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Le Capital est attaché au Travail mais pas l’inverse

mardi 12 décembre 2023, par Karob, Robert Paris

Le système capitaliste a absolument besoin des prolétaires mais les travailleurs peuvent parfaitement se passer de ce système d’exploitation complètement dépassé et au bout du rouleau…

...même si certains commentateurs bourgeois, peu malins ou trop malins, font comme si le profit du grand capital n’était pas intégralement issu de la plus-value extraite du travail humain (quitte à effectuer ensuite des répartitions aux fractions du capital non investies dans des secteurs de production de richesses). Comme l’a démontré de manière admirable et définitive Karl Marx (la plupart des capitalistes le reconnaissent eux-mêmes et admettent que « Le Capital » reste l’ouvrage le plus juste sur leur système économique et social), l’exploitation du prolétariat est LA source de l’augmentation du capital et cela reste complètement vrai, y compris aujourd’hui quand le grand capital reçoit gratuitement des aides massives des Etats et des banques centrales, une vérité incontournable qui est justement celle qui pose le plus problème au fonctionnement de l’économie. En effet, les aides massives des institutions financières mondiales ne peuvent nullement être un fonctionnement du capitalisme car elles distribuent des sommes qui ne proviennent pas de richesses produites.

Si le fonctionnement du capitalisme est désormais périmé, c’est justement parce qu’il ne peut plus réinvestir suffisamment dans la production, le niveau atteint par la masse des capitaux étant de loin supérieur

Et ce ne sont pas seulement les capitalistes, leurs gouvernants et leurs commentateurs apointés qui se jouent de prétendre que le grand capital pourrait soi-disant se passer du prolétariat, que ce soit par des profits financiers, des spéculations diverses, en diminuant la main d’œuvre par la technologie, en utilisant les robots et les ordinateurs, etc… Bien des syndicalistes passent une grande partie de leur temps à faire croire que les salariés ne peuvent absolument pas se passer de « leur » entreprise, de « leur » patron, de « leur » économie nationale capitaliste et du système mondial d’exploitation. On est loin du syndicalisme lutte de classes des débuts qui n’envisageait la lutte ouvrière que comme une étape vers le socialisme ! Jusqu’à mai 68 et la lutte des Lip dans les années 1970, il arrivait que des syndicalistes se posent en défenseurs du socialisme. Maintenant que le capitalisme donne lui-même de signaux de sa mort, ce n’est paradocalement plus le cas. Les syndicats et partis de gauche, de gauche de la gauche et d’extrême gauche ont complètement cessé de militer pour le socialisme. Il n’y a plus aujourd’hui de grand syndicat ou parti politique qui agisse dans le sens de faire de chaque lutte un pas vers la mainmise des travailleurs sur l’entreprise et sur toute la société, par la prise du pouvoir des travailleurs et le renversement du pouvoir capitaliste. Même la gauche de la gauche ou l’extrême gauche au sein des syndicats a complètement oublié la tâche des militants ouvriers d’être aussi des militants socialistes et de préparer les prolétaires à leur tâche d’avenir : donner une issue socialiste à la crise historique et finale du capitalisme. Même une organisation comme Lutte ouvrière qui parle souvent du renversement du système a totalement cessé de faire de chaque lutte le début de la formation d’organes indépendants de la classe ouvrière du type conseils, comités, soviets, assemblées décisionnelles interprofessionnelles, etc., qui se dotent de plus en plus de pouvoir de décision et de moyens d’information et d’action… Toutes ces organisations « de gauche » sont trop liées aux appareils syndicaux et à l’aritocratie ouvrière pour défendre le véritable programme social et politique du prolétariat : celui qui mène à sa prise intégrale du pouvoir économique et politique.

Pourtant, quand une crise est systémique (c’est-à-dire que le système est tellement au bord du gouffre que chaque faillite d’un seul grand capitaliste menace de mort le système tout entier), si ceux qui prétendent combattre du côté des salariés n’ont aucune intention de renverser le système, cela signifie qu’aucune alternative n’est proposée face à un effondrement annoncé…

La crise débutée en 2007 est bel et bien systémique ! Depuis cet effondrement, toutes les faillites individuelles ou collectives de capitalistes ont été artificiellement couvertes par les institutions financières nationales ou internationales dans tous les pays. Cela signifie que le système, qui était une oscillation permanente entre croissance et crise, ne fonctionne plus du tout comme avant et même, comme système autorégulé, a cessé complètement de fonctionner. Il n’a pas trouvé un nouveau fonctionnement économique. Il survit par des transfusions qui sont des interventions de type étatique, ce qui ne s’était jamais produit même lors des pires crises économiques. Loin d’être une situation de crise capitaliste, on assiste au contraire à une situation où aucune crise et même aucune faillite n’est plus possible et où le système ne peut tolérer aucun effondrement d’aucun capitaliste. Les dernières faillites bancaires (notamment américaines et suisses) viennent encore de le démontrer. Elles ont été annulées par l’intervention financière de l’Etat. Cela ne peut pas durer éternellement. Notamment à cause des dettes publiques et de l’inflation que cela entraine. Et d’autant moins longtemps que cette perfusion permanente signifie qu’il y a, produite artificiellement et sans cesse, une croissance des capitaux et de moins en moins, relativement, de possiblités d’investissements productifs pour absorber ces capitaux et leur permettre de s’accroitre en le faisant réellement, c’est-à-dire par production de plus-value tirée de l’exploitation des prolétaires.

Le capitalisme n’est donc pas malade, ni même gravement malade. Il est carrément décédé en tant que fonctionnement autonome et dynamique. Il est en soins palliatifs, intervention médicale institutionnelle qui ne vise pas à le remettre sur les rails mais juste à faire durer la fiction pour mettre en place des moyens de ne pas prendre le risque de céder le pouvoir au prolétariat.

Cela signifie que toute la politique des classes dirigeantes ne consiste nullement à soigner la maladie du système. Ils savent depuis 2008 que ce n’est pas une maladie et que c’est LA FIN...

Toutes les interventions massives au plan financier, les interventions politiques pour casser le moral des travailleurs de mille manières dont la répression, la pandémie, les terrorismes, les fascismes, autoritarismes divers, etc, toutes ont pour but de contrer la montée révolutionnaire qui s’est manifestée depuis 2011 dans le monde, dont les Gilets jaunes ont été une des manifestations, et pour écraser le prolétariat sous les attaques, les catastrophes et autres coups des forces de répression.

Il est indispensable aux classes possédantes que les prolétaires ne prennent pas conscience qu’ils sont la force sociale numéro de toute la société et à l’échelle mondiale. Il est indispensable pour elles que les prolétaires ignorent qu’ils font terriblement peur à la classe exploiteuse. Il est indispensable pour elles que les prolétaires ignorent que le capitalisme c’est déjà du passé et que les patrons ne pourront plus les payer, ni bien ni mal, car le système ne peut durer. Il est indispensable que les prolétaires ignorent que les multiples violences que les Etats font subir aux peuples n’ont qu’un seul but : faire un contre-feu aux risques révolutionnaires tout en faisant croire aux peuples que les Etats sont super-puissants alors qu’en fait ils sont brusquement super-faibles comme ils ne l’ont jamais été.

Et les organisations qui se réclament des travailleurs font partie, pour la plupart, du jeu de la tromperie qui précède. Syndicats et partis, réformistes et opportunistes, ne cessent de parler des entreprises capitalistes comme si elles étaient en pleine santé économique (tout en disant qu’ils profitent sur le dos des travailleurs et feraient semblant d’être en difficulté), du pouvoir capitaliste comme s’il était plus fort que jamais (tout en dénonçant qu’il soit plus autoritaire que jamais), alors que sa violence est une marque de faiblesse. Loin de dénoncer les aides d’Etat aux capitalistes, nombre de ces organisations les demandent sous couvert d’aides à l’emploi, d’aides pour éviter des fermetures, d’aides pour adapter telle ou telle industrie, aide pour « sauver la planète » et autres… Le discours on est tous du même bord (avec les capitalistes et leurs institutions) est entonné par ces organisations en cas de chute économique, de problèmes politiques et sociaux, de guerre, de terrorisme, etc. Elles défendent ainsi le nationalisme des exploiteurs, les intérêts mondiaux des exploiteurs, et particulièrement celui des pays impérialistes.Toutes ces organisations ont encore en commun de présenter la société capitaliste comme un ennemi mais qu’on ne peut pas renverser, qui existera toujours, qu’aucune crise ne pourra faire chuter…

Celles de ces organisations qui se disent révolutionnaires parlent parfois de la fin du capitalisme par la révolution, et même de la nécessité d’un tel évènement mais sans aucunement relier ce « grand jour J » avec la situation actuelle, sans faire un geste qui signifierait de s’y préparer, sans développer le moindre programme donnant une perspective révolutionnaire aux luttes actuelles, sans donner les moyens aux travailleurs de se dissocier des organisations réformistes ouvertement liées à l’ordre et aux institutions capitalistes, de s’auto-organiser, de développer leurs propres perspectives politiques et sociales, sans expliquer les enjeux de la situation critique du capitalisme et, du coup, la fin des illusions réformistes. Leurs discours soi-disant révolutionnaire n’a aucune conséquence sur leur comportement réel dans la lutte des classes. Leur attitude cautionne en fait celle des organisations réformistes qui, elles, n’ont aucune prétention ni révolutionnaire ni socialiste.

Un des résultats des politiques de la gauche, de l’extrême gauche et des syndicats est que le prolétariat est la classe la moins informée de l’état mortifère du capitalisme pourrissant qui menace de pourrir aussi la vie de toute l’humanité si les travailleurs ne finissent pas par le renverser. Ces derniers voient certes clairement que les attaques se multiplient mais les organisations qui s’adressent à eux n’établissent aucun lien entre les agressions antisociales, les agressions répressives, les agressions terroristes, les agressions guerrières, les agressions fascistes, les agressions dictatoriales et l’état de décrépitude du capitalisme. La plupart des organisations qui se réclament des travailleurs affirment que les capitalistes se portent bien en se fondant sur la hauteur des profits, sur les masse des capitaux, et qu’ils ne crient à « la crise » que pour mieux plumer les travailleurs. Ils sont très loin d’expliquer l’effondrement du capitalisme qui, justement, doit s’interpréter par cette trop grande masse de capitaux, bien trop grande par rapport aux capacités d’absorption des investissements productifs.

Rien n’est fait pour que les travailleurs se préparent à la tâche historique qui va être la leur dans la période qui vient : gouverner à leur manière la société humaine, donner une autre issue que la barbarie que les exploiteurs nous préparent, une issue socialiste c’est-à-dire fondée sur la propriété collective des moyens de production. Non, aucune organisation ne fait le moindre geste pour aller dans ce sens, ni en termes de propagande générale, ni en termes de manière d’orienter les objectifs des luttes ni de les structurer. Réformer le capitalisme est l’objectif de ces organisations ou, plus exactement, obtenir une meilleure place pour leurs appareils bureaucratiques. Cela va a contrario des objectifs socialistes qui nécessitent que le prolétariat s’auto-organise de manière tout à fait indépendante des structures liées au capitalisme, y compris celles du réformisme et de l’opportunisme.

Bien sûr, on peut s’imaginer que ces organisations là ont plus conscience que La Voix des Travailleurs (c’est-à-dire nous) que le prolétariat ne serait pas prêt pour de telles tâches, que la situation non plus ne serait pas mure, que la chute de la société capitaliste ne serait pas à ce point encore, que les prolétaires eux-mêmes ne verraient pas d’un bon œil qu’on les force à rougir ainsi leurs objectifs dans leurs luttes alors qu’ils n’auraient que des buts bien plus limités et défensifs. Eh bien, nous ne proposons nullement de substituer d’autres luttes à celles que veulent les prolétaires mais seulement de les faire choisir vraiment eux-mêmes en connaissance de cause et avec les moyens d’en discuter entre travailleurs, c’est-à-dire des comités du peuple travailleur, sans que ce soient des bureaucraties qui le décident à leur place et en ayant la possibilité réelle de choisir entre toutes les propositions possibles y compris celle qui mène au socialisme par la révolution sociale ! Nous disons donc que les travailleurs peuvent parfaitement mener des luttes pour les salaires, contre l’inflation, pour l’emploi, pour les retraites, pour les chômeurs, pour les services publics et autres objectifs apparemment limités, tout en faisant en sorte que ces luttes s’intégrent dans une perspective de changement de système, une perspective socialiste.

Les capitalistes et les gouvernants à leur service savent parfaitement que cela est possible et c’est ce qu’ont montré les Gilets jaunes en France comme les autres mouvements du même type dans le monde qu’ils s’appellent Hirak en Algérie ou Printemps arabe en Egypte et en Tunisie, et ainsi de suite du Soudan au Kazakhstan et à l’Amérique du sud, etc… Avec la vague des révolutions qui a parcouru le monde depuis 2011, qui a suivi de peu l’effondrement de 2008, touchant même des pays riches comme USA et France, les classes dirigeantes ont mesuré que la menace prolétarienne est considérable et que, dès lors que le système montrerait des signes de chute définitive, il est à craindre une révolution prolétarienne mondiale débordant rapidement tous les appareils de répression et se généralisant…

C’est à cette crainte que sont censées répondre les politiques financières, économiques, sociales, étatiques et guerrières qui marquent actuellement le monde. C’est ce besoin de tuer toute vélléité de renverser révolutionnairement le système qui nécessite de tuer de plus en plus de monde partout et par tous les moyens, des répressions violentes aux pandémies, des fascismes aux dictatures militaires sanglantes et aux guerres locales et générales.

Il est d’autant plus vital de ne pas attendre que le capitalisme engloutisse une grande partie de l’humanité dans son enterrement pour décider d’en finir avec cette société d’exploitation complètement dépassée et nuisible.

Il est vital de mettre en avant le seul mot d’ordre révolutionnaire qui compte :

Peuple travailleur, organisons nos comités et nos conseils, nos assemblées autonomes, décisonnelles et souveraines sans nous soumettre à aucune bureaucratie ni étatique ni économique ni syndicale ni politique, prenons les rênes de la société humaine, mettons la main sur toutes les richesses que nous avons produites, gouvernons-nous nous-mêmes et ne laissons personne décider à notre place de notre avenir !

Pour approfondir ces questions :

Chute des investissements productifs, cause de mort systémique

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3250

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3466

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article4696

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3466

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article4518

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5938

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5914

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5848

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5162

Se passer des crises ?

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3771

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3418

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article2679

Crise systémique

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article708

Le système de cavalerie financière à la Madoff, une survie illusoire d’un capitalisme mondial en bout de course

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article4561

Le salariat

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6491

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6067

L’exploitation capitaliste

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article4555

https://www.matierevolution.fr/spip.php?breve665

Le capitalisme est mort comme système fonctionnant de manière autonome

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1975

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7314

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7478

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5162

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article4518

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5848

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3017

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article2738

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1646

Vous appelez encore ça le capitalisme ou la transition vers le chaos ?

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article2541

Les prolétaires peuvent s’organiser eux-mêmes

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7333

Construire la conscience de classe des exploités

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1412

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1459

La peur des exploiteurs vis-à-vis des exploités

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5640

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article4626

Quand le système est en crise, il faut aller de l’avant et pas regarder derrière soi....

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1608

Le système capitaliste a-t-il déjà chuté de lui-même ou ne pourra-t-il chuter que par la révolution ?

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5988

Pourquoi avons-nous confiance dans les capacités révolutionnaires du prolétariat ?

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3334

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article53

Finies, dépassées, les révolutions sociales ?

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5171

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