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Quand Staline empuantissait la poésie

2 mars 2015, 07:21, par Robert

La réponse de Ossip Mandelstam :

Le Montagnard du Kremlin (novembre 1933)

Nous vivons, sans sentir sous nos pieds le pays.

A dix pas, nos voix ne sont plus audibles.

Mais un demi-mot suffit

Pour évoquer le montagnard du Kremlin.

Le montagnard du Kremlin,

Le corrupteur des âmes, l’équarrisseur des paysans.

Ses doigts épais sont gras comme des vers,

Il assène ses mots comme des poids de cent kilos.

Il rit dans sa moustache de gros cafard,

Et ses bottes étincellent.

Un ramassis de chefs au cou mince l’entoure,

Il s’amuse des services des demi-humains.

L’un siffle, l’autre miaule, un troisième geint,

Lui seul frappe du poing, tutoie et tonne.

Il forge oukase sur oukase, en forgeron,

Atteignant tel à l’aine, tel à l’oeil, tel au front ou au sourcil.

Chaque exécution est un régal,

Dont se pourlèche l’Ossète au large poitrail.

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