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La première guerre mondiale, grand massacre d’abord de civils

vendredi 9 novembre 2018

La première guerre mondiale, grand massacre d’abord de civils

Si les monuments aux morts, si les commémorations officielles ne parlent presque que des soldats morts, soi-disant martyrs, soi-disant héros, ils oublient les victimes civiles qui sont les plus nombreuses : 10 millions de civils tués contre 9,7 millions de soldats tombés au front !!! Lire ici

Et c’est sans compter les victimes civiles qui ont été gravement blessées, mutilées, rendues brutalement orphelines, abandonnées.

L’après-guerre a fait semblant de s’incliner devant les victimes militaires mais elle a laissé tomber leurs familles, jetées dans toutes les souffrances de l’abandon et de la misère…

Dès le début de la guerre, la mobilisation générale des hommes entraîne la chute de la production alimentaire. Le retrait brutal d’une forte proportion de la main-d’œuvre masculine des travaux de production agricoles, alors que les moissons ne sont pas encore effectuées au mois d’août 1914, n’est pas toujours compensé par l’investissement pourtant massif des femmes et des enfants. De plus, les pays qui, au début du XXe siècle, importent une grande partie de leurs produits agricoles (matières premières ou plantes fourragères) et alimentaires, se trouvent très rapidement confrontés à de fortes pénuries, là aussi dès le début de la guerre, la rupture des liens diplomatiques et la situation de conflit entraînant, de fait, l’arrêt des échanges commerciaux. Par ailleurs, « dans certains cas, les stratèges militaires ont cherché à affamer les civils adverses par le blocus ou par la guerre sous-marine, aggravant encore les difficultés matérielles ». Les conséquences des blocus peuvent se révéler très importantes. L’Allemagne notamment souffre particulièrement du blocus qui est progressivement mis en place à partir d’août 1914 par les Britanniques et les Français. Les effets en sont, là aussi, immédiats et l’arrêt des importations entraîne une pénurie qui touche en premier lieu l’agriculture.

Ce sont, là encore, d’abord les civils qui sont gravement affectés par les multiples pénuries provoquées par ces événements. Plusieurs solutions sont envisagées afin de compenser ces difficultés. L’une d’elle est l’utilisation de produits de substitution, comme en Allemagne, par exemple, où sont inventés les Ersatz (en allemand : produits de remplacement) tel le pain de guerre, composé de farine mêlée avec de la pomme de terre ou autre tubercule, et qui se développe largement. Une autre forme de compensation réside dans la mise en place du rationnement dans certaines municipalités. L’Allemagne, là encore du fait du blocus, est particulièrement touchée. Enfin, les soupes populaires sont mises en place un peu partout afin d’accompagner et de compenser les mesures de rationnement parfois très strictes, avec des rations caloriques bien en deçà de 1 000 calories par jour. De son côté, la Grande-Bretagne, qui compte depuis longtemps sur ses colonies pour se nourrir, amplifie largement ses importations pendant la guerre. Le Canada agricole sera largement mis à contribution par les Britanniques et d’autres pays alliés, dont la France. Mais au Canada, comme ailleurs dans les pays en guerre, la compétition est féroce entre les hommes pour les armées ou les bras pour le travail agricole. Une campagne lancée par le gouvernement fédéral, « Patriotisme et production », obtiendra des effets bénéfiques durant la guerre. Mais dès l’automne 1914, les Canadiens offrent à l’Angleterre plus d’un million de sacs de farine et 4 millions de livres de fromage.

Des quantités de gens ont eu leurs maisons détruites, ont perdu leurs emplois, des femmes ont été violées par les soldats de toutes les armées, etc… On n’en parle que très rarement !

La Grande Guerre est aussi caractérisée par des destructions qui ne relèvent pas seulement de la stratégie militaire sur le champ de bataille stricto sensu. En effet, les tirs d’artillerie et les bombardements visent aussi à détruire les infrastructures afin de gêner au maximum l’avancée ou le recul des troupes adverses. Par ailleurs, ces destructions ont aussi pour objectif d’atteindre le moral des populations civiles et de les empêcher de mener une vie sereine. Par exemple, Anne Duménil montre que, en France, lors de leur retrait de février 1917, les troupes allemandes rendent les « routes impraticables, les maisons inhabitables, les puits souillés, les villages sont systématiquement incendiés, les établissements artisanaux et industriels anéantis, les instruments agricoles détruits ; même les arbres fruitiers des jardins n’échappent pas à la destruction systématique ». Les bombardements ont aussi pour but d’amenuiser la force de production industrielle d’un adversaire. Ainsi, au printemps 1917, les bombardiers de l’armée allemande lancent plusieurs raids sur les quartiers industriels de Londres. Les pertes totales se chiffrent à 1 414 morts et 3 416 blessés parmi les civils britanniques.

Les bombardements systématiques des villes sont très fréquents. Le « grand canon de Paris », par exemple, qui bombarde la capitale française en 1918 (souvent confondu par les contemporains eux-mêmes avec « la grosse Bertha »), fait 256 victimes et 625 blessés. Les bombardements allemands par Zeppelin dès 1914, puis par avion, ajoutent 267 morts et 602 blessés.

Jamais les autorités civiles et militaires n’ont eu le moindre souci des vies humaines de civils lors de leurs bombardements des villes. Ils ont rasé des régions entières, sans distinguer les habitations des positions armées.

Elles n’ont même pas cherché à protéger les populations de pays adverses des exactions de la soldatesque, de vols, des viols, des destructions, des tortures diverses exercées par les armées.

Dans la foulée des haines favorisées par le nationalisme guerrier, les armées ont traité les populations civiles des pays ennemis en véritables ennemis, en s’autorisant toutes les sortes de violences.

La zone des combats a été considérée comme zone de non droit pour les civils, assimilés à l’adversaire militaire, même sans la moindre nécessité guerrière.

Les rapports de la Commission d’enquête mise en place dès septembre 1914 en vue de constater les « actes commis par l’ennemi en violation du droit des gens » ont accordé une large place à cette question en incluant les dépositions des victimes et de leurs témoins. L’impact du premier rapport, rédigé en décembre 1914 et publié en janvier 1915 par la presse française, fut considérable dans le pays. En fait, les violences infligées aux femmes constituèrent un des points d’ancrage du discours français sur les atrocités allemandes et achevèrent de convaincre l’opinion française de la barbarie de l’adversaire.

Il n’y a eu aucune statistique des viols par les armées et si, en France, on parle volontiers des viols commis par l’armée allemande, les viols n’étaient pas moins nombreux, commis par les autres armées !!!!

La terreur contre les civils a été considérée comme une des armes de guerre pour faire plier le pays ennemi.

De nombreuses régions subissent des périodes d’invasions, quel que soit l’envahisseur : sur le front serbe, le front russe, le front belge… Et les civils sont les premières victimes de ces événements, bien souvent accompagnés d’exactions de toutes sortes. Ils sont ainsi la cible de violences diverses, exercées par les troupes d’invasion : exécutions arbitraires, viols, prises d’otages, le plus souvent aggravés de pillages, voire de saccages gratuits. Sur tous les fronts de la Grande Guerre, les populations civiles sont exposées à cette violence d’invasion.

Jamais ces méthodes de terreur n’ont été dénoncées après la guerre et les gouvernants ont toujours été très fiers de tout ce qu’avait fait les gouvernants et les généraux à l’époque.

Aujourd’hui encore, lors des festivités de la fin de la guerre, les gouvernants n’ont aucun mot pour dire que ce n’était qu’une boucherie pour les peuples et tous leur enthousiasme pour féliciter la guerre et ses organisateurs !!!

Dans la plupart des zones de combat, personne n’a voulu évacuer les civils car ceux-ci servaient d’otages pour tous les généraux de toutes les armées. Bien sûr, chacune dénonçait seulement les crimes de l’adversaire.

Anne Duménil dans "La guerre au XXe siècle, l’expérience des civils" :

« Pour les civils, l’invasion constitue un moment de particulière vulnérabilité. Lorsque les mesures d’évacuation n’ont pas été anticipées ou n’ont pu être mises en œuvre, les civils, leurs espaces de vie et leurs biens sont exposés aux effets directs et indirects des opérations militaires. Ils deviennent la cible de violences délibérées exercées par les troupes d’invasion. Exécutions, viols, prises d’otages s’accompagnent de pillages et de saccages, les atteintes aux personnes et aux objets s’inscrivant dans une étroite continuité. Sur tous les fronts de la Grande Guerre, les populations civiles se sont vues exposées à cette violence d’invasion. Sur le front Ouest, les troupes allemandes pénètrent dans les territoires envahis, avec la certitude de devoir affronter une résistance armée des populations belges et françaises : dans les représentations des soldats et officiers allemands, le mythe du franc-tireur alimente l’image d’une population civile conduisant une guérilla cruelle contre les troupes allemandes aux moments de plus grande vulnérabilité. Dès le 8 août 1914, les treize régiments allemands ayant participé à l’attaque de Liège font preuve d’une violence à la mesure de leur appréhension. Dans la petite localité belge de Dinant, les exécutions de masse et l’emploi des civils comme boucliers humains entraînent le décès de 674 personnes, soit 10% de la population totale. La destruction des bâtiments publics, des archives et des richesses artistiques accompagne l’anéantissement presque total de la ville. Ces violences d’invasion conjuguent, d’une part, l’expérience de vulnérabilité physique éprouvée par les combattants et une représentation profondément anxiogène des populations ennemies et, d’autre part, un vécu de puissance, lié au port des armes, et d’impunité, induit par l’effondrement des normes ordinaires de contention de la violence. Effroi et violence sont alors retournés contre les civils désarmés. Au total, entre août et octobre 1914, 6 500 civils belges et français sont exécutés et 20 000 immeubles détruits.

[...] La marque laissée dans les mémoires individuelles et collectives par l’expérience du bombardement des lieux de vie des civils, et singulièrement de ces lieux centraux, matériellement et imaginairement, que sont les villes, est en effet particulièrement forte. Pendant la Grande Guerre, le passage à la guerre de position tend à limiter le débordement sur les civils de la violence de combat. Mais là aussi, la radicalisation de l’activité guerrière induit une porosité croissante comme en témoignent l’intensité et la nature des dommages subis par l’arrière-front. Aux destructions strictement liées aux opérations militaires s’ajoutent en effet des dévastations visant non seulement à gêner les troupes adverses, mais aussi à interdire une reprise rapide de la vie civile : lors du retrait stratégique allemand de février 1917, les routes sont rendues impraticables, les maisons inhabitables, les puits souillés, mais les villages aussi sont systématiquement incendiés, les établissements artisanaux et industriels anéantis, les instruments agricoles détruits ; même les arbres fruitiers des jardins n’échappent pas à la destruction systématique. En 1918, la ville de Lens est détruite tout aussi systématiquement : les troupes allemandes font exploser habitations, infrastructures urbaines et installations minières. Le sentiment d’une transgression radicale s’exprime alors dans la monstration des ruines : décrites dans de très nombreux textes, photographiées dès qu’elles sont accessibles, elles sont la preuve de la barbarie de l’ennemi. Dès 1915, leur classement au titre des monuments historiques est débattu et la conservation des ruines de certains lieux, villes ou villages tel Ypres (Belgique) ou Monchy-le-Preux (Pas-de-Calais), est envisagée. Les bombardements d’artillerie à longue distance et les premières attaques aériennes tendent également à altérer les distinctions spatiales entre espace de combat et espace civil. Les canons lourds qui bombardent Paris du 23 mars au 9 août 1918 font 256 victimes et 625 blessés, alors que les bombardements, par zeppelin dès 1914, puis par avion, font 267 morts et 602 blessés. Au printemps 1917, les premiers bombardiers de l’armée allemande conduisent des raids contre les quartiers industriels de Londres. Les pertes totales demeurent limitées (1 414 morts et 3 416 blessés parmi les civils britanniques). Elles témoignent cependant d’un franchissement de seuil décisif, perçu comme tel par les contemporains. [...] »

Les massacres de civils d’Alsace-Lorraine par tous les belligérants

Les civils pendant la première guerre mondiale

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