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Raymond Queneau, la vie et l’oeuvre
dimanche 14 octobre 2018, par
« Ma mère était mercière et mon père mercier. »
L’art poétique, Raymond Queneau :
Ce soir,
Si j’écrivais un poème
pour la postérité ?
fichtre
la belle idée
je me sens sûr de moi
j’y vas
et à la postérité
j’y dis merde et remerde
et reremerde
drôlement feintée
la postérité
qui attendait son poème
ah mais
L’Instant fatal, 1949 :
Je crains pas ça tellement la mort de mes entrailles
et la mort de mon nez et celle de mes os
Je crains pas tellement moi cette moustiquaille
qu’on baptisa Raymond d’un père dit Queneau
(…)
Je crains pas cette nuit Je crains pas le sommeil
absolu Ça doit être aussi lourd que le plomb
aussi sec que la lave aussi noir que le ciel
aussi sourd qu’un mendiant bêlant au coin d’un pont
Je N’ai Donc Pu Rêver, 1937 :
Je n’ai donc pu rêver que de fausses manœuvres, vaisseau que des hasards menaient de port en port, de havre en havre et de la naissance à la mort, sans connaître le fret
ignorant de leur œuvre.
Marins et passagers et navire qui tangue
et ce je qui débute ont même expression,
une charte-partie ou la démolition,
mais sur ce pont se livrent des combats exsangues.
Voici : le capitaine a regardé les nuages qui démolissaient l’horizon, il descend dans la cale où déjà du naufrage se profile l’inclinaison.
Voici : les rats se sauvent et plus d’un prisonnier trouve sa délivrance. La coquille a viré pour courir d’autres chances, et voici : l’on innove.
Que disent les marins ? ils grimpent aux cordages en sacrant comme des loups, ils ont passé la ligne affublés en sauvages, voulant encor faire les fous.
Voici : ce navire entre dans d’autres eaux,
d’autres mers où les orages
n’ont pas détruit le balisage,
et voici : les marins ont fermé leurs couteaux.
Voici : ce ne sont plus vers de faux rivages
que nous appareillons.
La vie est un songe, dit-on,
mais deux c’est trop pour mon âge.
Tant de sueur humaine, 1947 :
Tant de sueur humaine
tant de sang gâté
tant de mains usées
tant de chaînes
tant de dents brisées
tant de haines
tant d’yeux éberlués
tant de faridondaines
tant de faridondés
tant de turlutaines
tant de curés
tant de guerres et tant de paix
tant de diplomates et tant de capitaines
tant de rois et tant de reines
tant d’à a et tant de valets
tant de pleurs tant de regrets
tant de malheurs et tant de peines
tant de vies à perdre haleine
tant de roues et tant de gibets
tant de supplices délectés
tant de roues tant de gibets
tant de vies à perdre haleine
tant de m alheurs et tant de peines
tant de pleurs tant de regrets
tant d’as et tant de valets
tant de rois et tant de reines
tant de diplomates et tant de capitaines
tant de guerres et tant de paix
tant de curés
tant de turlutaines
tant de faridondés
tant de faridondaines
tant d’yeux élerlués
tant de haines
tant de dents brisées
tant de chaînes
tant de mains usées
tant de 6ang gâté
tant de sueur humaine
Vie et oeuvre de Raymond Queneau
La révolution surréaliste, 1924
La Révolution d’abord et toujours ! 1925
La revolution surréaliste, 1927
La révolution surréaliste, 1928
La révolution surréaliste, 1929
L’Encyclopédie des sciences inexactes, 1930
Le voyage en Grèce, 1931 et années suivantes
Encore sur Les Derniers Jours, 1936
Encore sur Exercice de style, 1947
Le chien à la mandoline, 1948 et années suivantes
Bâtons, chiffres et lettres, 1950
Cent mille milliards de poèmes, 1961