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Poésies de Vladimir Maïakovski

lundi 5 février 2024, par Robert Paris

Le suicide de Maïakovski, par Léon Trotsky

https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/litterature/maiakovski.htm

Maïakovski :

Nous venons,

des millions

de sans-dieu,

de païens

et d’athées –

et par

le front,

le fer rouillé,

les champs –

tous

avec ferveur

faire prière à Dieu.

Sors,

non d’une douce

couche étoilée,

Dieu de fer,

Dieu de feu

Dieu, ni Mars

ni Neptune, ni Véga,

Dieu de chair –

Dieu homme !

[…]

À présent

sous les yeux de tous,

nous ferons

nous-mêmes

nos

miracles.

Lettre ouverte de Maïakovski au CC du PCR

Secouant les têtes par les explosions de la pensée,

dans le fracas de l’artillerie des cœurs,

se lève hors des temps

une révolution autre,

la troisième révolution,

de l’esprit.

Sur quoi ?

Dans ce thème,

personnel, à la fois personnel

domestique, et petit,

chansonné par mille rechanté pas une fois

et mille voix, et pas cinq,

j’ai tourné, écureuil poétique, j’ai tourné, écureuil poétique,

et veux tourner encore une fois. et je veux tourner encore.

Le nuage

Mais moi parmi vous je suis son précurseur ;

je suis là où est la douleur, partout ;

sur chaque goutte du flot de larmes

je me suis crucifié sur la croix.

Dans la Flûte des vertèbres :

Je porterai mon amour,

comme l’apôtre des temps anciens,

par des milliers et des milliers de chemins.


La fête et ses couleurs, pour le jour d’aujourd’hui.

Que la magie

naisse, pareille à la mise en croix.

Voyez,

je suis rivé au papier

par les clous des mots.

A pleine voix]

Écoutez !

Puisqu’on allume les étoiles,

c’est qu’elles sont à

quelqu’un nécessaires ?

C’est que quelqu’un désire

qu’elles soient ?

C’est que quelqu’un dit perles

ces crachats ?

Et, forçant la bourrasque à midi des poussières,

il fonce jusqu’à Dieu,

craint d’arriver trop tard, pleure,

baise sa main noueuse, implore

il lui faut une étoile !

jure qu’il ne peut supporter

son martyre sans étoiles.

Ensuite,

il promène son angoisse,

il fait semblant d’être calme.

Il dit à quelqu’un :

 » Maintenant, tu vas mieux,

n’est-ce pas ? T’as plus peur ? Dis ? »

Écoutez !

Puisqu’on allume les étoiles,

c’est qu’elles sont à quelqu’un nécessaires ?

c’est qu’il est indispensable,

que tous les soirs

au-dessus des toits

se mette à luire seule au moins

une étoile ?

Il fait bon

J’aime

cette terre

on peut

oublier

où et quand

on prit du ventre

et un triple menton

Mais

la terre

avec laquelle on a su

ce que c’est que la faim

on ne peut

jamais

l’oublier.

Océan Atlantique

Tantôt, il se glace

dans l’éclat de laque de lune,

tantôt il gémit,

éclaboussé

de blessures d’écume.

Je regarde,

je regarde...

et toujours semblable,

cher

et proche m’est l’océan.

À jamais,

mon oreille gardera

ton fracas.

Te verser

dans mes yeux

sera toujours une joie.

Par la grandeur,

l’énergie,

le sang,

le souffle,

Tu es le frère aîné

de ma révolution.

La flûte des vertèbres

Mais peut être

Ne reste-t-il

Au temps caméléon

Plus de couleurs ?

Encore un sursaut

Et il retombera,

Sans souffle et rigide.

Peut – être,

Enivrée de fumées et de combats,

La terre ne relèvera-t-elle jamais la tête ?

Peut être,

Un jour ou l’autre,

Le marais des pensées se fera cristal

Un jour ou l’autre,

La terre verra le pourpre qui jaillit des corps,

Au-dessus des cheveux cabrés d’épouvante

Elle tordra ses bras, gémissante

Peut être…

Écoutez !

Puisqu’on allume les étoiles,

c’est qu’elles sont à
quelqu’un nécessaires ?
C’est que quelqu’un désire
qu’elles soient ?
C’est que quelqu’un dit perles
ces crachats ?
Et, forçant la bourrasque à midi des poussières,
il fonce jusqu’à Dieu,
craint d’arriver trop tard, pleure,
baise sa main noueuse, implore
il lui faut une étoile !
jure qu’il ne peut supporter
son martyre sans étoiles.

Ensuite,
il promène son angoisse,
il fait semblant d’être calme.
Il dit à quelqu’un :
 » Maintenant, tu vas mieux,
n’est-ce pas ? T’as plus peur ? Dis ? « 

Écoutez !
Puisqu’on allume les étoiles,
c’est qu’elles sont à quelqu’un nécessaires ?
c’est qu’il est indispensable,
que tous les soirs
au-dessus des toits
se mette à luire seule au moins

une étoile ?

À vous toutes

que l’on aima et que l’on aime

icône à l’abri dans la grotte de l’âme

comme une coupe de vin

à la table d’un festin

je lève mon crâne rempli de poèmes

Souvent je me dis et si je mettais

le point d’une balle à ma propre fin

Aujourd’hui à tout hasard je donne

mon concert d’adieu

Mémoire !

Rassemble dans la salle du cerveau

les rangs innombrables des biens-aimées

verse le rire d’yeux en yeux

que de noces passées la nuit se pare

de corps et corps versez la joie

que nul ne puisse oublier cette nuit

Aujourd’hui je jouerai de la flûte sur

ma propre colonne vertébrale

Cela

Est-ce vous

Qui comprendrez pourquoi,

Serein,

Sous une tempête de sarcasmes,

Au dîner des années futures

J’apporte mon âme sur un plateau ?

Larme inutile coulant

De la joue mal rasée des places,

Je suis peut-être

Le dernier poète.

Vous avez vu

Comme se balance

Entre les allées de briques

Le visage strié de l’ennui pendu,

Tandis que sur le cou écumeux

Des rivières bondissantes,

Les ponts tordent leurs bras de pierre.

Le ciel pleure

Avec bruit,

Sans retenue,

Et le petit nuage

À au coin de la bouche,

Une grimace fripée,

Comme une femme dans l’attente d’un enfant

À qui dieu aurait jeté un idiot bancroche.

De ses doigts enflés couverts de poils roux, le soleil vous a épuisé de caresses, importun comme un bourdon.

Vos âmes sont asservies de baisers.

Moi, intrépide,

je porte aux siècles ma haine des rayons du jour ;

l’âme tendue comme un nerf de cuivre,

je suis l’empereur des lampes.

Venez à moi, vous tous qui avez déchiré le silence,

Qui hurlez,

Le cou serré dans les nœuds coulants de midi.

Mes paroles,

Simples comme un mugissement,

Vous révèleront

Nos âmes nouvelles,

Bourdonnantes

Comme l’arc électrique.

De mes doigts je n’ai qu’à toucher vos têtes,

Et il vous poussera

Des lèvres

Faites pour d’énormes baisers

Et une langue

Que tous les peuples comprendront.

Mais moi, avec mon âme boitillante,

Je m’en irai vers mon trône

Sous les voûtes usées, trouées d’étoiles.

Je m’allongerai,

Lumineux,

Revêtu de paresse,

Sur une couche moelleuse de vrai fumier,

Et doucement,

Baisant les genoux des traverses,

La roue d’une locomotive étreindra ton cou.

Si je croyais à l’outre-tombe…

Une promenade est facile.

Il suffit d’allonger le bras, –

la balle aussitôt

dans l’autre vie

tracera un chemin retentissant.

Que puis-je faire

si moi

de toutes mes forces

de tout mon cœur

en cette vie

en cet

univers

ai cru

crois.

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