Accueil > 0 - PREFACE > La révolte sociale monte à Mayotte

La révolte sociale monte à Mayotte

mardi 1er novembre 2011

A bas le colonialisme à Mayotte !!!

En proie depuis un mois à un mouvement social contre la vie chère, l’île de Mayotte est, depuis quelques jours, le terrain de violences entre groupes de jeunes et forces de l’ordre. Les forces de répression n’ont réussi qu’à développer de telles violences pour faire reculer la protestation !!!

Après un mois de manifestations à Mayotte, les négociations sur la baisse des prix peinent à convaincre car rien de ce que demandent le peuple n’est satisfait. Et alors que la ministre de l’outre-mer Marie-Luce Penchard enchaîne les réunions à Paris, des barrages ont été élevés sur les routes de l’île par des groupes de manifestants visiblement prêts à en découdre. Plusieurs véhicules des forces de l’ordre, mais aussi de particuliers, ont été caillassés hier. Les syndicats ont immédiatement fait savoir que leurs organisations n’étaient en aucun cas impliquées dans ces nouveaux modes d’action.

Les Mahorais, et tout particulièrement les "bouénis" - les mères de familles -, demandent une baisse des prix des produits de première nécessité comme le riz, le poulet ou encore le gaz.

Les choses s’enveniment chaque jour. Mercredi, contrairement aux jours précédents, il y avait des barrages un peu partout sur l’île. Et je n’ai pas pu me rendre au travail à Mamoudzou car la route était bloquée. Ces barrages sont montés par des adolescents. Certains d’entre eux cherchent la confrontation alors que les syndicats appellent au calme. Les vraies manifestations à Mamoudzou sont moins nombreuses, alors que les barrages se sont multipliés.

La zone de Kaouéni, le poumon économique de Mayotte, est bloquée par la mobilisation depuis un mois. Et les barrages n’arrangent rien. On a rouvert hier notre magasin car on ne pouvait pas se permettre de continuer comme ça. Mais les clients viennent au compte-goutte et on essaie de se faire très discret car on ne veut pas avoir de problème avec qui que ce soit.

Aujourd’hui, les manifestants et les syndicats ne sont plus tellement présents. On voit surtout des jeunes, entre 10 et 15 ans, qui montent des barrages avec des troncs d’arbre et des poubelles enflammées. Ils caillassent aussi toutes les voitures qui passent. Ils n’ont pas de revendications très claires. Ils ont presque une lecture raciale de la situation. Les Blancs venus de la métropole, appelés les "m’zungu", sont associés au pouvoir et à l’argent. Mais ça ne tient pas la route car il y a aujourd’hui des entrepreneurs mahorais, mais aussi malgaches ou réunionnais."

la suite...

Messages

  • Vive cette révolte car sur en métropole nombreux sont les exploités qui n’en peuvent plus de trimer pour quoi ? quel résultat pour l’avenir proche et surtout ceux des futures générations.

    Sarkozy dit à la TV, qu’il a évité la catastrophe, mais ce qu’il l’attend c’est le même sort qu’un Ben ali ou Moubarak : une révolution qui monte et qui n’est pas près de se calmer : de New york à Mayotte. De londres à Lisbonne. D’Athène à Sanaa. De Tokyo à Abidjan .

  • Mayotte : ou quand l’humanité et le droit international font naufrage...

    17 Juillet 2012 Par Thibaut Lemière http://www.mediapart.fr/blog/262630

    Mayotte, au beau milieu du canal du Mozambique, dans l’Océan indien, vendredi 13 juillet 2012. A 3 heures du matin, heure locale, un kwassa-kwassa (barque de pêcheurs recyclée en embarcation de migrants) chavire avec à son bord 24 passagers, dont des femmes et des enfants, près des côtes sud-ouest de l’île, non loin de la ville de Boueni.

    Le bilan est très lourd : 7 morts, dont 4 enfants, et 6 disparus selon la préfecture de Mayotte. Un nouveau drame maritime qui vient frapper les côtes mahoraises, déjà durement endeuillées par le naufrage d’au moins trois embarcations du même type depuis le début de l’année 2012, faisant au total plus de 29 morts dont 8 enfants et des dizaines de disparus. En janvier, deux naufrages dans des circonstances similaires, et le 19 mai 2012, un nouveau drame maritime, venaient relancer la question des flux migratoires dans cette île demeurée française depuis 1975 malgré les objections internationales.

    En effet, depuis le 1er janvier 1995, le tandem Balladur-Pasqua, respectivement premier ministre et ministre de l’intérieur, instaurait un visa pour réglementer la circulation entre les trois autres îles de l’archipel des Comores et Mayotte. Une fermeture des frontières qui intervenait après des siècles de libre circulation entre les îles, mouvement tellement ancien qu’il n’est pas une famille qui ne soit dispersée sur l’ensemble des îles de l’archipel. Un verrouillage des frontières aux hommes mais également aux marchandises, puisque ce visa s’accompagna de barrières douanières renforcées sur les échanges « traditionnels » de la région (Comores et Madagascar principalement). C’est cette situation, combinée avec une politique du chiffre décrétée dès les années 2000 par les responsables politiques français engagés dans une nouvelle politique d’immigration, qui conduira au développement de la « question » ou plutôt du « problème » migratoire à Mayotte.

    http://www.mediapart.fr/files/media_64525/Naufrage_cote_de_Mayotte_2009_2.jpg

    Après un naufrage, en 2009.

    L’édification de ce mur administratif de 1995 va instaurer la sédentarisation d’une partie des populations des Comores d’un côté ou de l’autre de cette barrière qui isole Mayotte, favorisant un climat de tensions sociales accrues dans cette île qui va voir sa population multipliée par 3 en 20 ans... Le durcissement des contrôles frontaliers et l’augmentation exponentielle des reconduites à la frontière (les expulsions vont passer de quelque 4.000 en 2004 à plus de 21 000 en 2011, dont plus de 5 000 enfants mineurs) vont pousser les migrants à prendre la mer via des passeurs prêts à prendre tous les risques pour gagner les côtes de Mayotte surveillées avec des moyens policiers, renforcées par des moyens militaires tels que les trois radars qui balaient les côtes de l’île.

    Une situation préoccupante puisque ces politiques mortifères de fermeture, de surveillance des frontières, combinées avec des reconduites chiffrées massives, vont transformer ce bras de mer en l’un des plus vastes cimetières marins du monde. On estime ainsi à plus de 7 000 le nombre de morts et disparus depuis 17 ans ; et ce dans une indifférence quasi-généralisée en France métropolitaine et en Europe. Tant est si bien qu’un François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, de passage sur l’île de Mayotte fin janvier 2012, déclarait à propos des naufrages survenus le même mois que « Mayotte, c’est la honte pour Paris : avouer qu’aux yeux de tous, des gens meurent dans des eaux françaises… Si ça s’était passé à Lampedusa, ça aurait fait les gros titres ! »

    Une indifférence qui semble persister sous la France « du changement » puisque Mayotte reste exclue des nouvelles dispositions législatives concernant les migrants. La circulaire Valls qui légifère sur la rétention et l’enferment des mineurs et de leur famille ne s’appliquera pas à Mayotte, pourtant devenu le 101e département de France depuis mars 2011. Les enfants de Mayotte ne seraient-ils pas des enfants ? Toujours est-il que la répression sur les migrants dans l’île aux parfums continue. Les malheureux exilés se trouvant enfermés avec femmes et enfants dans des conditions abominables maintes fois dénoncés (par le journal Libération en 2008, ou par l’observateur des lieux d’enfermement monsieur Delarue, depuis 2009) sans voir poindre la moindre avancée notable.

    http://www.mediapart.fr/files/media_64525/Naufrage_cote_de_Mayotte_2009.jpg Naufrage (2009).

    Ce ne sont pas non plus les déclarations du nouveau ministre de l’outre-mer, Victorin Lurel, en visite à La Réunion, qui laissent souffler un vent d’espoir de changement. Ce dernier, interrogé sur le drame du 13 juillet, déclarait : « C’est une situation triste, et je partage la douleur des familles des victimes [...] Cela se passe à Mayotte, mais aussi ailleurs, en Guyane notamment ». Des regrets, mais pas la moindre proposition concrète et durable pour remédier à ces drames et cette situation ubuesque de cette île isolée par la volonté politique.

    Un ministre qui faisait part, la veille, de sa très grande satisfaction après la décision du Conseil européen de reconnaître Mayotte en tant que Région Ultra- Périphérique (RUP). Car, ironie du sort, ce drame intervient quelques jours après l’annonce officielle, mercredi 11 juillet, de l’intégration de Mayotte dans l’Union européenne en tant que RUP, rejoignant la Réunion, la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, Saint-Martin, les Açores, les Canaries et Madère. Le Conseil européen réunissant les 27 chefs de gouvernement de l’Union européenne, après examen, a donné un avis favorable à la requête formulée par la France d’intégrer Mayotte dans l’espace européen. Une décision initialement prévue le 29 juin dernier mais reportée suite à un vice de procédure.

    Ce choix de l’Union Européenne ancre un peu plus la présence française dans la région. Une présence et une occupation territoriale pourtant condamnée par le droit international et les institutions internationales, au premier rang desquels l’ONU. En effet, depuis 1975, date de la proclamation suite à un référendum de l’indépendance des Comores, l’ONU a pris pas moins de 20 résolutions condamnant le maintien dans le giron français de ce territoire reconnu comme appartenant à l’archipel comorien. Des résolutions renforcées par les condamnations régulières de la France par l’Organisation de l’unité africaine (OUA) ou encore la Ligue arabe, dont les Comores font partie.

    Une orientation de l’Union européenne pour le moins étonnante puisque des états membres de l’UE avaient eux aussi condamné la présence française à Mayotte en reconnaissant l’intégrité territoriale des Comores (c’est-à-dire un archipel de quatre îles et non de trois). Une décision qui ne fait pas non plus l’unanimité à Mayotte où certains collectifs ou associations mahorais tel que les IndignéEs avaient clairement pris position contre cette « Rupéaisation » de Mayotte. Ils avaient même adressé un courrier aux députés européens http://www.mediapart.fr/files/Lettre_aux_deputes_europeens.pdf les mettant en garde contre un vote « en faveur de ce nouveau statut pour Mayotte, vous soutenez un processus géopolitique qui déstabilise cette région [...] Soutiendrez-vous par votre vote cette politique préjudiciable aux équilibres d’une île, d’un pays et plus largement encore de toute une région ? »

    Reste à savoir ce que cette intégration à l’Union européenne, entérinant un fait colonial, une décision riche de conséquence diplomatiquement et politiquement, aura comme répercussions sur la vie locale, mais aussi plus largement pour l’ensemble de la région.

    Thibaut LEMIERE

    Source TERRA : http://blogs.mediapart.fr/blog/thibaut-lemiere/170712/mayotte-ou-quand-lhumanite-et-le-droit-international-font-naufrage

  • L’intersyndicale à Mayotte maintient son appel à la grève générale. Les organisations syndicales revendiquent "l’égalité des droits" à Mayotte par rapport au reste du territoire français, et les réponses apportées par le gouvernement sont « insatisfaisantes ».

    "Les réponses du gouvernement demeurent insatisfaisantes, malgré les successions de rencontres" qui ont eu lieu ce mardi, dont une avec la ministre des Outremers, George Pau-Langevin, en visite sur l’île, écrit l’intersyndicale CGT-CFDT-FO-FSU-Solidaires-FAEN dans un communiqué. "Par conséquent, la pression doit être maintenue, la grève continue et les actions seront amplifiées". L’utilisation par la ministre d’un jet privé pour le trajet La Réunion-Mayotte pour un coût avoisinant les 40.000 euros n’a pas aidé à détendre l’atmosphère des négociations.

    L’appel des syndicats est clair, il réclament "l’égalité des droits, la solidarité et une vraie justice à Mayotte". L’intersyndicale demande entre autres d’agir pour augmenter "l’attractivité du territoire pour les fonctionnaires" afin d’obtenir "un service public de qualité à Mayotte" ; d’appliquer le droit commun en matière de code du travail ou encore l’égalité des salaires. Pas entendus, les syndicats ont durcit le mouvement par des blocages des trafics des barges (navires) entre la Grande Terre et la Petite Terre, ainsi que de la circulation au centre ville de Mamoudzou, chef-lieu du Département.

    Dans un communiqué, la ministre George Pau-Langevin a rappelé les priorités de l’action du gouvernement et a annoncé des mesures nouvelles concernant la retraite des agents publics et les investissements de l’Etat dans le 101e département français dans l’Océan Indien. "La ministre a confirmé la venue, dès les prochaines semaines, d’une mission pour dresser l’état des lieux détaillé de la question des retraites et du déroulement des carrières des agents concernés par l’intégration. Sans attendre, la ministre a confirmé que les agents des corps transitoires bénéficieraient d’une reprise d’ancienneté à hauteur de 100% des années passées dans ce corps".

    • Extrait du communiqué de FO. « Actuellement, tous les secteurs public et privé sont en lutte pour le respect de l’égalité républicaine, dans l’application du code du travail métropolitain, des conventions collectives nationales et des statuts des trois fonctions publiques : Etat, Département et hospitalière. La CGT Force Ouvrière demande aux pouvoirs publics de fournir tous les moyens pour mettre en œuvre le plus rapidement possible les droits liés à la départementalisation sur l’île de Mayotte. »

  • L’Insee recense officiellement 240 000 personnes à Mayotte, mais en réalité, on estime à un quart de la population les migrants et migrantes venu-e-s des Comores, de Madagascar et du Mozambique ! Un climat insurrectionnel existe du fait de la misère sociale d’autant qu’elle se double d’un problème de promiscuité aigüe : Mayotte a la plus forte densité de population de la France d’outre-mer, avec 566 habitants au km².

    Du fait de cette misère, il existe une forte réalité d’insécurité et de délinquance. Et il en découle un racisme violent de la part des Mahorais et Mahoraises à l’égard de ces migrants et migrantes. Cela peut avoir des conséquences dramatiques. Dans les villages, les Mahorais et Mahoraises s’organisent et font la loi eux-mêmes contre la petite délinquance. Des familles comoriennes sont expulsées manu militari de leurs foyers par les villageois sous prétexte qu’un de leurs fils a été trouvé en train de cambrioler une maison voisine. Dernièrement, plus grave encore, un voleur a été séquestré plusieurs jours par les habitants d’un quartier. Il a été sauvé in extremis alors que ceux-ci s’apprêtaient à mettre le feu au pneu qu’ils lui avaient mis autour du cou.

  • Le 31 mars 2011, Mayotte est devenue officiellement le cent-unième département de France et cinquième département d’Outre-mer. Dès l’automne 2011, d’importants mouvements de contestation contre l’augmentation du coût de la vie bloquent l’activité de l’île. Le gouvernement nomme alors un médiateur afin de dénouer la crise. Pendant plusieurs semaines, des manifestations sont organisées contre la vie chère. L’île est progressivement paralysée. La violence des forces de l’ordre est inouïe. Les gendarmes chargent à plusieurs reprises les cortèges. Un manifestant meurt. Un autre est grièvement blessé. Les médias de la métropole observent un silence général sur les événements.

  • Depuis plusieurs semaines, la situation sociale se tend dans l’île mahoraise, au cœur de l’Océan Indien.

    De nombreuses entreprises ont connu des mouvements de grève durs cet été, la SOMACO (plus de 37 jours de grève), BDM (groupes de grande distribution), Orange, SFR… Au cœur des revendications, l’application des conventions collectives nationales unifiées. Mayotte, 101ème département français dispose d’un code du travail spécifique et seules deux conventions collectives nationales sont appliquées. En résulte une inégalité de traitement entre les salariés d’un même groupe, avec notamment de fortes disparités salariales. Face au coût extrêmement élevé de la vie à Mayotte et l’absence de changement (le gouvernement a promis l’application du code du travail français en… 2018), c’est toute la population qui gronde. Salim Nahouda, secrétaire général de la CGTMa prédit une crise sans précédent si rien ne change et en appelle à une « révolution sociale ».

    Le vase est prêt de déborder...

  • A Mayotte, Valls prétend tenir compte de la situation en débloquant des millions pour augmenter la répression et le racisme d’Etat contre les migrants. Mais l’étranger à Mayotte, ce ne sont pas les habitants des iles voisines, ce sont les colons français et leur Etat colonial !!!

    Par contre, pas question de lâcher sur la question sociale, sans parler de liberté du peuple colonisé !!!

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.