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Class Struggle in Haïti - Luttes de classes en Haïti

3 September 2017, 09:34

Plus de 50.000 Haïtiens risquent d’être déportés des États-Unis quand leur Statut de protection temporaire prendra fin en janvier. Les milliers d’autres qui ont traversé la frontière pour se rendre au Canada à la recherche de meilleures conditions de vie sont dans une situation semblable. Les deux gouvernements impérialistes, s’ils appliquent leurs plans de déportation, renverront des personnes dans un pays où ceux qui ont la chance de trouver du travail sont payés un salaire de misère, sous un gouvernement impitoyable agissant de concert avec de la bourgeoisie locale.

Le ministre haïtien des Affaires étrangères et des Cultes, Antonio Rodrigue, a dit au Nouvelliste la semaine dernière qu’il se sentait responsable de recevoir ses compatriotes haïtiens déportés par le Canada, mais il ne pensait pas que le pays avait les moyens de les recevoir. D’après Rodrigue, l’ouragan Matthew a détruit 32% de la richesse nationale d’Haïti l’année dernière. «Ce n’est pas que nous sommes prêts ni contents ou que nous avons les moyens de les recevoir», a déclaré Rodrigue.

Des millions d’Haïtiens n’ont pas les moyens de payer les factures d’électricité: ils s’en passent ou alors se branchent illégalement au réseau. Le gouvernement haïtien et le FMI parlent de «vol», dans un pays où le taux de chômage est au moins de 30% et plus de la moitié de la population survit avec moins de 1,25$ par jour.

Haïti n’a pas de réserves d’essence, dont il importe la majorité du Venezuela à travers le programme Petrocaribe: une livraison qui n’a pas lieu peut donc avoir des conséquences catastrophiques. Des centaines de milliers de foyers cuisinent au charbon.

Alors que l’industrie du textile n’emploie que 41.000 travailleurs, l’Union européenne – en plus des États-Unis et du Canada – est à la recherche d’une main-d’oeuvre à bon marché. Lors d’une table ronde en septembre 2016 sur les «Micro-Parcs industriels», le ministre du Commerce et de l’Industrie d’alors, Jessy C. Petit-Frère, se vantait d’avoir obtenu une subvention de 189 millions de gourdes haïtiennes de l’UE en 2016 et qu’il allait l’utiliser pour des parcs industriels dans des industries incluant le tourisme, l’agriculture, l’énergie et la pêche.

Le 19 mai, des travailleurs du textile au parc industriel SANOPI à Port-au-Prince sont entrés en grève, demandant une augmentation du salaire minimum quotidien de 300 à 800 gourdes (équivalent alors 12,70 $US). Le gouvernement a d’abord offert une augmentation de seulement 35 gourdes, qu’il a ensuite augmentée de 15 gourdes le 27 juillet. Le montant final, 350 gourdes par jour dans un pays avec un taux d’inflation de plus de 15%, persiste.

Les syndicats ont ensuite déclenché une semaine de grèves débutant le 31 juillet, mais ont été confrontés le premier jour par la PNH (Police nationale d’Haïti) qui avait déployé au moins trois véhicules de police devant chaque usine. La grève a ensuite été annulée.

Le gouvernement a promis une piètre subvention pour les repas des travailleurs – réduisant le coût par travailleur de 75 gourdes à 40 – afin d’avoir une excuse pour maintenir le salaire minimum bas. Un repas de 40 gourdes représente plus de 10% du salaire minimum quotidien. Lors d’une conférence de presse le 7 juin, le ministre des Affaires sociales et du Travail Roosevelt Bellevue a également promis un contingent de 300 autobus qui transporteraient les travailleurs du textile entre leur domicile et le travail gratuitement. En réalité, cette manigance bénéficiera aux employeurs, dont les coûts de main-d’oeuvre demeureront criminellement bas pendant que le gouvernement subventionne les transports.

À la fin de 2013, quand les travailleurs manifestaient pour une augmentation du salaire minimum à 500 gourdes – le gouvernement en avait offert seulement 225 – les propriétaires d’usine se sont plaints du fait que les salaires actuels étaient déjà quatre fois plus élevés que ceux du Bangladesh. D’après le Guardian, les patrons sont allés jusqu’à publier une lettre ouverte aux travailleurs sur la nécessité de maintenir la «compétitivité d’Haïti».

Le gouvernement a passé des années à construire une force de la PNH de 15.000 policiers pour remplacer la force de «maintien de la paix» de l’ONU qui est détestée, la Mission des Nations Unies en Haïti (MINUHA), qui devrait se retirer en octobre. Il va également rétablir l’armée du pays, les Forces armées d’Haïti (FAD’H), qui entreront bientôt en fonction. Les FAD’H, un pilier de la dictature sanglante de Duvalier ont été démantelées par Jean-Bertrand Aristide en 1995, mais leur reconstitution a été entamée par Michel Martelly en 2011. Une campagne de recrutement a été diffusée largement en juillet: les recrues devaient être célibataires et posséder un «Certificat de bonne vie et moeurs» de la PNH.

Les instructions données par le premier ministre au ministre de la Défense Hervé Denis incluent: «assurer la défense du littoral; protéger les frontières maritimes; surveiller le territoire maritime; soutenir les autres composantes de l’armée nationale; assurer des patrouilles maritimes.» En d’autres mots, les FAD’H empêcheront las pauvres et désespérés de quitter leur pays par bateau. Empruntant à la propagande gouvernementale américaine, les FAD’H conduiront leur mission sous le prétexte de lutter contre le trafic de drogues et le terrorisme.

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