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La révolution continue en Egypte et en Tunisie...

jeudi 29 novembre 2012

EGYPTE

Plus de 200.000 Égyptiens se sont rassemblés mardi après-midi sur la place Tahrir, au Caire, pour protester contre la décision du président islamiste Mohamed Morsi de s’arroger des pouvoirs quasi-absolus.

Mardi, les manifestations de masse, place Tahrir et dans plusieurs autres grandes villes comme à Alexandrie, étaient comparables en taille à celles de l’année dernière lors du soulèvement populaire qui a renversé l’ancien chef d’État égyptien Hosni Moubarak.

Agitant des drapeaux rouge, blanc et noir, et criant des slogans contre le président égyptien et les Frères musulmans, des rangs desquels il est issu, les manifestants en ont rejoint plusieurs centaines d’autres qui campent sur la place depuis vendredi dernier pour demander la révocation des décrets qu’il a pris la semaine dernière.

"Les Frères musulmans ont détourné la révolution", a lancé Rafat Magdi, un ingénieur se rendant à la manifestation. "Les gens ont ouvert les yeux (...) Aux prochaines élections, il n’auront pas de voix", a-t-il ajouté.

"D’un seul coup, Morsi promulgue une loi qui fait de lui le législateur absolu, concentrant tous les pouvoirs entre ses mains", a déclaré Mona Sadek, une manifestante de 31 ans, ingénieur diplômée, qui porte le voile islamique. "Notre révolte contre ces amendements se transforme en protestation contre les Frères musulmans".

Epicentre de la révolution

Un peu plus tôt, de nouveaux affrontements avaient éclaté entre des manifestants et des policiers.

Les heurts se produisaient près de l’ambassade des États-Unis et la place Tahrir, épicentre de la révolution qui a mis fin à 29 ans de régime autoritaire du président Hosni Moubarak en février 2011.

La police a tiré des gaz lacrymogènes en direction des manifestants qui jetaient des pierres dans une rue reliant la place à l’ambassade.

Lundi, une manifestation pro-Morsi au Caire avait été annulée de crainte d’affrontements.

Pour Gehad el-Haddad, un conseiller de la Fraternité et de son parti politique, l’opposition était "très divisée", ajoutant que le président Mohammed Morsi ne reculerait pas. "Nous n’abrogerons pas nos décrets", a-t-il déclaré à l’Associated Press.

Pour l’ancien candidat à la présidentielle, devenu aujourd’hui le principal leader d’opposition, Amr Moussa, la manifestation a montré "où les forces politiques de la nation se situaient par rapport au projet constitutionnel".

"La sagesse voudrait que la disposition constitutionnelle soit reconsidérée", a précisé Moussa, un ancien chef de la Ligue arabe, dans un interview par téléphone à la télévision CBS.

Protéger les acquis de la révolution

Mohamed Morsi, élu président en juin, affirme que les décrets qu’il a pris la semaine dernière sont nécessaire pour protéger les acquis de la révolution et la transition du pays vers un régime démocratique.

Jeudi 22 novembre, le président égyptien a renforcé notablement son pouvoir en adoptant plusieurs amendements constitutionnels. Il a également accordé l’immunité à la commission chargée de rédiger une nouvelle Constitution pour empêcher qu’elle ne soit dissoute par décision de justice, ainsi qu’à la chambre haute du Parlement. Ces deux instances sont dirigées par ses alliés islamistes des Frères musulmans.

Les magistrats de la plus haute cour de justice égyptienne ont déclaré samedi dernier que les récents amendements grâce auxquels le président égyptien Mohamed Morsi s’octroie de nouveaux pouvoirs constituaient "une atteinte sans précédent à l’indépendance du pouvoir judiciaire et ses décisions".

TUNISIE

Siliana connaissait jeudi un troisième jour de violences opposant les forces de l’ordre aux manifestants tunisiens qui réclament le départ du gouverneur régional, en revendiquant notamment leur situation économique déplorable.

A l’origine pacifiques, les manifestations de Siliana n’ont pas tardé à devenir de violentes émeutes. Depuis mardi, la ville située au sud-ouest de Tunis, est en proie à des affrontements musclés. Jeudi, des policiers tiraient des gaz lacrymogènes sur des centaines de manifestants qui ont tenté d’attaquer un important commissariat de police. Les manifestants ont cherché à prendre d’assaut le poste, des pneus incendiés étaient visibles aux abords. Les policiers ont réussi à faire reculer les manifestants et les pourchassaient, matraques à la main, dans les rues environnantes. Les forces de l’ordre étaient aussi visées par des jets de pierre.

Une ambulance est repartie des lieux mais le nombre exact de blessés n’est pas encore connu. Plus de 250 personnes ont été blessées la veille lors d’affrontements avec la police, qui cherchait à disperser les manifestants en tirant de la chevrotine de petit calibre. Le même jour, un poste de police a été incendié à Kesra, une localité au Sud de Siliana.

Pour le gouvernement, les manifestants sont des "contre-révolutionnaires"

Les manifestants réclament le départ du gouverneur régional, un programme de développement économique dans cette région très pauvre, la libération de manifestants arrêtés en avril 2011 et l’arrêt de la "répression des manifestations". Face au refus des autorités de limoger le gouverneur, l’UGTT, la principale centrale syndicale du pays, a appelé à une nouvelle manifestation à Siliana vendredi. "J’appelle tous les habitants de la région à participer à une marche symbolique sur Tunis de deux kilomètres" vendredi, a déclaré à l’AFP, le secrétaire général de la branche régionale du syndicat, Nejib Sebti.

Un représentant du parti islamiste Ennahda, qui dirige le gouvernement tunisien, a dénoncé ces troubles provoqués, selon lui par les manifestants, y voyant la main de "contre-révolutionnaires". "Les manifestations se sont transformées en violences et en attaques contre les symboles de l’Etat (...) et les acquis du peuple", a déclaré Ameur Larayedh, qui dirige le bureau politique de ce parti. "Le peuple ne va pas permettre aux contre-révolutionnaires de revenir" au pouvoir, a-t-il ajouté. Une déclaration télévisée du Premier ministre Hamadi Jebali est attendue jeudi après-midi.

Les mêmes revendications que celles de janvier 2011, à l’aube du Printemps arabe

Les revendications des manifestants ne sont pas sans rappeler celles de la révolution de janvier 2011 : la misère, le chômage et la dénonciation de l’arbitraire de la police étaient à l’époque au cœur du soulèvement. Aujoud’hui, des violences éclatent régulièrement en Tunisie entre policiers et manifestants excédés par la pauvreté, en particulier dans les provinces de l’intérieur du pays, très marginalisées. La région de Siliana est affectée par de grandes difficultés économiques. Selon des statistiques officielles, les investissements y ont baissé de 44,5% et les créations d’emplois de 66% sur la période janvier-octobre 2012 par rapport à la même époque de l’année précédente.

Messages

  • Les manifestants continuent de conteste le nouveau pharaon Morsi, le nouveau Moubarak...

    En Tunisie, aussi, c’est la révolte...
    Pour la quatrième journée consécutive, des affrontements ont eu lieu vendredi à Siliana, à 130 km au sud-ouest de Tunis (Tunisie). Les manifestants réclament toujours le départ du gouverneur de la région et des aides financières. Plus de 300 blessés ont été recensés depuis mardi.

  • La première partie de ce quatrième jour de protestations a été marqué par une marche pacifique. Plusieurs milliers de personnes ont défilé dans le calme. « Avec nos âmes et notre sang, on se sacrifie pour Siliana », ont-ils scandé. Un haut-gradé cité par l’AFP s’attendait néanmoins à des débordements.

    Une centaine de manifestants ont ensuite attaqué un important poste de police avec des jets de pierres et des cocktails Molotov. Des barricades ont été dressées dans la rue menant à ce commissariat. Les forces de l’ordre ont réagi en lançant des gaz lacrymogènes et par des tirs de sommation. « Si on nous y autorise, je n’hésiterai pas à tirer avec des balles réelles », a prévenu un policier.

    Les représentants de la principale centrale syndicale du pays, l’UGTT, ont appelé sans succès les manifestants à se disperser. « Rentrez chez vous, c’est dangereux. Ils vont tirer à balles réelles », a lancé Abdesattar Manaï, un responsable régional du syndicat.

  • Tunisie

    Les transports, les écoles, les administrations ont commencé à être paralysés, jeudi 6 décembre, dans quatre régions de Tunisie, à Sfax, Gafsa, Kasserine et Sidi Bouzid, foyer de la révolution qui a renversé, il y a bientôt deux ans, le régime de Zine El-Abidine Ben Ali. Ces débrayages, organisés à l’appel de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), devraient culminer avec une grève nationale, le 13 décembre, annoncée par la puissante centrale syndicale en guerre ouverte, désormais, avec le gouvernement dominé par les islamistes du parti Ennahda.

    Si elle se confirmait, cette grève générale serait une première depuis 1978. Même sous Ben Ali, l’UGTT, pourtant l’un des moteurs principaux du renversement de l’ancien régime, n’avait pas utilisé cette arme, se contentant d’un débrayage de deux heures le 14 janvier 2011, jour de la fuite précipitée de l’ex-dictateur. "Nous tenons le gouvernement pour responsable de la recrudescence des violences perpétrées à l’encontre de toutes les composantes de la société civile dont l’UGTT", a justifié la centrale en lançant son mot d’ordre mercredi.

    Egypte

    Selon le quotidien Al Ahram de samedi, le président Morsi va prochainement autoriser l’armée à assister la police dans les opérations de maintien de l’ordre. D’après le journal, le gouvernement a approuvé une mesure par laquelle les forces armées contribueront à « maintenir la sécurité et à protéger les institutions vitales de l’Etat » et pourront procéder à des arrestations. Il ne précise pas la date d’entrée en vigueur de cette mesure. Les manifestants qui avaient forcé vendredi les cordons de sécurité pour atteindre les portes du palais présidentiel s’étaient pour la plupart dispersés samedi. Seul restait sur place un petit groupe déterminé. Les chars de la Garde républicaine portaient encore des inscriptions « A bas Morsi » inscrites à la peinture. « Nous n’appelons plus seulement à l’annulation du décret et au report du référendum », expliquait Samir Fayez un manifestant chrétien. « Nous avons une exigence en cinq lettres à l’adresse de Morsi : ’dégage’ ! » Malgré le boycott de l’appel au dialogue national, certains magistrats et hommes politiques pourraient répondre présents, notamment Ayman Nour, candidat malheureux à la présidentielle de 2005, seul scrutin à candidatures multiples de l’ère Moubarak.

  • Outre Sidi Bouzid, sa voisine Kasserine observe le débrayage, tout comme Gafsa, une région minière, théâtre de conflits sociaux récurrents, et Sfax (sud), dont la capitale éponyme est la deuxième ville du pays.

    Quatre régions de Tunisie dont Sidi Bouzid, berceau de la révolution, sont en grève depuis jeudi, alors qu’un bras de fer entre islamistes au pouvoir et syndicalistes doit culminer avec un débrayage national le 13 décembre dans un contexte de crise politico-sociale. Outre Sidi Bouzid (centre-ouest), sa voisine Kasserine observe le débrayage, tout comme Gafsa, une région minière théâtre de conflits sociaux récurrents, et Sfax (sud), dont la capitale éponyme est la deuxième ville du pays.
    Ces gouvernorats sont réputés instables, notamment ceux du centre-ouest marginalisés économiquement. Les affrontements y ont été particulièrement intenses durant la révolution qui avait débuté en décembre 2010 à Sidi Bouzid avec l’immolation d’un vendeur ambulant excédé par la misère et les brimades policières. Les grèves visent à dénoncer une attaque mardi à Tunis de militants islamistes pro-pouvoir contre le principal syndicat, l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt). Une grève générale fin novembre à Siliana, une ville déshéritée au sud-ouest de Tunis, avait dégénéré en plusieurs jours d’affrontements avec la police, faisant 300 blessés. L’essentiel des institutions publiques et privées des quatre régions étaient fermées jeudi matin, ont constaté les journalistes de l’AFP, et seuls quelques boutiques et cafés de quartier étaient ouverts. Des centaines de manifestants ont défilé à Sidi Bouzid, scandant des slogans anti-Ennahda, le parti islamiste qui dirige le gouvernement. « Nous réclamons la démission du gouvernement », « Ennahda a vendu la Tunisie », « Vive l’Ugtt, la plus grande force dans le pays », criaient les protestataires. Le même scénario s’est répété à Gafsa où la grève a été suivie à 95%, selon l’Ugtt. Ces actions régionales sont un prélude au débrayage national annoncé par le syndicat pour le 13 décembre afin de dénoncer l’attaque de son siège, alors que les islamistes accusent en retour l’Ugtt d’avoir provoqué les heurts.La Confédération générale tunisienne du travail (Cgtt), syndicat de gauche né après la révolution, s’est dit jeudi « pleinement solidaire » de l’Ugtt.
    Dans une déclaration de son secrétaire général Habib Guiza, la Cgtt (50 000 adhérents) affirme « dénoncer l’ensemble des actes hostiles à l’Ugtt » et condamne leurs auteurs, enjoignant au gouvernement « à respecter les libertés syndicales ». Les relations entre l’Ugtt et Ennahda, les deux plus grosses forces du pays, se sont tendues ces dernières semaines avant de se transformer mardi en conflit ouvert. Parallèlement, le ressentiment des Tunisiens à l’égard du pouvoir est alimenté par les espoirs déçus de la révolution face aux difficultés économiques et l’impasse politique dans laquelle le pays est plongé, faute d’un compromis sur la future Constitution.
    Dans son histoire, l’Ugtt, qui revendique un demi-million de membres, n’a appelé qu’à deux grèves nationales, l’une en 1978 dont la répression a fait des dizaines de morts, et une autre, le 12 janvier 2011, deux jours avant la chute du régime de Ben Ali. Dans un communiqué publié jeudi, le cabinet du Premier ministre « appelle tous les fonctionnaires dans tous les établissements (...) à reprendre le travail » et il a exhorté toutes les organisations tunisiennes « à prôner (...) un discours apaisant pour dépasser les difficultés ». Mercredi, le puissant chef d’Ennahda, Rached Ghannouchi, avait vivement critiqué l’Ugtt en la qualifiant « d’opposition radicale » et dénoncé ses appels à la grève aux « motivations politiques et non sociales ».
    Les conflits sociaux, manifestations violentes et crises politiques s’intensifient à l’approche du deuxième anniversaire de la révolution.

  • Des projectiles fusent. En plein centre-ville de Sidi Bouzid, là où Mohamed Bouazizi s’était immolé par le feu deux ans plus tôt, Moncef Marouzki, le président de la République tunisienne, et Mustafa Ben Jâafar, le président de l’Assemblée constituante, ont été contraints de quitter la scène sous le célèbre "Dégage", scandé par une foule de quelque 3 000 personnes. Escortés par le service d’ordre, ils se sont réfugiés dans l’enceinte du gouvernorat, situé juste derrière. Le Premier ministre Hamadi Jebali, lui, n’a pas fait le déplacement en raison d’une grippe. "Il avait surtout peur", se moque Wahiba, alors qu’elle observe la scène depuis le toit d’un immeuble. "Sidi Bouzid aujourd’hui, c’est comme Sidi Bouzid hier. Rien n’a changé. On nous dit d’attendre. Mais jusqu’à quand ? On ne nous fait que des promesses en l’air !" s’emporte cette femme de 40 ans.

    Moncef Marzouki a bien essayé de rassurer l’assemblée. Dans son allocution, il a dit "comprendre la colère" des citoyens, qu’il juge "légitime". "Dans six mois, un gouvernement stable sera en place et livrera les médicaments pour guérir le mal du pays", a assuré le président, nommé un an plus tôt. Une nouvelle promesse accueillie sous les huées et les sifflets, plus insistants. Vient ensuite Mustafa Ben Jâafar. Le chef de l’Assemblée constituante n’a pris la parole que quelques minutes, avant de fuir sous les "Dégage".

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