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Surexploités, rendus malades et licenciés, les ouvriers de Honeywell à Condé-sur-Noireau

mardi 29 novembre 2011

Surexploités, rendus malades et licenciés, les ouvriers de Honeywell à Condé-sur-Noireau

Férodo, Valeo, cela vous dit quelque chose ? Oui, une usine qui fabriquait depuis 1927 des garnitures de freins de voiture. Le site a longtemps travaillé l’amiante, dont le poison imbibe la localité et les environs. Bien que sa dangerosité ait été connue depuis 1906, le produit n’a été interdit qu’en 1997, après un combat résolu des militants de l’environnement. Férodo a souhaité faire oublier ce passé en devenant Valeo en 1981.

Valeo a été repris en 1990 par Allied Signal, qui fusionne en 2000 avec Honeywell. Au fil des années le site n’a cessé de perdre des emplois. Il n’occupe plus que 323 personnes contre 700 en 2000. Et Honeywell vient d’annoncer que l’entreprise fermera définitivement au 30 juin 2013.

À Condé-sur-Noireau, dans le Calvados, 323 emplois sont menacés. La direction de l’équipementier automobile américain Honeywell a annoncé son intention de fermer cette usine en juin 2013. Éric et Cristina Chemin, parents de quatre enfants, travaillent tous les deux chez Honeywell. Les sentiments oscillent entre colère et angoisse.
Des cercueils et des croix jonchent symboliquement le sol, juste en face de la façade blanche de l’usine Honeywell de Condé-sur-Noireau, petite ville du Calvados. Des noms et des dates y sont inscrits. « Ici repose peut-être le sort de 323 salariés », peut-on lire.

« On a pris une belle claque », lance Éric Chemin, agent de maintenance depuis 1992. Sa femme Cristina, petite blonde plutôt coquette, travaille dans l’entreprise en tant qu’agent de fabrication. La production de plaquettes de freins de l’équipementier automobile américain cessera le 30 juin 2013. Le site n’est plus rentable, selon les dirigeants.

L’annonce est tombée fin octobre. Parmi les 323 « Honeywell », 26 couples. « Chacun fait le minimum dans l’atelier, note Cristina. Il y a quelque chose de cassé et la tension monte. Comment peut-on continuer à travailler comme ça jusqu’en 2013 ? » Pas simple de mettre du coeur à l’ouvrage dans ces conditions.

À l’usine,Éric est tombé amoureux de Christina en 1996. « On s’est mariés en 1998. » Ils ont quatre enfants, âgés de 3 à 14 ans. L’avenir s’est assombri subitement pour cette famille de Saint-Denis-de-Méré. « On se réveille avec ça en tête, souffle Cristina. On pense à l’avenir de nos enfants. »

Le groupe Honeywell (ex-Valéo) a repris l’usine en 1999. La nouvelle de la fermeture a été vécue comme un coup de semonce dans cette commune de 5 800 habitants, située à la lisière du département de l’Orne. « Quand j’ai commencé, on était 1 400, se souvient l’agent de maintenance. Et puis il y a eu des licenciements. Honeywell n’a pas investi. »

Difficile néanmoins de tout quitter. La famille a construit sa vie dans ce hameau, les enfants y ont leurs copains. « Notre maison n’est pas finie de payer, poursuit Cristina, toute jeune quadragénaire. On est trois ou quatre dans le quartier à travailler à l’usine. Les maisons ne vaudront plus rien si tout le monde vend. »

Les Chemin savent qu’ils ne retrouveront pas les mêmes salaires ailleurs. Avec les primes de nuit, les ouvriers touchent environ 2 000 € par mois. « Cette usine, c’est une partie de notre vie. On s’est fait des amis, on a eu nos enfants. Quand on était plus nombreux, il y avait une super ambiance dans les ateliers. »

La colère gronde dans ces familles exposées à une double peine. Ce coin du Bocage normand est surnommé la Vallée de la mort en raison des problèmes d’amiante. Durant des années, les ouvriers ont été exposés aux poussières nocives dans ces ateliers, anciennement Ferrodo, puis Valéo. Charpente, isolation, sol, le bâtiment est truffé de cette fibre néfaste. Le début des années 2000 a été marqué par de retentissants procès. Des femmes de salariés ont même été empoisonnées pour avoir lavé les bleus de leurs maris.

Messages

  • À l’usine,Éric est tombé amoureux de Christina en 1996. « On s’est mariés en 1998. » Ils ont quatre enfants, âgés de 3 à 14 ans.

    Ce coin du bocage normand est surnomé la vallé de la mort.

    Fukushima veut dire ile du bonheur en japonais.

    Les enfants n’y peuvent rien si leurs parents ont cru que tout allait s’arranger, si on pouvait pactiser avec le maitre, avec la mort.

    Aujourd hui le capitalisme nous tue tous, physiquement et socialement.

    • bonjour,
      mes grands parents sont tous deux décédes de l’amiante, ils étaient jeunes, ils ont travaillés pendant des années dans l’entreprise ferodo a l’époque et je n’arrive pas a retrouver des personnes qui auraient pu les connaitre, j’ai besoin de savoir ce qu’ils faisaient dans cete société si vous pouviez m’aider ça serait très sympa car mon père s’est donné la mort car il n’a pas supporté le décès de ma grand mère. elle s’appelait marguerite poulain merci
      cordialement
      f.poulain

    • Bonjour F.Poulain, je n’ai pas travaillé chez Ferodo, mais je manipule régulièrement des garnitures de frein Ferodo, qui sont soi disant certifiees sans amiante depuis 1997.
      J’imagine que tu as fait ton enquête parmi les anciens qui ont travaillé dans cette usine et que tu sais sur quel site précisemment tes g-parents travaillaient.
      As tu aussi essayer la sécurité sociale ? car eux pourrait te dire quel médecin du travail consultait les ouvriers dans telle usine.

      Pareil pour l’inspection du travail : quel inspecteur était affecté sur tel secteur, région etc...

      Sinon tu peux essayer le voisinage de l’usine et les unions syndicales : locales, départementales etc., les associations comme l’ANDEVA ou l’ARDEVA qui mènent le combat juridiquement et politiquement contre les responsables de ces empoisonnements.

      Maintenant je te recommande vivement l’achat de la bande dessinée : Amiante, chronique d’un crime sociale, qui raconte parfaitement les conditions de travail des travailleurs de l’amiante , depuis le début du 19ème siècle jusqu’au années 80, ainsi que ce livre : Amiante : 100 000 morts à venir.

      Nos autres articles concernant le sujet : Le combat des salariés contre l’amiante et les patrons
      L’amiante continue de tuer.
      Quoi de neuf chez Renault ?

    • 1 occasion de rencontrer des (ex)salariés des usines Ferodo, samedi 24 novembre à la médiathèque de Condé-sur-Noireau, voir ci dessous :

      Pierre Coftier, chercheur en histoire sociale, publie un livre sur l’amiante en Normandie - Condé-sur-Noireau
      lundi 19 novembre 2012

      Ce livre s’inscrit dans une chronologie limitée qui va de l’introduction de l’amiante en 1886, dans une filature du Cotentin, jusqu’à la construction de l’usine Férodo de Condé-sur-Noireau, en 1960. Son ambition est d’éclairer les circonstances qui ont amené l’importation de l’amiante en Normandie, devenue ainsi région pionnière dans la transformation des fibres de cette roche.

      La période observée permet de montrer les multiples applications de l’amiante, considérée durant un siècle comme un matériau irremplaçable, mais aussi d’évoquer la naissance d’une question dramatique de santé publique, avant même la prise de conscience qui émerge dans les années 1970 et qui s’est conclue par l’interdiction de l’amiante en France, en 1997.

      Samedi 24 novembre, Pierre Coftier sera présent à la médiathèque. À 15 h, il présentera un diaporama d’une trentaine de minutes. Il dédicacera ensuite son livre. Cet ouvrage est publié avec le soutien de la Région et CRL Basse-Normandie et édité aux Éditions Cahiers du temps. Prix : 22 € (5 € par livre seront reversés aux salariés d’Honeywell

  • La mort est dans le pré, docu à la TV france2 ce soir à 22H40.

    "quand on découvrira toute la vérité sur les dangers des pesticides, ce sera un scandale pire que celui du sang contaminé" assure un agriculteur.

    L’oncle de F est mort du cancer à 60ans, il était agriculteur toute sa vie, ses enfants le sont aussi.
    Mais ils doutent et pensent changer de métier, pourtant ils adorent ce qu’ils font, les animaux, la ferme etc...

    En plus de ne plus arriver à joindre les deux bouts et de se faire tout prendre par les centrales d’achat de lait et la grande distribution, ils craignent pour leur santé.

    Ces agriculteurs sont loin de l’image que l’on se fait par des préjugés urbains ignorants.

    Ils se sentent proches des salariès, sont ouverts et très lucides sur leur mouvement et les problèmes avec les grandes et petites organisations qui disent les représenter.

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