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Les syndicats ne luttent pas pour l’abolition du capitalisme

jeudi 5 janvier 2023, par Robert Paris

Les syndicats ne luttent pas pour l’abolition du capitalisme, c’est-à-dire du salariat

K. Marx :

Le Manifeste communiste

L’existence et la domination de la classe bourgeoise ont pour condition essentielle l’accumulation de la richesse aux mains des particuliers, la formation et l’accroissement du Capital ; la condition d’existence du capital, c’est le salariat. Le salariat repose exclusivement sur la concurrence des ouvriers entre eux. Le progrès de l’ industrie, dont la bourgeoisie est l’agent sans volonté propre et sans résistance, substitue à l’isolement des ouvriers résultant de leur concurrence, leur union révolutionnaire par l’association. Ainsi, le développement de la grande industrie sape, sous les pieds de la bourgeoisie, le terrain même sur lequel elle a établi son système de production et d’appropriation. Avant tout, la bourgeoisie produit ses propres fossoyeurs. Sa chute et la victoire du prolétariat sont également inévitables.

K. Marx :

La lutte entre le Capital et le Travail et ses résultats

« Les syndicats agissent utilement en tant que centres de résistance aux empiétements du capital. Elles manquent en partie leur but dès qu’elles font un emploi peu judicieux de leur puissance. Elles manquent entièrement leur but dès qu’elles se bornent à une guerre d’escarmouches contre les effets du régime existant, au lieu de travailler en même temps à sa transformation et de se servir de leur force organisée comme d’un levier pour l’émancipation définitive de la classe travailleuse, c’est-à-dire pour l’abolition définitive du salariat. »

https://www.marxists.org/francais/marx/works/1865/06/km18650626o.htm

Réclamer une rémunération égale ou même équitable sous le régime du salariat équivaut à réclamer la liberté sous le régime de l’esclavage. Ce que vous considérez comme juste et équitable n’entre donc pas en ligne de compte. La question qui se pose est la suivante : Qu’est-ce qui est nécessaire et inévitable au sein d’un système de production donné ?

https://www.marxists.org/francais/marx/works/1865/06/km18650626h.htm

F. Engels :
Le système du salariat

Les syndicats anglais ont, depuis près de soixante ans, combattu contre cette loi. Avec quel résultat ? Ont-ils réussi à libérer la classe ouvrière de l’esclavage dans lequel le capital — c’est-à-dire le produit de ses propres mains — la tient ? Ont-ils permis à une seule fraction de la classe ouvrière de s’élever au-dessus de la situation d’esclave salarié, de devenir propriétaire de ses propres moyens de production, des matières premières, outils, outillage nécessaires dans leur travail, et ainsi devenir les propriétaires du produit de leur propre travail ? Il est bien connu que non seulement ils n’y ont pas réussi mais qu’ils.n’ont jamais essayé. (…)

La loi du salaire n’est pas renversée par la lutte des syndicats. Au contraire, elle est renforcée par elle. Sans les moyens de résistance qu’offrant les syndicats, le travailleur ne recevrait même pas ce qui lui est dû conformément aux règles du système salarial. C’est seulement par la crainte des syndicats qu’il a devant lui, que le capitaliste peut être amené à accorder à son ouvrier puissamment organisé la totalité de la valeur de sa force de travail. Voulez-vous une preuve ? Regardez les salaires payés aux membres des syndicats et regardez ceux payés aux innombrables petits métiers dans cette mare de misère stagnante qu’est la banlieue Est de Londres.

Ainsi les syndicats n’attaquent pas le système salarial. Or ce n’est pas le haut ou le bas niveau des salaires qui constitue la dégradation économique de la classe ouvrière : cette dégradation réside dans le fait que, au lieu de recevoir pour son travail la totalité du produit de son travail, la classe ouvrière doit se satisfaire avec une portion de son propre produit appelée salaire. Le capitaliste empoche la totalité du produit (payant l’ouvrier sur ce produit) parce qu’il est le propriétaire des instruments de travail. Et, par conséquent, il n’y a pas de rédemption réelle pour la classe ouvrière tant qu’elle ne deviendra pas propriétaire de tous les instruments de travail : terre, matières premières, outillage, etc., et, de ce fait, aussi propriétaire de la totalité du produit de son propre travail.

https://www.marxists.org/francais/engels/works/1881/05/fe_21%20mai%201881.htm

Rosa Luxemburg :

Le travail salarié

https://www.marxists.org/francais/luxembur/intro_ecopo/intro_ecopo_51.htm

Qu’est-ce que le salariat sous le capitalisme ?

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6491

L’esclavage salarié a fait son temps

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6067

Qu’est-ce que l’abolition du travail salarié

https://wikirouge.net/Abolition_du_travail_salari%C3%A9

« Ils (les syndicats) ne doivent pas oublier qu’ils luttent contre les effets et non contre les causes de ces effets, qu’ils ne peuvent que retenir le mouvement descendant, mais non en changer la direction, qu’ils n’appliquent que des palliatifs, mais sans guérir le mal. Ils ne doivent donc pas se laisser absorber exclusivement par les escarmouches inévitables que font naître sans cesse les empiétements ininterrompus du capital ou les variations du marché. (…) Au lieu du mot d’ordre conservateur : « Un salaire équitable pour une journée de travail équitable », ils doivent inscrire sur leur drapeau le mot d’ordre révolutionnaire : « Abolition du salariat »... Les syndicats, utiles comme centres de résistance aux exagérations du capital, sont impuissants dans la mesure où ils se contentent de ne faire qu’une guerre de partisans à l’ordre capitaliste. Sans renoncer à cette action quotidienne ils doivent travailler à la transformation de la société capitaliste, faire de leur force organisée un levier de l’émancipation définitive de la classe ouvrière, c’est-à-dire de l’abolition du salariat... En plus de leurs buts initiaux, ils doivent maintenant apprendre à agir délibérément en tant que centres organisationnels de la classe ouvrière pour réaliser le but plus large de l’émanciper complètement. Ils doivent aider chacun des mouvements sociaux et politiques qui va dans ce sens. Se considérant eux-mêmes comme les champions et les représentants de toute la classe ouvrière, et agissant comme tels, ils ne peuvent échouer à enrôler les hommes qui n’en sont pas membres. Ils doivent s’occuper avec grand soin des intérêts des moins bien payés, comme les travailleurs agricoles, rendus impuissants par des circonstances exceptionnelles. Ils doivent convaincre le monde dans son ensemble que leurs efforts, loin d’être mesquins et égoïstes, visent à émanciper les millions d’opprimés. »

Karl Marx

dans un rapport sur les syndicats pour le Conseil Général de la Première Internationale
« Les syndicalistes, écrivait Engels en 1885 avec un sarcasme cinglant, « sont de nos jours de très bonnes gens avec qui faire affaire, en particulier pour n’importe quel capitaliste sensé, et en général pour toute la classe capitaliste. »

« C’est précisément les syndicats anglais, a écrit Rosa Luxembourg, en tant que représentants classiques de l’étroitesse d’esprit imbue d’elle-même, qui éclaire le fait que le mouvement syndical, en soi et pour soi, est entièrement non-socialiste ; en fait, il peut être dans certaines circonstances un obstacle direct à l’expansion de la conscience socialiste ; exactement comme la conscience socialiste peut être un obstacle à la réalisation de succès purement syndicaux. »
Rosa Luxemburg : « La lutte de la classe ouvrière contre la classe capitaliste est nécessairement une lutte politique. Les intérêts de classe de la bourgeoisie ne peuvent manquer d’engendrer une volonté de réduire les syndicats à une activité mesquine et étroite dans le cadre du système existant. »
Extrait de "Grève de masse, partis et syndicats"

« Il y a un aspect commun dans le développement ou, plus exactement, dans la dégénérescence des organisations syndicales modernes dans le monde entier : c’est leur rapprochement et leur intégration au pouvoir d’Etat. Ce processus est également caractéristique pour les syndicats neutres, sociaux-démocrates, communistes et anarchistes. Ce fait seul indique que la tendance à s’intégrer à l’Etat n’est pas inhérente à telle ou telle doctrine, mais résulte des conditions sociales communes pour tous les syndicats. (...) En réalité, toute la tâche de la bourgeoisie consiste à liquider les syndicats, en tant qu’organes de lutte des classes, et à les remplacer par la bureaucratie syndicale comme organe de direction de l’État bourgeois sur les ouvriers. (...) Tout comme il est impossible de revenir à l’Etat démocratique bourgeois, il est impossible de revenir à la vieille démocratie ouvrière. Le sort de l’un reflète le sort de l’autre. Il est un fait certain que l’indépendance des syndicats, dans un sens de classe, dans leur rapport avec l’Etat bourgeois, ne peut être assurée, dans les conditions actuelles, que par une direction complètement révolutionnaire... »

Léon Trotsky

dans "Les syndicats à l’époque de décadence impérialiste"

« Les syndicats n’ont pas et, vu leurs tâches, leur composition et le caractère de leur recrutement, ne peuvent avoir de programme révolutionnaire achevé... Les syndicats, même les plus puissants, n’embrassent pas plus de 20 à 25 % de la classe ouvrière et, d’ailleurs, ses couches les plus qualifiées et les mieux payées.... En tant qu’organisation des couches supérieures du prolétariat, les syndicats, comme en témoigne toute l’expérience historique, y compris l’expérience toute fraîche des syndicats anarcho-syndicalistes d’Espagne, développent de puissantes tendances à la conciliation avec le régime démocratique bourgeois. Dans les périodes de luttes de classes aiguës, les appareils dirigeants des syndicats s’efforcent de se rendre maîtres du mouvement des masses pour le neutraliser. Cela se produit déjà lors de simples grèves, surtout lors des grèves de masse avec occupation des usines, qui ébranlent les principes de la propriété bourgeoise. En temps de guerre ou de révolution, quand la situation de la bourgeoisie devient particulièrement difficile, les dirigeants syndicaux deviennent ordinairement des ministres bourgeois. »

Léon Trotsky

dans "Le Programme de Transition"

Lire encore :

https://www.persee.fr/doc/autog_0338-7259_1971_num_16_1_1013

http://www.mondialisme.org/spip.php?article489

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