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Mines d’or du Mali : violations des droits élémentaires des salariés

samedi 22 septembre 2012

Depuis quelques mois, les entreprises d’exploitation minière semblent fouler au pied les textes régissant la convention minière et le code du travail par rapport à la liberté syndicale dans le domaine minier dans notre pays. Suite aux revendications légitimes des syndicats des mines d’or, des centaines de travailleurs sont victimes de suspension de contrat et de licenciement dont 436 travailleurs et 26 délégués du personnel BCM-Loulo et 27 travailleurs SEMOS- SA Sadiola.

Il s’agit des directions de Semos-SA Sadiola, de LTA Mali-SA Sadiola, de BCM Loulo, de SOMILO Loulo et ses sous traitants (UPS-RH, GARA, SEAR). Compte tenu du refus des employeurs de négocier, les travailleurs ont procédé à l’observation des grèves.

C’est ainsi que les travailleurs ont procédé à des grèves internes dans les différentes entreprises minières. Suite à ces grèves, des décisions de suspension de contrat et de licenciement ont été engagés contre des centaines d’employés syndicalistes et surtout des travailleurs militants de la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM). Ces décisions interviennent malgré les interventions des autorités compétentes en la matière (Ministre des mines, inspecteur du travail, directeur national du travail, direction de la chambre des mines). La lettre n°055/M.C.M.I/CAB du 15 août 2012 du ministre du Commerce, des Mines et de l’Industrie au Directeur général de SEMOS – SA en est une illustration : « C’est avec regret que je constate que votre société sous-traitante MOOLMANS n’a pas daigné faire suite à la requête du Ministre, relative au rappel à l’activité des 27 travailleurs maliens licenciés. Ce dans l’intérêt de la stabilité sociale eu égard à la situation particulière que le pays traverse ».

Dans la lettre n° 110 MTEFP – DNT du 30 août 2012, du directeur national du travail au directeur de BCM-Loulo : « Comme suite, vous avez demandé et obtenu de l’inspecteur du travail le licenciement de tous les travailleurs ayant participé à la grève (cf. vos lettres L/014/12, L/015/12 et L/016/12 du 9 août 2012). Dans ce conflit, j’estime que les travailleurs n’ont commis aucune faute professionnelle dans l’exercice du droit de grève qui, je le rappelle, est consacré à la fois par la constitution et le code du travail. En effet, l’arrêt de travail incriminé a été causé principalement par votre impuissance à respecter les engagements auxquels vous avez librement souscrit dans le cadre du protocole du 4 juillet 2012. A cet égard, le code du travail indique très clairement que la grève ne peut être considérée comme illicite, en cas d’échec des négociations ». Et d’ajouter qu’en vertu des dispositions de l’article 19 du décret N° 103/P-RM du 19 février 2010 fixant l’organisation et les modalités de fonctionnement de la direction nationale du travail : « je considère nul, et de nul effet, la décision du directeur régional du travail de Kayes vous autorisant à procéder au licenciement des 436 travailleurs et 26 délégués du personnel de la BCM, pour arrêt illégal du travail ».

Pourtant les profits sont colosaux...

Pearl Gold AG (02:GR) a annoncé aujourd’hui que la mine d’or de Kodiéran, au Mali, a procédé à l’essai de la deuxième ligne de production de 5000 tonnes par jour et finalisera les réglages et ajustements au cours des prochains jours. Ceci portera la capacité de production totale à 10 000 tonnes de matière brute par jour, sur une capacité finale de 11 000 tonnes par jour. Kodiéran est exploitée par Wassoul’Or S.A., dans laquelle Pearl Gold détient 25 pour cent d’intérêts.

La teneur en or de la matière brute traitée jusqu’à présent dépasse les estimations mentionnées dans les études géologiques de la mine d’or. Au cours des quatre dernières semaines, la teneur en or moyenne s’est élevée à environ 5 grammes par tonne métrique de matière brute. La concentration en or d’environ 0,4 gramme par tonne métrique présente dans les résidus reflète l’efficacité élevée du procédé de production gravimétrique mis en œuvre dans la mine. Lutz Hartmann, membre du conseil d’administration de Pearl Gold, commente : « Nous sommes très satisfaits des résultats actuels, qui démontrent le riche potentiel que détient Kodiéran. Toutefois, nous sommes pleinement conscients que la teneur en or variera au fil du temps, car elle est tributaire de la couche de terre dans laquelle nous creusons le puits à ciel ouvert. Malgré cela, nous considérons la teneur en or moyenne élevée comme une évolution très positive. »
L’équipe de direction de Pearl Gold AG prévoit d’annoncer de nouveaux chiffres de production d’ici mi-septembre.

En marge de la conférence Africa DownUnder qui s’est déroulée du 29 au 31 août dans la ville australienne de Perth, le Mali a lancé une opération séduction en direction des compagnies minières et des financiers australiens qui comptent ces dernières années parmi les principaux acteurs du secteur extractif du pays. « Le but de cette présentation, largement supportée par les opérateurs miniers, est de rassurer les investisseurs très inquiets de la situation politique », avoue sans détour Mahmane Bania Touré, ambassadeur du Mali en Australie et qui a réuni une cinquantaine de personnes dans les salons feutrés du Pan Pacific Hotel, avec l’aide de la compagnie Downing Teal, leader pour le placement de personnels miniers à travers le monde et présente sur le marché malien depuis cinq ans.

Le tout nouveau Ministre des Mines, Amadou Baba Sy a rencontré, vendredi dernier, dans la salle de conférence de son département, les opérateurs miniers du Mali. Il s’agit notamment de la Chambre des Mines, des représentants des principales sociétés d’exploitation minière. Le Ministre des Mines qui annonce la mise en application prochaine du nouveau code minier du Mali, se veut rassurant.

En somme, le nouveau ministre est aux petits soins envers les capitalistes et traite les mineurs comme des chiens...

Messages

  • Mali : deux morts et 14 blessés, suite à un affrontement entre les villageois et les forces de sécurité à la mine d’ or de Syama

    Le gouvernement malien indique que "le dimanche 11 novembre 2012 à la mine d’ or de Syama, commune rurale de Fourou, cercle de Kadiolo, un affrontement a opposé un groupe de jeunes et de chasseurs aux forces de sécurité, faisant deux morts parmi les villageois et 14 blessés dont 4 grave, dans le rang des forces de sécurité " précise un communiqué déposé lundi à Xinhua.

    Selon le communiqué émanant du ministère malien de la sécurité intérieure et de la protection civile,

    "Cet incident malheureux est survenu suite à une plainte déposée à la justice par un responsable de la mine qui a été agressé nuitamment à domicile le 2 novembre 2012. Dans le cadre de cette plainte, trois individus dont un responsable du comité local de la jeunesse, ont été placés sous mandat de dépôt. Aussi, pour exiger la libération de ceux-ci, un groupe de jeunes et de chasseurs des villages environnants de la mine ont-ils érigé des barricades empêchant tous accès à la mine ".

    Le texte poursuit que " Malgré les pourparlers menés par l’ administration locale, ils n’ ont pas voulu cédé. Devant leur refus catégorique de lever les barricades, les forces de sécurité sont intervenues pour dégager les voies", ajoutant que "C’ est en ce moment que celles-ci ont essuyé des coups de feu tirés par les chasseurs. Dans la panique, les coups de feu ont mortellement touché deux villageois".

    Selon le communiqué, "Face à cette situation dramatique, le gouvernement présente ses condoléances les plus attristées aux familles endeuillées et souhaite prompt rétablissement aux blessés".

    Le même texte conclut que "le gouvernement appelle les populations au calme et rassure qu’ une enquête est ouverte pour faire toute la lumière sur l’ incident".

    Bien sûr ce qui est précède, c’est leur version !!!!

    L’enquête, c’est de la blague et les condoléances attristées aussi !!!!

    Elles n’ont pas été prises de panique mais avaient ordre de tirer...

    novembre 2012

  • Le groupe anglo-américain Randgold est un géant mondial de production d’or. Il possède trois sites miniers au Mali dont deux (Loulo et Gounkoto) font partie des 10 plus grandes mines au monde. Il possède aussi une mine au Sénégal et en Côte d’Ivoire.

    Le patron de ce groupe a fait un petit saut à Bamako pour rencontrer les autorités maliennes. Le 29 janvier, il a convoqué les médias locaux pour leur expliquer qu’en 21 années de présence au Mali, son groupe a « enrichi » le pays en y injectant « 2 879 milliards de FCFA. Soit 5,4 milliards de dollars US sous forme d’impôts, de redevances, de salaires et de paiements aux fournisseurs ». Il a énuméré toutes les « bonnes œuvres » réalisées par son groupe, genre écoles, bourses d’étude, centre de soins, forages des puits, microcrédits, etc. Bref, il s’est présenté comme le bon samaritain qui vient en aide à un pays pauvre. Il a même eu le culot de demander au gouvernement malien de l’aider à lutter contre les orpailleurs locaux qui s’installeraient illégalement sur ses terrains et qui empoisonneraient le sol par l’utilisation du cyanure. Il a aussi demandé au gouvernement de rendre encore plus « attractif » son Code minier, notamment en allégeant le taux de TVA sur l’or.

    Ces dernières années, la production d’or au Mali a fait un bond en avant. En 2015 le pays aurait exporté 70,2 tonnes pour une production nationale officiellement estimée à 50,1 tonnes. Les 20 tonnes de différence proviendraient selon les autorités maliennes de la production venant des pays voisins et qui serait exportée via le Mali. Il s’agit probablement de l’or « gris » du marché noir qui échappe au fisc en tant que marchandise ne faisant que « transiter » au Mali.

    Sur les 50,1 tonnes d’or officiellement produit au Mali en 2015, un peu moins de la moitié provient des mines appartenant à Randgold. Les dirigeants de ce groupe viennent d’annoncer que la production de 2016 a été un record et que celle de 2017 a été encore meilleure. À ce compte là ils peuvent se permettre de lâcher quelques miettes à l’État malien, ou plus exactement aux dirigeants locaux pour qu’ils ferment les yeux sur toutes sortes de magouilles fiscales et sur le non-respect des conditions de travail dans les mines.

    Rappelons qu’il y a tout juste un an, en février 2017, les travailleurs de la mine de Loulo qui emploie environ 3000 personnes, ont fait un arrêt de travail et un sit-in pour réclamer une prime et des augmentations de salaire. La direction a évité la grève en faisant appel aux notables locaux pour jouer les pompiers de service.

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