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Quand Staline empuantissait la poésie

13 mars 2013, 03:42, par RP

Ossip Mandelstam :

Nous vivons sans sentir sous nos pieds de pays,
Et l’on ne parle plus que dans un chuchotis,
Si jamais l’on rencontre l’ombre d’un bavard
On parle du Kremlin et du fier montagnard,
Il a les doigts épais et gras comme des vers
Et des mots d’un quintal précis : ce sont des fers !
Quand sa moustache rit, on dirait des cafards,
Ses grosses bottes sont pareilles à des phares.
Les chefs grouillent autour de lui, la nuque frêle.
Lui, parmi ces nabots, se joue de tant de zèle.
L’un siffle, un autre miaule, un autre encore geint...
Lui seul pointe l’index, lui seul tape du poing.
Il forge des chaînes, décret après décret !
Dans les yeux, dans le front, le ventre et le portrait.

De tout supplice sa lippe se régale.
Le Géorgien a le torse martial.

dans Tristia et autres poèmes, "Poésie"

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