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Emeutes au Mozambique

jeudi 2 septembre 2010

Pour la deuxième journée consécutive, des habitants de Maputo ont bloqué jeudi des rues à l’aide de pneus incendiés et pillé des commerces pour protester contre l’envolée des prix des denrées de première nécessité au Mozambique.

Des habitants de Maputo ont bloqué des rues à l’aide de pneus incendiés et pillé des commerces pour la deuxième journée consécutive, protestant contre l’envolée des prix des denrées de première nécessité au Mozambique. (Reuters/Grant Lee Neuenburg)

Ces violences, qui ont coïncidé avec l’entrée en vigueur, mercredi, d’une hausse de 30% du prix du pain, sont les plus graves observées depuis les "émeutes de la faim" de 2008 dans cette ancienne colonie portugaise d’Afrique australe.

Le bilan officiel des troubles de mercredi est de quatre morts, dont deux enfants, même si des sources proches des hôpitaux et des forces de l’ordre avancent pour leur part deux décès de plus.

Le ministre de l’Intérieur, José Pacheco, a estimé pour sa part que les troubles devaient cesser et invité ses compatriotes à adresser leurs griefs au gouvernement par la voie du dialogue.

"Les manifestations de protestation sont illégales et ne contribueront pas aux efforts faits par la population pour combattre la pauvreté", a-t-il souligné.

Mercredi, le chef de l’Etat avait déjà condamné les pertes en vie humaine et les destructions de biens privés et publics. Le président Armando Guebuza avait aussi lancé un appel au rétablissement de l’ordre.

Jeudi, le ministre de l’Intérieur a indiqué que les pouvoirs publics avaient ouvert une enquête pour identifier la source des courriels et SMS diffusés depuis mardi et invitant la population de la capitale à rallier les manifestations.

Il a également affirmé sur la chaîne de télévision privée STv que les forces de l’ordre qui ont ouvert le feu sur les manifestants n’avaient pas reçu l’ordre de tirer à l’aide de balles réelles.

Selon de hauts responsables de la police, des balles réelles ont bien été tirées mercredi en certains points de la capitale par des policiers à court de projectiles en caoutchouc.

Les Mozambicains affirment souffrir de l’augmentation des prix des denrées de base, qui vient s’ajouter à une flambée des prix de l’essence et d’autres produits de première nécessité.

Le pays, qui ressent toujours les effets de la guerre civile de 16 ans dans les années 1970, est très dépendant de ses importations en provenance d’Afrique du Sud, dont le coût a enchéri ces derniers mois en raison de la hausse du rand.

En 2008, des "émeutes de la faim" contre la cherté de la vie et la hausse du prix de l’essence avaient déjà fait au moins six morts. Le gouvernement avait accepté de baisser le prix du diésel pour les taxis minibus.

Le gouvernement s’est réuni en séance extraordinaire et a lancé un appel au calme. Son porte-parole, Alberto Nkutumula, a déclaré que les troubles avaient fait sept morts et 280 blessés.

"Nous condamnons les actes de violence et exhortons tous les citoyens à garder leur calme", a-t-il dit.

La police a fait savoir que l’armée avait été envoyée dans la capitale pour enlever des barricades érigées dans les rues par des milliers de manifestants.

"L’armée a été mobilisée pour débarrasser la ville (des barricades), pas pour rétablir l’ordre et la sécurité publique", a dit Pedro Cossa, porte-parole du commandement général de la police, à la télévision nationale (TVM).

Deux enfants figurent parmi les sept personnes tuées mercredi. La police avait ouvert le feu au cours des incidents les plus graves observés depuis les "émeutes de la faim" de 2008 dans l’ex-colonie portugaise d’Afrique australe.

PAUVRETÉ

Ces violences ont coïncidé avec l’entrée en vigueur d’une hausse de 30% du prix du pain dans l’un des pays les plus pauvres du monde. Ce relèvement s’ajoute à une flambée des prix de l’essence et d’autres produits de première nécessité. Environ 70% des habitants vivent au-dessous du seuil de pauvreté.

Le gouvernement a fait savoir jeudi qu’il ne reviendrait pas sur le relèvement des prix.

"Les hausses de prix sont irréversibles", a déclaré Alberto Nkutmula aux journalistes après la réunion du cabinet.

Les écoles et la plupart des commerces étaient fermés jeudi et les habitants formaient de longues files d’attente devant les rares boulangeries ouvertes.

Le ministre de l’Intérieur, José Pacheco, a indiqué jeudi qu’une enquête était ouverte en vue d’identifier la source des courriels et SMS diffusés depuis mardi qui invitent la population de la capitale à rallier les manifestations.

Il a aussi assuré sur la chaîne privée STv que les forces de l’ordre qui ont ouvert le feu sur les manifestants n’avaient pas reçu l’ordre de tirer à balles réelles.

Selon des responsables de la police, des balles réelles ont bien été tirées mercredi en certains points de la capitale par des policiers à court de projectiles en caoutchouc.

Le Mozambique, qui souffre encore des effets de la longue guerre civile qui l’a déchiré entre 1976 et 1992, est tributaire de ses importations en provenance d’Afrique du Sud, dont le coût a augmenté récemment en raison de la hausse du rand.

En 2008, des "émeutes de la faim" contre le coût de la vie et la hausse du prix de l’essence avaient fait au moins six morts. Le gouvernement avait accepté de baisser le prix du diésel pour les taxis minibus.

Messages

  • Le spectre des émeutes contre la faim refait son apparition. Plusieurs manifestations, organisées mercredi dans les quartiers pauvres de Maputo, la capitale du Mozambique, ont tourné aux émeutes. Selon le dernier bilan officiel, elles auraient fait 7 morts et 288 blessés en deux jours. De nombreux témoignages font état de tirs à balles réelles sur la foule de la part de la police.

    Mercredi, des milliers de personnes s’étaient rassemblées à l’appel de textos afin de manifester contre la hausse des prix. Depuis plusieurs semaines, l’eau, l’électricité et le carburant connaissent une forte augmentation. Et les médias ont annoncé qu’une hausse de 25% du prix du pain était prévue la semaine prochaine.
    Pas de changement

    Selon Philippe Gagnaux, conseiller municipal de Maputo interrogé par RFI, « la crise arrive au Mozambique. (…) Les produits de base montent terriblement et cela devient presque insoutenable. »

    Malgré le climat tendu et le bilan des émeutes, le gouvernement a refusé de revenir, jeudi, sur ses décisions, qualifiant ces hausses d’« irréversibles ».
    Des émeutes « plus graves »

    Pour Americo Ubisse, porte-parole de la Croix-rouge nationale, « ces émeutes sont plus graves que celles de 2008 parce qu’elles ont atteint tous les bidonvilles ».

    Jeudi matin, les heurts se sont poursuivis dans les quartiers pauvres de Maputo. La police a annoncé avoir arrêté 142 personnes. Dans la ville, les manifestations ont marqué les rues. Selon le porte-parole du gouvernement, 23 magasins ont été pillés, 12 bus et deux wagons de train vandalisés.

  • La police a ouvert le feu mercredi à Maputo sur des manifestants qui protestaient contre la cherté de la vie, tuant au moins six personnes dont deux enfants, a-t-on rapporté de sources policières et médicales.

    Il s’agit des violences les plus graves enregistrées depuis 2008 dans cette ancienne colonie portugaise d’Afrique australe, l’un des pays les plus pauvres de la planète.

    Le gouvernement assure maîtriser la situation. "Nous avons invité tout le monde au calme et à la sérénité. Nous requérons la collaboration de chacun", a déclaré le ministre de l’Intérieur, José Pacheco, au micro de Radio-Mozambique.

    Des responsables de police ont dit que les forces de l’ordre avaient tiré à balles réelles après s’être trouvées à court de balles en caoutchouc, mais un porte-parole de la police nationale a assuré devant la presse qu’elles n’avaient pas fait usage de balles réelles, indique l’agence portugaise Lusa.

    La police a fait officiellement fait état de trois morts et confirmé la mort des deux enfants dans la banlieue de Mafalala. De sources médicales et policières, on avance un bilan d’au moins six morts.

    Le président Armando Guebuza devrait prononcer à bref délai un discours à la nation au sujet des manifestations, selon Lusa.

    Les manifestants étaient rendus apparemment furieux par une hausse de 30% du prix du pain entrée en vigueur mercredi.

    Selon des témoins, des actes de pillage et de vandalisme ont été commis lors des troubles.

    "LA GOUTTE D’EAU QUI FAIT DÉBORDER LE VASE"

    "Il y a des pillages et du vandalisme. Des commerces, dont des succursales de banque, sont fermés dans le quartier central des affaires", a dit le porte-parole de la police.

    Les Mozambicains disent souffrir de l’augmentation des prix des denrées de base, dont le pain, qui vient s’ajouter à une flambée des prix de l’essence et d’autres produits de première nécessité.

    "Le gouvernement a sous-estimé la situation et ne peut ou ne veut pas comprendre qu’il s’agit d’une révolte contre la hausse du coût de la vie", a déclaré Alice Mabota, directrice de la Ligue mozambicaine des droits de l’homme.

    "La hausse du prix du pain et d’autres denrées de base n’est pas la cause des manifestations. Ce n’a été que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase", a-t-elle assuré à Lusa.

    Le pays est très dépendant de ses importations en provenance d’Afrique du Sud, dont le coût a enchéri ces derniers mois en raison de la hausse du rand.

    "J’arrive tout juste à me nourrir", dit Nelfa Temoteo, une habitante du quartier populeux de Malhazine. "Je vais rejoindre les manifestants parce je suis scandalisée par l’envolée du coût de la vie."

    En 2008, des "émeutes de la faim" contre la cherté de la vie et la hausse du prix de l’essence avaient déjà fait au moins six morts. Le gouvernement avait accepté de baisser le prix du diésel pour les taxis minibus.

  • Des manifestants ont bloqué, mercredi, à l’aide de pneus enflammés, les routes principales conduisant à l’aéroport et à la plus grande banlieue de Maputo, Matola. Des dizaines de magasins et stations-service de Maputo, où vivent un million d’habitants, ont été attaqués par des pillards tandis que les manifestants mettaient le feu à des voitures. La police a tenté de disperser les manifestants à coups de balles en « caoutchouc ». Submergées, les autorités ont ouvert le feu sur la foule avec de vraies balles. Le dernier bilan fait état de 7 morts et 288 blessés.

    Ces violentes protestations sont considérées comme l’aboutissement d’une série de grèves et manifestations. Le ministre de l’Intérieur mozambicain, Jose Pacheco, a condamné ces émeutes, estimant que les manifestations étaient illégales. Le ministre a reconnu que la constitution donnait le droit à tous les citoyens de manifester, mais il a déploré que personne n’ait adressé de requête à cet effet aux autorités. En effet, la police avait annoncé lundi qu’elle n’avait autorisé aucune manifestation de ce type tout en précisant qu’elle était bien préparée pour stopper toute action contraire à la stabilité sociale. La police a d’ailleurs annoncé avoir arrêté 142 personnes.

    Le pays connait une misère alarmante

    « La hausse du prix du pain et autres produits essentiels n’est pas la raison de la protestation, mais seulement la goutte d’eau qui fait déborder le vase », a déclaré Alice Mabota, de la Ligue mozambicaine des droits de l’homme.

    Le Mozambique, dévasté par la longue guerre civile (1976-1992) qui a suivi le conflit armé pour l’indépendance, connaît une misère alarmante. Le PIB par habitant est de seulement 802$, contre 9 757$ en Afrique du Sud, et l’on estime que 70% des 20 millions d’habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté. Le pays possède le 175e indice de développement humain sur un classement de 179 pays.

    Conformément à une décision prise au début du mois d’août, le gouvernement mozambicain a augmenté de 30 % le prix du pain mercredi. Depuis deux mois, l’on assiste à une véritable flambée des prix. Déjà, début août, les carburants avaient augmenté de 8%. L’électricité, quant à elle, devrait connaître une hausse de plus de 13%. Et pour finir, la monnaie locale, le metical (MT), a perdu beaucoup de valeur en quelques mois. En juin, un euro valait 40 MT. Aujourd’hui, il en vaut 50.

    Tout en condamnant les pillages, le porte-parole de la Renamo, le principal parti de l’opposition, Fernando Mazanga, a dénoncé un « gouvernement qui ne sait répondre aux manifestations que par la violence ». En 2008, six personnes avaient été tuées dans des émeutes contre la hausse des prix des taxis collectifs, qu’empruntent les plus pauvres pour se rendre au travail.

    Jeudi, des affrontements sporadiques étaient toujours signalés entre policiers et émeutiers dans les quartiers défavorisés de Maputo.

    Le président du pays, Armando Guebuza, a assuré la population que son gouvernement tenterait d’agir pour faire baisser le prix des denrées et de l’énergie, mais a prévenu que ce ne serait pas facile. À l’issue d’une réunion extraordinaire du conseil des ministres, jeudi, un porte-parole du gouvernement a toutefois été moins ambivalent. « Les hausses de prix sont irréversibles », a affirmé Alberto Nkutumula. Le peuple est-il prêt à l’entendre ?

  • En dépit du bilan meurtrier, le gouvernement a maintenu l’augmentation prévue du pain, de 25% la semaine prochaine, dont l’annonce mercredi avait embrasé les faubourgs pauvres de la capitale.

    Quelques heures plus tard, les protestataires avaient de nouveau dressé des barricades de pneus enflammés, a constaté le correspondant de l’AFP. De nombreux adolescents, à l’école dans la journée, avaient rejoint leurs rangs.

    A la nuit tombée, Maputo résonnait des sirènes des voitures de police. Les forces de l’ordre en tenue anti-émeutes dispersaient le moindre attroupement, ayant parfois recours à des tirs de balles en caoutchouc.

    Les rues, dégagées dans la matinée des débris des barricades de la veille, étaient de nouveau encombrées de pierres, rendant impossible une circulation à grande vitesse.
    Toute la journée, des patrouilles lourdement armées ont quadrillé la ville d’un million d’habitants, à bord de camionnettes ouvertes. Les piétons se hâtaient d’un endroit à l’autre, tandis que de longues files d’attente se formaient devant les rares magasins ouverts après les pillages de la veille.

  • Les chauffeurs de mini-bus taxis étaient en grève et quelques écoles ont été fermées. La police avait interdit mardi ces manifestations. "Toute la ville est en grève. Les gens font grève à cause de la vie (difficile) au Mozambique. C’est ridicule de continuer à augmenter les prix", a déclaré à l’AFP Lionel Maya, un étudiant de 23 ans. Le Mozambique, en guerre civile de 1976 à 1992, connaît une misère alarmante avec 65% des 20 millions d’habitants vivant sous le seuil de pauvreté. Les prix ont flambé ces derniers mois avec la dépréciation du metical, la monnaie nationale, par rapport au rand sud-africain.

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