Accueil > ... > Forum 285

République du Congo : un nouveau crime contre les droits de l’homme !

5 octobre 2010, 10:18, par Baudouin Amba Wetsh

Armand Tungulu Mudiandambu a été interpellé le mercredi 29 septembre dernier pour avoir lancé un jet des projectiles sur le cortège présidentiel à la hauteur de l’Académie des Beaux Arts sur l’avenue de la Libération, ex. 24 Novembre dans la commune de la Gombe.

Le communiqué du Procureur Général de la République indique que Monsieur Armand Tungulu Mudiandambu se serait suicidé à l’aide d’un fil qui était attaché à son oreiller. Un médecin légiste a été désigné et une enquête ouverte pour déterminer les causes exactes de sa mort.

La télévision d’Etat congolaise (RTNC), captée dans la soirée du samedi 2 octobre, a annoncé que Armand Tungulu Mudiandambu, l’homme qui a lancé des pierres sur le convoi de Joseph Kabila mercredi 29 septembre, a été trouvé sans vie dans sa cellule au Camp Tshatshi. Selon le diagnostic établi par un « médecin », « Armand » « s’est suicidé dans la nuit de vendredi à samedi » à l’aide du tissu de son oreiller. Les esprits étaient surchauffés samedi à Bruxelles où la tragique nouvelle a été connue dans la soirée. A Bruxelles, des juristes sont occupés à imaginer « la meilleure réponse judiciaire » à donner à ce nouveau crime d’Etat. Les activistes politiques, eux, envisagent des manifestations et sit-in devant l’ambassade de la RD Congo à Bruxelles pour exiger la « démission » de Joseph Kabila.
Un psychopathe au sommet de l’Etat

« Armand Tungulu est mort ! » Ce message envoyé par SMS a été pris dans un premier temps pour un canular. Vers 22 heures, un ami bruxellois a téléphoné à la rédaction de Congoindependant.com : « Je viens de suivre le journal télévisé de la RTNC via l’Internet. La présentation a annoncé le « suicide » de l’homme qui avait lancé des projectiles sur le cortège de Kabila. » C’est la stupeur et la colère dans les milieux congolais de Belgique. Si cette nouvelle était confirmée, on peut sérieusement se poser des questions sur la santé mentale de Joseph Kabila et celle des membres de son entourage.

Les réactions ne se sont pas fait attendre. A l’appel de plusieurs organisations associatives de la diaspora congolaise de Belgique, un sit-in est prévu, dès lundi 4 octobre à partir de 10 heures devant l’ambassade de la RD Congo à Bruxelles. « Nous étudions la possibilité de manifester durant plusieurs jours afin de sensibiliser l’opinion tant nationale qu’internationale sur le fait que le Congo dit démocratique est dirigé par un psychopathe dont la place est dans une annexe psychiatrique d’une prison ». L’homme qui parle est un des organisateurs de la manifestation. Selon lui, l’objectif est d’exiger la « démission » de Joseph Kabila « de gré ou de force ». De leur côté, des juristes congolais étudient les « aspects judiciaires » de cette affaire. Une plainte pourrait être déposée dès ce dimanche. La constitution de partie civile pourrait avoir lieu mardi 5.
Les « petits soldats » du « raïs »

Dès le lendemain de l’ « incident » survenu sur l’avenue du 24 novembre, quelques « petits soldats » du pouvoir kabiliste ont donné de la voix pour exprimer l’indignation d’un pouvoir devenu illégitime. La première salve a été tirée par Jean-Marie Kasamba qui confond le métier de journaliste à celui de propagandiste. « La RDC étant un pays où les exécutions extrajudiciaires sont sévèrement réprimées, déclarait-il, Armand Tungulu se trouve présentement entre les mains des services de sécurité. Il sera transféré devant le parquet dans les tous prochains jours ». Drôle de procédure de la part d’un pays qui se dit un Etat de droit. Affabulateur, Kasamba a prétendu que Tungulu « a été d’abord maîtrisé par la population elle-même ». Alors que des témoins ont assisté au passage à tabac de ce citoyen par des membres de l’escorte de Kabila. Le journal pro-kabiliste « L’Avenir » le « professionnalisme » de la garde présidentielle.

Sous le titre « Un Mwana Congo de Londres échappe à la mort », le journal écrit notamment : « Pour les Kinois, la garde de Joseph Kabila est étonnante. Partout en Afrique, quiconque oserait tel geste serait un homme mort. Le moins que l’on puisse dire sur cet incident (…), c’est que la garde rapprochée de Joseph Kabila est à visage humain. Le fait de n’avoir pas tiré sur cet homme est une preuve que les choses ont changé en RDC. Autrefois, une personne, dans les mêmes circonstances, aurait été purement et simplement abattue sur-le-champ pour avoir attenté à la vie du président de la République. Il y a lieu de féliciter cette garde. (…). » Aimée Kabila, Franck Kangundu dit Ngycke, Mwamba Bapuwa, Pascal Kabungulu, Serge Maheshe, Didace Namujimbo pour ne citer que ces quelques noms des victimes de la folie meurtrière d’un pseudo chef d’Etat qui est en réalité un bandit de grand chemin. Quatre mois après l’assassinat de Floribert Chebeya Bahizire et la « disparition » de Fidèle Bazana, Kabila a frappé à nouveau en donnant la mort à Armand Tungulu qui l’a défié.
Police politique

Au moment où nous couchons ces lignes, l’avocate et militante des droits de l’homme Nicole Bondo Muaka est toujours détenue dans un cachot de la police politique de Kabila, la tristement célèbre « DRGS ». Dans un communiqué daté 1er octobre 2010, l’association de défense des droits de l’Homme « La Voix des Sans Voix pour les Droits de l’Homme » (VSV) s’est dit « vivement préoccupée par l’arrestation arbitraire » et la « détention illégale » de cette juriste. Celle-ci se trouvait sur l’avenue du 24 novembre au moment des faits en compagnie d’une dame répondant au nom de Mado Mangambu. « Nicole » est accusée d’avoir « filmé la scène violente de bastonnade infligée à l’auteur du jet de pierre », note la VSV. « Pour avoir exhibé sa qualité d’avocate et de défenseur des droits humains, les policiers se sont mis en courroux contre l’avocate et sa compagne d’infortune avant de les embarquer brutalement dans leurs jeeps et acheminer au siège de DRGS », ajoute le communiqué. Et de rappeler que « le jeudi 30 septembre 2010, dans la mi-journée, Me André Mwila Kayembe, voulant s’enquérir de la situation de sa collaboratrice en détention au siège de la DRGS, y sera séquestré avant de recouvrer la liberté vers 18h00 ». Il faut craindre que les deux dames aient eu à subir les pires outrages.

Où va la RD Congo ? Les Zaïro-Congolais ont-ils vomi le système du parti unique en 1990 juste pour retomber entre les mains d’un despote non-éclairé bête et méchant ? Jusqu’à quand les Congolais vont-ils regarder sans réagir ? Il y a quatre mois mourrait Floribert Chebeya. L’émotion populaire est vite passée dans ce pays où les dirigeants ne sont pas tenus à l’obligation de rendre compte. Armand Tungulu vient d’être assassiné. L’émotion était vive samedi 2 octobre. Pour combien de temps ? Le moment n’est-il pas venu de dire "Basta !" et de croiser le fer avec tous les "voyous" déguisés en hommes d’Etat ? Jusqu’à quand va-t-on accepter l’inacceptable et tolérer l’intolérable ? Le temps de l’action est arrivé. A défaut, il ne reste plus qu’à poser la question fatidique : A qui le tour ?

(avec Baudouin Amba Wetshi)

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.