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Les adversaires du prolétariat sont faibles si nous les divisons pour régner !

mercredi 6 décembre 2023, par Alex, Waraa

Deux réactions exemplaires aux marches fascistes

Les deux marches de petits groupes fascistes : à Romans-sur-Isère (Drôme, préfecture de Valence) le 25 novembre, puis à Paris le 1er décembre, ont bien illustré le principe de Hegel qui inspira Marx "L’humanité ne se pose jamais que les problèmes qu’elle peut résoudre".

Car à Romans-sur-Isère, quartier populaire, les jeunes du quartier de la monnaie ciblés par les slogans racistes de l’extrême-droite ont donné aux fascistes, physiquement, la correction qu’ils méritaient, sans compter sur les "forces de l’ordre". C’est un groupe d’auto-défense spontané qui a réglé le problème.

Au contraire, à Paris le Vème arrondissement, sur la place de la Mairie, en plein quartier Latin, les bourgeois, les "bobos", la jeunesse étudiante privilégiée, vivier de futurs cadres dévoués à la bourgeoisie et ses dividendes (Sorbonne, Lycées Louis le Grand et Henri IV, Ecole normale supérieure, ancienne Ecole polytechnique) ont fait place sans broncher au rassemblement fasciste.

La montée électorale des partis d’extrême-droite

Moins directement violente mais à une grande échelle bien plus inquiétante, au Pays-Bas le 22 novembre, le Parti pour la liberté du chef de l’extrême-droite Geert Wilders arrive en tête aux élections législatives. Ce phénomène électoral est général.
La montée de l’extrême-droite électorale en Europe est décrite par le site Statista :

En Pologne, l’ultra-conservateur et anti-LGBT Andrzej Duda a été réélu lors des élections présidentielles de 2020 et à la Diète polonaise (parlement), le parti Droit et justice (PiS) est arrivé au pouvoir en 2015. Aux élections parlementaires de 2019, il a obtenu plus de 43 % des voix.

En Suède, le parti des Démocrates suédois (Sverigedemokraterna), parti très à droite et anti-immigration, est devenu le deuxième plus grand en termes de voix obtenues aux élections législatives de 2022. Le parti des Démocrates Suédois a surtout séduit des personnes ayant un niveau d’éducation faible puisque seulement 8 % des citoyens suédois ayant effectué des études supérieures votaient pour ce parti, contre presque 25 % des personnes qui ont arrêté leur éducation après le collège. De plus, presque trois fois plus d’hommes que de femmes auraient voté pour les Démocrates Suédois en 2022.

Ailleurs, dans l’UE, l’extrême droite espagnole, représentée par Vox, détient environ 15 % des sièges au parlement, soit le double du nombre de sièges que le parti avait obtenu aux élections précédentes. En novembre 2019, Vox est devenu le troisième plus gros parti représenté.

En France, la situation est similaire. Les scores de l’extrême droite ne cessent d’augmenter, en particulier ceux du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen ayant obtenu 23 % des voix au premier tour des élections présidentielles de 2022. Elle réunissait alors les intentions de votes de plus de 37 % des personnes issues d’un milieu social défavorisé. D’ailleurs, presque la moitié des ouvriers affirment avoir voté pour un parti d’extrême droite aux élections législatives françaises de 2022, contre seulement 15 % des cadres.

En Belgique, le parti nationaliste flamand, Vlaams Belang, pèse actuellement 12 %, tandis qu’en Allemagne, l’AfD est descendu à 10 % aux élections fédérales de 2021.

L’extrême droite fasciste revient en force dans des pays où elle avait été discréditée :
Notamment dans des ex pays fascistes : France, Chili, Allemagne, Italie, Japon, Grèce et Argentine.

Le site Slate décrit ainsi le cas de l’Allemagne où le nazisme régna de 1933 à 1945 :

Chamboulement politique de l’autre côté du Rhin. Pour la première fois dans l’histoire de l’Allemagne fédérale, l’extrême droite va diriger une collectivité territoriale. Le candidat du parti populiste Alternative für Deutschland (AfD), Robert Sesselmann, a remporté dimanche 25 juin l’arrondissement de Sonneberg avec 53% des voix. Cette victoire s’est construite dans un district de plus de 55.000 habitants très favorable à la formation d’extrême droite. Sonnant la fin d’un premier plafond de verre pour le parti, elle fait naître des espoirs au sein de la classe dirigeante de l’AfD en vue d’élections futures.

Le fascisme n’a pas besoin des élections

Le premier piège tendu aux travailleurs est de se focaliser sur les élections organisées par les classes dominantes, que ce soit comme symptôme de la marche vers le fascisme ou comme outil pour le combattre.

Le fascisme n’aura pas besoin des élections pour arriver au pouvoir, et son arrivée au pouvoir ne sera pas stoppée par un parti électoral "républicain".

L’extrême droite fasciste gangrène tous les appareils d’Etats, aujourd’hui comme hier. En France ce n’est pas le Parti Social Français du colonel de La Roque, ce sont les élus "républicains" du Front Populaire de la Chambre des députés et du Sénat qui le 10 juillet 1940 ont transmis le pouvoir au maréchal Pétain, qui dirigea l’Etat français, avec la caution de ces deux assemblées pendant toute la guerre, ainsi que celle du Conseil constitutionnel (dont Michel Debré, futur rédacteur de la constitution de la Vème République, membre prêtant serment à Pétain, avant de jurer fidélité à de Gaulle !) .

Le fascisme et le nazisme prirent le pouvoir en 1922 en Italie et en 1933 en Allemagne comme résultat de la lutte entre les rivalités impérialistes pour se partager le monde. La guerre mondiale et les fascismes sont des solutions bourgeoises temporaires aux contradictions économiques de leur système. Mais surtout, elles sont le résultat de l’absence de prise du pouvoir par le prolétariat.

Solution prolétarienne contre solution bourgeoise guerrière et fasciste

C’est le passage du capitalisme à son stade impérialiste vers 1900 qui annonçait les guerres mondiales et les fascismes. Et ce passage à l’impérialisme vit aussi naître les courants du mouvement ouvrier qui le comprirent et en tirèrent les conclusions correctes.

La remarque de Hegel s’applique à la lutte contre le fascisme. Mais l’humanité peut résoudre ce problème aujourd’hui, surtout car c’est la deuxième fois qu’il se pose. La période actuelle depuis la crise définitive de 2008, est similaire à celle qui précéda 1914 menant à la guerre mondiale. La gauche politique et syndicale réformiste, au lieu d’indiquer la voie du succès, persiste à montrer celle de l’échec pour les travailleurs. Mais les pires sont les pseudo-révolutionnaires qui se disent anarchistes, trotskystes ou anticapitalistes, et qui cautionnent le réformisme en se prétendant les héritiers du syndicalisme ou du communisme révolutionnaire.

Syndicalisme révolutionnaire

Au congrès de Limoges en 1905, c’est le mouvement ouvrier des syndicats et bourses du travail qui fonda la CGT en opposition au parti socialiste de Guesde et Jaurès qui sombrait dans le parlementarisme bourgeois et la participation gouvernementale. Un mouvement précurseur de 1936 fut celui de 1906 pour la loi des huit heures. 1906 fut le sommet du syndicalisme révolutionnaire et le début de son déclin, incompréhensible, car ne provenant pas de la répression patronale ou gouvernementale, comme le décrit le témoin de l’époque P. Monatte :

Assez curieuse année que 1909. Trois ans plus tôt s’était produit le grand effort syndical en faveur de la journée de huit heures. Puis s’était tenu le congrès d’Amiens où le syndicalisme révolutionnaire avait remporté une victoire éclatante. Cinq ans plus tard allait survenir la première grande guerre mondiale de 1914-1918. Au lieu du grand élan qui aurait dû suivre la victoire d’Amiens, le mouvement syndical pataugeait dans une crise obscure et lamentable.

Ce constat honnête de P. Monatte est d’actualité : les militants syndicalistes ou politiques sincères qui sont au moins quelques dizaines de milliers en France ne peuvent que constater en regardant leurs organisations CGT, SUD, LO, NPA voir LFI : ils pataugent dans une crise obscure et lamentable !

Or la cause est de manière évidente l’incompréhension que la lutte contre l’impérialisme français, la lutte aux côtés des paysans pauvres c’est à dire un front interclassiste était à l’ordre du jour dans la France de Jaurès autant que dans la Russie de Lénine. La combattivité ouvrière était présente en France, le mouvement pour les huit heures dirigée par Griffuelhes ayant joué un rôle moteur :

Quelle secousse le mouvement des huit heures avait produite dans les services publics et chez les fonctionnaires ! Les arsenaux bougeaient depuis un moment déjà. Les postiers partaient en grève, au début de 1909, au Central télégraphique d’abord, ensuite au Central téléphonique, après dans l’ensemble des PTT. Les cheminots remuaient ferme et devaient partir en grève en octobre 1910. Les instituteurs commençaient à donner la forme syndicale à leurs organisations. Pas de lassitude ouvrière, alors quoi ? Une crise de pensée chez les militants des syndicats.

Or c’est vers les questions de politique internationale, c’est-à-dire les crimes des politiques impérialistes, que Monatte identifia les insuffisances de la CGT d’avant 1914, incarnées par Griffuelhes, le plus grand syndicaliste révolutionnaire français :

Des années durant nous avions tenté de fixer l’attention des militants ouvriers sur le danger de mois en mois plus menaçant d’une guerre européenne. On se moquait de nous alors. Griffuelhes écrivait à notre adresse en janvier 1912 : "le mouvement ouvrier menace de devenir un simple lieu d’études, véritable université populaire. au sein de laquelle quelques-uns apportent leurs connaissances en diplomatie et en compilation. Le syndicalisme ne saurait se reconnaitre dans ces balades de la Perse au Maroc, du Maroc en Algérie, de l’Algérie en Normandie".

Et P. Monatte conclut en donnant une leçon d’une actualité brulante, face à la trahison syndicale actuelle concernant les question récente du Mali du Niger et de la Palestine :

aujourd’hui il apparait bien que le syndicalisme aurait gagné à nous accompagner dans nos balades par le monde et à étudier avec nous les problèmes qui se sont résolus par la saignée universelle

Ce discours de Pierre Monatte fut prononcé au congrès de la CGT à Lyon en 1919 ! Monatte mit en accusation Jouhaux le secrétaire général qui avait entraîné la CGT dans l’union sacrée.

Ces accusations du syndicalisme révolutionnaire incarné par Monatte contre le syndicalisme bourgeois incarné par Jouhaux en 1919, par Sophie Binet et toutes les directions syndicales en 2023, c’est le premier pas indispensable d’un programme de lutte contre le fascisme. Démasquer les réformistes syndicaux, c’est lutter contre le fascisme. Ne pas démasquer les réformistes syndicaux, c’est ouvrir la voie au fascisme en désarmant la seule force capable de l’écraser : la classe ouvrière s’érigeant en classe dirigeante.

Les pseudo-révolutionnaires d’aujourd’hui dans les syndicats ne reprennent pas la ligne de Monatte contre les dirigeants syndicaux réformistes, Jouhaux au premier plan, et son héritier ami de Staline B. Frachon. Lutte Ouvrière de N. Arthaud a le mérite d’avoir trouvé le slogan qui incarne le mieux cette soumission aux héritiers de Jouhaux : le camp des travailleurs ! Car prêcher l’unité dans ce camp, c’est prêcher l’unité avec les réformistes, qui sont les agents de la bourgeoisie dans le camp des travailleurs. SUD est issu en 1988 de la CFDT, qui est elle-même issue en 1984 de la CFTC, cette dernière ayant été créé en 1919. Les accusations de Monatte contre la direction de la CGT en 1919 sont donc valables contre toutes les directions syndicales d’aujourd’hui. Le NPA de Besancenot qui prospère à l’abri de SUD ne mène pas plus que LO cette lutte contre ceux que Lénine et Trotsky appelaient le syndicalisme jaune.

Un des 3 sommets de la combativité ouvrière, outre 1906 et 1936, eut lieu justement en 1919-1920. La trahison des grèves d’après guerre en France par les syndicalistes réformistes fut une des causes de la montée du fascisme en Allemagne.

Les directions syndicales empêchèrent la prise du pouvoir par le prolétariat en Italie en 1920, en France en 1919 et 1936, en Angleterre en 1926. Or la France, l’Italie et l’Angleterre étaient les trois principales puissances impérialistes qui en 1920 à la conférence de San Remo créèrent les bases politiques du futur Etat d’Israel. Toutes ces directions syndicales ont donc une responsabilité dans le massacre des palestiniens qu’ils prétendent combattre en spectateurs lointains en 2023, alors qu’ils initièrent eux-mêmes ce massacre programmé en 1919 !

Introduisons la division dans les confédération syndicales, en faisant revivre la lutte entre réformisme et révolution comme R. Luxemburg, au lieu de tenter de réconcilier les deux sous couvert d’anticapitalisme comme le font A. Kazib (RP-SUD) , J-P Mercier (LO-CGT) et O. Besancenot (NPA-SUD). En niant le fait que la ligne de front entre la bourgeoisie et le prolétariat passe à l’intérieur même des organisations syndicales, ces organisations livrent les ouvrier pieds et poings liés aux directions syndicales. Divisons les syndicats selon cette fracture de classe, sans quoi toute lutte contre le fascisme est vouée à l’échec !

Les prétendus révolutionnaires présents dans les syndicats aujourd’hui ne reprennent même pas les accusations de Monatte contre la politique étrangère de la république française, et n’ont proposé aucune action ouvrière de solidarité avec les Nigériens qui ont expulsé l’armée française.

Les paysans

Un des aspect de la politique de Karl Marx pour le prolétariat fut exprimée dans sa critique du programme socialiste allemand dit programme de Gotha (1875) :

C’est donc une absurdité de plus que de faire des classes moyennes,
conjointement avec la bourgeoisie, et, par-dessus le marché, des féodaux « une même masse
réactionnaire » en face de la classe ouvrière.
Lors des dernières élections, a-t-on crié aux artisans, aux petits industriels, etc., et aux paysans : « 
Vis-à-vis de nous, vous ne formez, avec les bourgeois et les féodaux, qu’une seule masse
réactionnaire » ?

C’est un mérite du NPA de permettre aux travailleurs d’aujourd’hui de comprendre cette "absurdité" du socialiste allemand Lassalle (1825-1824) en rejetant comme lui en bloc tout mouvement paysan :

Depuis quelques semaines, ça remue dans les campagnes, panneaux communaux mis à l’envers, manifestations, cortèges de tracteurs et blocages. La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) sort du bois, s’appuyant sur des revendications nombreuses et variées pour faire graduellement monter la pression.

Comme à son habitude, ce syndicat corporatiste, qui n’est pas réputé pour être très progressiste, entend mobiliser le plus grand nombre pour exiger du gouvernement le déblocage d’aides substantielles pour la profession. Pour cela, il met en avant ses récriminations, composant ainsi un inventaire à la Prévert, contre les normes environnementales, contre la baisse du prix de la viande bovine, contre la hausse des taxes, contre l’accord de libre échange européen avec la Nouvelle-Zélande, contre la baisse des aides à la bio, contre la faiblesse des réponses de la justice face aux vols de carburant et de matériel dans les fermes, contre les importations ne respectant pas nos normes, problèmes d’eau (bassines, irrigation…), contre la pression des grandes surfaces qui entraînent les prix de production à la baisse, contre l’agribashing, contre l’ours et le loup, contre les difficultés rencontrées dans les filières laitières, ovine, viticole…, pour une meilleure prise en compte de la sécheresse ou des inondations.

Si après une telle énumération, non exhaustive, chacun n’y trouve pas une justification à sortir de sa ferme…

(...) C’est l’essence même du corporatisme de faire croire à des intérêts communs. Ce n’est pas demain la veille qu’on défendra la lutte de classe à la FNSEA.

(...)
Dans cette crise agricole, la seule issue est de soutenir les plus petits paysans, qui sont les plus nombreux, d’encourager l’installation massive de jeunes et de consolider ceux déjà installés. Pour garantir la sécurité alimentaire, sortir du chaos climatique et faire vivre correctement les paysans, il faudra planifier l’agriculture et donc ne pas la laisser aux mains des exploitations industrielles et des firmes capitalistes !

Si "la seule issue est de soutenir les plus petits paysans", c’est politiquement en les entrainant aux côtés du prolétariat révolutionnaire. Pour cela, ne faut-il pas s’adresser à eux ? Dénigrer le programme de la FNSEA par la formule méprisante "Si après une telle énumération, non exhaustive, chacun n’y trouve pas une justification à sortir de sa ferme…" n’est pas le genre de formule qui va encourager les petits paysans à rejoindre la classe ouvrière, et quitter la FNSEA !

De janvier à juin 2023, les confédérations syndicales de salariés (CGT, CFDT, FO, SUD) ont écarté les syndicats paysans de l’intersyndicale, alors que la Confédération paysanne appelait à manifester. Quelle occasion perdue ! Lors du mouvement des Gilets jaunes des paysans étaient sur les ronds-points, quelle autre occasion perdue par les pseudo-révolutionnaires !

Introduisons la lutte des classes dans les campagnes, comme le firent les Gilets jaunes ! La CGT à son apogée en 1906 manqua cette occasion qui vint immédiatement en 1907 avec le mouvement des viticulteurs. Ne ratons pas à nouveau cette occasion. En favorisant l’unité des petits et gros paysans par un sectarisme corporatiste déguisé en conscience de classe, les pseudo-révolutionnaires de LO et du NPA ne font que soutenir les directions syndicales.

Au lieu d’ignorer la classe des paysans dans la lutte contre le grand capital, comme le fit le mouvement des retraites de 2023, adressons nous aux paysans appauvris. Une des seules différences entre Lénine et Griffuelhes, c’est que le premier s’adressa aux paysans dès 1903 dans sa brochure "Aux paysans pauvres".

Négliger des appels aux classes moyennes en voie prolétarisation est le meilleur moyen de fournir son infanterie au fascisme. Introduire la lutte des classes dans les campagnes est le premier pas indispensable de la lutte contre les futurs fascismes.

L’impérialisme

La théorie de Lassalle réunissant à tort dans un "bloc réactionnaire" la petite et la grande bourgeoise est adaptée à l’ère impérialiste qui débuta vers 1900 par ces même partis d’extrême-gauche qui cherchent à casser le moral des travailleurs en leur expliquant qu’il n’y a aucun espoir, ou leur fixant des objectifs non accessibles.

La palme revient à N. Arthaud à propos de la Palestine, qui proclame l’impuissance des travailleurs de France dans cette question : "nous, ici, qui ne pouvons pas influer sur les évènements du Moyen-Orient". En effet nous n’avons pas prise, car d’après LO l’impérialisme français n’existe plus, il n’est pas cité dans ses slogans de manifestation :

Face aux guerres qui menacent Vive le prolétariat ; Menons la lutte de classe De Tel Aviv à Gaza
Un seul ennemi, l’impérialisme ; A bas les militaires ;
A bas les fauteurs de guerre
Beaucoup d’alliés ; Les travailleurs du monde entier

Les travailleurs de Mayotte, victime du colonialisme français, vont-ils avoir envie de s’allier avec les travailleurs de France si ceux-ci ne dénoncent pas le colonialisme ? N. Arthaud n’a jamais proposé aux travailleurs de France de s’opposer à l’impérialisme français, niant le fait colonial à, Mayotte, exactement comme Thorez nia l’oppression coloniale par son discours de 1939 à Alger.

En suivant les directions syndicales, colonialistes depuis 1914, N. Arthaud au lieu du slogan révolutionnaire "Beaucoup d’alliés ; Les travailleurs du monde entier", favorise en réalité le slogan : "Beaucoup de nos alliés potentiels transformés en nos ennemis : les travailleurs du monde entier opprimés par l’impérialisme français... tant que nous ne combattrons pas l’impérialisme français".

Sous l’apartheid en Afrique du Sud, prétendre que les travailleurs blancs étaient autant opprimés que les noirs et que tous formaient une seule classe ouvrière aurait-il été juste ? Bien sûr que non, car mettre en avant la seule oppression de classe était nier l’oppression raciale. La classe ouvrière blanche était de fait en Afrique du Sud une aristocratie ouvrière. Dénonçons donc les privilèges coloniaux de l’aristocratie ouvrière de France, en nous adressant aux travailleurs de Mayotte ou de Palestine en prêchant non pas l’illusoire fraternité bourgeoise entre égaux, mais la dénonciation de notre impérialisme, et de l’aristocratie ouvrière française qui la soutient, à travers les directions syndicales où les staliniens et les pseudo-révolutionnaires mettent en avant des travailleuses petites-bourgeoises du secteur de l’enseignement comme N. Arthaud ou S. Binet, à la place d’ouvriers sans papiers africains ou asiatiques des secteurs les plus exploités comme le BTP, le ménage etc.

Débarrassons la classe ouvrière de France de cette aristocratie ouvrière qui empêche la réalisation du mot d’ordre toujours d’actualité : travailleurs de tous les pays, unissez vous !

Lutte de classe dans les syndicats, lutte de classe à la campagne, lutte de classe dans les mouvements de libération nationale, lutte de classe dans la classe ouvrière elle-même contre l’aristocratie ouvrière corrompue par son impérialisme, c’est le début incontournable de la lutte contre le fascisme !

Par la voie électorale ou pas, c’est la bourgeoisie « démocratique » (centre et même gauche) qui a fait basculer les situations critiques en choisissant de donner son soutien finalement au fascisme toutes les fois où ce dernier a accédé au pouvoir, en France comme en Allemagne, en Italie comme au Chili et ailleurs. Les dirigeants fascistes sont parfois venus directement de la gauche dite démocratique. Pas par une trahison de la démocratie, qui n’est qu’un moyen commode de gestion politique et sociale pour la bourgeoisie et non un principe intangible, mais pas une obligation, mais par fidélité aux intérêts de classe, prioritaires, de la bourgeoisie face aux risques révolutionnaires prolétariens. S’accrocher à la démocratie bourgeoise quand elle est en passe de basculer dans le fascisme, c’est s’accrocher au Titanic ! Plus l’extrême droite menace, plus la seule réponse est celle du prolétariat révolutionnaire prenant la tête.

Plus le prolétariat restera attaché aux « démocrates » des syndicats et partis réformistes, plus il aura du mal à jouer son rôle de direction de la société future en prenant la tête de tout le peuple travailleur, de tous ceux qui sont opprimés et n’exploitent personne et s’en sortent difficilement ou pas du tout. Plus il mettra en avant ses propres organisations autonomes, les conseils de travailleurs, plus il entrainera avec lui le peuple travailleur au sein de comités révolutionnaires, dès que la société capitaliste manifestera des signes d’effondrement général. En entrainant une fraction de la population petite bourgeoise ou de travailleurs indépendants, de femmes et de chômeurs, ainsi que de travailleurs précaires et pauvres, le prolétariat coupera les ailes du fascisme et préparera un véritable avenir aux exploités.

Il n’y a rien de pire pour le prolétariat que d’abandonner son programme révolutionnaire socialiste et de s’accrocher à la prétendue démocratie capitaliste sous prétexte de lutter contre le fascisme !

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