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Henri Poincaré et le temps
vendredi 15 janvier 2021, par
Henri Poincaré et la notion de temps
par Eric Emery
Professeur invité à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, mathématicien et musicien
Introduction
Dans son livre La Valeur de la Science de 1913 (1),
Henri Poincaré consacre un chapitre entier à la notion de
temps en ayant pour visée la mesure du temps. Il est clair
qu’en abordant ce problème, il se situe au sein d’une
lignée de penseurs et de savants qui ont médité sur ce
thème : Platon, Aristote, saint Augustin, etc.
L’apport de Poincaré est à considérer dans le prolongement des travaux de Newton, de Kant, de Wundt et de
Mach ; il est contemporain des contributions de Bergson,
de Husserl et d’Enriques.
Plutôt que de voir comment toutes ces approches
s’accordent ou s’opposent au sujet des recherches d’Einstein en théories de la relativité, il est sans doute plus
enrichissant de prendre connaissance des thèses formulées par Bachelard et par Gonseth. Poincaré dégageait
deux variantes temporelles, celle qui se manifeste dans le
domaine conscientiel et celle qui se prête à la mesure :
temps psychologique et temps physique. Chez Bachelard
et chez Gonseth, ce sont six variantes que l’on met en évidence : trois sur le versant de la subjectivité et trois sur le
versant de l’objectivité, ainsi que nous le montrerons. On
peut vérifier l’idonéité de cette manière d’appréhender les
dimensions temporelles en divers horizons : dans le langage quotidien, en recherche horlogère, en art musical,
en théorie de l’apprentissage et même dans la vie quotidienne. C’est donc l’occasion de dire que le travail raffiné
sur le concept temps permet à l’être humain de mieux se
connaître en sa temporalité.
Comment développer ce sujet sans tomber dans le
piège de la monotonie ? Nous concentrer sur la notion de
temps dans un langage de haute technicité ? Non ! Les
penseurs que nous citerons se sont toujours exprimés en
fonction de leurs options philosophiques ; nous devons le
mettre en clarté tout en étant bref.
Le temps en civilisation gréco-latine
Prenons d’abord Platon. Quand il écrit, dans le Timée
(2), que le temps est une imitation mobile de l’éternité,
il explicite sa thèse d’un monde sensible comme réplique
d’un monde intelligible (imitation et éternité). Ce sont les
astres errants au sein de l’univers qui ont pour mission de
définir les mesures du temps. Platon ajoute : « C’est ainsi
et pour ces motifs qu’ont été engendrés ceux des astres
qui parcourent le Ciel et qui ont des phases. Je veux dire,
afin que le Monde fût aussi semblable que possible au
Vivant parfait et intelligible et pour imiter la substance
éternelle » (39 d-e, pp. 153 et 154).
Que dit Aristote ? Sous certains angles, sa théorie du
temps ne paraît pas étrangère à l’esprit moderne ; mais
elle reste antique : la forme aristotélicienne est en fait
l’Idée considérée comme immanente aux choses et réalisée dans la matière ; les mondes sensible et intelligible
sont associés l’un à l’autre. C’est dans son ouvrage La
Physique (3) que la notion de temps est dégagée ; il l’examine en la mettant en rapport avec la notion de mouve-
ment. Il écrit en particulier ceci : « Le temps n’existe pas
sans le changement ; en effet, quand nous ne subissons
pas de changements dans notre pensée, ou que nous ne les
apercevons pas, il ne nous semble pas qu’il se soit passé
du temps » (p. 149). Et une page plus loin, il donne cette
définition : « Voici ce qu’est le temps : le nombre du mouvement selon l’antérieur-postérieur » (p. 150). On tient ici
l’approche classique qui a été reprise par de nombreux
penseurs.
On pourrait parler du concept temps en le situant au
sein de la pensée chrétienne des premiers siècles. Tournons-nous plutôt vers saint Augustin, vers le Onzième
livre des Confessions (4) si célèbre et souvent cité. C’est le
temps de la conscience qui est évoqué là : « Je cherche, ô
Père, je n’affirme pas » et il poursuit : « Qu’est-ce donc que
le temps ? Quand personne ne me le demande, je le sais ;
dès qu’il s’agit de l’exprimer, je ne le sais plus » (p. 308).
Saint Augustin montre alors les apories liées au passé, au
présent et au futur : le présent, par exemple, sitôt vécu
devient passé. Toutefois, faut-il dire, nous ne mesurons le
temps qu’au moment où il passe, lorsque nous le mesurons par la conscience que nous en avons... Tout le texte
de cette Onzième Confession pourrait être cité ; bien des
penseurs l’ont fait. Mais beaucoup omettent de restituer
la conclusion de saint Augustin ; elle leur paraît peut-être
anodine. Et pourtant, elle parle aux musiciens. Voici la
totalité du propos : « Je veux chanter un morceau que je
sais par coeur : avant de commencer, mon attente se tend
vers l’ensemble du morceau ; dès que j’ai commencé, tout
ce que j’en laisse tomber dans le passé vient tendre aussi
ma mémoire. Toute mon activité est donc tendue vers deux
directions : elle est mémoire par rapport à ce que j’ai dit ;
elle est attente par rapport à ce que je vais dire. Et pourtant
mon attention reste présente, elle par qui ce qui n’était pas
encore passe à ce qui déjà n’est plus... Et ce qui se produit pour l’ensemble du morceau chanté, se produit pour
chacune de ses parties, pour chacune de ses syllabes... ;
pareillement pour la vie entière de l’homme « (p. 324).
Oui, pour le musicien, l’image donnée fait mouche.
Ecoutons Caldara (5).
Peut-être devrions-nous prendre pour témoins certains
penseurs du Moyen Age : Avicenne, Maïmonide, saint
Thomas..
Il en est de même des porte-parole de l’époque dite
moderne : Descartes, Locke, Spinoza, Berkeley, Hume,
Leibniz et Condillac. Je ne retiens, parmi ceux-ci, que
l’approche proposée par Newton.
Newton : le temps vrai
et le temps vulgaire
Dans ses Principes mathématiques de la philosophie
naturelle (6), on voit le physicien anglais opposer radicalement deux notions de temps : « Le temps absolu, vrai et
mathématique, sans relation à rien d’extérieur, coule uni-
formément, et s’appelle la durée. Le temps relatif, apparent et vulgaire, est cette mesure sensible et externe d’une
partie de durée quelconque (égale ou inégale) prise du
mouvement : telles sont les mesures d’heures, de jours,
de mois, etc... dont on se sert ordinairement à la place du
temps vrai » (pp. 7 et 8). Ainsi sera fondé l’emploi que
font les mathématiciens et les physiciens du paramètre t.
Existe-t-il d’ailleurs un mouvement parfaitement uniforme
qui puisse servir de mesure fiable du temps ? Personne
ne peut l’affirmer, ni l’infirmer. On dira cependant - c’est
Newton qui s’exprime : « Le temps absolu doit toujours
couler de la même manière » (p. 10).
Kant, La Critique de la raison pure
et le temps
L’intervention de Kant, eu égard à H. Poincaré, est primordiale. Le philosophe allemand, dans la préface de La
Critique de la raison pure (7), explique son option philosophique : « On avait admis jusqu’ici que toutes nos con-
naissances devaient se régler sur les objets ; mais dans
cette hypothèse, tous nos efforts pour établir à l’égard de
ces objets quelque jugement à priori qui étendît notre connaissance, n’aboutissaient à rien. Que l’on cherche donc
une fois si nous ne serions pas plus heureux dans les problèmes de la métaphysique, en supposant que les objets
se règlent sur notre connaissance, ce qui s’accorde déjà
mieux avec ce que nous désirons expliquer, c’est-à-dire
avec la possibilité d’une connaissance à priori de ces
objets qui établisse quelque chose à leur égard avant même
qu’ils nous soient donnés. Il en est ici comme de l’idée
que conçut Copernic... » (p. 21). Oui, Kant pense que sa
réflexion philosophique et sa théorie de la connaissance
témoignent d’une véritable révolution copernicienne.
C’est dans la deuxième section de l’Esthétique transcendantale que Kant met en lumière son approche de la
notion de temps ; il écrit : « Le temps n’est pas un concept empirique ou qui dérive de quelque expérience. En
effet, la simultanéité et la succession ne tomberaient pas
elles-mêmes sous notre perception, si la représentation
du temps ne lui servait à priori de fondement.[...]. Le
temps est une représentation nécessaire qui sert de fondement à toutes les intuitions. [...] Sur cette nécessité
se fonde à priori la possibilité de principes apodictiques
concernant les rapports du temps, ou d’axiomes du temps
en général, comme ceux-ci : le temps n’a qu’une dimension ; des temps différents ne sont pas simultanés, mais
successifs... Le temps n’est pas un concept discursif, ou,
comme on dit, général, mais une forme pure de l’intuition sensible » (pp. 71 et 72). Cette manière de saisir
le temps semble propre à se soumettre avec succès à
l’épreuve des divers éléments de l’intuition au sein d’une
expérience possible.
Il semble clair que l’apport kantien doit être pris au
sérieux, même si l’on doit le rectifier aujourd’hui eu égard
aux avancées scientifiques du vingtième siècle.
Nous pourrions ici passer en revue, à la suite de Kant,
une véritable galerie de portraits en citant, Schopenhauer,
Hegel, Guyau.
Le temps chez Wundt et chez Mach
Je pense que les recherches de Wundt sur le temps
sont essentielles. On en prend connaissance dans son livre
de 1874 La Psychologie physiologique (8). C’est la première fois, dans l’histoire, que ce concept est placé dans
un contexte précisant. Le savant-penseur a mené pendant
une dizaine d’années un grand nombre d’observations
et d’études de tout genre, en particulier au sujet des
représentations temporelles, toujours liées au jeu des sen-
sations et imbriquées dans le système complet des représentations sensorielles diverses.
Ce sont les questions posées tant par l’origine et le
développement de la notion de temps chez l’être humain
que par la réalité et ses propriétés qui sont étudiées par
Wundt. En fait, nous aurions tendance à dire qu’avec les
travaux du savant allemand la notion de temps se spécifie
dans l’horizon de la psychophysiologie, comme elle s’était
spécifiée chez Newton dans l’horizon de la physique.
Qu’en est-il, selon Wundt, de l’origine et du développement de la notion de temps chez l’être humain ? On
est condamné à ne pas pouvoir répondre si l’on ne discerne pas que les représentations auditives sont associées
à l’éveil du temps, alors que les représentations visuelles
contribuent à la perception de l’espace ; le tactile et le
moteur concernent à la fois les deux concepts. Wundt
focalise sa pensée en ces termes : « L’intuition du temps,
à la vérité, est déjà ébauchée dans la représentation du
mouvement, mais son développement supérieur est absolument lié au sens de l’ouïe » (p. 39).
Et maintenant que dire de la réalité et de la nature du
temps ? Wundt, pour répondre, se penche avec soin sur
l’activité de la conscience et sur le cours des représenta-
tions dont celle-ci est le siège. Mais on demandera : comment définir la conscience ? Selon Wundt, elle consiste
en ceci que nous trouvons en nous des états et des processus dont nous disons que nous en prenons conscience ; il
n’est donc pas opportun de donner une définition explicite.
Dans cette perspective, Wundt parvient à dégager diverses mesures concernant le temps : le temps de la réception simple, celui de la perception, celui de l’aperception,
celui de l’acte volontaire, etc... Dès lors, Wundt précise en
particulier ceci : « Dès que nous ne percevons pas simultanément les impressions et qu’à cette occasion nous les réunissons pour en former une complexion, nous remarquons
toujours un temps intermédiaire plus court ou plus long
qui semble correspondre à l’abaissement d’une représentation et à l’ascension de l’autre représentation. En cela,
la nature psychologique de notre intuition de temps se
révèle, en qualité, de nature discrète » (p. 296).
Il est un autre aspect de la représentation temporelle
qui demande à être signalé, c’est celui que la conscience
prête à la durée lors des évaluations qu’elle en donne :
tendance à la surestimation des petits espaces de temps et
à la sous-estimation des grands ; 0,72 s est la durée pour
laquelle la justesse d’évaluation est la meilleure. Chose
étonnante, c’est la durée que la jambe emploie quand les
mouvements de la marche ne sont ni rapides, ni lents
(andante en musique). Quant aux évaluations des larges
tranches de l’existence, elles sont variées et manifestent
des effets de perspective : « L’heure que nous venons de
passer paraît plus longue qu’une heure du jour d’hier « (p.
323) En outre, le temps court vite pour qui se trouve en
activité prégnante et lentement lorsque plane l’oisiveté ;
la perspective s’inverse dans le souvenir.
Donnons maintenant la parole à Mach ; il entreprit la
critique du temps vrai de Newton et donne une approche
intéressante des sensations temporelles. Les deux ouvrages qu’il laisse à la postérité, sont : La Mécanique (9)
et L’Analyse des sensations (10). On connaît les options
positivistes de Mach ; il en témoigne dans son premier
livre en ces termes : « On y trouvera un travail d’explication critique animé d’un esprit anti-métaphysique » (p.
1). Sa critique du temps vrai est des plus nettes. Newton,
doit-on dire, est encore sous l’influence de la philosophie
du Moyen Age ; il a oublié que tous les phénomènes du
monde sont dans une dépendance réciproque et que l’être
humain lui-même n’est qu’une parcelle de la nature. Conséquence ? Mach l’exprime ainsi : « Nous sommes dans
l’impossibilité absolue de mesurer par le temps les variations des choses. Le temps est bien plutôt une abstraction
à laquelle nous arrivons par ces variations mêmes » (p.
217). Ainsi la notion de mouvement uniforme en soi n’a
aucune signification ; parler d’un temps absolu ou vrai est
dépourvu de sens.
Est-ce à dire que Mach, sous le signe de ses options
anti-métaphysiques, tend à réduire les faits physiologiques à des phénomènes physique ? Non ; il écrit : « Même
les phénomènes qui sont en apparence purement mécaniques sont toujours en même temps physiologiques et par
suite électriques, chimiques, etc. » (p. 478).
On comprend dès lors pourquoi le second ouvrage de
Mach s’intitule Analyse des sensations. Ce sont en effet
les sensations qui, selon lui, sont les véritables éléments
du monde, c’est-à-dire que les objets, la matière, ne sont
rien hors de leur relation avec ces éléments. Par suite, ce
sont les sensations spatiales et temporelles qu’il convient
d’étudier. Il ne fait aucun doute, en particulier, que les
sensations du temps existent, quoiqu’il soit difficile de les
cerner, plus que les sensations de l’espace ; elles sont en
réalité en rapport strict avec l’état de conscience et le travail de l’attention ; elles sont étroitement liées aux pro-
cessus périodiques et rythmiques.
Henri Poincaré et la mesure du temps
Venons-en à l’apport d’Henri Poincaré ; il aborde, lui
aussi, le problème du temps ; mais il le fait en mathématicien et physicien, voire en philosophe ; ce qui retient son
attention, c’est surtout la question de la mesure du temps.
Cette visée est, peut-être, à situer par rapport à la thèse
que défend Bergson : la qualité n’est pas réductible à la
quantité.
Quelques mots donc sur la notion de temps chez
Bergson. Dès son ouvrage intitulé : Essai sur les données immédiates de la conscience (11), qui date de 1889,
l’auteur s’applique à montrer qu’il y a un fossé entre le
quantitatif et le qualitatif ; il écrit par exemple : « Lorsque
nous parlons de temps, nous pensons le plus souvent à un
milieu homogène où nos faits de conscience s’alignent, se
juxtaposent comme dans l’espace » (p. 78). Mais on a tort
de céder ainsi à la pression de la spatialité. Dans un autre
ouvrage La pensée et le mouvant (12), il écrit : « Ecoutons
une mélodie, en nous laissant bercer par elle ; n’avons-
nous pas la perception nette d’un mouvement qui n’est
pas attaché à un mobile, d’un changement sans rien qui
change ? Ce changement se suffit, il est la chose même.
Et il a beau prendre du temps, il est indivisible » (p. 164).
Ecoutons le début de l’Adagio ma non troppo du Con-
certo de Mozart, KW 313 (13).
Continuité ? Là est la question qui fait problème.
Attendons Bachelard pour en parler en détail ; notons ici
que le musicien auditeur est actif ; il peut, certes se laisser
bercer ; mais généralement il construit les formes musicales, il s’approprie l’oeuvre.
Cela noté, allons à Poincaré. C’est dans son livre La
Valeur de la science (1), paru en 1913 qu’il traite du
temps ; il est question des propriétés métriques du temps
et des problèmes de fondement qui s’y rapportent.
Pour Poincaré, la préoccupation philosophique est primordiale : « La recherche de la vérité doit être le but de
notre activité ; c’est la seule fin qui soit digne d’elle » (p.
19). En fait, en parlant de vérité, il associe à la fois vérité
scientifique et vérité morale : « Toutes deux ne sont jamais
fixées : quand on croit les avoir atteintes, on voit qu’il faut
marcher encore, et celui qui les poursuit est condamné à
ne jamais connaître le repos » (p. 20). Elles sont l’objet
d’une quête incessante, pour laquelle l’être humain dispose d’une intelligence faite de logique et d’intuition.
C’est ainsi que le savant-penseur cherche à déchiffrer
les références spatio-temporelles de la nature et de la culture : « Ce n’est pas la nature qui nous les impose, précise
Poincaré, c’est nous qui les imposons à la nature » (p. 21).
Derrière cette affirmation, on voit que Poincaré choisit
Kant comme repère philosophique. Il ajoute une touche :
« C’est nous qui les imposons à la nature parce que nous
les trouvons commodes » (p. 22). On voit poindre ainsi ce
qu’on a appelé le conventionalisme.
Problème de la nature du temps ? Poincaré considère
d’abord cette notion comme un phénomène de conscience
et l’on pense au début de la Onzième Confession de Saint
Augustin quand il écrit : « Tant que l’on ne sort pas du
domaine de la conscience, la notion du temps est relativement claire » (p. 41). On est apte à distinguer la sensation
présente des souvenirs passés et de la prévision des sensations futures : succession et simultanéité sont à l’horizon.
Poincaré poursuit en notant que nous avons à chercher
la réalité. Qu’est-elle ? Il développe, en songeant éventuellement à Mach : « Les physiologistes nous apprennent que
les organismes sont formés de cellules ; les chimistes ajoutent que les cellules elles-mêmes sont formées d’atomes.
Cela veut-il dire que ces atomes ou que ces cellules constituent la réalité ou du moins la seule réalité ? » (p. 35).
Poser la question, c’est ouvrir l’horizon et, en fait, refuser
le positivisme. Poincaré défend en effet l’idée que l’ana-
lyse met, certes, à notre disposition un grand nombre de
procédés ; elle nous offre mille chemins où l’on peut s’en-
gager avec confiance. Mais, si l’on examine de près comment l’être humain mène son analyse, on constate qu’il y
a une faculté qui est nécessaire à l’exploration, à savoir
l’intuition. C’est elle qui donne une vue d’ensemble des
problèmes à résoudre : « elle est nécessaire à celui qui veut
réellement comprendre l’inventeur ; la logique peut-elle
nous la donner ? » (p. 37). Logique et intuition ont l’une et
l’autre leur rôle à jouer ; elles sont indispensables. Encore
faut-il préciser que le mot intuition ne doit pas être pris au
sens vulgaire du terme, mais au sens de Kant.
Revenons au temps ! Poincaré s’exprime en ces termes :
« Nous classons nos souvenirs dans le temps, mais nous
savons qu’il reste des cases vides. Comment cela se pourrait-il si le temps n’était une forme préexistante dans
notre esprit » (p. 42). Encore Kant ! Poincaré poursuit
en étendant l’idée d’une forme individuelle à une forme
dont les autres consciences peuvent aussi témoigner ; et il
ajoute : « Bien plus, nous voulons y faire rentrer les faits
physiques, ces je ne sais quoi dont nous peuplons l’espace et que nulle conscience ne voit directement » (p. 42).
En réalité Poincaré entrevoit deux difficultés pour introduire la mesure du temps : 1° Est-il possible de transfor-
mer un temps psychologique en un temps quantitatif ? 2°
Sommes-nous capables de réduire à une même mesure
des faits qui se passent dans des horizons différents ?
On surmonte la première difficulté en étant conscient
que l’on n’a pas l’intuition directe de deux intervalles
de temps ; on se servira toutefois du pendule en admettant que tous les battements de l’instrument sont d’égale
durée ; ce n’est qu’une première approximation ; ainsi les
meilleures horloges doivent être corrigées ; le jour sidéral
sera l’unité constante de temps. Et nous dirons avec Poincaré : « Des causes à peu près identiques mettent à peu
près le même temps pour produire à peu près les mêmes
effets » (p. 45). Ou mieux encore : « Le temps doit être
défini de telle façon que les équations de la mécanique
soient aussi simples que possible » (p. 46). En d’autres
termes, on choisit la mesure du temps en vue de satisfaire
à des exigences de commodité.
Pour surmonter la seconde difficulté, Poincaré propose un itinéraire d’explications assez subtil, mais long.
Soyons bref : l’astronome admettra que la lumière se propage à une vitesse constante dans toutes les directions.
Et surtout : « On adopte pour la vitesse de la lumière une
valeur telle que les lois astronomiques compatibles avec
cette valeur soient aussi simples que possible » (p. 53).
Dès lors, Poincaré fait le constat suivant : les physiciens
sont amenés à ne point dissocier le problème qualitatif de
la simultanéité du problème quantitatif de la mesure de
temps ; s’ils pensent disposer d’une intuition directe de la
simultanéité et de l’égalité de deux durées, ils s’illusionnent. En fait, on doit suppléer à l’aide d’un certain nombre
de règles qu’on applique sans s’en rendre compte ; mais,
pas de règle générale ! Au reste, voici la conclusion exprimée par Poincaré : « La simultanéité de deux événements,
ou l’ordre de leur succession, l’égalité de deux durées,
doivent être définies de telle sorte que l’énoncé des lois
naturelles soit aussi simple que possible » (p. 54).
Faut-il attribuer au savant-penseur français un scepticisme désespéré, voire un conventionalisme radical ? Il
s’en défend. Voici ce qu’il écrit au terme d’un chapitre
de son livre qu’il consacre à la physique mathématique
et à ses problèmes : « Voilà bien des raisons d’être sceptiques ; devons-nous pousser le scepticisme jusqu’au bout
ou nous arrêter en chemin ? » (p. 151). Poincaré répond
en rejetant l’outrance et il refuse d’affirmer que la science
n’est faite que de conventions. Certains chercheurs, dit-il,
sont allés jusqu’à prétendre que la loi et le fait scientifiques sont créés de toute pièce par les savants : « C’est
là aller beaucoup trop loin dans la voie du nominalisme.
Non, les lois scientifiques ne sont pas des créations artificielles » (p. 23)
Enriques : essai de conciliation
entre Mach et Poincaré
Le point de vue du philosophe italien Enriques sur
le problème du temps s’affirme comme une tentative de
conciliation entre Mach et Poincaré. Consultons le livre
Les Concepts fondamentaux de la science (14), qui met
en lumière la signification réelle et l’acquisition psychologique des concepts d’espace, de temps, de mouvement,
de force, etc.
Dans la préface de l’ouvrage, Enriques dit qu’il offre
son étude comme une contribution à l’édification de la
théorie de la connaissance scientifique ; il a parcouru,
explique-t-il, des domaines étendus en s’efforçant de discerner partout la fonction spécifique de l’esprit qui crée
la science : « parfois, ce sont des données de la physiologie des sciences qui suffisent à rendre compte de certaines
tendances opposées du mouvement scientifique ; ailleurs,
les lois générales de l’association des idées donnent lieu
à un développement univoque de certains concepts plus
fondamentaux » (p. 4). Ainsi, la poussée de l’expérience
et la nature même de l’esprit humain peuvent ensemble
expliquer, dans les grandes lignes, le devenir de la science.
La pensée d’Enriques se précise au fil des premières
pages du livre et l’on voit qu’il conteste aussi bien la doc-
trine kantienne de l’à priori que le conventionalisme de
Poincaré ; c’est l’étude de la genèse historique de la connaissance qui vient à l’avant-scène.
Dans le livre deuxième, Enriques examine de front
le problème du temps et de sa mesure ; il montre que
les concepts premiers de la mécanique sont ordonnés
aux principes de la géométrie. Mais en fait : qu’est-ce
que le temps ? Le penseur italien entre en matière en
écrivant ceci : « Quand deux sensations ou deux groupes
de sensations sont donnés, nous apercevons que l’une est
antérieure et l’autre postérieure ou toutes les deux simultanées » (p. 87). On constate ici que Mach est à l’horizon. Sur cette base intuitive, il est déjà possible de tirer
l’idée de la succession ; de plus, la possibilité est offerte
à l’esprit humain d’attribuer au phénomène temporel une
structure d’ordre qui est condition sine qua non des appréciations quantitatives.
Faisons un pas de plus, en allant vers le concret ; le
temps physique prend son assise à partir des séries phénoménales et des échelles temporelles suggérées par le
jeu des sensations. Enriques précise : « Le temps abstrait,
que nous considérons comme temps physique, suppose
une échelle unique, où tous les phénomènes possibles
trouvent place, à la différence du temps physiologique
qui postule l’échelle des phénomènes perçus » (p. 88). On
constate dès lors que le temps physique se porte garant
d’un double accord, celui des représentations temporel-
les relatives à divers observateurs ainsi que celui des
représentations temporelles relatives à des lieux différents. Le programme ainsi tracé traduit très exactement
l’effort de synthèse qu’Enriques propose pour passer du
point de vue physiologique de Mach au point de vue
logique de Poincaré.
Les variantes temporelles
chez Bachelard et chez Gonseth
Si nous disposions d’une durée de conférence de 75
minutes, nous traiterions le problèmes des variantes temporelles en ouvrant deux chapitres : Bachelard d’abord,
puis Gonseth. Mais comme leurs thèses sont voisines, on
peut les évoquer ensemble. Les deux philosophes situent
leurs études au sein de contextes précisants différents ;
en métaphysique, en physique, en psychologie et en art
musical dans l’ouvrage La Dialectique de la durée (15)
de Bachelard qui date de 1936 ; dans le langage quotidien
et en recherche horlogère dans le livre Le Problème du
temps (16) de Gonseth paru en 1964.
Henri Poincaré, nous l’avons montré tout à l’heure, a
travaillé autour de deux notions : le temps psychologique
et le temps physique. Aussi bien Bachelard que Gonseth
mènent la réflexion en faisant valoir six variantes ; du côté
de la subjectivité : le temps que l’on vit ou le temps existentiel, le temps que l’on ressent ou le temps conscientiel et le temps que l’on construit et structure ou le temps
idéel. Du côté de l’objectivité : le temps chronos, le temps
relationnel et le temps de la montre.
Dans La Dialectique de la durée, Bachelard parle
constamment des trois variantes subjectives ; elles apparaissent en toile de fond en physique, plus nettement en
psychologie et carrément en art musical.
Dans ce dernier domaine, il souligne le fait que la
durée, en musique, est structurée sur des rythmes et non
sur une base temporelle régulière ; une mélodie, la phrase
mozartienne par exemple, témoigne de divers systèmes
d’instants décisifs ; les autres instants se manifestent
comme par grâce. Certes, l’auditeur peut décider en situation donnée de se laisser bercer, comme le dit Bergson,
mais en général il s’approprie la forme musicale en la
construisant comme une oeuvre qu’il veut faire sienne.
Là, c’est la continuité qui prédomine ; ici c’est la fête du
discontinu ; souvent, il y a dialectique du continu et du
discontinu :
Ecoutons notamment le début l’Andante du Concerto
n° 4 pour piano et orchestre de Beethoven (17).
Après avoir écouté attentivement cette séquence du
Concerto, il y a lieu de citer Bachelard : « Sur le plan
musical, il nous faut montrer que ce qui fait la continuité, c’est toujours une dialectique obscure qui appelle
des sentiments à propos d’impressions, des souvenirs à
propos de sensations. Autrement dit, il faut prouver que
le continu de la mélodie, que le continu de la poésie, sont
des reconstructions sentimentales qui s’agglomèrent par
delà la sensation réelle, grâce au flou et à la torpeur de
l’émotion, grâce au mélange confus des souvenirs et des
espérances » (p. 113). On voit ainsi l’oeuvre complexe
que réalise un entrelacs de temps vécu, de temps ressenti
et de temps structuré. Bachelard précise qu’il suffit d’une
inattention à la mélodie pour que son flux s’arrête : les
notes successives ne chantent plus, elles restent insérées
dans la discontinuité qualitative et quantitative où elles
sont élaborées ; on apprend la continuité, on ne l’entend
pas. Plus loin, Bachelard dit encore : « La continuité
se fait à la faveur du groupement. Et c’est ainsi que
la poésie, ou plus généralement la mélodie, dure parce
qu’elle reprend » (p. 115). En fait, le temps pensé accompagne le temps vécu associé au temps ressenti en vue de
donner un sens au message poétique ou musical.
Bachelard, parvenu à ce point de son étude, n’oublie
pas de faire entrer dans son approche de l’art musical ce
que l’on doit aux variantes dites objectives. Il fait mention des travaux de Maurice Emmanuel (de Bar-sur-Aube,
comme lui), qui dénie le caractère primordial des techniques mensuralistes où l’esprit du métronome tue la musique. Bachelard a cette phrase qui dit tout à ce propos :
« Le métronome, c’est le compte-fil, ce n’est pas le métier
à tisser » (p. 117).
Ah ! La tyrannie de la barre de mesure à laquelle certains choeurs et leurs chefs se soumettent pour ne pas
déraper. Le vrai dérapage est, en fait, à la porte : finies
les injonctions nuancées des rythmes, finis les méandres
imprévus de la forme mélodique, finie la musique elle-
même.
Mais alors à quoi sert le chef d’orchestre ? Pourquoi
doit-il agir ? Face à cette dialectique de régularité et de
la liberté, il suscite et anime la pulsation : « Dès l’instant,
note Bachelard, où l’on refuse la référence à une durée
absolue, il est nécessaire d’accepter franchement l’appui
réciproque des rythmes. [...] En fait, les divers instruments
de l’orchestre se soutiennent et s’entraînent les uns les
autres. Le rôle du chef est de rendre plus conscient l’effort
de corrélation des instrumentistes » (pp. 122 et 123). C’est
au temps relationnel que Bachelard pense lorsqu’il parle
de cet effort de corrélation des membres de l’orchestre.
Ainsi, face à Bergson qui désigne la mélodie comme
métaphore de la durée, Bachelard en appelle à la pulsa-
tion, aux rythmes musicaux. Et l’on voit ainsi que, pour
atteindre la vérité du discours musical, le musicien mène
un jeu dialectique très diversifié des variantes temporelles
dont on vient de parler.
Et maintenant, terminons l’exposé en consacrant quelques alinéas aux variantes temporelles chez Gonseth.
A-t-il eu connaissance du livre de Bachelard sur la dialectique de la durée ? Dans son livre intitulé Le Problème
du temps, il ne cite pas son ami. Mais, comme les deux
philosophes ont si souvent travaillé dans le même esprit -
même quand ils ne se connaissaient pas encore - il ne faut
pas s’étonner qu’ils aient, l’un et l’autre, dégagé l’idée
que les dimensions temporelles sont trop subtiles pour
qu’on puisse parler d’un temps ou même de deux en donnant une définition bien explicitée : les variantes temporelles retentissent les unes sur les autres, elles s’opposent
et s’accordent tour à tour.
La démarche de Gonseth concernant la notion de
temps est originale. Son livre comporte deux parties : plus
de 140 pages consacrées à cette étude dans le contexte
de la langue de grande communication, puis plus de 230
pages orientées vers l’approche spécifique de la mesure
du temps, c’est-à-dire vers la recherche horlogère. On
retrouve là certaines questions abordées par H. Poincaré.
Ce qui retient notre attention, c’est la manière dont
Gonseth engage son étude en se situant dans le domaine
du langage quotidien ; ce qu’il montre concerne tout
homme parlant la langue française ou les langues indo-européennes. Voici quelques phrases que l’on prononce
dans la vie courante : je n’ai pas le temps, le temps me
dure, je songe au temps passé avec toi ou je songe au
temps que je passerai avec toi, le temps guérit, le temps
dont je m’approprie pour l’accorder avec celui de mon
ami, le temps que met tel athlète pour parcourir un cent
mètres ou le temps que donne l’horloge du village. Dans
l’ordre des phrases prononcées ici, on dégage les temps
spécifiques suivants : temps existentiel, temps conscientiel, temps idéel, temps chronos, temps relationnel, temps
mesuré ou temps intégré (temps de la montre). Tout cela
est présenté par Gonseth avec beaucoup de nuances et
de nombreux commentaires. Mais son intention n’est
pas de brosser une galerie de portraits, il veut illustrer
le fait que le concept est à saisir, dans le langage quo-
tidien, comme le résultat d’une synthèse dialectique ou
comme une tentative de l’insérer dans le discours considéré comme milieu synthétique.
Voici en effet d’autres phrases : hâtons-nous, car le
temps fuit ; j’ai revécu par la pensée ces interminables
minutes d’attente ; les heures m’ont paru brèves. Gonseth
commente : « Ce que nous cherchons à faire comprendre,
c’est que l’activité discursive qui constitue les sens globaux a tous les caractères d’une synthèse dialectique au
niveau du discursif. Lorsqu’on dit que le temps nous est
mesuré, l’analyse pourrait retrouver sous le mot temps
plusieurs acceptions. [...]. Le discours renonce ici à opérer
des distinctions. Il confond les sens pour les identifier
sous le même mot » (p. 82). La synthèse dialectique que
suscite l’emploi du mot temps, inséré dans le discours
courant, suppose des opérations variées : elle oppose des
significations, les identifie, les projette les unes sur les
autres.
Dans les pages qui suivent, Gonseth examine de près
comment le temps est à saisir au niveau de l’adverbe et du
verbe.
Laissons maintenant l’approche assez technique du
langage courant ; faisons plutôt un constat de synthèse en
citant Gonseth : « Nous avons recherché de quelles significations le mot temps peut être revêtu dans une langue telle
que le français couramment écrit ou parlé. Une recherche de ce genre ne devait-elle pas fatalement rencontrer et
dégager une notion générale de temps que ce mot aurait
à lui seul le pouvoir d’évoquer ? On aurait pu s’y attendre : certaines philosophies du langage le suggèrent. [...]
Notre analyse n’a cependant pas répondu à cette attente et
n’a pas rencontré de substance discursive correspondant
à une notion générale de cette nature. Ce qu’elle a découvert, ce que le langage a offert à sa recherche, c’est tout
un éventail d’emplois du mot temps et tout un spectre de
significations correspondantes » (p. 135).
Une remarque au sujet de la seconde partie du livre
de Gonseth : au sein de la recherche horlogère, les variantes suivantes sont sollicitées : le temps mathématique, le
temps mesuré et le temps intuitif. Cette dernière variante,
qui pourrait paraître inattendue, mérite d’être présentée ;
Gonseth en parle ainsi : « C’est le résultat d’un arbitrage
dont la conscience semble être le siège entre l’autorité du
sentiment, la liberté de l’imagination et l’objectivité de la
perception aux fins d’un action efficace » (p. 265). Pour
mieux se faire comprendre Gonseth parle - en plus de dix
pages - du temps des abeilles, de leurs danses, de leurs
horloges internes. A défaut de connaître les rudiments de
la chronobiologie, il s’exprime ainsi : « On dira que le
temps intuitif n’est pas simplement un temps inscrit dans
les différents rythmes dont notre organisme est le siège :
dans le rythme normal du coeur, dans le rythme des pulsations électriques du cerveau, dans le rythme de la respiration, etc. Pour que ces rythmes restent synchronisés
et pour qu’on puisse parler de leur fréquence normale,
il faut bien que tout notre corps, pris comme un tout,
soit plus ou moins comparable à une horloge construite
dans le but exprès de réaliser un rythme régulier. Mais le
temps intuitif n’est pas le temps sourdement et profondément vécu par notre organisme, même si nous n’y prêtons
aucune attention. C’est un temps auquel notre conscience
est ouverte » (p. 280).
Autorité du sentiment (temps conscientiel), liberté
de l’imagination (temps idéel) et objectivité de la perception (temps existentiel) ! Voilà trois ingrédients qui
évoquent une certaine complétude de l’humaine condition ; il me semble que J.- S. Bach, par son Air admirable
de la Suite n° 3 en ré majeur, BWV 1063, exprime musicalement cette dialectique des trois variantes subjectives. Vous connaissez certainement tous cette pièce, à
juste titre très célèbre ; vous pouvez vous la chanter intérieurement en guise de conclusion et avec une volonté
d’ouvrir l’horizon.
Références bibliographiques
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H., La Valeur de la science, Flammarion, Paris,
1913 et 1970.
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, Le Timée, in Oeuvres complètes, t. II, Bibl. de la
Pléiade, Paris, 1950.
3 ARISTOTE
, La Physique, t. I et II, Les Belles Lettres, Paris,
1926.
4 AUGUSTIN
(
SAINT
), Les Confessions, Livres IX - XIII, t. II ;
Les Belles Lettres, Paris, 1926.
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6 NEWTON
, Principes mathématiques de la philosophie natu-
relle, t. I et II, Lambert, Paris, 1759.
7 KANT
, La Critique de la raison pure, t. I et II, Gibert, Paris.
8 WUNDT
, La Psychologie physiologique, t. I et II, Alcan,
Paris, 1886.
9 MACH
, La Mécanique, Hermann, Paris, 1904.
10 MACH
, L’Analyse des sensations, Fricker, Jena, 1906.
11 BERGSON
, Essai sur les données immédiates de la cons-
cience, PUF, Paris, 1945.
12 BERGSON
, La Pensée et le mouvant, PUF, Paris, 1950.
13 MOZART
, Adagio ma non troppo du Concerto pour flûte, KW
313.
14 ENRIQUES
, Les Concepts fondamentaux de la science, Flam-
marion, Paris, 1913. (L’original paru en italien Problemi
della Scienza date de 1906 ; la première partie de cet
ouvrage a été éditée sous le titre Les Problèmes de la science
et de la logique.)
15 BACHELARD
, La Dialectique de la durée, PUF, Paris, 1963.
16 GONSETH
, Le Problème du temps, Le Griffon, Neuchâtel,
1964.
17 BEETHOVEN
, Andante du Concerto n° 4 pour piano.