Accueil > ... > Forum 18829

Le véritable combat de Nietzsche : contre Socrate !

15 février 2015, 10:06, par Robert Paris

« Une chose qui s’explique cesse de nous regarder.

— Que voulait dire ce dieu, qui conseillait : Con­nais-toi toi-même ?

Cela signifiait-il : Cesse de t’intéresser à toi ! deviens objectif !

— Et Socrate ?

— Et l’homme scientifique ?...

— Platon a fait tout ce qu’il a pu pour introduire une interprétation subtile et distinguée dans la doctrine de son maître, avant tout, pour s’y introduire lui-même, — lui, le plus audacieux de tous les interprètes qui ramassa tout Socrate dans la rue, comme le thème d’une chanson populaire, pour le varier jusqu’à l’infini et à l’impossible : c’est-à-dire qu’il y mit ses propres masques et ses faces multiples. Pour plaisanter, en paraphrasant Homère, qu’est donc le Socrate platonicien, sinon :

« Platon par-devant, Platon par-derrière et Chimère au milieu »...

Le vieux problème théologique de la « foi » et de la « science » — ou, plus clairement, de l’instinct et de la raison — la question de savoir si, dans l’évaluation des choses, l’instinct mérite plus d’autorité que la raison qui fait apprécier et agir selon des motifs, selon un « pourquoi », donc conformément à un but et à une fin utilitaire, — c’est toujours ce même problème moral, tel qu’il s’est présenté d’abord dans la personne de Socrate et tel que, bien avant le christianisme, il avait déjà divisé les esprits. Il est vrai que Socrate lui-même, avec le goût de son talent — celui d’un dialecticien supérieur — s’était d’abord mis du côté de la raison ; et en vérité, qu’a-t-il fait toute sa vie, sinon rire de l’incapacité maladroite de ces aristocrates athéniens, hommes d’instinct comme tous les aristocrates, et impuissants à donner les raisons de leur conduite ? Mais, en fin de compte, à part lui, il riait aussi de lui-même : il trouvait dans son particulier, en sondant sa conscience, la même difficulté et la même incapacité. Pourquoi (s’insinuait-il à lui-même) se détacher des instincts à cause de cela ? On doit aider les instincts et aussi la raison, — on doit suivre les instincts, mais persuader à la raison de les appuyer de bons arguments. Ce fut là la vraie fausseté de ce grand ironiste riche en mystère. Il amena sa conscience à se contenter d’une façon de duperie volontaire. Au fond, il avait pénétré ce qu’il y a d’irrationnel dans les jugements moraux. »

Friedrich Nietzsche

dans "Par delà le bien et le mal" - Prélude d’une philosophie de l’avenir

Entre science et religion, ce qu’il appelle entre l’instinct et la raison, Nietzsche choisit l’instinct c’est-à-dire la religion !

Combien d’études affirment cependant qu’il a pourfendu les religions !!!

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.