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Affrontements dans les mines d’Afrique du sud

vendredi 31 janvier 2014

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La grève chez les trois premiers producteurs mondiaux de platine en Afrique du Sud est entrée jeudi dans sa deuxième semaine. Les syndicats de mineurs ont rejeté une offre patronale d’augmentation des salaires étalée sur trois ans.

La proposition du patronat a laissé de marbre les délégués du personnel. "Nous reprendrons le travail quand nos exigences seront satisfaites. Pour l’instant la grève continue", tonne Reuben Lesejane, secrétaire du syndicat dominant Amcu (Association of Mineworkers and Construction Union) sur un puits de Lonmin, le numéro trois mondial du platine. Rassemblés dans un stade à Marikana, le site d’exploitation de Lonmin où 34 travailleurs des mines avaient été tués par la police dans une fusillade en 2012, les mineurs ont accueilli par des huées la présentation de l’offre patronale, faite par leurs délégués syndicaux. Puis la foule a repris en chœur le slogan "Asiyi" : "nous n’y retournons pas" (à la mine). "Notre revendication est très claire, on veut un salaire qui permette de vivre, rien d’autre", a martelé Amos Letsi, un autre mineur. "Des gens sont morts pour ça, et personne n’écoute."

Les trois compagnies paralysées par la grève, Anglo American Platinum (Amplats), Impala Platinum (Implats) et Lonmin ont proposé un plan de revalorisation salariale sur trois ans, avec des hausses comprises entre 7,5% et 9% chaque année. Les employeurs ont étoffé leur offre en y ajoutant "un paquet salarial", comprenant les avantages sociaux, et ont souligné que le salaire de base de 12 500 rands (850 euros) exigé par les grévistes était "impossible à court terme". La rémunération de base actuelle pour un mineur sans ancienneté est de 5 000 rands, soit moins de la moitié du salaire demandé.

Suppressions d’emplois

"Les compagnies ne comprennent pas. Elles veulent seulement faire des profits. Cela ne peut pas marcher comme ça... on est prêt à se battre !" a déclaré un mineur, Zenzo Mathale. La grève se déroule dans un climat pacifique, à l’exception de quelques incidents isolés. Elle mobilise environ 80 000 mineurs, sur les 134 000 salariés du secteur dans le pays, et est particulièrement suivie chez Lonmin, qui a dû fermer ses mines. Les négociations reprendront vendredi à Pretoria entre Amcu et les groupes miniers.

Les pourparlers sont organisés sous l’égide du gouvernement sud-africain, soucieux d’écourter une grève lourde de conséquences pour l’économie nationale. Le mouvement social fait perdre aux trois groupes environ 198 millions de rands par jour (plus de 12 millions d’euros), selon un communiqué. Elle accentue encore la tendance à la dépréciation de la monnaie nationale, le rand, entraîné depuis plusieurs semaines dans la baisse des devises des pays émergents.

"Il est important de noter", indiquaient les patrons des mines au début de la grève, "que l’industrie du platine a déjà octroyé des augmentations de salaire nettement au dessus du taux d’inflation ces dernières années, et qu’elle offre actuellement un des meilleurs salaires de base dans le pays". Plus de 11 000 emplois ont déjà été supprimés dans le secteur depuis décembre 2011, du fait l’augmentation des coûts d’exploitation et la baisse des cours mondiaux du platine, conjugués à des grèves à répétition.

Afrique du Sud : la justice interdit de faire grève dans les mines d’or

La justice sud-africaine a interdit jeudi au syndicat radical Amcu de faire grève dans les mines d’or, parallèlement à un mouvement social pour les salaires dans le platine, a-t-on appris auprès de la Chambre des mines (patronat).

Confirmant un précédent jugement rendu le 22 janvier, le Tribunal du travail de Johannesburg a donné rendez-vous au syndicat le 14 mars pour expliquer pourquoi cette interdiction de faire grève ne devrait pas être permanente.

D’ici là, tout mouvement sera considéré comme une grève sauvage, a noté la Chambre des mines. Ce qui signifie en Afrique du Sud que les grévistes pourront être licenciés sans cérémonie.

"Le message est que le Tribunal du travail a interdit la grève envisagée par (Amcu) dans le secteur de l’or, et s’ils passent outre, (la grève) sera illégale. Ils (les mineurs) doivent continuer à aller travailler", a déclaré le juge Edwin Molahlegi, selon l’agence Sapa.

Amcu, minoritaire dans les mines d’or, voulait faire grève dans certaines mines d’AngloGold Ashanti, Harmony et Sibanye Gold. Mais la Chambre des mines juge qu’un tel mouvement serait illégal, un accord de branche ayant été passé en septembre avec des syndicats représentant 72% des employés du secteur.

Amcu a parallèlement engagé une grève le 23 janvier chez les trois premiers producteurs mondiaux de platine, secteur où il n’y a pas d’accord de branche et où il est majoritaire.

Ses militants ont rejeté jeudi une offre du patronat, s’en tenant à la revendication d’un salaire de base de 12.500 rands (environ 810 euros, soit deux à deux fois et demie les niveaux actuels).

Messages

  • Le puissant syndicat sud-africain des mineurs NUM a lancé samedi un appel à la grève illimitée à partir de dimanche soir dans la mine de nickel de Nkomati (est), détenue conjointement par les groupes russe Norilsk et sud-africain African Rainbow Minerals.

    La grève va commencer dimanche 16 août à partir de 19h00 (17h00 GMT) et continuera indéfiniment jusqu’à ce que les revendications de NUM soient prises en compte, déclare dans un communiqué William Makgabo Mabapa, secrétaire général adjoint du syndicat et leader des négociations à la mine de Nkomati.

    Nous voulons qu’une prime d’ancienneté de 3.000 rands (210 euros) soit versée aux salariés qui travaillent depuis cinq ans et de 6.000 rands pour ceux qui travaillent depuis dix ans, ajoute le texte.

    Selon NUM, l’entreprise minière prévoit de délivrer des primes de 3.000 rands seulement aux employés qui ont dix ans d’ancienneté.

    Le syndicat, qui ne précise pas combien de mineurs vont débrayer, souhaite également que les indemnités de déplacement soient étendues à l’ensemble des salariés de la mine.

  • En Afrique du Sud, 30 000 mineurs de l’industrie du charbon se sont mis en grève, dimanche 4 octobre, pour réclamer des augmentations de salaire. C’est le syndicat minier NUM, majoritaire dans cette filière, qui a initié le mouvement social.

    La grève illimitée des mineurs du charbon fait suite à l’échec des négociations entamées depuis plusieurs semaines entre la Chambre des mines et le syndicat NUM.

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