quel avenir…
Alors s’il faut s’engager, c’est pour la révolution et l’internationalisme, pour rendre la planète vivable et en finir avec les frontières, le nationalisme et le militarisme !
Aucun des dix concepts du socialisme scientifique n’apparait. Or, par son appel à la guerre, et son parcours politique, Macron n’est autre qu’un social-patriote. C’est par quelques heures de lectures, débats, discussions de textes de propagande sur l’épisode de 1914 que des militants du mouvement ouvrier se familiarisent avec des slogans comme
A bas les socio-patriotes qui comme Macron, veulent envoyer comme en 1914 la jeunesse mourir à la guerre !
A bas les Jouhaux modernes, les nouveau commissaires à la nation, larbin du social-patriote Macron : Murielle Guilbert et Julie Ferrua de Sud-Solidaire, S. Binet de la CGT, M. Léon de la CFDT !
C’est en ayant assimilé appris à actualiser le terme de social-patriote que ce terme, de la propagande, passera naturellement dans l’agitation. Lorsque un travailleur crie haut et fort dans une réunion syndicale, écrit sur une banderole "A bas les socio-patriotes", cette agitation se transforme en action. Le poids politique d’un parti commence à se mesurer au nombre des travailleurs qui reprennent activement ses mots d’ordre.
Le NPA-R, à son prochain congrès, se vantera de regrouper des centaines d’adhérents.
Mais si un seul militant ouvrier, lors d’un rassemblement de travailleurs, est capable de dénoncer haut et fort les socio-patriotes, il sera un, peut-être un seul militant du Parti communiste, mais bien plus important que des centaines d’adhérents.
Les 10 commandements de P. Naville (11 mai 1934)
Le militant trotskiste P. Naville, mettait en pratique nos dix points, dans un programme dit des 10 commandements :
Chaque travailleur doit lutter sans répit pour exécuter les « dix commandements » des travailleurs !
- Exige de tes organisations l’unité d’action, le front unique permanent. Arrière les scissionnistes ! Le 12 février t’a montré la voie à suivre.
- Travaille à la constitution des comités d’Alliance ouvrière ; que toutes les organisations ouvrières locales y soient représentées. Que chacun y ait sa libre expression ! C’est comme cela que tu réaliseras des Soviets
- Prépare activement ta défense. L’adverse s’arme ; riposte-lui sur le même terrain. Pour un oeil les deux yeux, pour une dent toute la gueule. A bas les endormeurs qui te chloroforment avec la propagande mais refusent d’organiser la défense et la riposte ! Si tu restes désarmé devant la matraque et le revolver fasciste, tu seras vaincu.
- N’oublie pas que le parti est l’instrument décisif de la lutte. Soumets au feu de la critique, quotidiennement, la politique de ton parti. N’admets pas les injures et les calomnies ! Les Communistes internationalistes te montrent la voie.
- Travailleur des villes, prépare ton alliance avec le travailleur des champs ! Ce n’est pas le banquier ni l’industriel qui libèreront la campagne, c’est l’ouvrier et le prolétaire agricole aidant le petit paysan
- Les stavicrates pleurent sur leurs bénéfices. Menteurs et escrocs ! Ils veulent te tondre, ils te ruinent. Exge qu’ils étalent leurs comptes ! Suppression du secret commercial !
- Les propriétaires et les riches veulent que tu te sacrifies pour l’intérêt général : Exige le contrôle ouvrier et paysan sur la production
- Ne te laisse pas diviser des femmes, des jeunes, de tes frères immigrés. Unissez-vous dans les comités d’Alliance ouvrière ! Opposez ces comités qui représentent votre masse, au Parlement pourri !
- Lutter contre le gouvernement Doumergue, riposter aux bandes fascistes, exiger ton contrôle sur la vie économique, grouper la masse ouvrière dans ses propres organisations, c’est poser la nécessité de prendre pouvoir, ne l’oublie pas !
- Ton sort est entre tes propres mais. Il n’y a pas d’autre voie !
C’est en étudiant ce type de programme de nos prédécesseurs, en essayant de comprendre en quoi il est la mise en oeuvre des principes du Manifeste du Parti communiste, que nous progresserons. Le 5ème commandement de Naville peut-être repris tel quel dès qu’un mouvement paysan se déclenche. Les « stavicrates » et les « Doumergue » existent mais on changé de nom, des changements seraient nécessaires.
Mais tous ces acquis du mouvement ouvrier peuvent aider des cadres révolutionnaires à se former. Car en France, ce sont ces cadres, qui ont le plus souvent manqué, rarement à la hauteur des situations révolutionnaires, d’un niveau général bien en dessous de celui des Russes, Polonais, Ukrainiens, Allemands.
Alors n’oublions pas les conseils prophétiques de R. Luxemburg, qui conseillait aux « intellectuels » français de se mettre à l’école du mouvement ouvrier :
Dans les dix dernières années, par suite de l’effondrement définitif de la démocratie bourgeoise, de nouvelles couches de la société ont peu à peu passé tout entières à nous, principalement du sein de la petite bourgeoisie et de ses idéologues : les intellectuels.
Mais ces éléments, qui ont été poussés vers nous par la misère sociale, politique et intellectuelle des conditions actuelles, amènent avec ceux une manière de penser qui nous est tout à fait étrangère, une conception différente du but et de la méthode de lutte du socialisme. Il faut d’abord qu’ils soient élevés par l’éducation au point de vue de classe du prolétariat, il faut qu’ils soient subordonnés, assimilés au socialisme prolétarien.
Cela ne va pas, à la vérité, sans de rudes frottements, sans déperdition de forces, sans crises violentes. Mais ces crises elles-mêmes ne sont que les faux frais du développement de notre puissance ; ce sont des phénomènes accessoires de notre croissance, inévitables au point de vue de notre évolution historique.
La France fut, autrefois, la terre classique, le champ d’expérience des méthodes révolutionnaires anciennes, du coup de main, des barricades.
La France, aujourd’hui, est le grand champ d’expériences des soi-disant « méthodes pratiques » du socialisme, se proposant, non de détruire la société capitaliste, mais des y infiltrer, de se fondre avec elle en une mixture composite.
Mais la France, le pays auquel nous devons la démonstration internationale pour la journée de huit heures, cette idée à la fois la plus révolutionnaire et la plus pratique, la France socialiste sortira victorieuse de cette crise encore.
Camarades, vous combattez aujourd’hui un rude combat, vous êtes placés aux postes les plus exposés pour la défense de base même de l’émancipation prolétarienne : la lutte de classe. C’est au nom, c’est dans l’intérêt de tous, de la démocratie socialiste internationale, que vous défendez l’avenir du socialisme en France. Et qui connaît le passé du Parti Ouvrier français, qui connaît son histoire, le dévouement de ses troupes de premier ordre, celui-là sait que vous ferez, comme jusqu’à ce jour, votre devoir jusqu’au bout - jusqu’au triomphe !
Rosa Luxemburg (1901) Au conseil national du Parti Ouvrier français
Messages
1. Quels sont les dix commandements du programme pour un parti communiste révolutionnaire (bolchévik) en 2025 ?, 27 janvier, 06:05, par Florent
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Les commandements suivants :
La révolution permanente est notre philosophie permanente
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article8008
On ne peut pas révolutionner le monde sans repenser l’ensemble de la réalité
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7537
Les travailleurs peuvent s’organiser par eux-mêmes et décider de l’avenir de toute la société
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7443
Le socialisme, qui n’a rien à voir avec le stalinisme, ne se fera pas dans un seul pays
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3446
2. Quels sont les dix commandements du programme pour un parti communiste révolutionnaire (bolchévik) en 2025 ?, 28 janvier, 05:40, par Laurence
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Ce que disait Lénine de « Notre programme »
https://www.matierevolution.fr/IMG/pdf/img165.pdf
https://www.matierevolution.fr/IMG/pdf/img166.pdf
https://www.matierevolution.fr/IMG/pdf/img167.pdf
https://www.matierevolution.fr/IMG/pdf/img168.pdf
https://www.matierevolution.fr/IMG/pdf/img169.pdf
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3383
https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/05/vil19170528l.htm
https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/10/vil19171008.htm
https://www.matierevolution.fr/spip.php?rubrique68
3. Quels sont les dix commandements du programme pour un parti communiste révolutionnaire (bolchévik) en 2025 ?, 28 janvier, 05:42, par toto
.
pourquoi l’extrême gauche de France ne reprend pas le programme révolutionnaire tout en mettant le mot de révolution dans ses textes ?
4. Quels sont les dix commandements du programme pour un parti communiste révolutionnaire (bolchévik) en 2025 ?, 28 janvier, 05:45, par Robert
.
Parce qu’elle se polarise sur ses succès d’organisation (recrutement, positions syndicales, succès électoraux).
Marx disait dans le Manifeste communiste que les communistes n’ont pas d’intérêts d’organisation à défendre...
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3720
5. Quels sont les dix commandements du programme pour un parti communiste révolutionnaire (bolchévik) en 2025 ?, 31 janvier, 04:30, par Laurence
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Au programme du prolétariat : l’armement des exploités !
https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1916/09/pmrp.htm
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6275
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7480
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7127
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6959
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7215
Le grand capital s’arme et pas les prolétaires
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7458
6. Quels sont les dix commandements du programme pour un parti communiste révolutionnaire (bolchévik) en 2025 ?, 4 février, 06:14
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La démocratie est-elle au programme ?
Les classes dirigeantes de France poursuivent leur démonstration, comme celles du reste du monde, que la démocratie n’est plus possible dans le monde actuel.
Et le prolétariat ? Lui, doit-il aussi se contenter de se détourner de la revendication de démocratie ? Ou doit-il la reprendre et lui donner un sens nouveau ?
7. Quels sont les dix commandements du programme pour un parti communiste révolutionnaire (bolchévik) en 2025 ?, 4 février, 06:22, par Florent
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Voici la réponse de Lénine dans une époque où les classes dirigeantes se détournaient déjà de la démocratie
https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1919/03/19190304.htm
Et voici la réponse de Trotsky dans une autre époque de ce type
https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1932/01/320127b.htm
8. Quels sont les dix commandements du programme pour un parti communiste révolutionnaire (bolchévik) en 2025 ?, 11 février, 06:15, par Astrid
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Un des "commandements" du Manifeste du Parti communiste de Karl Marx dit que les communistes ne luttent pas pour défendre les intérêts d’une fraction de la classe mais de son ensemble.
La banque CCF, ex-HSBC, licencie massivement…
https://www.20minutes.fr/economie/4127379-20241204-banque-ccf-ex-hsbc-va-supprimer-tiers-effectifs-france
Les syndicats, eux, préconisent la lutte locale et pas la lutte avec l’ensemble des salariés licenciés s’adressant à toute la classe ouvrière
https://www.lesechos.fr/finance-marches/banque-assurances/au-ccf-une-greve-inedite-face-a-un-plan-social-massif-2146365