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Turquie : libérez les étudiants arrêtés !!

dimanche 10 juin 2012

Une étudiante franco-turque originaire de Lyon, Sevil Sevimli, a été arrêtée et placée en garde à vue préventive à Eskisehir (nord-est) le 10 mai, soupçonnée de liens avec une organisation clandestine d’extrême-gauche, ont indiqué vendredi à l’AFP son avocat et le Quai d’Orsay.
La jeune femme de 19 ans qui était en échange Erasmus en dernière année de faculté à l’Université Anatolie d’Eskisehir a été interpellée avec cinq autres jeunes gens, a précisé Me Sami Kahraman. Elle est accusée au terme de l’article 316 du code pénal qui réprime l’appartenance à une « organisation armée », un crime passible de 12 ans de prison. Née en France de parents turcs, l’accusée « a voulu venir en Turquie pour connaître son pays d’origine et voilà qu’elle est accusée d’un aussi grave crime », s’indigne son défenseur qui indique qu’aucune arme n’a été retrouvée en sa possession ni rien qui puisse constituer un délit. Me Karaman se dit étonné de l’instruction de la procédure à l’égard de sa cliente et des accusations faites à son encontre. « On lui reproche d’avoir assisté à la parade du 1er Mai ou d’être parmi les dizaines de milliers de spectateurs d’un concert du groupe de musique Yorum » connu et apprécié pour son répertoire et ses actions politiques socialistes. « La famille est bouleversée », a-t-il ajouté.
Au ministère français des Affaires étrangères à Paris, on relève que la bi-nationalité de la détenue ne va pas faciliter la gestion de son cas. La Turquie ne reconnaît pas les bi-nationaux et n’avait pas prévenu les autorités françaises de l’arrestation de la jeune fille, selon un diplomate français. La France a demandé à la Turquie de pouvoir lui assurer une protection consulaire et qu’un diplomate français puisse lui rendre visite. Cette demande était toujours sans réponse vendredi en fin d’après-midi, selon la même source. « La Turquie reconnaît bel et bien la double nationalité, mais en matière de la responsabilité pénale, elle ne prend en compte que la nationalité turque de la personne concernée, exactement comme la France », a tenu à rectifier vendredi soir le porte-parole de l’ambassade turque à Paris, Engin Solakoglu. « La France ne nous informe pas de la situation des détenus binationaux d’origine turque, les considérant uniquement français. Nos consulats n’ont même pas le droit de leur rendre visite en prison », a-t-il ajouté.
Sevil Sevimli est accusée d’avoir des liens avec le DHKP-C, le Front-Parti de libération du peuple révolutionnaire.

Les policiers du régime AKP, parti islamo-conservateur du premier ministre Recep Tayyip Erdogan, a arrêté au moins 127 étudiants au cours du mois de mai, portant à plus de 340 le nombre d’étudiants arrêtés en trois mois.
La répression anti-étudiante en Turquie sous le régime AKP se poursuit sans répit. En parallèles à l’augmentation du nombre d’universités, les arrestations d’étudiants ont paradoxalement atteint un niveau record sans précédent dans l’histoire de la République turque.

Le premier ministre turc se vente souvent d’avoir porté à 166 le nombre d’universités contre 76 en 2002, l’arrivée au pouvoir de l’AKP. Cependant, il ne parle jamais de ce qui arrive aux étudiants dans ces établissements. Or, dans aucun pays au monde ne se trouvent autant d’étudiants dans les prisons comme en Turquie où, selon les organisations des droits humains, plus de 600 étudiants sont actuellement incarcérés. Cette liste grossit chaque mois avec des nouvelles incarcérations.

Les étudiants font souvent l’objet de lourdes condamnations pour des motifs hallucinants. Des objets comme des affiches, pancartes, livres, photos, keffieh, parapluies, citrons, œufs, confisqués lors des raids organisés au domicile des étudiants à la suite d’écoutes téléphoniques et de poursuites techniques sont présentés comme des preuves « d’appartenance à une organisation terroriste. »

Presque la totalité des étudiants interpellés ou emprisonnés sont kurdes, mais le régime vise tous les étudiants opposants. Au moins 127 étudiants ont été arrêtés au cours du mois de mai, selon un bilan de l’ActuKurde, contre 116 en avril et 100 en mars. Parmi eux, des dizaines ont été envoyés en prison, alors que 29 autres ont été condamnés à une peine totale de 346 ans de prisons dans le seul mois d’avril.

Lorsque les policiers ne sont pas sur place, ce sont les administrations universitaires qui prennent le relais. 200 étudiants de l’Université de Mustafa Kemal à Hatay ont fait l’objet d’enquêtes par l’administration, au cours de la saison universitaire 2011-2012. Parmi eux, 54 ont été éloignés de l’établissement pour une ou deux saisons et neuf ont été définitivement éloignés. 100 autres étudiants opposants ont fait l’objet d’enquête à l’Université de Mersin.

En deux ans, entre 2010 et 2011, au moins 7.043 étudiants ont fait l’objet d’enquêtes dont 4.604 d’entre eux ont été éloignés de l’université et 55 étudiants ont été expulsés, avait récemment dit le ministre de l’Éducation Ömer Dincer, en réponse à une question d’un député de l’opposition.

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