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Des comités de base des travailleurs au Québec
vendredi 2 février 2024, par
Une réunion de grévistes du secteur public québécois appelle à la création de comités de base pour étendre la lutte et s’opposer au sabotage que préparent les syndicats
Êtes-vous un travailleur du secteur public du Québec déterminé à gagner votre lutte pour des augmentations salariales supérieures à l’inflation, pour la fin des charges de travail exténuantes et pour l’augmentation considérable des ressources pour la santé et l’éducation ? Pour vous joindre à la lutte pour bâtir des comités de base et contrer les efforts des bureaucraties syndicales visant à trahir cette lutte, écrivez-nous à cbsectpub@gmail.com.
Plus d’un demi-million de travailleurs du secteur public au Québec sont en grève depuis lundi, après que les infirmières et les aides-soignantes représentées par la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) ont entamé une grève de quatre jours. Elles ont rejoint les 425.000 employés des secteurs de l’éducation, de la santé et d’autres secteurs publics de l’alliance syndicale du Front commun qui sont en grève depuis vendredi, et les 65.000 enseignants de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), qui sont en grève illimitée depuis le 23 novembre.
Alors que la bureaucratie syndicale est déterminée à mettre fin à la grève dès que possible et à accepter un accord de capitulation avec le gouvernement de droite de la Coalition Avenir Québec (CAQ), une réunion de travailleurs du secteur public en grève tenue dimanche a souligné que le sentiment parmi la base est en faveur d’un élargissement de la lutte pour obtenir les revendications des travailleurs.
La réunion avait été convoquée par le groupe Facebook « Travailleurs du secteur public en grève » et le World Socialist Web Site. Des travailleurs en grève des secteurs de l’éducation et de la santé y ont participé et ont mené une discussion animée sur les questions politiques cruciales auxquelles sont confrontés les grévistes. Après une discussion approfondie de plus d’une heure, l’assemblée a voté à une écrasante majorité en faveur de la résolution suivante :
Cette réunion des travailleurs du secteur public du Québec exhorte nos collègues à se joindre à nous pour que nous prenions la direction de la lutte afin d’obtenir des augmentations salariales qui dépassent l’inflation, de mettre fin aux conditions de travail pénibles et de défendre les soins de santé, l’éducation et les autres services publics vitaux.
Si nous ne le faisons pas, les appareils syndicaux pro-capitalistes saboteront notre lutte, que ce soit en négociant des conventions collectives au rabais ou en se soumettant à une loi spéciale de retour au travail.
Le gouvernement de la CAQ a l’appui de l’élite capitaliste du Québec et du Canada pour démanteler les services publics et s’attaquer à nos conditions de travail. Le premier ministre Legault ne reculera devant rien pour imposer son programme anti-travailleur, y compris en criminalisant notre lutte au moyen d’une loi spéciale anti-grève.
Par conséquent, cette réunion décide de fonder dans les prochains jours un Comité de base de coordination des travailleurs du secteur public. Ce comité sera le fer de lance de la lutte pour la création de comités de base dans chaque hôpital, école et autre lieu de travail, politiquement et organisationnellement indépendants des bureaucrates syndicaux corporatistes. Ces comités seront les instruments qui nous permettront de 1) rallier l’opposition à la tentative des syndicats de mettre fin à notre lutte et d’imposer des conventions collectives remplies de reculs ; 2) organiser une grève générale unifiée dans le secteur public en faisant fi de ce que nous dictent les dirigeants syndicaux ; 3) rallier l’appui au Québec et dans tout le Canada en faisant de notre grève le fer de lance d’une contre-offensive de la classe ouvrière pour défendre les droits des travailleurs et les services publics et s’opposer aux lois anti-grèves et au détournement massif des ressources sociales pour la guerre ; et 4) se préparer à défier toute loi anti-grève.
Le rapport principal de la réunion a été présenté par Laurent Lafrance, un éducateur spécialisé en grève et correspondant régulier du WSWS. Lafrance a souligné dans son rapport que les travailleurs du secteur public sont confrontés à une lutte politique contre le gouvernement de la CAQ, qui met en œuvre le programme de guerre de classe de l’ensemble de l’élite dirigeante canadienne en imposant l’austérité et la privatisation. Il a également replacé la grève du secteur public québécois dans son contexte international, notant la résurgence des luttes de la classe ouvrière dans le monde entier. Enfin, il a souligné que la grève est à la croisée des chemins, son succès dépendant de l’initiative de la base pour retirer la lutte des mains des bureaucraties syndicales privilégiées et pro-capitalistes, qui souhaitent préserver leurs liens corporatistes étroits avec le gouvernement de la CAQ, les grandes entreprises et l’État en imposant une capitulation aux travailleurs.
Soulignant la raison pour laquelle les travailleurs doivent créer des comités de base politiquement et organisationnellement indépendants des syndicats, une enseignante a développé, au cours de la discussion qui a suivi, le caractère antidémocratique des appareils syndicaux. « Je suis depuis plusieurs années déléguée syndicale à mon école », a-t-elle déclaré. « Plus je suis active dans le syndicat, plus je me rends compte que tout est décidé d’avance. »
« Les membres créent le syndicat. Ce sont les membres qui devraient avoir la parole. »
« Je fais partie de ceux qui ont voté pour la GGI [grève générale illimitée]... C’est en s’unissant, là, maintenant, que l’on va pouvoir changer quelque chose. Il ne faut pas attendre. »
Un avocat du gouvernement, François, a fait remarquer le rôle des bureaucraties syndicales dans la démobilisation des grévistes et leur isolement de leurs collègues à travers le Canada et à l’étranger. Se souvenant d’une discussion avec des représentants syndicaux sur son lieu de travail, il a expliqué : « Je leur ai dit que la grève, qui à ce moment-là n’était pas encore déclenchée, allait avoir un appui massif dans la population parce qu’elle voit bien que les services publics sont dans un état de délabrement avancé et que la grève des travailleurs est non seulement une question salariale, mais une question de défense des services publics, d’accessibilité à un enseignement de qualité, des soins de qualité, etc. »
« Il a répondu : “Non, Legault a un très haut taux de satisfaction dans la population et la population en ce moment est vraiment contre nous.” »
François a déclaré qu’il avait répondu en disant : « On devrait chercher à unir les travailleurs du secteur public avec les autres travailleurs, parce qu’il y avait un mouvement de grève à l’échelle internationale, puis je lui ai mentionné le conflit dans le secteur automobile aux États-Unis qu’il y avait à ce moment-là, et sa réponse a été : “Eux autres ils ont voté pour Trump, oublie ça.” Comme Laurent l’a dit au début, la bureaucratie syndicale ne représente en aucun cas les travailleurs. Ce sont des organisations qui dépendent entièrement du cadre légal de l’État capitaliste et qui tirent leurs privilèges du statu quo et de leur collaboration avec le gouvernement. »
« Quand je parle aux gens sur les lignes de piquetage, la plupart me disent “on a voté pour une grève générale illimitée, ça devrait être tout de suite une grève générale illimitée”. Beaucoup de travailleurs à qui je parle disent que les comités de base seraient une bonne idée, ce serait une façon de reprendre en main cette lutte qui est menée par les travailleurs […] Il y a une énorme détermination parmi les travailleurs pour mener cette lutte-là. »
« Les comités vont créer un espace démocratique, vont permettre une discussion sur l’état des choses et d’élargir le débat, non seulement sur la négociation des conventions collectives, mais aussi sur toutes les leçons du passé. »
François a également abordé les questions des bas salaires et de l’augmentation du coût de la vie. « Je connais des gens au bureau qui ont deux emplois, qui ont de la difficulté à arriver », a-t-il déclaré. « Le niveau de vie est déjà sérieusement attaqué en raison des coupures précédentes, mais aussi avec l’inflation. »
Une technologiste de laboratoire médical a souscrit à la description des bureaucraties syndicales comme étant hostiles aux intérêts des travailleurs. « On n’a pas beaucoup d’espoir avec le syndicat [APTS] », a-t-elle déclaré. « Quand on parle de cotisations, on surnomme ça le budget nourriture, parce que leur seule action c’est de faire parfois des journées d’information où ils nous donnent des boîtes-repas. »
« Ce qui m’inquiète beaucoup, c’est qu’il va y avoir une loi spéciale et l’APTS, son premier réflexe va être de plier. Si on na va pas jusqu’au bout, le gouvernement va savoir qu’il peut faire absolument tout ce qu’il veut. »
Elle a ensuite expliqué comment la privatisation dans le secteur des soins de santé compromet les services publics. « Ce qui est en jeu, c’est même plus que les salaires et les conditions de travail, parce qu’en laboratoire on voit beaucoup la privatisation », a-t-elle déclaré. « La traçabilité des échantillons : il ne faut pas qu’ils se perdent quand ils sont transférés d’un endroit à un autre. Maintenant ça appartient à la plateforme Atek. Le stockage des procédures dans le système informatique n’appartient plus à l’hôpital, ça appartient à Omni-Assistant, qui est aussi privé. »
« Ils ont fermé la microbiologie dans notre hôpital, tout est envoyé à l’hôpital Sacré-Coeur. Ça veut dire un contrat de 4000$ par mois pour faire 6 envois par jour. La compagnie qui fait ces livraisons, Globex, n’existait pas avant ce contrat-là. Ça a été créé de toutes pièces juste pour avoir le contrat exclusif avec le gouvernement. Leurs chauffeurs ont de très mauvaises conditions de travail, ils sont mal payés, ils n’ont pas de journées de maladie. Ils sont considérés comme travailleurs autonomes, donc ils n’ont aucune protection. »
« Ce que l’on voit, c’est que le système est mis en pièces pour insérer des intervenants privés à toutes les étapes. Beaucoup de ressources sont drainées vers des partenaires, des petits amis du gouvernement. »
Une autre enseignante a ajouté : « Pour donner les services qu’on mérite, ça prend de meilleures conditions. On n’est pas des esclaves. On est à boutte. »
« Dans les médias, on revient toujours sur les salaires, et oui, on veut aussi que notre salaire augmente, mais c’est beaucoup plus que ça la lutte qu’on mène. »
« Je suis déléguée syndicale qui commence cette année. Je suis allée à une consultation où plusieurs membres s’opposaient à un calendrier scolaire pour l’année prochaine, mais [les dirigeants syndicaux :] “À majorité, c’est ce que nous avons décidé.” Ce n’était pas une consultation. On nous mettait devant le fait accompli [...] Je suis déléguée syndicale, je voulais faire ça pour aider mon école, mais ce n’est que frustration. »
« Ça prend un mouvement massif, il faut que la population soit avec nous. Pas seulement le Front commun. »
Écrivez-nous à cbsectpub@gmail.com pour aider à la création de comités de base et empêcher que les bureaucraties syndicales trahissent la lutte.
Québec : une réunion du Comité de base de coordination des travailleurs du secteur public condamne les contrats à rabais des syndicats
Pour participer au Comité de base de coordination des travailleurs du secteur public du Québec, vous pouvez envoyer un courriel à cbsectpub@gmail.com, ou cliquer sur le bouton « Nous contacter » à la fin de cet article :
https://www.wsws.org/fr/articles/2024/01/10/gvsw-j10.html
Le Comité de base de coordination des travailleurs du secteur public du Québec a tenu sa plus récente réunion le dimanche 7 janvier afin d’élaborer une stratégie pour faire échec aux tentatives des syndicats de court-circuiter la lutte militante que mènent depuis des mois 600.000 travailleurs de l’éducation, de la santé et d’autres services sociaux contre le gouvernement de droite de la CAQ (Coalition Avenir Québec).
Des dizaines de travailleurs du secteur public ont participé à l’événement en ligne, qui a élaboré la nécessité d’une contre-offensive ouvrière contre l’austérité et la guerre et la création de comités de base dans chaque lieu de travail pour l’organiser et la diriger.
Les participants ont adopté à forte majorité une résolution qui dénonce les efforts du Front commun intersyndical et de la FAE (Fédération autonome de l’enseignement) pour saboter leur lutte en mettant fin à la grève et en faisant passer à toute vapeur des contrats remplis de concessions.
Voici le texte complet de cette résolution :
Cette réunion du Comité de base de coordination des travailleurs du secteur public condamne les ententes à rabais signées dans le dos des travailleurs entre les syndicats du secteur public et le gouvernement Legault.
Si les chefs syndicaux ont laissé filtrer peu de détails, c’est que ces ententes représentent une trahison des principales demandes des travailleurs concernant les salaires et les conditions de travail.
Elles sont le résultat de la politique syndicale consistant à diviser et à démobiliser les membres de la base afin d’imposer les attaques exigées par le gouvernement et la grande entreprise.
Les chiffres qui ont fuité sur les hausses salariales par exemple (17,4% sur cinq ans) indiquent un net recul par rapport à la propre demande initiale des syndicats (21% sur trois ans), elle-même déjà insuffisante.
Cette réunion exige la divulgation immédiate et complète des ententes pour donner aux membres de la base assez de temps pour analyser, échanger et questionner.
Et surtout, cette réunion s’engage à tout faire pour mobiliser l’appui populaire massif dont jouissent les travailleurs du secteur public, en passant par-dessus la tête des syndicats qui sont en connivence avec le gouvernement.
La menace d’une loi spéciale souligne la nécessité de mener notre lutte sur une base radicalement différente en tant que lutte politique des travailleurs.
Il faut l’élargir et l’étendre au reste de la classe ouvrière – pas juste dans la province, mais dans tout le Canada – afin d’en faire un défi explicite au programme d’austérité et de guerre de la classe dirigeante.
Pour ce faire, il faut intensifier le travail de ce comité de coordination afin de construire un réseau de comités de base, indépendants des appareils syndicaux. Sa tâche sera de préparer une contre-offensive ouvrière pour la défense des conditions de travail et des services publics de tous.
La réunion a débuté par une présentation de Laurent Lafrance, technicien en éducation spécialisée avec plus de 12 ans d’expérience, et auteur de nombreux articles sur le World Socialist Web Site concernant les luttes des travailleurs de l’éducation et du secteur public en général.
Dans cette vidéo, le président du comité de rédaction international du WSWS, David North, explique le contexte de la création du WSWS, examine son bilan et son importance contemporaine et lance un appel à tous les lecteurs pour qu’ils fassent des dons au WSWS et élargissent son lectorat.
Dans ses remarques, Laurent a appelé les participants à rejeter les ententes à rabais signées par les bureaucraties syndicales. Sachant que les travailleurs étaient prêts à poursuivre la lutte jusqu’à ce que leurs revendications soient satisfaites, les syndicats du Front commun ont annoncé leur intention de faire traîner le processus de vote pendant plus d’un mois, tout en gardant secrets les principaux détails des conventions collectives de cinq ans proposées – tout cela, dans le but de démobiliser la base et de manipuler le processus de ratification.
Laurent a souligné que les travailleurs sont confrontés à une lutte politique contre le programme d’austérité et de guerre poursuivi par le gouvernement caquiste du Premier ministre François Legault au nom de la classe dirigeante canadienne.
L’étroite collaboration des syndicats avec le gouvernement, a-t-il poursuivi, va de pair avec leur intégration, depuis des décennies, à l’État et à la grande entreprise en tant que « partenaires » du gouvernement et des chefs d’entreprise. Pour s’y opposer, les travailleurs doivent prendre les choses en main en rejetant le corporatisme et le nationalisme québécois promus par les syndicats, et en se tournant plutôt vers la mobilisation de la classe ouvrière au Québec et à travers le Canada dans une contre-offensive sur les lieux de travail et au niveau politique.
La présentation a été suivie de questions et de contributions parmi les dizaines de travailleurs du secteur public présents.
Samuel, qui travaille, ainsi que sa femme, dans le secteur de la santé depuis plus de 15 ans, a dit : « Ces négociations-là se font à chaque quatre ans, un an en retard en plus. On voit vraiment que le gouvernement rit de nous autres à chaque quatre ans ».
Mathieu, un autre travailleur de la santé, a dit : « Les dirigeants syndicaux nous disent chaque fois qu’on va se reprendre la prochaine fois ». Il a parlé des concessions, y compris des réductions de salaires réels imposées par les syndicats aux travailleurs lors des négociations précédentes. Il a ajouté que les travailleurs devraient garder ça en tête lorsque les chefs syndicaux cherchent à faire miroiter des « gains historiques ».
Sterling, un travailleur de l’éducation de l’Ontario qui a participé à la grève de 55.000 membres du personnel de soutien scolaire en novembre 2022, a envoyé un message de solidarité à la réunion. « Les travailleurs québécois doivent tirer les leçons des luttes menées par d’autres travailleurs au Canada et à l’étranger », a-t-il écrit.
Cela comprend la grève des travailleurs de l’éducation de l’Ontario de novembre 2022 contre le gouvernement ultra-droitier de Doug Ford. Ford a tenté de bafouer les droits démocratiques des travailleurs en utilisant la clause « dérogatoire » de la constitution pour interdire notre grève de manière préventive et imposer un contrat pro-gouvernemental. Les travailleurs ont courageusement résisté à cet assaut en débrayant au mépris de l’interdiction de grève de Ford. Mais nous avons finalement été trahis par les bureaucrates de la Fédération du travail de l’Ontario et du Syndicat canadien de la fonction publique. Ils ont mis fin à un mouvement grandissant de grève générale à l’échelle de la province et nous ont ordonné de retourner au travail sans qu’aucune de nos revendications ne soit satisfaite, puis ils nous ont imposé un contrat truffé de concessions.
Sterling a conclu son message en soulignant que l’expérience de l’Ontario mettait en évidence la nécessité de créer des comités de base pour permettre aux travailleurs de remporter la victoire.
Frédéric, un étudiant de l’Université de Montréal, et Richard Dufour, un reporter du WSWS, ont aussi contribué à la discussion.
Frédéric a fait le lien entre la réponse « désastreuse » de l’élite dirigeante à la pandémie de COVID-19 et la lutte des travailleurs du secteur public. La politique d’infection et de mort en masse de l’élite dirigeante a eu un impact dévastateur « autant sur nos infrastructures que sur la qualité des services publics et sur les travailleurs de première ligne », a-t-il expliqué.
Richard a souligné la nécessité pour les travailleurs d’adopter une perspective internationale dans un contexte où les travailleurs du monde entier sont engagés dans d’importantes luttes de classe sur des questions similaires à celles auxquelles sont confrontés les travailleurs du Québec.
Il a souligné que la question d’unir les travailleurs du Québec à leurs frères et sœurs de classe d’Amérique du Nord et d’outremer était « une tâche historique qui est posée par toute la situation objective, pas juste ici au Québec et au Canada, mais sur une échelle internationale ». Cette situation est caractérisée d’une part par une éruption de la barbarie, exprimée dans le génocide israélien soutenu par l’impérialisme contre les Palestiniens, et d’autre part par une poussée mondiale de la lutte des classes qui doit prendre un caractère anticapitaliste et socialiste.
La réunion s’est terminée par un appel à toutes les personnes présentes à s’impliquer dans le travail du Comité de coordination en distribuant la résolution, en constituant des comités de base sur leurs lieux de travail et en adhérant au Comité. Pour le faire, il suffit d’envoyer un courriel à cbsectpub@gmail.com ou de cliquer sur le bouton « Nous contacter » à la fin de cet article :
https://www.wsws.org/fr/articles/2024/01/10/gvsw-j10.html
Réunion publique du Comité de base de coordination des travailleurs du secteur public
Ce dimanche 7 janvier, à 13h, le Comité de base de coordination des travailleurs du secteur public et le World Socialist Web Site organisent une réunion en-ligne pour construire un mouvement d’opposition aux ententes de concessions conclues entre les syndicats du secteur public et le gouvernement ultra-droitier de François Legault.
Pour s’inscrire, cliquer sur ce lien : https://attendee.gotowebinar.com/register/4936814242113261407.
Il ne fait aucun doute que les ententes sont remplies de reculs. Tout au long du conflit, les bureaucrates syndicaux bien rémunérés ont maintenu les travailleurs divisés, négociant à huis clos avec les représentants du gouvernement. Malgré le fait que des ententes sectorielles ont été signées avant Noël, suivies d’un accord global le 28 décembre, les travailleurs n’auront pas accès à leur contenu avant les assemblées générales prévues à la fin janvier !
Ce n’est pas une simple aberration, mais une politique délibérée des chefs syndicaux, qui veulent coincer les travailleurs et forcer un vote rapide en laissant le moins de temps possible aux membres de la base pour analyser, échanger et questionner.
C’est l’aboutissement d’une politique de trahison poursuivie depuis le début. Les dirigeants du Front commun ont repoussé le déclenchement d’une grève générale illimitée (GGI), en violation des mandats de grève à 95% en faveur de celle-ci. Les enseignants membres de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), isolés à la fois par le Front commun et par la perspective sectorielle de leur propre direction syndicale, se sont retrouvés seuls en GGI pendant des semaines, sans fonds de grève.
Dans cette vidéo, le président du comité de rédaction international du WSWS, David North, explique le contexte de la création du WSWS, examine son bilan et son importance contemporaine et lance un appel à tous les lecteurs pour qu’ils fassent des dons au WSWS et élargissent son lectorat.
Tout ce temps, les syndicats ont refusé de mobiliser l’appui populaire massif dont jouissent les travailleurs, par peur que la lutte du secteur public ne s’étende au reste de la classe ouvrière et ne se transforme en un défi explicite au programme d’austérité et de guerre de la classe dirigeante québécoise et canadienne.
C’est pour la même raison que les syndicats dans le reste du Canada, malgré leur affiliation directe aux syndicats québécois, ont refusé de mobiliser leurs membres en soutien aux employés de l’État.
Il n’y a plus une seconde à perdre. Si les travailleurs du secteur public ne prennent pas le contrôle de la lutte des mains des bureaucrates syndicaux pro-capitalistes, elle sera torpillée.
Les travailleurs doivent comprendre que leur combat n’est pas un simple conflit de travail autour du renouvellement des conventions collectives au Québec, mais une lutte politique contre tout un système socio-économique en profonde crise.
La classe capitaliste dirigeante veut profiter de la signature des ententes pour intensifier l’assaut contre la classe ouvrière et privatiser encore plus le réseau public au bénéfice des riches et des grandes entreprises, qui se feront offrir de généreuses baisses d’impôts. C’est ce qu’a signalé le gouvernement Legault en adoptant le projet de loi 15, une vaste restructuration du réseau de la santé orchestrée par des « top gun » du milieu des affaires dans le but de privatiser les soins et d’attaquer les droits des travailleurs.
La lutte du secteur public est loin d’être terminée, mais elle est en danger. Il est urgent de mobiliser la forte opposition qui existe parmi les travailleurs à la conduite des syndicats, qui gardent les ententes secrètes. La question n’est pas de faire pression sur les appareils syndicaux corporatistes, mais de bâtir de nouveaux organes de lutte par et pour les travailleurs : des comités de base indépendants dans tous les lieux de travail. C’est à travers ces comités que toute la force sociale de la classe ouvrière pourra être mobilisée pour défendre tous les emplois et tous les services publics.
En relançant un mouvement de grève générale pour s’opposer aux attaques de Legault et sa CAQ, les employés de l’État devront se tourner vers leurs alliés naturels : les travailleurs de tous les secteurs, public comme privé, partout au Québec, au Canada et internationalement. Dans tous les pays, la classe ouvrière subit les mêmes attaques réactionnaires sur son niveau de vie pendant que les grandes entreprises amassent des fortunes records à ses dépens.
Soyons clairs, le premier ministre Legault répondra à une telle grève par la violence étatique et les lois spéciales, comme l’ont fait à maintes reprises les gouvernements péquistes et libéraux avant lui. C’est justement en mobilisant la puissance de la classe ouvrière que les employés de l’État pourront faire du mouvement de grève le fer-de-lance d’une contre-offensive politique aux inégalités sociales, aux lois anti-démocratiques et à la guerre, dans la perspective d’une restructuration de la société sur la base des besoins humains et non des profits privés d’une minorité.
Les travailleurs en accord avec cette analyse sont encouragés à participer à notre réunion en-ligne ce dimanche 7 janvier à 13h. Invitez vos collègues et amis qui disent : Non aux ententes de trahison !
Cliquer sur ce lien pour s’inscrire : https://attendee.gotowebinar.com/register/4936814242113261407
https://www.wsws.org/fr/articles/2024/01/06/ykkl-j06.html
Travailleurs du secteur public du Québec : Établissez des comités de base pour mobiliser le pouvoir de la classe ouvrière contre Legault et contrer le sabotage que commettent les syndicats !
*Pour une grève totale et unifiée de tous les travailleurs du secteur public, quelle que soit leur affiliation syndicale !
*Faisons de notre grève le fer de lance d’une contre-offensive de la classe ouvrière au Québec et dans tout le Canada contre les baisses de salaires et pour la défense des services publics !
*Défendons les droits des travailleurs ! Une grève générale politique doit être la réponse à une loi spéciale de retour au travail !
Nous, enseignants, aides-enseignants, travailleurs de la santé et autres travailleurs des secteurs public et parapublic de la province, nous sommes réunis pour former le Comité de base de coordination des travailleurs du secteur public du Québec. Ce comité vise à arracher la direction de notre lutte des mains des appareils syndicaux corporatistes et à le placer là où il doit être. C’est-à-dire entre les mains des travailleurs des écoles, des hôpitaux, des CLSC, des cégeps, des bureaux de Services Québec et des ministères provinciaux.
Si on les laisse faire, les bureaucrates syndicaux concluront des accords de capitulation avec le gouvernement de droite de la Coalition Avenir Québec (CAQ) ou se soumettront à une loi anti-grève autoritaire. C’est ce qu’ils font depuis des décennies, y compris lors des dernières négociations contractuelles en 2015-16 et 2020-21.
La plus grande crainte des bureaucrates syndicaux est qu’une grève unifiée des travailleurs du secteur public déclenche une éruption de l’opposition de la classe ouvrière à l’austérité et à l’inégalité sociale qui menacerait la compétitivité mondiale et la position géopolitique du capital québécois et canadien.
Nous exhortons les travailleurs de tous les hôpitaux, écoles et autres lieux de travail à former des comités de base, réunissant tous les travailleurs indépendamment de leur profession et de la juridiction syndicale, afin de lutter pour une grève unifiée et totale des 620.000 travailleurs du secteur public du Québec et pour la mobilisation de l’ensemble de la classe ouvrière en soutien à notre lutte pour défendre les services publics.
Nous pouvons l’emporter parce que nous bénéficions d’un immense soutien populaire. Même les médias de droite ont dû admettre à contrecœur que les travailleurs savent que notre lutte pour de meilleurs salaires et conditions de travail est cruciale pour la défense des services publics, qui ont été ravagés par des décennies d’austérité et par la réponse désastreuse de la classe dirigeante à la pandémie de COVID-19, fondée sur le principe des « profits avant la vie ».
En outre, notre lutte s’inscrit dans le cadre d’une montée en puissance de la classe ouvrière au Canada, en Amérique du Nord et dans le monde entier contre les baisses de salaire et l’austérité. Cela inclut les récentes grèves des travailleurs de soutien à l’éducation de l’Ontario et des dockers de Colombie-Britannique, des travailleurs de l’automobile aux États-Unis et des travailleurs britanniques des postes, de la santé et des chemins de fer, ainsi que le mouvement de masse contre les coupes dans les retraites du président français Macron.
La tâche centrale de notre Comité de coordination et du réseau des comités de la base que nous visons à inspirer et à construire est la lutte pour mobiliser les travailleurs au Québec, à travers le Canada et à l’échelle internationale en appui à notre lutte. Nous pouvons et devons en faire le catalyseur du développement d’une contre-offensive de la classe ouvrière contre les réductions des dépenses publiques, la privatisation, l’érosion du niveau de vie et des droits des travailleurs, et les lois anti-grève.
Les syndicats conspirent avec le gouvernement Legault pour saboter notre lutte
Depuis le début de notre lutte, les syndicats traînent les pieds pour appeler à la grève, nous divisent et ne font rien pour nous préparer à défier en masse une loi anti-grève.
Sous la pression des enseignants de la base, la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) est seule à avoir déclenché la grève illimitée. Mais elle ne conteste pas plus que les autres syndicats le cadre fiscal réactionnaire du gouvernement, car cela nécessiterait une lutte pour mobiliser le plein pouvoir de la classe ouvrière. Plutôt, comme la FIQ qui plaide que les infirmières sont « un cas spécial », les bureaucrates de la FAE poursuivent une stratégie lamentable de division qui isole les membres qu’ils prétendent représenter d’une lutte plus large, espérant obtenir quelques miettes de plus de Legault.
Bien que notre lutte bénéficie d’un soutien populaire massif, les syndicats n’ont rien fait et ne feront rien pour la mobiliser. Ils ont refusé, par exemple, de lier notre lutte à la lutte contre le projet de loi 15, le plan du gouvernement visant à réduire les dépenses de santé et à accélérer la privatisation.
Les syndicats n’appellent pas non plus les travailleurs du reste du Canada à nous soutenir, bien qu’ils soient confrontés aux mêmes pressions de l’État et des grandes entreprises visant à utiliser l’inflation pour réduire les salaires réels des travailleurs et démanteler et privatiser les services publics. Pour leur part, le Congrès du travail du Canada et les syndicats du Canada anglais, y compris ceux qui ont des effectifs de masse au Québec comme le SCFP, les Métallos et Unifor, ont renforcé ces efforts pour isoler notre lutte, en restant presque complètement silencieux à son sujet.
Les travailleurs doivent être sur leurs gardes. Les dirigeants syndicaux ont l’intention de profiter de la fin, le 14 décembre, de la grève de sept jours du Front commun, de l’approche des fêtes et des difficultés financières croissantes des travailleurs (en particulier ceux d’entre nous qui n’ont pas d’indemnité de grève) pour tenter de faire adopter des accords de capitulation dans les jours à venir. Ils ont déjà fait d’importantes concessions au gouvernement. Les syndicats du Front commun ont notamment annoncé publiquement qu’ils avaient réduit leur revendication salariale de 21 % d’augmentation pour un contrat de trois ans à seulement 25 % d’augmentation salariale répartis sur cinq ans.
Notre réponse doit être la lutte pour agrandir la grève. Pour ce faire, il faut non seulement lancer les appels les plus larges au soutien des travailleurs du Québec, du Canada et d’ailleurs. Nous devons mener notre lutte comme une lutte politique de la classe ouvrière.
Le gouvernement de droite et de chauvinisme québécois de la CAQ, fidèle serviteur des banques et des grandes entreprises, mène la charge contre les services publics et les travailleurs qui les fournissent. Mais il le fait avec le soutien total de toute l’élite dirigeante canadienne, dirigée par le gouvernement fédéral de Trudeau et soutenue par les gouvernements provinciaux de toutes tendances politiques d’un océan à l’autre. Les libéraux de Trudeau ont déclaré une période d’austérité « post-pandémique » dans laquelle la discipline fiscale pour les dépenses sociales est appliquée pour payer les augmentations massives des dépenses militaires pour faire la guerre à l’étranger et les cadeaux du gouvernement aux super-riches. Lorsque le premier ministre du Québec, François Legault, demande plus de « flexibilité » aux travailleurs du secteur public, déjà surchargés et sous-payés, il ne fait qu’exprimer pour le Québec ce que le premier ministre Trudeau, la ministre des Finances Chrystia Freeland ainsi que les banques et les sociétés pour qui ils parlent exigent pour l’ensemble du Canada.
Ce pour quoi se bat le Comité de base de coordination des travailleurs du secteur public du Québec
La vague de grèves du secteur public du mois dernier, malgré les efforts des bureaucrates pour nous diviser et limiter notre action, a démontré le pouvoir social de la classe ouvrière et a encouragé le soutien de larges couches de la population.
Objectivement, ce mouvement représente un défi non seulement pour Legault, mais pour l’ensemble du programme de guerre de classe de l’élite dirigeante et sa volonté systématique de transférer la richesse sociale du bas vers le haut. Nous devons maintenant faire de ce défi implicite une stratégie consciente, en faisant de notre lutte le fer de lance d’une contre-offensive industrielle et politique de la classe ouvrière contre l’austérité et la guerre.
Ce n’est qu’en créant des comités de base, entièrement indépendants des appareils syndicaux corporatistes, qu’une grève générale illimitée à l’échelle du secteur public de la province pourra être, et sera, réalisée, unissant tous les travailleurs, quelle que soit leur affiliation syndicale.
Le déclenchement d’une grève générale illimitée signifiera un affrontement politique direct avec le gouvernement Legault. Il réagira sans aucun doute, comme ses prédécesseurs péquistes et libéraux l’ont fait à maintes reprises dans le passé, en criminalisant notre grève. Il faut donc dès maintenant se préparer à défier une loi de retour au travail. Cela ne peut se faire que par la mobilisation active du large soutien dont nous jouissons dans la population, y compris en luttant pour établir des comités de grève de solidarité de la base et du personnel dans tout le secteur privé afin que la pleine puissance de la classe ouvrière puisse être mise à contribution dans la lutte.
Il est également impératif que nous sortions du carcan provincial et nationaliste québécois qui nous est imposé par les appareils syndicaux. Nous devons solliciter et obtenir le soutien des travailleurs des secteurs public et privé de tout le Canada, qui sont confrontés à des attaques similaires de la part des gouvernements à tous les niveaux et des employeurs avides de profits.
Le mouvement de masse des travailleurs que nous nous efforçons de construire en créant des comités de base sur chaque lieu de travail devrait lutter pour les revendications suivantes :
Une augmentation immédiate de 20 % des salaires pour tous les travailleurs du secteur public afin de compenser des décennies de réductions des salaires réels et de reculs !
Une clause d’inflation pour garantir que nos salaires suivent l’inflation pour chaque année de notre nouvelle convention collective !
L’arrêt de toute privatisation des services publics et l’annulation de tous les programmes de privatisation existants ! L’embauche de dizaines de milliers de nouveaux travailleurs pour garantir des services publics de qualité pour tous !
La fin des heures supplémentaires forcées et des horaires de travail « flexibles » qui font peser sur le dos des travailleurs surmenés le poids de décennies de réductions budgétaires !
La classe dirigeante et ses défenseurs diront qu’il n’y a « pas d’argent » pour répondre à ces demandes. Nous répondons que le problème n’est pas le manque d’argent, mais la façon dont les richesses de la société sont réparties.
Le Comité de base de coordination des travailleurs du secteur public du Québec est affilié à l’Alliance ouvrière internationale des comités de base (IAW-RFC). L’IAW-RFC est fondée sur la reconnaissance du fait que les syndicats nationaux pro-capitalistes ont abandonné la classe ouvrière et que les travailleurs ont besoin de nouvelles organisations de lutte de classe, dirigées et contrôlées démocratiquement par la base.
Nous appelons tous nos frères et sœurs de classe à se joindre à nous dans cette lutte. Contactez le Comité de base de coordination des travailleurs du secteur public du Québec à cbsectpub@gmail.com pour discuter de la façon de faire avancer notre lutte par la construction de comités de base, la mobilisation du pouvoir industriel et politique de la classe ouvrière, et l’établissement des liens de lutte avec tous les travailleurs en faisant fi de ce que tentent de nous dicter les bureaucrates syndicaux.