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La crise systémique est inévitable

vendredi 2 juillet 2010

Voici des extraits du type d’articles que l’on peut lire actuellement de la part de commentateurs qui ne sont nullement des ennemis du capitalisme.

Ils voient que la locomotive va dans le mur.

Précisons que la crise systémique est une crise des investissements qui a été provoquée par un trop plein des capitaux par rapport aux investissements économiques rentables, crise qui a été combattue en produisant de plus en plus d’investissements nocifs. Ces derniers sont dorénavant le seul secteur dynamique de l’économie...Il s’agit donc d’une crise de suraccumulation du capital. Elle n’a aucune autre solution que la destruction massive de cette société avec des attaques de grande ampleur contre les droits sociaux, des guerres et des fascismes en perspective. Il n’y a aucune "solution" économique mais il y a une issue sociale : le renversement du système par les travailleurs !!!

La crise systémique paraît inévitable.

La crise systémique paraît inéluctable : la mortelle randonnée des pays développés.

Les pays développés ne savent plus créer de la croissance que par l’endettement. On a construit des véritables « falaises de crédit », à la base de celles-ci se trouve l’endettement des ménages, le premier étage est constitué par l’endettement des entreprises et le dernier étage par l’endettement public. A peine a-ton consolidé les fondations que le dernier étage menace de s’écrouler.

La période antérieure à la crise a été marquée par l’envolée de l’endettement des ménages et de la dette globale : celle-ci représentait aux Etats-Unis 350% du PIB.

Si on s’intéresse au bilan de la FED, on se rend compte, que ces tendances n’ont pas été remises en cause.

Le total des crédits titrisés des GSE (Fannie Mae et Freddie Mae) américains étaient de 4000 milliards de dollars en 2008. La Réserve fédérale aurait acheté, en 2009, prés du quart du portefeuille de créances anciennes titrisés. Cela n’a pas de sens ! La crise immobilière n’a jamais atteint une telle virulence. On peut donc faire l’hypothèse que la FED rachète une partie des nouveaux mortgage backed securities (MBS), postérieurs à la crise, émis par les GSE(5).

Il s’agirait par ce biais de stabiliser le marché immobilier et de relancer ainsi la consommation.

Dominique Srauss-Kahn, le directeur général du FMI, prévoyait une reprise au premier semestre 2010, en s’appuyant sur la stabilisation du marché immobilier américain.

Or d’après la note de conjoncture du Figaro du 21 janvier 2010, intitulé : immobilier situation préoccupante, on serait loin du compte : « En terme de transactions, que ce soit dans le neuf ou l’ancien, les chiffres font état d’une situation préoccupante, avec des chutes en décembre qui n’ont jamais été atteintes depuis que les indices ont été créés ».

En outre, la Société Générale dans une étude intitulée : « Worst case debt scenario : Protecting yourself against economic collapse », fait état d’un risque de crise systémique. Elle part du constat que l’endettement américain est préoccupant à cause de l’écart croissant entre les dépenses et les recettes fiscales, creusant ainsi un déficit de 1600 milliards de dollars depuis 2009.

Dans les prochaines années, on peut faire l’hypothèse réaliste, que les recettes fiscales augmenteront moins vite que ne se creusera le déficit. Les auteurs mettent, en relief, à partir du cas japonais, la corrélation négative qui existe entre la croissance et le niveau de la dette publique. L’augmentation du chômage et le vieillissement de la population devrait accentuer, en Europe et aux Etats-Unis, la tendance à la hausse des dépenses publiques.

Elle fait aussi référence à l’accélération de la tendance au transfert de la richesse des économies développées vers les économies émergentes. Allons plus loin, on peut même supposer que la Chine va porter de moins en moins d’attention au marché américain et se recentrer sur son marché intérieur et sa zone d’influence (comme semble le montrer la récente baisse de ses achats de bons du trésor). Un tel revirement modifierait en profondeur le système économique et financier mondial, et forcerait les Etas-Unis à revoir, dans la douleur, leur problème de dette.

On peut donc dégager un élément clef de la crise systémique à venir :avant la crise, l’endettement des ménages a compensé les revenus que les pays riches ont perdus au fur et à mesure de leur désindustrialisation. Que va-t-il se passer maintenant, que ce mécanisme de compensation ne peut plus jouer ? La seule solution c’est que la dépense publique vienne compenser les pertes de revenus des pays riches qui s’accélèrent. Un tel transfert de richesse amènera inéluctablement, à terme, au transfert de la recherche et développement et des emplois qualifiés vers les pays émergents.

EADS a signé un contrat avec la Chine afin d’installer une usine qui fabriquera des Airbus, les Chinois ont exigé que celui-ci contienne des clauses de transfert de technologies. Areva a été devancé par un groupe coréen dans l’attribution du marché du nucléaire à Singapour.

Enfin quant on lit le rapport de fin d’année d’IBM, on s’aperçoit que cette société n’a pas connu la crise grâce à la croissance des marchés émergents : IBM France représente 7800 personnes et IBM Inde 40.000 personnes.

On en revient donc au même point : un modèle de croissance inadapté basé sur la prédominance du secteur financier, qui nous oblige à substituer à l’endettement privé, l’endettement public.

La crise systémique pose donc le problème d’un secteur financier à la fois dominant et non viable.

Dominant parce que la crise a amené à la création de banques qui sont trop grosses pour faire faillite, elles bénéficient de ce que l’on appelle l’aléa moral : elles sont certaines en cas de crise grave d’être renflouées par l’état, autrement dit le contribuable.

Non seulement on n’a pas remis en cause le système d’incitations perverses qui a poussé, avant la crise, à des prises de risque démesurées, mais on a institutionnalisé celui-ci. La crise a, en outre, mis en lumière la relation fonctionnelle qui existe entre les grandes banques américaines et l’élite politique. Difficile d’être élu aux Etat-Unis sans l’appui des grandes sociétés ou des grandes banques.

Les états du G20 ont consacré 17,6% de leur PIB au soutien direct du système bancaire, il y avait donc une contrepartie implicite : les banques devaient soutenir l’activité. Or elles ont détourné les sommes mises à leur disposition vers les marchés financiers afin de doper leurs profits de trading et ont contracté, parallèlement, leur encourts de crédit, de manière à restaurer leur rentabilité.

On touche, ici, à un autre ressort essentiel de la crise systémique : le système bancaire n’alloue pas le capital et les risques de manière efficiente, mais en fonction de ses intérêts propres. Il tend à imposer ses règles même si elles se révèlent destructrices pour le système économique et les nations. Il perd toute utilité sociale. Comme le faisait remarquer, non sans humour, Paul Volker (ancien patron de la fed ) : « La seule innovation financière dont l’utilité sociale est incontestable est le distributeur automatique de billets »(6).

Il va falloir rajouter un nouveau chapitre à la crise : celui de la crise politique. La crise politique va hâter le déclenchement de la crise systémique : 49éme parallèle.

Au vu de ce qui précède comment pourrait-on définir le secteur financier américain ? Comme un secteur qui jouit d’une rente de monopole car il est le seul à pouvoir assurer le financement de l’endettement global. La richesse passe par la détention d’actifs, qui sont comme le montre les CDS, la promesse de payer à quelqu’un une somme d’argent en cas de survenance d’un événement. La part de plus en plus importante dans le PIB, de Paris sur les fluctuations des prix (produits dérivés, produits structurés ..etc), tend à évincer les activités socialement utiles au profit d’activités parasitaires qui ne créent aucune valeur. Il s’agit d’un jeu à somme nulle.

Ce prodigieux pouvoir s’appuie à la fois sur une grande influence politique et sur une maîtrise de l’information stratégique grâce aux agences de notation.

Maîtrise de l’information stratégique, dans le cas des marchés de produits titrisés qui sont des marchés de gré à gré, où il n’existe pas de chambre de compensation officielle et d’instance de régulation. Il était donc impossible, à un investisseur de pouvoir connaître le risque réel associé à ce type de produit, d’autant plus que les agences de notations leur assuraient qu’il s’agissait de produits sans risque.

Quant à l’influence politique, elle s’appuie avant tout sur un fabuleux effort de lobbying comme le montre une récente étude (« A Fistfull of dollars : lobbying and financial crisis » par Deniz Igan, Prachi Mishra et Thierry Tressel, Working Paper n° 287, FMI, 2009). Elle infirme l’idée selon laquelle, ce serait le gouvernement américain qui serait à l’origine de la création des subprimes, en obligeant les institutions financières à accorder des crédits aux classes défavorisés ainsi qu’aux minorités ethniques. Elle explique ainsi que : « les principales institutions impliquées dans les excès des "subprimes" sont également celle qui ont le plus dépensé d’argent dans le lobbying des députés américains. Entre 2000 et 2006 ; les institutions financières américaines ont investi de 60 à 100 millions de dollars pour faire du lobbying. La majeure partie de ces actions étaient ciblées sur les prêts immobiliers et leur titrisation. »

Il n’est pas exagéré d’en déduire que ces institutions ont largement influé sur la qualité des régulations qui ont été mise en oeuvre sur ces marchés. Ajoutons à cela que la finance américaine s’est engagée dans un lobbying forcené afin de limiter la régulation sur les produits dérivés et sur le marché des CDS en particulier afin de protéger leur rente de situation. Leur puissance de feu est énorme puisque leur profit représente 40% des profits de l’ensemble des sociétés américaines (alors qu’il n’avait jamais excédé 16% de 1973 à 1985).

A partir de ce qui précède, on comprend mieux pourquoi les états du G20 ont consacré 17,6 % de leur PIB au soutien de l’activité directe des banques, sans exiger de contreparties explicites.

Les institutions économiques (les règles) et les acteurs de l’économie mondialisée ont réduit les institutions politiques et les institutions sociales, qui ne se conçoivent qu’à une échelle nationale, à des rouages subalternes.

Les grandes institutions financières internationales contrôlent plus le monde politique, que celui-ci ne les contrôle. Dés lors la régulation est un leurre.

Les démocraties occidentales ont perdu ce qui faisait leur force : l’efficience adaptative, qui résultait d’un long processus historique qui a commencé au 10ème siècle. Des institutions économiques, politiques et sociales cohérentes, souples et adaptatives qui permettaient de rechercher des solutions pertinentes, tout en limitant le coût des erreurs(7).

Dans une récente étude réalisée par Globescan dans 22 pays, on apprend que pour la majorité des personnes interrogées, les gouvernements sont considérés comme les principaux responsables de la crise. Le reproche qui leur est adressé porte-t-il sur le fait qu’ils n’ont pas agi assez tôt ou qu’ils auraient trop aidé les banques. Quoiqu’il en soit, il est certain que les populations considérées porteront au passif de leurs gouvernements les souffrances endurées.

Si on ajoute à cela que la situation grecque est le film en accéléré, de ce qui va se passer dans la plupart des pays : baisse de la dépense publique et augmentation des impôts.

Ce qui aura pour conséquence un démembrement de la protection sociale, un gel des salaires et des retraites ; et une évolution similaire à celle du japon dans les années 1990, au mieux, et au pire, à une rechute dans la récession comme dans les années 1937-1938 au Etas-Unis(8). On comprend que la défiance des gouvernés vis à vis des gouvernants ne peut aller qu’en augmentant.

Taine, « dans les origines de la France contemporaine »(9), expliquait la révolution française par le fait que les privilèges exorbitants de la noblesse et du clergé n’avaient pas de contreparties explicites ; alors que ceux-ci comportaient initialement des contreparties : s’occuper de la santé, de l’éducation, des indigents. Évidemment, nous ne sommes pas à la veille d’une révolution. Mais il faut, toutefois, remarquer que le mécanisme évoqué plus haut peut s’appliquer à la situation actuelle : le système financier jouit de privilèges exorbitants (l’aléa moral par exemple) qui n’ont pas de contreparties explicites.

Prenons l’exemple de l’aléa moral(10). Il a été étudié par Joseph Stigliz en s’appuyant sur l’exemple du marché de l’assurance santé. Il repose sur l’asymétrie de l’information. En effet un individu peut avoir des conduites à risque à partir du moment où il a souscrit un contrat d’assurance contre ceux-ci, alors que l’assureur n’a aucun moyen d’être informé de celles-ci (conduites à risques). La solution consiste donc à imposer des pénalités tellement fortes qu’elles compensent la faible probabilité d’être découvert. Si on applique ce raisonnement au système financier, il aurait fallu mettre en place un système de pénalités qui décourage celui-ci d’avoir recours à l’aléa moral. Or l’état semble se comporter, comme un assureur, qui ne cherche pas à corriger le problème de l’aléa moral. Au contraire il l’augmente en créant des mastodontes bancaires qui sont « too big to fall ». Autrement dit, on socialise les pertes et on privatise les profits.

L’existence de privilèges qui n’ont pas de contreparties explicites est un mécanisme destructeur pour tout système politique démocratique. Quand les personnes interrogées (étude de Globalscan) rendent responsables les gouvernement de la crise actuelle, cela veut dire deux choses :

 Ils ne pensent pas que les gouvernements peuvent résoudre la crise et donc les problèmes auxquels ils sont confrontés.

 Il leur reproche surtout leur proximité avec le pouvoir financier, voit leur soumission à ce dernier.

La rupture de la relation mandants (électeurs) mandataires (élus) ne peut que se traduire par une crise politique. La crise a tracé une frontière infranchissable, un 49ème parallèle (d‘après le titre du très beau roman de John Dos Passos), entre les perdants (salariés, retraités, PME et à terme le système politique) et le grand gagnant de la crise : le système financier.

L’Amérique a évité une dépression, et les mesures de soutien adoptées par l’administration Obama y ont contribué, mais les rapporteurs du centre national du marché du travail constatent : « une véritable dépression de l’emploi touche ceux qui se situent en bas de la répartition des revenus( taux de chômage de 30,8%, supérieur de 5 points à celui de la grande dépression) , et une profonde récession prévaut dans les catégories situées au milieu de l’échelle de la répartition des revenus. »

On peut donc penser que la crise politique va faire passer la crise systémique d’un stade latent à un stade aiguë. En premier lieu parce qu’on n’a ébauché aucune solution aux problèmes de fond : répartition très inégalitaire des richesses et des revenus, déficit structurel des pays riches vis à vis des pays émergents, croissance tirée par l’endettement, système financier dominant et inefficient.

Notre modèle de croissance basé, sur la séquence : crédit - consommation - dette, est obsolète. En second lieu parce que les systèmes politiques et les gouvernements semblent incapables de jeter les bases d’un nouveau modèle de développement. La crise actuelle a deux phases. La première phase, marqué par l’éclatement de la bulle immobilière, a été amplifiée par l’éclatement de la bulle des produits toxiques, ce qui a entraîné l’éclatement de la bulle de l’endettement des ménages.

Lors de la seconde phase, il y a un risque d’éclatement de la bulle de l’endettement public à cause de la crise politique qui parait inéluctable, ce qui pourrait entraîner l’éclatement de la bulle de l’endettement global et provoquer ainsi un véritable « tsunami financier ».

Un Krach parait donc inévitable en 2010 puisque comme l’explique Kenneth Rogoff (dans son dernier ouvrage cité plus haut), la défaillance d’un état (ou de plusieurs) paraît inévitable : se posera alors de manière aiguë le problème d’un modèle de croissance totalement inadapté (crise systémique).

Messages

  • La crise : une suite sans fin...
    Au début de la crise, durant l’été 2007, on nous promettait une fin rapide de ce qui serait qu’un accident de parcours pour un capitalisme qui fera vite de rebondir. Mais 3 ans après, on ne voit pas le bout du tunel. Et des millions de travailleurs et de pauvres ont déjà payé très cher les frais de cette crise. Et ce n’est pas fini.
    L’une des premières leçons qu’on doit tirer consiste à ne plus croire les explications et les promesses des classes dirigeantes.
    Voici un petit tour d’horizon de la presse à propos du développement de la crise.

    L’immobilier commercial : une bombe à retardement

    La Banque des règlements internationaux (BRI), "la banque centrale des banques centrales", a tiré le signal d’alarme, dans son rapport annuel publié fin juin, sur l’endettement des investisseurs dans l’immobilier non résidentiel. Ces trois prochaines années arrivent en effet à échéance des milliards de dollars, de livres ou d’euros de crédits que les propriétaires de bureaux, commerces, entrepôts et hôtels ont massivement souscrits entre 2005 et 2007, soit au pic des prix, et qu’ils ne pourront pas honorer.

    "C’est ce que nous appelons "le mur de la dette", c’est-à-dire une concentration exceptionnelle de prêts arrivant à terme en même temps, que les emprunteurs auront du mal à rembourser et les banques à refinancer, en raison des exigences accrues en fonds propres et des nouvelles règles prudentielles", explique Bertrand Carrez, consultant d’Athema, conseil en financement immobilier.
    Ce "mur de la dette" trouve ses fondations dans les années 2005 à 2007, lorsque l’appétit des investisseurs et le crédit facile faisaient inconsidérément monter le prix de l’immobilier commercial, avec des achats financés jusqu’à 80 % ou 90 % par l’emprunt. Les risques ont été amplifiés par des techniques bancaires comme la titrisation massive des crédits hypothécaires via les fameux commercial mortgage-backed securities (CMBS) à l’origine de la crise financière de 2008, et par le recours à des "crédits bullet" : il s’agit de formules sans amortissement, dont l’emprunteur ne verse, en cours de prêt, que les intérêts, et rembourse le capital à son échéance, en général grâce à la vente de l’immeuble.
    Aux Etats-Unis, Steve Renna, président de la National Association of Real Estate Investment Managers (Nareim), évalue à 800 milliards de dollars (636,7 milliards d’euros) le montant des crédits arrivant à échéance au cours des deux prochaines années, dont la moitié de créances douteuses. En 2008 et 2009, la valeur des immeubles a chuté de 30 % à 50 %, "une dépréciation excessive, qui sera peut-être ramenée, en 2010, à 25 % ou 35 % pour les immeubles de bonne catégorie", tempère M. Renna. Les banques ont déjà enregistré, au premier trimestre, un taux de 10 % d’impayés des CMBS, contre 2 % à 3 % un an plus tôt.
    Pour l’Europe, le cabinet CB Richard Ellis estime, dans une étude parue en avril, que 207 des 970 milliards d’euros d’encours de prêts immobiliers, à fin 2009, sont adossés à des immeubles de mauvaise qualité, financés en outre avec un fort endettement, et rencontrent déjà de grandes difficultés de remboursement. Le cabinet DTZ a, lui, calculé que 482 milliards d’euros de prêts, en Europe, devront être renégociés au cours des deux prochaines années, obligeant les banques à trouver de nouveaux capitaux à hauteur de 115 à 156 milliards d’euros entre 2010 et 2011.
    Les pays d’Europe les plus touchés sont le Royaume-Uni (22 % de la dette et 36 % des besoins de refinancement), l’Espagne (respectivement 16 % et 20 %), la France (13 % et 11 % des besoins, soit environ 13 milliards d’euros) et l’Allemagne (14 % et 8 %). Des pays de taille plus modeste, comme l’Irlande, le Portugal, la Roumanie, la Hongrie, sont certes moins endettés en valeur absolue mais cependant très exposés, en particulier aux problèmes d’impayés, de créances douteuses et de ventes forcées. L’agence Standard & Poor’s, qui note entre autres la qualité des prêts titrisés, relève qu’au Royaume-Uni 9 % d’entre eux sont d’ores et déjà défaillants.
    De tels impayés peuvent être soldés de deux façons. Les propriétaires vendent leurs immeubles aujourd’hui, en acceptant de casser les prix, et trouveront des acheteurs parmi les chasseurs de bonnes affaires qui disposent de cash, comme les fonds souverains de Singapour, du Qatar et des familles fortunées. C’est ce qui explique la frénésie d’achat des Qataris à Londres.
    Une autre voie est de restructurer ces dettes avec les mêmes banques ou d’autres, de les rallonger ou de les revendre. C’est ce qu’a fait le fonds canadien Tahiti, qui avait acquis 61 hôtels gérés par Intercontinental en 2005 : la dette de 461 millions de livres (557 millions d’euros) a été rachetée par le fonds souverain de Singapour GIC.
    "En France, nous nous attendions à des ventes précipitées, mais le marché est, pour l’instant, anormalement calme, observe Antonia Raccat, avocate chez Lefèvre Pelletier & Associés. Banquiers et prêteurs ont préféré renégocier discrètement les conditions des crédits plutôt que de brader les immeubles, quitte à ce que les banques relèvent leurs taux d’intérêt et exigent des garanties supplémentaires."
    Quelques conflits entre prêteurs et emprunteurs ont pourtant échoué devant les tribunaux : la tour Cœur Défense dans le quartier d’affaires parisien, qui appartenait à la banque Lehman Brothers, aujourd’hui disparue ; le fonds anglais Mansford, qui a acheté onze plates-formes logistiques pour 65 millions d’euros et ne peut rembourser la Royal Bank of Scotland ; la foncière Orco, placée sous sauvegarde...
    D’autres établissements songent à créer leur structure de défaisance (bad bank) pour gérer ces crédits pourris. C’est le cas, en Allemagne, de la banque Pfandbriefbank, nouveau nom d’Hypo Real Estate, après son sauvetage en catastrophe par l’Etat en 2008. En Espagne, les banques regroupent leurs prêts douteux dans la bad bank baptisée Ahorro Corporacion Soluciones Inmobiliarias.
    "Les banques déjà sauvées une fois et qui ne peuvent pas afficher de nouvelles pertes ont, pour le moment, acheté du temps, en repoussant les échéances à des jours meilleurs, lorsque les prix remonteront", analyse M. Carrez. Mais cette perspective est loin d’être certaine.

    Les marchés ne croient plus au sauveur

    Pour résumer la situation économique actuelle, l’Américain Edmund Phelps, Prix Nobel en 2006 et fan de cinéma, a imaginé ce titre de film : The Last Dynamism of American Capitalism (Les Derniers Jours du dynamisme du capitalisme américain).
    Malheureusement, M. Phelps a peut-être raison. La vitalité de la reprise aux Etats-Unis, censée compenser les faiblesses de la Vieille Europe, donne jour après jour des signes de mollesse. Au point que les investisseurs redoutent de plus en plus une rechute de l’économie mondiale, avec à la clé un nouvel épisode de récession.
    Un scénario cauchemardesque qui a redonné le pouvoir aux Cassandre des marchés, ceux que l’on appelle les "bears". Entre lundi 28 juin et vendredi 2 juillet, ils ont contribué à faire plonger les indices du monde entier. Sur la période, le CAC 40, à Paris, a notamment reculé de 4,87 %. Le Footsie de Londres a, lui, affiché une baisse de 4,13 %, quand les places de Tokyo et de New York ont reculé respectivement de 5,48 % et de 4,51 %.
    Les investisseurs ont des raisons d’être anxieux, car les mauvaises nouvelles s’accumulent. Dernière en date : l’emploi américain, l’un des indicateurs les plus suivis par les marchés. Au mois de juin, la première économie mondiale a supprimé 125 000 postes. Certes, le taux de chômage a simultanément reculé, à 9,5 %, contre 9,7 % en mai, mais c’est notamment parce qu’un nombre élevé de "travailleurs découragés" ont disparu des statistiques, a reconnu le ministère américain vendredi.
    Pour le marché, c’est un nouveau coup dur après la seconde révision à la baisse, une semaine plus tôt, du produit intérieur brut (PIB) américain pour le premier trimestre, à + 2,7 %, contre + 3,2 % initialement prévu.
    Cette nouvelle déconvenue est d’autant plus difficile à encaisser que la Chine, îlot de prospérité, n’endossera sans doute pas le rôle de "sauveur du monde" qui lui avait été attribué, indique René Defossez, analyste chez Natixis.
    Pour éviter la surchauffe de son économie et rééquilibrer sa croissance, Pékin prend des mesures qui contribuent à ralentir la progression de son industrie. Ces dispositifs commencent à produire leurs effets : jeudi, un indicateur a confirmé la baisse de l’activité manufacturière en Chine pour le mois de juin. Les entreprises occidentales qui espéraient faire progresser leurs profits grâce à leurs activités en Asie pourraient en être les victimes, à l’image du groupe Lafarge, dont le cours a reculé de 13,01 % sur la semaine du 28 juin au 2 juillet.
    Pour l’Europe surendettée, à la croissance anémique, le stress provenant des Etats-Unis et de Chine est une énième mauvaise nouvelle. Pour résorber leurs déficits, les pays doivent à la fois mettre en place des politiques de rigueur et bénéficier de croissance mondiale, à défaut de croissance européenne. Or, "cette partie de l’équation manque", indique M. Defossez.
    La situation menace ainsi de déraper. L’agence de notation financière Moody’s a d’ailleurs rappelé au marché que rien n’était réglé en abaissant, jeudi, les notes de cinq régions espagnoles, après avoir menacé la veille de dégrader la note du pays.
    L’Espagne a malgré tout réussi à lever 3,5 milliards d’euros d’obligations à 5 ans sur les marchés, mais les investisseurs restent angoissés. La Banque des règlements internationaux (BRI) n’a-t-elle pas averti, lundi dans son rapport annuel, de risques de "rechute" de l’économie mondiale, si les gouvernements ne s’attelaient pas à assainir leurs finances ?
    En outre, qui dit assainir ses finances dit supprimer les dispositifs anticrise accordées à certains secteurs. C’est le cas pour la prime à la casse dans le secteur automobile, qui est passée de 700 euros à 500 euros le 1er juillet, contribuant à enfoncer le cours de Bourse des constructeurs tels que PSA.
    En résumé, la déprime des marchés, qui s’est traduite par un recul de presque 15 % pour le CAC 40 depuis début 2010, ne semble pas près de s’arrêter.

    Après cinq mois de créations d’emplois, les Etats-Unis se remettent à en détruire

    Barack Obama, le président américain, a choisi, vendredi 2 juillet, de commenter avec des lunettes presque roses les chiffres du marché du travail en juin, publiés par le département du travail. "Notre économie a créé près de 600 000 emplois dans le privé depuis le début de l’année, a déclaré Barack Obama. Nous allons dans la bonne direction, mais nous n’y allons pas suffisamment vite." Le président a mis la loupe sur les bons aspects de statistiques médiocres. Certes, l’emploi privé a créé 83 000 emplois en juin, après 33 000 en mai et 241 000 en avril. Certes, l’industrie conserve des effectifs presque stables (- 8 000) quand les services embauchent (+ 13 000). Certes, le taux de chômage recule en un mois de 9,7 % à 9,5 %. Mais certains jugent que cette baisse découle du découragement des demandeurs d’emploi, qui renoncent à chercher du travail. M. Obama n’a pas insisté non plus sur le fait que juin a vu la destruction de 125 000 emplois, plus que ne le redoutaient les analystes. Surtout, il a omis de dire qu’il s’agissait d’un retournement après cinq mois de créations d’emplois.
    Et la baisse pourrait se poursuivre, car la fin du recensement décennal, programme qui avait permis de créer plus de 500 000 emplois au printemps, devrait supprimer les contrats à durée déterminée de 339 000 salariés dans les prochains mois.
    Selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI), ce n’est qu’en 2011 que le taux de chômage américain reviendra à 8,3 %. Car tous les paramètres confirment une reprise ralentie qui s’explique par la nécessité, pour les ménages et les entreprises, de panser leurs plaies après la récession. Celles-ci freinent leur restockage et attendent, pour embaucher et investir, d’y voir plus clair dans les intentions de ceux-là.
    Mais les ménages reconstituent par précaution leur épargne, redevenue positive (autour de 5 % du produit intérieur brut, PIB) pour la première fois depuis des années. Ils alimentent moins que par le passé la consommation, principal moteur de l’économie américaine.
    On assiste aussi au tarissement des mesures de soutien à certains secteurs. La baisse des ventes d’appareils ménagers en mai s’explique par la fin du programme "cash for appliances" (qui offrait des réductions sur certains achats) et le recul des promesses de ventes immobilières - 30 % en juin, par l’arrêt du crédit d’impôt pour l’achat d’un logement.
    Il s’agit d’un retour au réel que les marchés interprètent comme une rechute, après l’euphorie suscitée au début de l’année par des taux trimestriels de croissance inespérés - la hausse du PIB pour le premier trimestre a été ramenée à 2,8 %, contre 3,2 % estimé en avril.
    Cette cascade de nouvelles guère réjouissantes s’est payée, mardi, par une chute du moral des ménages qui se désespèrent de voir le bout du tunnel d’ici la fin de l’année. C’est donc contre cette morosité que se bat M. Obama. Mardi, il affirmait déjà : "Nous sommes dans une phase de relance de l’économie." Après un entretien avec Ben Bernanke, le président de la Réserve fédérale, il déclarait : "Nous sommes tombés d’accord sur le fait que l’économie se renforce, même s’il y a encore beaucoup de travail à faire."
    CROISSANCE LENTE
    Cette méthode Coué a deux objectifs. Il s’agit d’abord d’éviter qu’une perception négative de l’évolution de l’économie américaine pousse les électeurs à sanctionner les candidats démocrates aux élections législatives de mi-mandat en novembre.
    Le second but du président est d’installer un climat d’optimisme, seul capable de pousser à consommer et à investir au moment où vont s’arrêter les mesures budgétaires de soutien.
    Reste que les augures du FMI et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) maintiennent leurs prévisions d’une croissance américaine nettement plus lente (+ 2,6 % en 2011) que par le passé. La convalescence n’est pas achevée.

  • Le titre de cette rubrique ne convient pas tel qu’il est formulé. Car on y est depuis lontemps dans la crise systémique mondiale. Tous les développements récents sont la manifestation d’une même cause qui n’en fini pas de produire ses effets : la suraccumulation de capital à l’échelle mondiale. Même si bien sûr des développements nouveaux peuvent se produirent ou des ruptures brutales surgirent, dès le début on avait émis l’hypothèse que le capitalisme est mort. C’est comme le poisson qui s’agite hors de l’eau, il continue à s’agiter...mais il ne pourra le faire que pour un temps limité !

    D’ailleurs ce sont les différentes mesures prises par les différents Etats, pour soit disant sauver le système, qui jouent aujourd’hui le rôle de la corde autour du coup du pendu. Et ce ne seront pas les différents plans d’austérité concoctés d’un bout à l’autre de la planète qui vont y changer quoi que ce soit à l’issue. Tout au contraire, dèjà, certains représentants de la bourgeoisie y voient un facteur de précipitation de la chute.

    Si nous les travailleurs, nous ne voulons pas que le système nous entraîne dans sa chute on doit refuser tous les sacrifices que les gouvernants veulent nous imposer. Que l’on soit agent de la propreté, professeur des écoles, infirmière, conducteur de train, postier ou travailleuse de l’automobile c’est tous ensemble qu’on est attaqué. C’est tous ensemble qu’on doit s’organiser en tant que classe, en essayant d’entraîner aussi d’autres couches sociales comme la petite bourgeoisie qui, elle aussi, est frappé par la crise et le sera encore plus durement à l’avenir.

    • Un point de vue intéressant sur les nouveaux développements de la crise de Paul Jorion, économiste et anthropologue

      La Grèce, on le sait, n’est que le premier grain du chapelet. Le deuxième a pour nom Portugal, le troisième Espagne et ainsi de suite. Mais il n’y a pas que l’Europe : au sein des Etats-Unis, quarante-six Etats sur les cinquante que compte l’Union sont aujourd’hui au-dessous du seuil de la solvabilité. Et le gouvernement fédéral est à la même enseigne : il avait promis aux chômeurs quatre-vingt-dix-neuf semaines d’allocations (45 % d’entre eux sont désormais sans emploi depuis plus de six mois). L’argent, là comme ailleurs, n’a pas pu être trouvé.

      Ceux qui ont aujourd’hui pour mission d’accomplir la tâche délicate de réduire la dette publique des Etats tout en en assurant la croissance recourent pour la décrire à la même expression : "Il n’y a pas de bonnes solutions, seulement de mauvaises." Mais ce diagnostic est encore exagérément optimiste, car la solution en réalité n’existe pas. Pourquoi ? En raison d’un cercle vicieux : le remboursement de la dette réclame un relèvement des impôts, qui réduit le pouvoir d’achat, entraînant une baisse de la consommation, d’où un fléchissement de la croissance, qui oblige à une relance, nécessitant une augmentation de la dette, etc.

      La ligne de crête sur laquelle le système économique se tient est de plus en plus étroite : elle va s’amincissant, séparant deux précipices. Le physicien parle à ce propos de "processus critique". Le talent et la chance décideront du temps qu’il reste avant que l’on tombe.

      Le moment où le système a atteint son seuil de viabilité, nous le savons maintenant, se caractérise à la fois par une stabilité apparente (celle qui caractérisa les années 2002 à 2007) si grande qu’elle rendit même plausible l’hypothèse d’une "fin de l’histoire", et par une fragilité extrême due à une dépendance hypertrophiée des entreprises et des ménages vis-à-vis du crédit. Alors que cette stabilité reste visible à la surface des choses, la fêlure fondamentale progresse en profondeur, jusqu’à apparaître au grand jour.

      A posteriori, les dix-huit ans qui séparent la chute du capitalisme de marché à l’occidentale de celle du capitalisme d’Etat de type soviétique apparaîtront anecdotiques, et les explications produites durant ces dix-huit années pour expliquer la supériorité intrinsèque du système qui survécut de peu à son rival apparaîtront anecdotiques elles aussi. Quand auront été épuisées, en Chine, les vertus d’une combinaison pragmatique du meilleur du capitalisme d’Etat et du capitalisme de marché, le théorème aura été démontré : il existe au sein des sociétés humaines un seuil indépassable dans la logique capitaliste, quelle que soit la variété des formes qui sont choisies - ou, plutôt, expérimentées.

      L’impasse est en effet totale dans un contexte où les populations se partagent en deux composantes : une vaste majorité n’obtenant ses revenus, c’est-à-dire l’accès à la consommation, que par le travail ; et une petite minorité dont les revenus proviennent des intérêts versés comme rendement des avances qu’elle procure à l’économie et à la spéculation en capital.

      Le seul espoir de briser cet engrenage infernal est de repenser la manière dont se redistribuent les revenus entre un capital à haut rendement et un travail faiblement rémunéré. Le défi n’est pas mince : il s’agit d’un changement de civilisation. Rien de moins.

  • En 2010, force est de le constater, le mythe de l’ascension sociale est cassé. Le mythe de l’avenir des générations ne fonctionne plus. La cassure remonte à 20 ans. La crise économique a frappé la société dès 1992. Sombres années pour la France. Règne de Mitterrand finissant en déconfiture. Trois millions de chômeurs. On notera l’incroyable adaptation des citoyens à cette situation de fracture sociale. Le miracle de stabilité sociale, c’est l’individualisme. Chacun pour soi, que l’on soit PDG, chanteur à succès, cadre dans l’industrie, fonctionnaire public ou chômeur, intérimaire, précaire. Celui qui réfléchi un peu plus loin que son palier constate une cassure, une scandaleuse dérive. Le travail n’est plus accessible pour tous. Et la plupart des travailleurs ne voient pas de progrès, ni dans leur revenu, ni dans leur espérance pour les générations futures. Les grandes institutions semblent se dégrader. Mais dans un autre espace, des fortunes continuent à prospérer. Les biens de grand standing flambent, les toiles d’art contemporain atteignent des sommets, les véhicules de très haute gamme, Audi, Ferrari, BMW et j’en passe, augmentent leur volume de vente, leur équipement, leur puissance et leur prix. Les gens d’en bas sont carrément hébétés, anesthésiés par on ne sait quelle passion, celle du jeu, du sport, de l’admiration des célébrités. L’austérité arrive mais les grandes fortunes ne cessent de prospérer. Le citoyen qui réfléchit se demande alors pourquoi il travaille. Il prend conscience que c’est pour un système dont les surplus sont captés par une caste qui s’en sert privativement. Bref, il semblerait que l’on soit revenu à l’Ancien Régime, avec des moyens productifs démultipliés et surtout une finance triomphante, brassant d’immenses capitaux, alors que sous le règne des Louis, c’était l’or qui menait le monde et permettait les dépenses somptuaires des dignitaires de l’Etat ou de l’Eglise.

    Les capitaux servent à construire d’autres édifices imposants. Non plus pour servir la foi ou pour servir les princes des royaumes mais pour abriter des bureaux, des appartements de prestige. Ainsi les tours jumelles de New York, suivies par les tours de Taïwan. De part le monde, d’imposants gratte-ciels occupent les zones urbaines où circulent les capitaux. Bientôt, la Défense aura ses tours, pas aussi hautes que la plus prestigieuse, récemment inaugurée à Dubaï, petit pays qui n’a pas de pétrole mais qui concentre la finance. A côté de ces tours bétonnées aux usages privées, les sociétés construisent d’autres édifices imposants, plus longs que hauts. Ce sont les stades, structures pouvant accueillir les gens par dizaines de milliers, pour y assister le plus souvent à des compétitions de foot. Le rugby, les JO ou l’athlétisme sont hébergés dans ces stades où se pratiquent également des sports très populaires spécifiques aux Etats-Unis, cas du base ball ou du foot américain. Sinon, seules quelques dizaines de stars de la pop sont capables de remplir ces mêmes stades. Chez nous, ce sera Johnny ou même Indochine, ailleurs, on assista récemment aux tournées des Stones et de U2. Ces grands stades sont donc voués à un usage populaire mais disposent de coins privatifs permettant d’accueillir ceux qu’on nomme les VIP. Le foot ayant remplacé la religion, il est logique que les stades servent de lieu où les gens communient avec les joueurs, ou plutôt communient avec la foule narcissique. Les princes de la finance n’occupent plus les palais en pierre mais les somptueuses demeures, les yachts, les appartements luxueux dans les grands buildings où du reste ils travaillent, entre deux voyages en jet. L’étude des grands édifices dévoile le signe d’une époque. La notre carbure à la finance et aux industries du spectacle.

    Et la chute ? Pas celle des tours du WTC, c’est déjà fait ! Je parlais de la chute de ce billet. Et comme un vide soudain, un abîme, construit par celui qui mise. Qui mise en abîme, faut suivre, lecteur ! Miser quoi ? Une partie de poker métaphysique où s’abattent les cartes du sens. Quelle est la combinaison de ce futur où le jeu semble mis en place ? Un lent déclin ou une guerre civile des gens ayant pris conscience que leur labeur est pris en otage par une caste qui ne produit rien si ce n’est l’image servant ses prétentions.

  • Les Etats-Unis pourraient se retrouver confrontés à une récession encore plus grave que celle dont ils sortent à peine si le Congrès ne relève pas la limite légale à l’endettement du pays, a averti le président Barack Obama selon des propos diffusés dimanche.
    L’endettement de l’Etat fédéral doit atteindre lundi le plafond de 14.294 milliards de dollars, au-delà duquel Washington ne peut accroître sa dette nette sans autorisation du Congrès. Mais la majorité républicaine de la Chambre des représentants refuse de relever ce plafond sans que l’administration Obama s’engage à réduire considérablement les dépenses.
    Dans un entretien à la chaîne de télévision CBS, M. Obama a averti que la perspective d’un blocage au Congrès risquait de faire redouter aux marchés financiers que les Etats-Unis n’honorent pas leur dette.
    "Cela pourrait défaire le système financier tout entier", a mis en garde le président, lors de cet entretien enregistré la semaine dernière.
    "Nous pourrions subir une récession encore plus grave que celle que nous venons de traverser. Un crise financière mondiale plus grave. Nous ne pouvons donc même pas nous permettre de songer à ne pas relever le plafond de la dette", a-t-il plaidé.
    M. Obama s’est engagé à également réduire le déficit des finances publiques, mais a récusé tout "lien" entre cette question et celle du relèvement du plafond de la dette.
    Le président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, interrogé en direct sur CBS, a assuré que son parti était prêt à un compromis immédiat sur le relèvement du plafond mais a insisté pour "répondre aux problèmes budgétaires à long terme" du pays.
    "Nous arrivons à un moment tout trouvé pour agir. Car, si nous ne le faisons pas, les marchés le feront pour nous", a-t-il prévenu. "Je veux faire en sorte qu’il y ait de véritables réductions des dépenses et de vrais changements dans le processus budgétaire pour que ce genre de problème ne se reproduise pas", a-t-il ajouté.
    Les républicains refusent l’idée du président Obama d’augmenter les impôts sur les plus hauts revenus afin de réduire le déficit budgétaire. L’administration quant à elle refuse de réduire les dépenses sur la protection médicale des pauvres et des personnes âgées.

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